Les photographes par l'alphabet...

Démarré par Verso92, Mai 20, 2013, 20:56:35

« précédent - suivant »

jdm

Citation de: madko le Avril 01, 2014, 18:10:24
...sur un assez petit nombre de "pointures". Ce qui donne l'impression un peu triste
que l'essentiel ayant été fait en un peu plus d'un siècle à peine, la photo est l'art dont on aura fait le
plus vite le tour ...
Pourquoi, tu n'apprécies pas JR ?    ;D
dX-Man

madko

Citation de: jdm le Avril 01, 2014, 18:21:09

Pourquoi, tu n'apprécies pas JR ?    ;D

Je ne vois pas qui tu allusionnes - Ewing mis à part ;-)

Canito

Citation de: madko le Avril 01, 2014, 18:10:24
Ce qui donne l'impression un peu triste
que l'essentiel ayant été fait en un peu plus d'un siècle à peine, la photo est l'art dont on aura fait le
plus vite le tour ...

Sans rien affirmer du tout, je ne partage pas ce sentiment.

madko

Citation de: Canito le Avril 01, 2014, 19:04:32
Sans rien affirmer du tout, je ne partage pas ce sentiment.

Comme tout point de vue formulé de façon si brève, le mien est évidemment discutable.

Cependant, si je puis citer Jean Vilar à propos du cinéma - "Art mécanique né au XXème
siècle, mort avec le XXème siècle; il nous aura au moins donné Chaplin" - je ne peux
m'empêcher de penser que la photographie, c'est quasiment pareil
- sauf que je ne vois même pas l'équivalent d'un Chaplin en photographie.

A comparer, respectivement, avec le théâtre, et la peinture.

Jean-Henri Lambert


madko

Citation de: Jean-Henri Lambert le Avril 01, 2014, 20:00:26
Et JLG dans tout ça ? ;-)

JLG au cinéma, sans doute - mais en photo, qui se cache derrière ces initiales ?

Jean-Henri Lambert

comme le cinema est mort, je me disais que ...

madko

Citation de: Jean-Henri Lambert le Avril 01, 2014, 20:29:20
comme le cinema est mort, je me disais que ...

Ne chinoisons pas : mettons qu'il est à bout de souffle depuis pas mal de temps,
mais ce n'est quand même pas une raison pour le traiter par le mépris. On ne peut
pas dire que tout va bien, mais de là à crier sauve qui peut ... avec lui, ce n'est
jamais un film comme les autres.

Jean-Henri Lambert

Un truc de bande à part ou de petit soldat ?

En tout cas le savoir est gai même le we avec passion.

Canito

Mon sentiment est sans doute guidé par le fait que je rapproche davantage la photographie de la littérature que du cinéma, de la peinture ou des arts dramatiques. Je sais bien que "la forme, c'est le fond" ; je n'en demeure pas moins convaincu que ce n'est pas dans la recherche de nouvelles formes que se trouve l'avenir de la photographie, mais plutôt dans l'apport d'un autre discours, d'un autre propos, d'un autre regard. Tout cela est éminemment personne et subjectif, car je me rends compte que la seule chose qui me passionne véritablement dans la photographie, c'est ça : un propos, un regard porté sur le monde, rendu au moyen d'un médium. Si l'on part de ce principe, on peut difficilement considérer qu'il y a une fin possible. Une traversée du désert, oui, mais une fin, non.

madko

Citation de: Canito le Avril 02, 2014, 10:24:34
Mon sentiment est sans doute guidé par le fait que je rapproche davantage la photographie de la littérature que du cinéma, de la peinture ou des arts dramatiques. Je sais bien que "la forme, c'est le fond" ; je n'en demeure pas moins convaincu que ce n'est pas dans la recherche de nouvelles formes que se trouve l'avenir de la photographie, mais plutôt dans l'apport d'un autre discours, d'un autre propos, d'un autre regard. Tout cela est éminemment personne et subjectif, car je me rends compte que la seule chose qui me passionne véritablement dans la photographie, c'est ça : un propos, un regard porté sur le monde, rendu au moyen d'un médium. Si l'on part de ce principe, on peut difficilement considérer qu'il y a une fin possible. Une traversée du désert, oui, mais une fin, non.

C'est en somme ce que dit la phrase que JLG attribue à Bazin dans le générique du Mépris :
le cinéma substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs.

On pourrait aussi bien dire cela de la littérature, de la peinture, du théâtre, etc.

Que tous les arts nous proposent un regard de rechange, élargissent notre vision, reconstruisent
le monde à la mesure de nos désirs, c'est évidemment un de leurs points communs
les plus essentiels (sinon, à quoi bon l'art ?).

Mais chacun se distingue des autres par son "médium".

Je pense simplement que, par exemple, depuis 25 000 ans qu'on les utilise,
on n' a pas encore fini d'épuiser les possibilités des pigments de couleur -
ne serait-ce qu'à cause de la main qui signe chaque touche sur la toile ...

Tandis que la petite machine à "écrire la lumière", comme certains qualifient
leur appareil, eh bien, quel que soit celui qui appuie sur le déclencheur,
il n'y a plus grand chose à en tirer ...

Canito

Citation de: madko le Avril 02, 2014, 14:02:16
C'est en somme ce que dit la phrase que JLG attribue à Bazin dans le générique du Mépris :
le cinéma substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs.

Ce n'est pas exactement ma façon de voir les choses, et que j'ai tenté maladroitement (et hâtivement) d'exprimer ci-dessus.

Citation de: madko le Avril 02, 2014, 14:02:16Je pense simplement que, par exemple, depuis 25 000 ans qu'on les utilise,
on n' a pas encore fini d'épuiser les possibilités des pigments de couleur -
ne serait-ce qu'à cause de la main qui signe chaque touche sur la toile ...

Nous sommes parfaitement d'accord.

Citation de: madko le Avril 02, 2014, 14:02:16Tandis que la petite machine à "écrire la lumière", comme certains qualifient
leur appareil, eh bien, quel que soit celui qui appuie sur le déclencheur,
il n'y a plus grand chose à en tirer ...

C'est sur ce point que notre avis semble diverger. Je ne vois pas en quoi il n'y aurait plus grand-chose à en tirer, à partir du moment où la photographie est un autre medium de transposition du réel, passé au crible d'une sensibilité, d'un vécu, etc. particuliers. L'imaginaire d'après nature cher à H.C.-B. Certes, il s'agit ici de réel que l'on "capte" beaucoup plus directement, mais je ne crois pas que cela change fondamentalement les choses.

madko

Citation de: Canito le Avril 02, 2014, 14:34:41
Ce n'est pas exactement ma façon de voir les choses, et que j'ai tenté maladroitement (et hâtivement) d'exprimer ci-dessus.

Nous sommes parfaitement d'accord.

C'est sur ce point que notre avis semble diverger. Je ne vois pas en quoi il n'y aurait plus grand-chose à en tirer, à partir du moment où la photographie est un autre medium de transposition du réel, passé au crible d'une sensibilité, d'un vécu, etc. particuliers. L'imaginaire d'après nature cher à H.C.-B. Certes, il s'agit ici de réel que l'on "capte" beaucoup plus directement, mais je ne crois pas que cela change fondamentalement les choses.

Comme la littérature ou la peinture, la photographie donne à voir une représentation de la réalité,
et je ne pense pas qu'on la capte plus directement de l'une ou l'autre façon : chaque médium
possède ses exigences propres et ses contraintes, et cela fait longtemps qu'on est sorti de l'illusion
que "la photographie, c'est la vérité", quoi qu'en ait dit JLG.

De ce point de vue, tous les arts s'équivalent, bien d'accord.

Ce que que je veux dire, c'est que les ressources dont dispose la photographie
pour représenter le monde sont beaucoup plus limitées que celles de la peinture
ou de la poésie, pour ne citer qu'elles.

Un exemple : comparer l'effet produit par une métaphore visuelle à la Tress (cf ci-dessus)
et celui d'une image du père Hugo, comme celle-ci (que Borges plaçait au dessus de tout) :

"L'hydre univers tordant son corps écaillé d'astres".

(à déguster lentement - pendant quelques siècles au moins !)

Aucune photographie ne pourra jamais arriver à cette densité, ni à cette puissance d'évocation,
avec une pareille économie de moyens.

A côté d'Hugo, Tress c'est video-gag par rapport à Kurosawa.

Ceci dit, j'admettrai volontiers qu'il est un domaine (le seul sans doute ...) où
le medium photographique est sans égal, c'est la saisie instantanée du présent
chère à HCB - lequel a fini par revenir au dessin, à la fin, d'ailleurs ...

Canito

Tout ce que tu écris est vrai, mais j'y vois une question de degré, et non de fond. La littérature - à mon humble avis, du moins - a toujours eu une plus grande puissance évocatrice que la photographie, sans qu'il ait été besoin d'attendre la soi-disant fin de celle-ci. Cette limitation que tu évoques, elle a toujours existé ; ce qui n'a pas empêché des photographes de produire une œuvre, et je ne vois pas ce qui pourrait empêcher quelqu'un - aujourd'hui, demain - d'en faire autant.

madko

Citation de: Canito le Avril 02, 2014, 15:34:47
Tout ce que tu écris est vrai, mais j'y vois une question de degré, et non de fond. La littérature - à mon humble avis, du moins - a toujours eu une plus grande puissance évocatrice que la photographie, sans qu'il ait été besoin d'attendre la soi-disant fin de celle-ci. Cette limitation que tu évoques, elle a toujours existé ; ce qui n'a pas empêché des photographes de produire une œuvre, et je ne vois pas ce qui pourrait empêcher quelqu'un - aujourd'hui, demain - d'en faire autant.

Je voudrais bien en être aussi sûr - mais ça ne coûte rien de miser sur l'optimisme !

Pour moi, la photographie est un art limité dès son origine, non seulement pour des raisons
techniques, mais aussi parce qu'elle ne s'est toujours pas défaite de son péché originel :
c'est un bâtard de la peinture figurative, et les meilleurs photographes sont ceux qui réussissent,
au moins, à la soustraire au genre pompier où la plupart d leurs collègues se vautrent
en croyant faire de l'art ... 

Mais tu as raison, il ne faut pas désespérer !

ninon

...entièrement d' accord avec Canito!
  La littérature, par sa structure abstraite de signes dont les associations sont porteuses de sens, nous oblige à faire appel à notre mémoire, à notre imagination, à nos capacités d' empathie...et à notre créativité.
   La photo, tout comme le dessin et la peinture, nous offre d' emblée, un visuel prédéfini...et figé!
Cependant, elle nous laisse le temps de la contemplation et de la réflexion, nous proposant ainsi, d' aller au delà de la proposition du "pré-vu"! En ce sens elle fait elle aussi appel à nos capacités créatives et associatives.
   Quant au cinéma, il nous impose, sans que nous puissions nous y soustraire, des images, des sons, des dialogues, des rythmes...qui nous laissent peu de place et peu de moyens pour tenter de s' approprier le média! C' est pour cela, que rares sont les adaptations de romans qui sont favorablement accueillies tant elles sont toujours bien en deçà  de l' imaginaire du lecteur!... ;)

madko

Citation de: ninon le Avril 02, 2014, 16:00:57
...entièrement d' accord avec Canito!
  La littérature, par sa structure abstraite de signes dont les associations sont porteuses de sens, nous oblige à faire appel à notre mémoire, à notre imagination, à nos capacités d' empathie...et à notre créativité.
   La photo, tout comme le dessin et la peinture, nous offre d' emblée, un visuel prédéfini...et figé!
Cependant, elle nous laisse le temps de la contemplation et de la réflexion, nous proposant ainsi, d' aller au delà de la proposition du "pré-vu"! En ce sens elle fait elle aussi appel à nos capacités créatives et associatives.
   Quant au cinéma, il nous impose, sans que nous puissions nous y soustraire, des images, des sons, des dialogues, des rythmes...qui nous laissent peu de place et peu de moyens pour tenter de s' approprier le média! C' est pour cela, que rares sont les adaptations de romans qui sont favorablement accueillies tant elles sont toujours bien en deçà  de l' imaginaire du lecteur!... ;)

C'est le regardeur qui fait le tableau, n'est-ce pas ?
Et la photo, le roman, le film aussi.

Du point de vue de la réception, que l'image soit mentale, mobile ou fixe,
cela ne change guère les données initiales du problème ici soulevé.

Non pas répondre à la question : quel effet ça fait  ?
Mais : comment c'est fait ?

Jean-Henri Lambert

Ninon n'a jamais lu Duchamp :-)

madko

Citation de: Jean-Henri Lambert le Avril 02, 2014, 18:46:29
Ninon n'a jamais lu Duchamp :-)

Le marchand du sel repassera pour elle ;-)

ninon

Citation de: madko le Avril 02, 2014, 16:28:57
C'est le regardeur qui fait le tableau, n'est-ce pas ?
Et la photo, le roman, le film aussi.

Du point de vue de la réception, que l'image soit mentale, mobile ou fixe,
cela ne change guère les données initiales du problème ici soulevé.

Non pas répondre à la question : quel effet ça fait  ?
Mais : comment c'est fait ?

..."Comment c' est fait"? n' a aucun intérêt...si ce n' est pour ceux qui sont toujours à la remorque de modèles et de "recettes"...et ceux qui faute d' etre lumineux, cherchent à briller dans les diners!...A la fin du compte, même avec beaucoup de travail, cela aboutira toujours à du "sous-...", donc sans intérêt, si ce n' est pour l' égo de l' interressé!
   "Qu' Est-ce que je ressent devant cette oeuvre"?..."Pourquoi"?..."Comment ce qui m' est donné à apprécier touche t' il mon être le plus intime"?...Autant de bonnes questions qui ouvrent le dialogue singulier avec l' artiste, et qui enrichissent l' artiste comme le spectateur!
    Quant à Marcel, ce "théoricien" ne saurait trouver place dans mon panthéon!...Bien que très éclectique, je fonctionne avec des critères qui l' exclue d' emblée: je laisse donc la tâche de thuriféraire à Jean-Henri Lambert!... ;D
 

madko

Citation de: ninon le Avril 03, 2014, 16:52:08
..."Comment c' est fait"? n' a aucun intérêt...si ce n' est pour ceux qui sont toujours à la remorque de modèles et de "recettes"...et ceux qui faute d' etre lumineux, cherchent à briller dans les diners!...A la fin du compte, même avec beaucoup de travail, cela aboutira toujours à du "sous-...", donc sans intérêt, si ce n' est pour l' égo de l' interressé!
   "Qu' Est-ce que je ressent devant cette oeuvre"?..."Pourquoi"?..."Comment ce qui m' est donné à apprécier touche t' il mon être le plus intime"?...Autant de bonnes questions qui ouvrent le dialogue singulier avec l' artiste, et qui enrichissent l' artiste comme le spectateur!
    Quant à Marcel, ce "théoricien" ne saurait trouver place dans mon panthéon!...Bien que très éclectique, je fonctionne avec des critères qui l' exclue d' emblée: je laisse donc la tâche de thuriféraire à Jean-Henri Lambert!... ;D
 

Toujours le même contresens.

Il ne s'agit pas d'imiter ni de faire des phrases, mais de comprendre comment l'oeuvre a été faite.

Evidemment, ça demande du travail, et des années d'études, pas du tout le genre de la clientèle des dîners en ville.

Mais c'est tellement plus facile de s'en tenir au ressenti, à ce qui me parle, me touche au niveau de l'intime.

Ce n'est pas "ouvrir un dialogue avec l'artiste" que de planter sa propre subjectivité en face de son oeuvre.

Rien de plus stérile que ce sentimentalisme prétentieux.

Jean-Henri Lambert

Il faudrait peut-être que tu explicites un peu plus ce que tu entends par "comment", pour certain. ;-)

madko

Citation de: Jean-Henri Lambert le Avril 03, 2014, 20:24:53
Il faudrait peut-être que tu explicites un peu plus ce que tu entends par "comment", pour certain. ;-)

Je pourrais commencer par la ligne serpentine de Hogarth
mise en rapport avec le ressenti d'Eve quand elle s'est fait expulser du Paradis.

On verrait comment le comment s'articule à l'intime, la forme au sensible,
et vive l'esthétique expliquée aux enfants ;-)

Jean-Henri Lambert

Et l'infini à la portée des caniches :-)

madko

Mary Ellen Mark to receive Sony World Photography award

The World Photography Organization has announced that American photographer Mary Ellen Mark is the recipient of the 2014 Sony World Photography Awards for Outstanding Contribution to Photography.

Mark's name is instantly recognizable among photographers. She has spent her forty-year career creating haunting documentary and striking portrait work.

A retrospective of her images will be on display in London at the Somerset House from May 1st- 18th and a selection of her photographs will be in the 2014 edition of the Sony World Photography Awards book.

She has published eighteen books, with her nineteenth available this spring. Mark is known for becoming deeply ingrained in the lives of her subjects, providing a unique view of their lives without making those on the edges of society look inhuman.  (DPR)