Suivre en direct la migration du rollier d'Europe (Fil ouvert à tous)

Démarré par Jo Laudois, Novembre 08, 2018, 15:37:00

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Xavier Corteel

Ce qui me surprend le plus dans les performances de ces oiseaux c'est le rapport entre distances parcourues et consommation énergétique. Même avec une nourriture abondante et riche, ils ne peuvent emmagasiner que quelques dizaines de grammes de graisse et ce carburant leur suffit pour parcourir des milliers de kilomètres dans des conditions particulièrement difficiles (chaleur, vent et autres aléas climatiques). L'homme aurait besoin de réserves autrement plus importantes pour assurer un effort équivalent ramené à son poids. Je n'ai jamais vu d'étude scientifique sur le sujet. Il y a sans doute un modèle de diététique dont on pourrait s'inspirer, mais les migrateurs n'ont pas tous le même régime alimentaire : insectivores pour ces rolliers, mais granivores, piscivores, carnivores et omnivores sont capables des mêmes performances. Alors, peut-être faut-il chercher dans la physiologie des oiseaux le secret de leurs exploits physiques ?
Curieux de Nature

Roland Ripoll

Quelques infos pour compléter ce que dit Xavier et qui pourraient peut être (conditionnel) vous intéresser....

"Les oiseaux n'ont pas tout à fait le même régime alimentaire durant la migration que pendant le reste de l'année. Cela s'explique par le fait qu'ils se trouvent en des lieux différents, où les sources d'alimentation ne sont pas les mêmes. Mais pas seulement: de nombreux insectivores deviennent, à l'époque de la migration, frugivores, car les fruits ont un rapport graisses/protéines bien plus élevé que celui des insectes. Plus étonnant encore: les passereaux ont tendance à sélectionner les aliments présentant certains types d'acides gras (ceux à 16 ou 18 atomes de carbone).

Ces acides gras sont stockés dans les tissus adipeux et dans le foie sous forme de réserves (ces réserves sont de plusieurs types: des hydrates de carbone, des protéines et de la graisse) dans lesquelles  l'organisme puise lors d'un effort de longue durée. Leur transport dans le système circulatoire, qui fait intervenir diverses enzymes, protéines et réactions chimiques, est extrêmement efficace chez les oiseaux, beaucoup plus que chez les mammifères. 

Les oiseaux possèdent un cœur deux fois plus gros en proportion que celui des mammifères, et ce cœur s'accroît parfois encore un peu en taille le temps de la période migratoire. Mais le système circulatoire ne sert pas qu'au transport des acides gras. Les oiseaux ont besoin de fixer beaucoup d'oxygène et ce d'autant plus qu'ils volent à haute altitude.
Il y a donc "concurrence" entre transport de l'oxygène et transport des acides gras. Les oiseaux, et particulièrement les migrateurs, ont donc un taux d'hématocrite très élevé.

Autre différence avec les mammifères, le franchissement par les acides gras de la membrane des cellules musculaires (le sarcolemme) se fait avec beaucoup plus de facilité chez les oiseaux.

Etre simple pour être vrai

Xavier Corteel

Merci Roland d'avoir répondu à ma question avec des informations particulièrement pertinentes.
Curieux de Nature

etsocal

Merci à nous deux, Roland et Xavier pour cette très intéressante approche du métabolisme des oiseaux et plus particulièrement celui des oiseaux migrateurs. :)
Michel

labat

Je vous remercie également mais je vais relire une seconde fois !

psbez

Merci pour ces infos très intéressantes sur le métabolisme des oiseaux migrateurs. Je pense qu'il y a, en plus, en fonction des observations de ces oiseaux sur le climat local, la décision soit de partir soit d'attendre encore. Je ne sais pas à quelle altitude nos rolliers font leurs longues étapes, mais je pense qu'ils tiennent compte de la température, du vent favorable, de la couverture nuageuse etc.. Quand j'étais à Madagascar, au début des années 1990, un Faucon d'Eléonore ( migrateur depuis la Méditerranée )  s'était installé dans un bosquet, non loin de chez moi. J'avais remarqué que les jours venteux, il n'était plus là. Il revenait quand le temps était plus clément. Pourquoi et où partait-il et que faisait-il ? Je pense qu'il en est aussi de même pour nos Rolliers : s'ils ont fait "bombance" et s'ils jugent que le temps est favorable à leur direction de migration, eh bien ils partent. Ceux qui s'installent ou qui restent plus longtemps doivent se plaire là où ils sont. 

JPM84

Citation de: labat le Décembre 04, 2019, 13:54:28
Je vous remercie également mais je vais relire une seconde fois !
J'ai aussi relu une deuxième fois, c'est très intéressant car on se pose tous la question, merci Roland pour ces précisions !
JPM

Jo Laudois

Merci Paul pour ces dernières infos et félicitations aux colistiers pour leurs interventions de haut niveau sur le métabolisme des oiseaux. Outre les conditions météorologiques,  leur état sanitaire, etc... le départ des oiseaux serait également déterminé par leur horloge interne. Au cours des semaines qui viennent,  ils vont se stabiliser en Afrique australe jusqu'en mars : ce sera alors le moment
pour ceux qui en possèdent,  d'envoyer des photos de rollier sur ce fil pour le faire vivre vivre jusqu'au moment du grand retour.
Amicalement à tous,  Jo.

psbez

Bonjour à tous et à JO : voici la carte de situation n° 100, ce jour 6 déc 2018 à 12h.  4 Rolliers qui continuent leur voyage et sont maintenant au sud Angola :
Adam (2019) à l'ouest, Magnus (2019) au centre, Anak (2019) à l'est vient de rentrer dans la bande de Caprivi.
-Michel (2018) continue sa progression après s'être retrouvé quelques jours au même endroit qu'en 2018. Il s'approche, lui aussi de la bande de Caprivi.
-Rappels :
Les 3 Rolliers qui restent dans leur « coin » : Koro ( 2018) dans le Hoggar, depuis sa remontée en début d'année, Marcus (2018) qui se plaît au sud Niger tout comme Hoenir ( 2019) au nord Nigéria
Les 3 balises immobiles : Fréja (2018), Oden (2018), Raquel (2019)
Bonne fin de journée et à bientôt     
psbez ( Paul )

Henrid

Henri

Berzou

Alors pour eux, c'est le printemps,  y sont pas bêtes,  n'est ce pas ?
Merci Paul.

Gypaete barbu

merci mille fois encore a Paul d'avoir pris le relai de Jo
bonne soirée a tous
GB
eos 1 eos 3 eos 7d ..X1,2

Jo Laudois

Merci à tous et bravo à Paul qui assure une brillante relève ! :)

Quelques images de nos oiseaux bleus...

Photo N° 104

Jo Laudois


Jo Laudois


Jo Laudois


Roland Ripoll

Etre simple pour être vrai

etsocal

Tes photos de Rolliers sont toujours aussi belles, un régal..... :) Merci à toi, sans oublier Paul qui est venu prendre la relève en conservant l'état d'esprit que tu as su si bien insuffler à ce fil.

Michel

Henrid

Henri

psbez

Bonjour à tous  et merci à toi JO pour ces dernières photos très descriptives et bien belles. Voici la situation ce jour 10 décembre à 16h30.

La carte 101 montre que 3 de nos 4 Rolliers ( ceux qui continuent ) ont fait, ces deux derniers jours, des vols de 400 à 500 kms vers le sud : Magnus et Michel se trouvent maintenant en Namibie tandis que Anak est au Botswana. Michel lui, a poursuivi sur une bonne distance, un trajet presque identique à celui de 2018..

La carte 102 fait le rappel des Rolliers en « arrêt » de migration mais toujours actifs : Koro depuis le début de l'année au Hoggar, Va-t-il y rester ? Marcus toujours au Sud Niger ainsi que Hoenir au nors Nigéria. Les déplacements de Hoenir sont, pour l'instant, confinés à une zone réduite.

Je « tente une hypothèse » en ce qui concerne la diminution des populations de certaines espèces migratrices nichant dans l'hémisphère nord : la diminution observée de leurs ressources alimentaires, comme celle des insectes, n'inciterait-elle pas ces espèces à s'installer dans certains lieux de leur migration plus favorables où les ressources alimentaires sont meilleures toutes l'année.
Dans le Sahel, que j'ai bien connu, il existe bien de tels lieux favorables à proximité de ressources en eau comme les rivières, les résurgences, les bas fonds qui sont humides et protégés grâce à leur exposition etc.  Dans le Hoggar, à priori très sec, il existe aussi de tels endroits. Les Touaregs y amènent souvent leurs troupeaux. Si nos trois Rolliers sédentaires ( pour l'instant ) ne se décident pas à partir vers la Namibie, cela pourrait, peut-être, expliquer, en partie, la baisse des effectifs Européens de ces espèces.


Roland Ripoll

Merci Paul pour ces dernières informations ! Ton hypothèse tient la route.
Etre simple pour être vrai

Xavier Corteel

Oui, l'hypothèse me semble intéressante. Il ne faut pas oublier que le moteur des migrations c'est la nourriture et non la température. Pour autant, je dois avouer qu'en ce moment je troquerais volontiers mon climat contre celui du Hoggar.
Curieux de Nature

psbez

Bonjour à tous, aujourd'hui vendredi 13 déc au matin, la situation n'a guère changé. A part Michel, toujours lui !, qui a fait il y a 2 jours, un demi tour de 150 kms : il est revenu au sud Angola où il a trouvé, semble-t-il, un « coin sympa » A bientôt.

Henrid

Henri