Quel objectif pour photographier des tableaux ?

Démarré par paltoquet, Août 08, 2016, 18:38:52

« précédent - suivant »

paltoquet

Parmi mes marottes photographiques, j'aime photographier les tableaux dans les musées. Rien de créatif là-dedans, puisqu'il s'agit d'en avoir la meilleure reproduction possible, pour me faire mon propre musée. Ça se justifie, si on est passionné de peinture, par le fait que le résultat est meilleur avec un appareil récent que tout ce qu'on trouve comme repros sur le net, souvent de qualité très médiocre, car souvent anciennes et faites pour des débits bien plus faibles que ce qu'on a aujourd'hui... Et c'est aussi très souvent meilleur que les repros des livres. Bref, pouvoir regarder à la maison, à volonté, un tableau soigneusement photographié, recadré, avec une colorimétrie respectueuse de l'original, ça peut être très plaisant.

Seulement voilà, comme dans les musées, il y a du monde, des reflets, interdiction de sortir un pied, et autres restrictions variant selon les lieux, je le fais à la volée, avec un X-A 1 ou un X-M 1, sur lequel est monté l'XC 16-50. Honnêtement, même s'il y a mieux, ça marche pas mal... Mais comme je reste un peu sur ma faim en matière de détail, de piqué, je voudrais l'avis des experts pour savoir quelle optique, plutôt fixe je suppose, acheter pour cet exercice spécifique.

Les prérequis :
- luminosité, car on est souvent à 1600 ou 3200 ISO avec le 16-50 ouvrant entre 3,5 et 5,6. Donc, plus il ouvre mieux c'est, mais il faut aussi savoir que le 1,2 serait peu utile, car le problème d'un tableau occupant plus ou moins tout le cadre de la photo, c'est que rien ne doit être "out of focus".
Or, il n'est pas fréquent de pouvoir photographier un tableau de face, bien perpendiculaire à sa surface, comme l'exigerait une grande ouverture, à cause des reflets, les tableaux bénéficiant rarement d'un éclairage bien étudié. Il est fréquent de devoir se mettre de côté, avec une profondeur de champ suffisante pour que soient nets tous les points du tableau (qui sera redressé en post-traitement). Ça va donc dépendre de l'objectif, et plus il aura une grande profondeur de champ, mieux ça sera, supposant que l'ouvrir plus grand que 4 ou 3,5 ne sera pas satisfaisant sur ce critère... Si je me trompe, j'en serai ravi.
- homogénéité, justement pour que les bords du tableau ne soient pas plus flous que le centre.
- pas de distorsion, pour ne pas déformer le tableau, évidemment.
- focale à définir, sans doute entre 27 et 60mm, pour des raisons d'éloignement limité, mais je suis justement curieux des conseils que vous allez me donner...

Voilà, j'ai été long pour essayer de débroussailler le terrain et préciser les exigences de l'exercice... Idéalement, un boîtier FF serait préconisé pour avoir le plus de détails possible, et monter plus aisément en sensibilité, dans un contexte où ces critères sont essentiels, mais ça n'est pas à l'ordre du jour...

Toute suggestion est la bienvenue, et c'est aussi l'occasion de parler d'autres critères à satisfaire pour réussir au mieux ce type de photos.

Merci à ceux qui vont se donner la peine.


paltoquet

#1
Précision : y a-t-il une différence suffisante pour justifier le passage au 18-55 par rapport au 16-50 ? J'ai lu pas mal de fois que non, en gros, mais gagner un peu en ouverture serait-il ici un plus déterminant ?
Pourquoi évoquer un zoom ? Parce que, dans ce type de situation, ça donne une souplesse pour s'ajuster à la distance, à la taille du tableau etc, que ne me donnera pas un fixe.
Comme j'ai vu des comparatifs censés montrer que ce 18-55 est meilleur, par exemple, que le 18, et aussi bon que le 27 ou le 35/1.4, si on laisse de côté le bokeh bien sûr (dont je n'ai surtout pas besoin ici, justement), je me demandais si ça ne serait pas une solution correcte et confortable...

Sylvain Filios

Si tu es a main levé, ce qui je présume est le cas vu les règlements des musés, le simple fait de gagner en ouverture peut justifier bien des choses.

On pourrait dire la même chose d'une optique fixe à plus grande ouverture (f/1.4 par exemple), si ce n'est qu'a un moment donné les vignetage, courbures de champ, ou autres hétérogénéités (bords plus mous par exemple, mais c'est parfois en lien avec la courbure de champ) rendent difficiles voir caduques l'utilisation de telles ouvertures pour de la reproduction de tableaux. Le 16-55 à 2.8, lui, est à peu près exempt de ces défauts (cependant la plupart des focales fixes également si on les ferme à 2.8 ).

paltoquet

Merci pour ce premier retour... Le 16-55, je m'y attendais un peu, vu la qualité de l'engin... Côté budget, ça fait mal, mais je retiens...

McDoPDA

Citation de: paltoquet le Août 08, 2016, 20:32:57
Merci pour ce premier retour... Le 16-55, je m'y attendais un peu, vu la qualité de l'engin... Côté budget, ça fait mal, mais je retiens...
sur un X-M1 ça risque d'être très déséquilibré. Et ne pas oublier qu'il n'est pas stabilisé contrairement au 18-55. L'ouverture ne fait pas tout.

paltoquet

Merci, je compte prendre un X-Pro 1 ou un X-T 10, si ça apporte quelque chose...

poppins92

Mon humble avis

- un zoom pour ajuster par rapport a la distance de prise de vue
- le 18-55 parce qu il est stabilisé
      - tu recuperes donc la perte d ouverture grace a la stab, et le tableau est statique
      - et parce qu il est tres bon en qualite
       - et oarce qu il ne te coutera pas un bras

McDoPDA

Citation de: paltoquet le Août 08, 2016, 20:58:55
Merci, je compte prendre un X-Pro 1 ou un X-T 10, si ça apporte quelque chose...
J'ai eu un X-T10 en plus du X-T1 et avec le 16-55, le X-T10 est déséquilibré, même avec un grip. Je conseillerais plutôt un X-T1 d'occasion, avec l'arrivée du X- T2 leur prix va s'effondrer...

Sinon, le 18-55 sur un X-T10 ça peut ê'tre un bon choix.

bascodfr

Citation de: McDoPDA le Août 08, 2016, 21:37:19
J'ai eu un X-T10 en plus du X-T1 et avec le 16-55, le X-T10 est déséquilibré, même avec un grip. Je conseillerais plutôt un X-T1 d'occasion, avec l'arrivée du X- T2 leur prix va s'effondrer...

Sinon, le 18-55 sur un X-T10 ça peut ê'tre un bon choix.
tu crois que le prix du XT1 va s'effondrer, il y a quand même 600€ d'écart entre le 1 et le 2.

poppins92

Pour du "musee"
Un x pro 1
Au prix ou il est, ce serait dommage de s en priver

McDoPDA

Citation de: bascodfr le Août 08, 2016, 21:43:03
tu crois que le prix du XT1 va s'effondrer, il y a quand même 600€ d'écart entre le 1 et le 2.
je parlais des X-T1 d'occasion, pas forcément du neuf, sauf si les distributeurs ont des stocks importants à dégager.

paltoquet

Merci pour ces conseils.

Mais pour les objectifs, comme les comparatifs vraiment circonstanciés entre XC 16-50 et XF 18-55 manquent, le 18-55 apporte-t-il vraiment un plus perceptible ?
Et en objectifs fixes, en cas de conditions le permettant, quelles optiques Fuji auraient un meilleur piqué que le zoom ? Parce que c'est aussi cette question de photo détaillée qui m'intéresse, à condition que les bords ne soient pas sacrifiés...

Goelo

#12
Il m'arrive assez fréquemment de réaliser des photos de tableaux (enfin "fréquemment" est un peu abusif... pour ce qui est des musées).
Si c'est dans l'atelier du peintre, tu as tout loisir de t'installer... Chaque fois que je peux, je choisis un reflex 24x36, un trépied, un mètre ruban (pour mesurer la distance appareil - bord gauche et bord droit du tableau... donc parallaxe) et éclairage sur pied (soit 45° de chaque côté, en dosant différemment la puissance, soit d'un seul côté pour faire ressortir la texture).
OK, pour les musées, ça va pas...  ;D
Pour les photos dans les musées, pas de trépied bien sûr. Auparavant je trimballais mon reflex FF, encombrant et qui attire l'attention.
à présent, c'est souvent le X100S (focale 23mm fixe "équivalent" 35) à f 2.8 (ou 4) et 3200 iso ... ou X-E1 et 18-55mm (mêmes réglages) et franchement, même à 100% je ne vois pas la différence entre les deux.
Le cadrage est bien entendu un peu plus délicat (viseur plus petit que celui du reflex).
Pour l'éclairage, on fait avec...  et les musées proposent aujourd'hui des éclairages de qualité "lumière du jour", focalisés sur l'oeuvre, le plus souvent en provenance du dessus. Pas de gros problèmes, sauf ombre du cadre s'il est proéminent...
On peut ré-équilibrer la luminosité haut/bas en post traitement si nécessaire.
Par contre, je préfère veiller à me placer le mieux possible, de face, dans l'axe du centre du tableau (toute déformation/redressement est un pis aller qui aura une influence sur l'image finale).
Tu m'inquiètes quand tu fais allusion à des prises de vues "de côté" (je suppose légèrement de côté, mais quand même...).
Pour cela, si tu n'as pas d'accès privilégié, choisir d'y aller tôt le matin, il y a moins de visiteurs (pour le Louvre, Amsterdam ou le Prado, c'est plein tout le temps  ;D).
Les tableaux les plus célèbres sont de plus en plus souvent présentés derrière un vitrage  :P
Je constate sur les plus récentes présentations qu'il s'agit de verre traité anti-reflets, multicouches (à l'instar des objectifs) et pas des verres antireflets grossiers (semi-dépolis) qui estompaient les détails. Si tu te places bien, pas de soucis de réflexions (lumière).

Ne pas oublier... De toutes manières, rien ne vaut l'original !
On voit de plus en plus de gens passer leur temps à regarder l'écran de leur appareil photo (ou smartphone) plutôt que de regarder le tableau avec l'attention qu'il mérite...  ::)

paltoquet

Je suis d'accord sur tous ces points Goelo...
Sauf que, malheureusement, il y a encore des musées avec des éclairages très médiocres, notamment au Louvre, dans certaines salles, avec une lumière seulement zénithale, et d'autres où les tableaux mal orientés prennent beaucoup de reflets, sans parler des vitres qui posent de vrais gros problèmes, l'anti-reflet efficace étant loin d'être systématique... Dans d'autres endroits, il y a parfois des fenêtres juste en face du tableau (le musée Rodin à Paris, par exemple)... La situation idéale de se mettre pile face au tableau est facile à Orsay, avec de bons éclairages, mais pas partout. Donc oui, ton inquiétude est justifiée : je prends des photos carrément de biais quand il n'est pas possible de faire autrement, ce qui est malheureusement fréquent, avec des contorsions qui font se retourner les gens... Et je sais que redresser en PT ne restitue pas exactement la géométrie initiale, mais les raisons pour lesquelles je le fais quand même, c'est que ça permet malgré tout de goûter l'œuvre dans des conditions correctes, et surtout de pouvoir revoir chez soi des tableaux de passage, qu'on n'aura sans doute jamais l'occasion de revoir, dans des expositions temporaires...
Si j'osais, je montrerais bien quelques exemples des résultats obtenus, mais là je n'ai pas le temps...

Bien sûr, rien ne vaut l'œuvre originale, mais à des fins pédagogiques, c'est bien de pouvoir donner à voir des repros meilleures que celles existantes, et de pouvoir donner l'envie de voir le tableau in situ... C'est ce à quoi je m'emploie sur un de mes sites...

Sinon, en gros, tu dis que le 18-55 remplirait le contrat (je n'ai et n'aurai pas de X100)...

Goelo

Oui (pour le 18-55... Et pour le reste  ;)).
L'avantage du 18-55, en plus de ses qualités optiques, c'est qu'il te permettra de cadrer au mieux en fonction de l'endroit... Parfois, on ne peut pas trop s'approcher.

Avant de poster des photos de tableaux, vérifie que tu le peux sans risques...
Si c'est dans un musée, c'est propriété de l'Etat (ou de la collectivité)
et si c'est pris dans une expo temporaire, mieux vaut éviter de poster : beaucoup de tableaux sont prêtés momentanément par leurs propriétaires ou dépositaires, et les ayant droit sont parfois procéduriers (ou cupides...).
On peut utiliser une oeuvre d'art dans une photo, et la montrer, si elle n'en constitue qu'un des éléments, et contribue à l'image (c'est le cas lorsque l'on photographie une personne qui admire une oeuvre d'art, ou l'oeuvre dans son environnement, etc.). Pour les statues ou oeuvres exposées dans les lieux publics, c'est plus simple.
Pour ma part, je m'abstiens ici de poster des photos de tableaux cadrés serrés.
(Mais certains sites Web n'hésitent pas).

Verso92

Moi, quand je prends en photo des tableaux dans les musées (ici MoMA), c'est carré !

;-)

dioptre

#16
Citation de: Goelo le Août 09, 2016, 18:31:47
Oui (pour le 18-55... Et pour le reste  ;)).
L'avantage du 18-55, en plus de ses qualités optiques, c'est qu'il te permettra de cadrer au mieux en fonction de l'endroit... Parfois, on ne peut pas trop s'approcher.

Avant de poster des photos de tableaux, vérifie que tu le peux sans risques...
Si c'est dans un musée, c'est propriété de l'Etat (ou de la collectivité)
et si c'est pris dans une expo temporaire, mieux vaut éviter de poster : beaucoup de tableaux sont prêtés momentanément par leurs propriétaires ou dépositaires, et les ayant droit sont parfois procéduriers (ou cupides...).
On peut utiliser une oeuvre d'art dans une photo, et la montrer, si elle n'en constitue qu'un des éléments, et contribue à l'image (c'est le cas lorsque l'on photographie une personne qui admire une oeuvre d'art, ou l'oeuvre dans son environnement, etc.). Pour les statues ou oeuvres exposées dans les lieux publics, c'est plus simple.
Pour ma part, je m'abstiens ici de poster des photos de tableaux cadrés serrés.
(Mais certains sites Web n'hésitent pas).
Du moment que c'est pour un usage privé aucun problème. Tu peux même poster sur internet ( à condition quand même de respecter le droit des ayants droits : les fameux 70 ans)
http://www.louvrepourtous.fr/IMG/pdf/charte-photo_ministeredelaculture.pdf

Une analyse complète ici :
http://www.louvrepourtous.fr/Charte-des-visiteurs-photographes,764.html

Et en particulier ce texte très instructif :
CitationComme Lionel Maurel l'a justement montré, la limitation de prises de photos à un usage privé n'a aucune base légale pour des oeuvres du domaine public (pour l'Europe : du vivant de l'auteur et 70 ans après sa mort). L'appartenance d'une oeuvre au domaine public permet un usage privé de sa reproduction (pour soi ou dans son cercle familial), mais aussi public (par exemple, diffusion sur Internet) et commercial, sans aucune autorisation requise de son propriétaire, qu'il soit une institution ou un particulier. La limitation à un usage privé n'est valable que pour des oeuvres encore soumises au droit d'auteur. Les deux types d'oeuvres peuvent cohabités dans un même musée.

Mais s'il a raison en théorie et que nous sommes d'accord avec lui sur le fond, il occulte les usages en cours, très ancrés dans les musées. Nous ne pensions pas à ce point, comme nous l'avons découvert en enquêtant plus avant sur le sujet. Même si notre charte ne comprenait évidemment pas cette restriction que nous avons dénoncée nous et d'autres dans le groupe, il n'est pas étonnant que le ministère l'ait retenue, vu qu'elle semble constituer une règle quasi universelle. En effet, à partir des informations recueillies à ce jour, les musées et monuments qui autorisent la photo, quels que soient leurs statuts, l'ancienneté de leurs collections, leurs pays aux législations variées, l'incluent tous dans leur règlement de visite [4]. Y compris, et cela paraît étonnant, ceux qui mettent librement à disposition sur Internet des photos de leurs oeuvres appartenant au domaine public comme le Getty ou la National Gallery of Art aux Etats-Unis (même si la législation américaine diffère sensiblement de la nôtre), ou ceux qui donnent l'illusion de le faire comme le Rijksmuseum à Amsterdam (depuis le 1er novembre 2013, le Rijksmuseum a changé en délivrant gratuitement des photos d'oeuvres du domaine public sans contrôle d'usage) ou la Walters Art Gallery de Baltimore, autant d'initiatives largement saluées par les défenseurs du domaine public. Y compris, c'est encore plus étonnant, des établissements culturels ayant noué des partenariats avec Wikipédia afin de générer du contenu sous licence libre - dont des photos -, comme, aux Etats-Unis, le Brooklyn Museum, coordinateur de l'opération pionnière Wikipedia Loves Art en 2009 et la majorité des musées partenaires, de même que le British Museum ou le Victoria & Albert Museum au Royaume-Uni, ou en France le Château de Versailles et Sèvres – Cité de la céramique [5]. Comme quoi la contradiction est partout. Je ne suis pas sûr que l'association Wikimédia soit elle-même au courant de cet état de fait. Interpeller ces musées pour qu'ils suppriment la mention de la restriction à un usage privé, voilà une idée d'action.

Toujours est-il que la limitation à un usage privé de photos d'oeuvres du domaine public, illégale sur le papier, n'empêche dans les faits pas grand chose. Par exemple, qui peut croire que tous les fabricants de tee-shirts, mugs et autres objets estampillés de la Joconde aient obtenu l'autorisation du Louvre ? On en doute. Quant à l'usage collectif, il n'y a qu'à voir toutes les photos de visiteurs publiés sans problème sur le Net, y compris du musée d'Orsay, pour constater qu'elle est sans effet. Les seuls soucis possibles - on connait quelques cas isolés -, concernent des photos d'oeuvres soumises au droit d'auteur, donc légalement restreintes à un usage privé, dont la diffusion sur des blogs ou plateformes de partage a pu faire l'objet de récriminations de la part de l'ADAGP, principale société de gestion des droits d'auteur dans le domaine des arts visuels. Mais avec une diffusion massive sur Internet quasi impossible à contrôler, de fait, ce droit est en train de tomber et l'on ne voit pas trop, pour des usages collectifs non commerciaux, en quoi cela lèse un artiste. Bien au contraire, cela fait connaître son oeuvre. On en profite pour signaler que l'ADAGP, sur son site, se garde bien de mentionner l'exception de copie privée pour des oeuvres soumises au droit d'auteur.

Que la limitation à un usage privé de la photo d'une oeuvre du domaine public soit illégale, le domaine national de Chambord en sait quelque chose, l'établissement public ayant été débouté en mars 2012 par le tribunal administratif d'Orléans de sa demande de paiement de plus de 250.000 € à la société Kronenbourg qui avait utilisé l'image de son château dans une publicité, sans son autorisation. Ne pouvant faire valoir un quelconque droit d'auteur pour un bâtiment si ancien, l'établissement avait d'ailleurs tenté de justifier sa requête par d'autres motifs, sans succès. Il trouva néanmoins un soutien médiatique tonitruant en la personne du ministre de la Culture de l'époque, Frédéric Mitterrand, qui dénonça des « techniques qui s'apparentent à de la prédation », montrant par là-même son ignorance de la loi... ou sa totale incompétence. Il n'empêche, le domaine de Chambord conserve toujours une clause litigieuse dans son règlement de visite - « Toute photographie réalisée dans le cadre d'une édition ou à titre professionnel est soumise à une autorisation et à une redevance«  -, comme d'autres, qui n'hésitent pas à recourir à la menace plus ou moins voilée comme le Château de Fontainebleau qui « décline toute responsabilité relative à un usage public non déclaré et qui ferait l'objet de poursuites devant les tribunaux » ou les musées royaux des Beaux-Arts de Belgique qui précisent que  »ces images ne peuvent en aucun cas être diffusées« . Aux Etats-Unis, le Metropolitan Museum of Art informe que  »les photographies ne peuvent pas être publiées, vendues, reproduites, transférées, distribuées ou exploitées commercialement de quelque manière que ce soit". Tout ceci, pour des oeuvres du domaine public, est sans fondement juridique. Alors, d'où vient cette restriction ?

Pour la France, la distinction entre usage personnel et professionnel de la prise de vue au musée trouve peut-être son origine dans une décision de 1959 qui met fin à la perception d'une taxe dans les musées nationaux pour « la prise de clichés photographiques au moyen d'appareils tenus à la main » concernant les amateurs. En revanche, la taxe en cours depuis 1922, qui n'était associée à aucune restriction de diffusion des clichés, était maintenue pour les prises de vue nécessitant du matériel (pied, éclairage) concernant plutôt les professionnels [6]. Quand le glissement s'est-il opéré d'une taxation initialement prévue pour service rendu (occupation de l'espace, mobilisation de personnel) vers un droit de regard sur la diffusion des prises de vue et leur tarification selon leur destination, sans aucune base légale [7] ?

La restriction à un usage privé se retrouve dans le règlement type des musées nationaux élaboré par le ministère de la Culture en 1979, objet d'un arrêté publié au Journal officiel visant à harmoniser les différents règlements en cours (qu'on aimerait bien trouver) [8] Même si, à partir des années 1990, plusieurs des musées nationaux ont acquis une certaine autonomie, leur permettant d'adopter leur propre règlement, la mention de l'usage privé et de son corollaire « à l'exclusion de toute utilisation collective ou commerciale » se retrouve dans nombre d'entre eux et est reproduite à l'infini chez tous les autres. Aujourd'hui, quand un musée prend la décision de renoncer à l'interdiction photo en appliquant unilatéralement cette restriction, que faut-il faire ? Se réjouir ou s'offusquer ? Même imparfaite, ce passage à l'autorisation constitue évidemment une avancée. C'est le cas pour trois exemples récents, déjà cités : le musée Fabre de Montpellier, le Grand Palais et la BnF pour ses espaces d'exposition.

Pour quelles raisons la restriction est-elle maintenue aujourd'hui dans les musées, jusqu'à se retrouver dans la charte photo du ministère ? Pour se couvrir vis-à-vis d'éventuels problèmes avec des auteurs vivants ou de leurs ayants-droits ? Par tentative maladroite de garder un monopole auquel ils ne peuvent pas prétendre sur la vente de produits dérivés en incitant à acheter dans leurs boutiques ou de payer des reproductions numériques, sachant que la taxe votée en 1921 sur les prises de vue, coïncidant avec l'instauration d'un droit d'entrée, avait pour but de renflouer les caisses des musées nationaux afin qu'ils puissent acquérir de nouvelles oeuvres ? Ou, peut-être, plus globalement, par « culture du contrôle » propre au monde muséal, pour reprendre une expression de Mélanie Dulong de Rosnay, chercheuse et membre de Communia [9]. D'autres avaient parlé carrément de « phobie de ces institutions à l'égard d'une évaporation du patrimoine culturel » [10]. Les résistances sont là, réelles et symboliques. Mais qu'est-ce qui pourrait arrêter la démocratisation numérique ?

Goelo ne soit pas timide ! poste tes photos de tableaux !

fiatlux

La stabilisation te sera plus utile que l'ouverture, puisque le tableau est normalement parfaitement immobile et que tu cherches à conserver une certaine pdc. Du coup, je ne recommande pas spécialement une focale fixe, aucune n'étant stabilisée chez Fuji.

Or ton 16-50 XC est déjà stabilisé donc, avant de passer au 18-55, tu peux vérifier si ton manque de netteté ne vient pas plutôt de la très haute sensibilité (1600-3200 ISO).

Si tu es en JPEG avec les réglages par défaut, ton Fuji lisse pas mal les détails. Mets le filtre anti-bruit au minimum ou passe en RAW si ce n'est pas déjà le cas.

Tu peux aussi essayer de limiter la sensibilité à 800 ISO et/ou de diaphragmer l'objo, en te reposant sur la stab pour descendre vers les 1/8s-1/15s, et voir si tu as de meilleurs résultats.

paltoquet

Merci pour toutes ces réflexions très instructives. La législation sur les reproductions d'œuvres, je vais tâcher d'en prendre connaissance, car je fais partie de ceux qui affichent ces images sur le net... A des fins pédagogiques. Du coup, en effet, ils s'agit des œuvres débarrassées de tout contexte spatial, comme dans les livres, à ceci près que, quand c'est possible, je garde le cadre du tableau.

Fiatlux, tes remarques m'intéressent bien car tu rejoins l'état actuel de ma réflexion, en ce qui concerne le choix de l'objectif. Au départ, je pensais acheter l'objo fixe qui va bien, et qui aurait un piqué de la mort qui tue pour bien voir tous les détails de la couche picturale, du détail, encore du détail ! Mais je viens de recevoir "mon" 60 mm, et je découvre que, sur l'X-M1 lui-même non stabilisé, et bien, âge sans doute oblige, la photo est facilement bougée si je descends au-dessous du...100ème de seconde ! Ou alors je bloque la respiration. Ce qui, en pratique, dans un musée où le 3200 ISO est vite obligatoire, ben c'est pas jouable. C'est une focale déjà trop longue pour avoir de la latitude dans la vitesse... Avec le 35/1.4, c'est déjà plus jouable, mais à moins de 4 en ouverture, les bords ne vont pas être nets...

Sinon ce que tu me conseilles avec le 16-50, c'est effectivement ce que je pratique déjà. J'arrive à descendre à 1/18ème de seconde, mais quand j'en suis là, c'est que je suis dans les salles sombres du Louvre, et que, à 3200 ISO, le tableau ne rendra rien de bien. En général, pour avoir un peu de confort, je me cale au 30ème.
Quand je parle de manque de piqué, je ne parle pas de la netteté, car je gère assez bien le rapport ouverture/focale/vitesse dont tu parles avec justesse... Non, je veux juste que, quand je crope, le détail reste le plus piqué possible. C'est tout. C'est la raison de ce fil, car, avec le 16-50, j'obtiens des résultats satisfaisants. Mais je voudrais encore mieux...

Exemples :


paltoquet


paltoquet

Bon, là, avec les imites de 225ko par message, une compression jpeg à 92, et une réduction de la taille à 800, il ne reste pas grand chose du détail, du piqué... Mais vous voyez que le résultat global est correct...

Par contre, Fiatlux, je n'ose toujours pas me mettre au RAF... Je sais, il faudrait.

Goelo

Citation de: paltoquet le Août 10, 2016, 18:18:04
vous voyez que le résultat global est correct.

Ça semble pas mal.  :)
Et la colorimétrie semble respectée.
(Là je suis sur ma tablette).
Bien sûr il faudrait voir le fichier grand format, mais vu les conditions, ça semble correct.

Citation de: dioptre le Août 09, 2016, 21:20:17
Du moment que c'est pour un usage privé aucun problème.
[...]
Goelo ne soit pas timide ! poste tes photos de tableaux !




Infos toujours utiles.
Moi, je suis plutôt "art contemporain", musées et aussi galeries... Certains peintres ont moins de 70 ans...  ;)


paltoquet

En fait, c'est pour ça que je me suis mis à photographier des tableaux : avec les dernières générations d'APN, je suis surpris par la qualité de la colorimétrie et de la finesse des nuances... Ce qui circule sur le net depuis de nombreuses années, et ce qu'on trouve dans les livres d'art bon marché, c'est très en-dessous de ce que les derniers progrès des capteurs permet. Il y a moyen de ne plus avoir une teinte dominante, ce qui est malheureusement le cas de beaucoup de repros... Et sur le 27 pouces bien calibré qui me sert à regarder tout ça, ça donne un vrai plaisir esthétique, et la possibilité de regarder des détails, notamment techniques, à peu près impossibles à contempler in situ...

Donc, plutôt XF 18-55 que XC 16-50 ? J'ai lu que, en gros, le 16-50 est étonnamment plus piqué en focale courte que le 18-55, mais que le 18-55 reprend le dessus après, et est plus homogène du centre au bord, ce qui correspond en effet à ce dont j'ai besoin, car je ne pense pas avoir jamais pris un tableau au-dessous de 35 mm. Donc, si progrès visible il y a entre 35 et 55 avec l'XF, sans compter que les 5 mm de mieux m'auraient été utiles dans plusieurs occasions, ça vaut peut-être le coup de faire la dépense. D'autant que 55 à 4 au lieu de 50 à 5.6, si ça permet de descendre d'une valeur en ISO, ça fait une grosse différence de définition. Seulement, si la différence entre l'XC 16-50 et l'XF 18-55 se voit juste en labo, aux mesures, alors ça fait double emploi... Et une dépense inutile.

Vraiment pas de partisan d'une focale fixe ?

fiatlux

Citation de: paltoquet le Août 10, 2016, 18:18:04
Par contre, Fiatlux, je n'ose toujours pas me mettre au RAF... Je sais, il faudrait.

En Jpeg, à ces sensibilités, tu es à la merci d'un traitement anti-bruit assez destructeur de détails. Teste déjà en mettant la réduction de bruit au minimum.

paltoquet

#24
A vrai dire, c'est déjà le cas (NR -2).
Mais quand même, à 3200 ISO, j'ai bien peur que, en RAF, si je peux m'arranger pour éviter le lissage excessif de Fuji, je vais choper beaucoup de bruit dans les zones sombres, à peu près intraitable... Disons simplement que j'en suis à renoncer à photographier certains tableaux en raison d'un éclairage insuffisant, comme par exemple les Brueghel au dernier étage du Louvre, si mal exposés qu'on les voit mal...

Sinon, bien sûr que les deux Van Gogh montrés sont à Orsay, et que leur éclairage est optimal... Là ça marche bien.

Au fait, quand je dis que je descends à 1/18ème de seconde avec la stab du 16-50, c'est aussi avec celle du X-A 1, car cela serait impossible avec l'X-M 1 qui n'est pas stabilisé...

Mais vraiment pas d'autres suggestions de techniciens qui auraient un autre point de vue ?

Sinon, moi aussi je donne dans le muséal :