Perspectographe

Démarré par seba, Janvier 25, 2019, 17:02:17

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seba

Citation de: Tonton-Bruno le Février 05, 2019, 18:00:35
Pas sûr.
Voici ma photo prise depuis la terrasse du Palais Correr, qui bouche la place face à la basilique.
Je suis au 18mm, soit 24mm en 24*36.
L'angle de champ de Canaletto est plutôt celui d'un 35mm.
Je joins aussi une vue faite au 18mm en vertical pour n'avoir pas de contre-plongée et rendre plus justement les proportions.

Ah maintenant j'hésite.
J'ai essayé de tracer l'angle de champ et le point de vue (j'ai compté les arcades pour délimiter le champ) mais aucun des deux tracés n'est satisfaisant.

seba

Citation de: Tonton-Bruno le Février 05, 2019, 18:18:21
Pour revenir au campo Saint Jean Saint Paul, je me suis amusé à aligner le dôme avec la statue du Colleone. La façade part forcément en biais par rapport à l'observateur.
C'est donc de la bascule !

C'est ce qu'on pourrait penser mais est-ce qu'il existait des camerae obscurae à bascule ?

Tonton-Bruno

Citation de: seba le Février 06, 2019, 06:56:51
C'est ce qu'on pourrait penser mais est-ce qu'il existait des camerae obscurae à bascule ?
Va savoir !
Les cameras oscuras (je garde l'orthographe italienne, sinon autant parler de chambres noires) étaient des appareils d'expérimentation scientifique construits de manière totalement individuelle par une personne mi-artisan mi-savant travaillant sous le contrôle d'un savant.
C'est pour cela que j'ai cité le nom de l'abbé Nollet.
Ce sont des personnes comme lui qui construisaient ou faisaient construire une camera oscura.

A l'époque il n'y a pas de brevet et encore moins de réalisation industrielle, d'autant plus qu'on est ici plus dans le domaine de la recherche scientifique que dans celui des objets manufacturés.

L'objectif utilisé pour une camera oscura était très certainement composé d'une lentille unique.
La focale devait être importante et l'ouverture très réduite.
L'image devait se matérialiser sur une vitre de 10 ou 20cm de côté, sachant qu'au XVIIème siècle (époque de Vermeer) on commençait à peine à savoir fabriquer des vitres plates de dimensions moyennes sans défaut. La Galerie des Glaces à Versailles représentait une prouesse technologique extraordinaire, et pour cela il avait fallu réussir à exfiltrer des maîtres verriers vénitiens qui n'avaient pas le droit de quitter l'île de Murano sous peine de mort. Si on n'est pas venu les assassiner en France, c'est parce que le Sérénissime redoutait les représailles militaires de la France.
Bref à l'époque de Canaletto (époque de Louis XV) les vitres sans défaut étaient encore très chères.
On devait poser dessus un papier huilé (papier calque) pour que l'image puisse se matérialiser.
Suivant la façon dont était montée la vitre dans le dispositif, elle pouvait peut-être autoriser des mouvements de bascule, et la faible ouverture devait permettre une certaine profondeur de champ.
Il fallait sans doute avoir de très bons yeux et pas mal d'imagination pour dessiner le croquis d'après cette image sombre et pas très nette !

Je ne crois pas qu'il y ait une seule camera oscura du XVIIème siècle ni non plus du XVIIIème siècle qui nous soit parvenue.

Celles que nous connaissons, me semble-t-il, datent du début du XIXème siècle, quelques décennies avant l'invention de la photo.

rol007

Bête question : qu'est-ce qui vous intéresse dans le perspectographe.
Le sténopé numérique n'en est-il pas une version moderne.

Autre bête question, la focale du sténopé est-ce son tirage ?
et si oui, le nikon z et son faible tirage serait-il le seul à pouvoir couvrir de grands angles (14-15 mm) ?

seba

Je me demandais (voir premier post) comment utiliser le modèle présenté, si on pouvait imaginer une méthode moins laborieuse.
Le sténopé donne automatiquement une perspective exacte.
Je ne sais pas si on peut parler de distance focale à propos du sténopé, mais la distance sténopé-capteur détermine l'échelle de l'image (comme la distance focale d'un objectif).
Et effectivement une monture à faible tirage permet de réaliser un sténopé grand angle.
Cela dit, un appareil de petit format n'est pas bien adapté, les images ne sont jamais très nettes.
Il existe des appareils de grand format (argentiques) qui permettent un angle de champ énorme avec une netteté satisfaisante.

rol007

#80
Citation de: seba le Février 08, 2019, 20:40:01
Je me demandais (voir premier post) comment utiliser le modèle présenté, si on pouvait imaginer une méthode moins laborieuse.
Le sténopé donne automatiquement une perspective exacte.
Je ne sais pas si on peut parler de distance focale à propos du sténopé, mais la distance sténopé-capteur détermine l'échelle de l'image (comme la distance focale d'un objectif).
Et effectivement une monture à faible tirage permet de réaliser un sténopé grand angle.
Cela dit, un appareil de petit format n'est pas bien adapté, les images ne sont jamais très nettes.
Il existe des appareils de grand format (argentiques) qui permettent un angle de champ énorme avec une netteté satisfaisante.

Ok, j'ai un petit peu regardé sur le net mais je n'ai pas trouvé non plus l'usage du plan incliné sous la table. Donc un 24*36 n'est pas suffisant en terme de netteté. je me suis même demandé comment on pourrait faire un panoramique avec un sténopé à grand tirage (45 mm sur reflex). Cas théorique, car le "vignettage" est trop important pour superposer les différents cadrages. Ou serait la "pupille d'entrée" dans pareil cas, mais on s'écarte du sujet...à mis course entre le trou et le film au niveau du sténopé

seba

Citation de: rol007 le Février 08, 2019, 21:52:31
Ok, j'ai un petit peu regardé sur le net mais je n'ai pas trouvé non plus l'usage du plan incliné sous la table. Donc un 24*36 n'est pas suffisant en terme de netteté. je me suis même demandé comment on pourrait faire un panoramique avec un sténopé à grand tirage (45 mm sur reflex). Cas théorique, car le "vignettage" est trop important pour superposer les différents cadrages. Ou serait la "pupille d'entrée" dans pareil cas, mais on s'écarte du sujet...à mis course entre le trou et le film au niveau du sténopé

Le plan incliné, c'est en fait un tiroir.
La pupille d'entrée, oui c'est le sténopé.

Tonton-Bruno

#82
J'ai emprunté le bouquin de Dürer dans une traduction récente à la médiathèque et Dürer donne le mode d'emploi de son appareil, finalement très compréhensible.
Ce qui n'était pas clair dans le schéma et qui est précisé dans la description de Dürer, c'est qu'il y a sur le cadre 2 fils, l'un attaché au milieu du montant haut, l'autre attaché au montant de gauche.
L'opérateur tend le fil du haut jusqu'à ce qu'il vienne toucher le câble tendu jusqu'au luth. Dürer conseille de le fixer au bas du cadre avec un peu de glu. Il tend ensuite le fil qui part du milieu du montant gauche jusqu'à ce qu'il soit en contact avec le câble et le fixe aussi avec un peu de glu.
Ensuite on décroche le câble pointeur du mur;
on ferme le portillon;
et on trace un point à l'intersection des 2 fils.

On rouvre le cadre, on remet le câble pointeur dans l'anneau du mur et on détermine le point suivant.

C'est un procédé entièrement mécanique, d'une grande précision si on dispose de beaucoup de temps et de patience, qui ne demande même pas de savoir dessiner.

Sur le dessin, j'ai rajouté 2 fils rouges et j'ai matérialisé les point d'encrage fixes en bleu.

Il semblerait que Dürer soit vraiment l'inventeur de ce procédé, alors que les autres procédés qu'il décrit avaient déjà été trouvés par d'autres avant lui.

seba

Merci Tonton Bruno.
Ca me paraît extrêmement laborieux.
Je me demande bien si quelqu'un a jamais mis en pratique ce mode opératoire.

Tonton-Bruno

Il semblerait qu'Emmanuel Maignan ait utilisé le principe du portillon de Dürer pour réaliser son anamorphose de la Trinité-des-Monts à Rome.

http://www.peinturemurale.com/anamorphose-2/

Je l'ai lu en note dans l'ouvrage que je viens de lire, ce qui m'a facilité la recherche sur Internet.

Le peintre a utiliser ce procédé de projection mécanique pour projeter son dessin préparatoire sur le mur.

Arnaud17

Nous n'admirons que les œuvres d'artistes dont le succès ne s'est jamais démenti, pendant que bien d'autres faiseurs ont sombré dans l'oubli.

Il est fort possible que les artistes et savants se bataillaient déjà pour déterminer quel était l'angle de vision naturelle de l'œil humain.
Les systèmes à fils croisés et quadrillages n'étaient que des outils pour produire des dessins, gravures et tableaux qui devaient plaire aux acheteurs.

Je veux bien croire que les riches et puissants de l'époque avaient l'œil assez affuté pour reconnaitre la qualité des productions.
De nos jours il y a les galeristes qui font des paris et spéculent, le marché de l'art a changé.
veni, vidi, vomi

seba

Citation de: Tonton-Bruno le Mars 25, 2019, 11:11:06
Il semblerait qu'Emmanuel Maignan ait utilisé le principe du portillon de Dürer pour réaliser son anamorphose de la Trinité-des-Monts à Rome.

http://www.peinturemurale.com/anamorphose-2/

Je l'ai lu en note dans l'ouvrage que je viens de lire, ce qui m'a facilité la recherche sur Internet.

Le peintre a utiliser ce procédé de projection mécanique pour projeter son dessin préparatoire sur le mur.

OK donc ça a vraiment eu une application pratique.