Orchidées de l'Aude...et autres fleurs

Démarré par Caloux, Mai 05, 2019, 16:43:59

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Caloux

Merci Denis !

J'indiquais que les orchidées ont un côté "pionnier" que la dispersion facile des graines encourage. En dehors de leur milieu de prédilection, il n'est pas rare de trouver 1 ou 2 spécimen d'une espèce là où on ne l'attend pas. Je rencontrerai donc serapias et ophrys jaune pratiquement lors de tous mes arrêts même si au vu de la taille des plantes ou de leur aspect sanitaire, le manque d'épanouissement était visible.

En bord de ruisseau, qui avait dû se transformer en torrent récemment (au vu des arbres couchés et autres branches disséminées), je cherchais plutôt des plantes aimant l'humidité mais une station d'Ophrys lutea devant quelques rochers semblait se plaire alors que les Ophrys préfèrent les terres mieux drainées.

25 Ophrys lutea  Ophrys jaune
Amitiés. Pascal

Caloux

Plus en retrait pour cette espèce plus xérophile, l'orchis homme pendu ou Orchis anthropophora que Linné avait originalement classé dans le genre Ophrys (??). Une orchidée qui vit en colonie et s'hybride facilement. Les variations de couleur ou de forme sont fréquentes. Début Mai, les floraisons débutaient pour cette espèce, je la rencontrerai fréquemment mais peu épanouie.

26 Orchis anthropophora
Amitiés. Pascal

Caloux

Puisqu'on évoque les hybrides, en voici un !  Comme c'est souvent le cas pour les hybrides, un parent domine. Ici c'est l'Orchis pourpre, je ne saurai identifier avec certitude le second.

27 Orchis purpurea  hyb
Amitiés. Pascal

Caloux

En sous-bois, à l'abri du soleil direct et bien visible sur des talus, rencontre avec :

28 Orchis mâle  Orchis mascula
Amitiés. Pascal

Caloux

#54
Certains spécimens comme chez presque toutes les orchidées ont perdu leur pigmentation. Il existe (et je la rencontrerai plus tard) une cousine naturellement blanche mais ici la promiscuité avec d'autres pieds bien colorés et un léger reste de pigmentation indique simplement une hypochromie qui affecte aussi la tige, verte au lieu de brun-rouge ainsi que les feuilles totalement vertes et normalement tachetées.

29 Orchis mascula  hypochrome
Amitiés. Pascal

Roland Ripoll

Ce fil, richement illustré, est une véritable encyclopédie sur les orchidées ! Merci de partager ton savoir.
Etre simple pour être vrai

Caloux

Merci Roland !  le savoir n'est pas inné mais on peut le partager une fois que l'on maitrise un peu mieux son sujet  :)

Une dernière vue des fleurs d'Orchis mâle avec leur éperon (en arrière de la fleur) caractéristique de l'espèce. Cet éperon ne contient pas de nectar mais malgré tout, les abeilles (principales espèces pollinisatrices de l'espèce) sont leurrées malgré tout et tentent d'y pénétrer.
Le pollen est peu exploitable par les insectes car souvent regroupé en masse qui vient se coller sur le front du butineur novice. Une visite à une autre fleur permettra de déposer cette masse qui entretemps aura varié de position et fécondera ainsi l'autre fleur. Si la visite est trop rapide, l'abeille peut se voir affublée de 3 ou 4 masses bien encombrantes.
Il semble d'après de récentes études que seules les abeilles novices se laissent prendre au "piège" des orchis qui récompensent bien mal leurs auxiliaires reproductrices.
Amitiés. Pascal

Clic-Clac 51

Le plaisir des yeux et en plus...c'est enrichissant
Une seule chose a dire...bravo et merci
Denis ;)

Berzou

toujours splendide....

avec de telles inspirations, je me suis mis à photographier les fleurs plus qu'à l'accoutumée...

Caloux

C'est très gentil à vous venant de photographes talentueux !

Je n'ouvrirai pas de fil dédié, j'espère que vous permettrez cette digression avec l'ascalaphe. Insecte farouche par beau temps mais au vol assez lourd, il se réfugie lorsqu'il pleut ou que le vent se lève sur des herbes hautes. On l'approche alors facilement et il joue à cache-cache en tentant de se dissimuler derrière son support. Il tournera autour tandis que vous vous rapprochez pour lui tirer le portrait, vous présentant ses pattes griffues.

30 Ascalaphe
Amitiés. Pascal

Caloux

Il faut alors attirer son attention sur le côté afin qu'il fasse un quart de tour et se mette enfin de profil.

31 Ascalaphe
Amitiés. Pascal

Caloux

Amitiés. Pascal

Caloux

Retour aux orchidées pour une seconde espèce de Serapias

33 Serapias vomeracea. Même répartition que Serapias lingua (hormis les incursions sporadiques vers le Nord et la Bretagne). Une pilosité au dessus du labelle permet son identification ainsi qu'un pourpre plus soutenu qui la revêt.
Amitiés. Pascal

thieum

Excellentes ces trois dernières et un fort joli fil. ;)
En plus c'est pris chez moi...ou presque... (moi je suis dans le Narbonnais)

Clic-Clac 51

31 et 33 sont les deux images qui me font de l'œil
De belles prises
Denis ;)

M13

Magnifique fil Caloux et merci pour l'identification de Serapias vomeracea car j'en ai plusieurs milliers dans une jachère de 2ha et je pensais au début avoir des Serapias lingua!
Je vais aussi profiter de ce fil pour l'identification de certaines ophrys!
Avec un grand merci

cgleroy


Caloux

Citation de: thieum le Mai 13, 2019, 22:36:37
Excellentes ces trois dernières et un fort joli fil. ;)
En plus c'est pris chez moi...ou presque... (moi je suis dans le Narbonnais)
;) Oui, c'est plus "tes terres" que les miennes en effet. Je pille honteusement toutes les beautés en changeant de région quand je le peux  :) Et il faudra que je me rende aussi dans le massif de la Clape, haut lieu orchidophile. Mais il faut s'y rendre tôt en saison. Dès le mois de Mars si le temps le permet, les premiers Ophrys apparaissent.
Merci Thieum !
Amitiés. Pascal

Roland Ripoll

Bonne série sur l'ascalaphe dont la première est originale.
Etre simple pour être vrai

Caloux

Merci à vous M13, Denis et Cgleroy !

[at]  M13, pour être certain de l'identification (ou du moins réduire les options à deux espèces maxi), il faut aussi la région où tu résides. Je parierais sur le 13 comme département  ;) Si tel est bien le cas, tu as donc le choix entre Serapias vomeracea ou à fleur plus petite Serapias parviflora. Si le labelle est différent de lingua ou vomeracea, il s'agira alors d'une autre espèce. Quoi qu'il en soit, une densité comme tu l'annonces est sinon rare, du moins peu fréquente de nos jours. Puisses-tu en profiter encore longtemps !

J'en profite pour aborder la question de la taxonomie des orchidées.
C'est une question sensible pour des hypers spécialistes ou des botanistes chevronnés (je ne suis ni l'un ni l'autre...).
Les orchidées sont pour une très grande majorité d'espèces encore évolutives. Je l'indiquais précédemment, elles vont soit vers une stabilisation soit au contraire vers encore plus de diversification mais elles évoluent au contraire d'espèces aujourd'hui stables. Une espèce se forme le plus souvent par isolement géographique (cf les pinsons de Darwin). Par manque de brassage génétique, les caractères vont se stabiliser et en tout cas, l'adaptabilité de certains individus donner naissance à une lignée aux caractères proches.
Une hybride d'orchidée stable et isolée géographiquement va donc donner une nouvelle espèce avec une morphologie particulière, que l'on va retrouver d'année en année et d'un individu à l'autre dans une zone géographique restreinte. C'est globalement sur ces bases que dans les années 1970 à 2000, les spécialistes connus (et talentueux) ont beaucoup publié sur de nouvelles espèces d'orchidées s'attachant soit à mettre en avant une coloration ou une forme de labelle particulière, des sépales ou pétales plus courts ou plus longs, un nombre de fleurs plus ou moins important, une odeur plus ou moins marquée.
On peut s'insurger fort justement de cette débauche de descriptions très largement documentées et fort éloquentes en pointant les travers : comme on parle de fourchettes, les caractères extrêmes d'une espèce donnée peuvent être exactement les mêmes extrêmes d'une autre espèce. Il y a donc une sorte de "noyau" de caractères affirmés et une périphérie de caractères moins précis et communs à plusieurs espèces.
On distingue aujourd'hui les Ophrys araneola (petite araignée), aranifera (araignée), arachnitiformis (forme d'araignée) et une bonne dizaine d'espèces régionales (massiliensis, viriscens, provincialis, argensonensis, incubacea, passionis, majellensis, occidentalis, panormita). N'en jetez plus ! Cà, c'est uniquement pour la France.
Je vous assure que si vous enlevez l'origine de la découverte et soumettez une fleur pour identification, les taxonomistes seront incapables de faire une identification certaine. Il faut se contenter de dire le plus souvent que c'est un Ophrys de la section Aranifera.
Tous ces travaux de nommage, de descriptions, sont louables et non dénués de sens. Les études sont sérieuses mais la précipitation des auteurs a sans nul doute contribué à subdiviser à outrance et à voir des espèces alors qu'il s'agit de variantes régionales. Il suffirait d'une introduction (ce qui est bien sûr à proscrire), d'une espèce "cousine" à grande échelle dans la région concernée pour brouiller toutes les certitudes des experts en l'espace de quelques dizaines d'années. On aurait alors plus que quelques individus A (natifs), B (introduits) et de C à Z majoritaires avec des caractères intermédiaires plus ou moins prononcés.
On peut donc identifier facilement certaines espèces en régression (Sabot de Venus par ex), et d'autres à la morphologie bien affirmée (Epipogium, Listère, Céphalanthère, Spiranthe par exemple); mais il faut rester humble avec les Ophrys, les Serapias, les Dactylorhiza, les Epipactis) qui sont des genres en pleine expansion.

Amitiés. Pascal

Caloux

#70
Voici un Ophrys sulcata ou sillonné car originaire de l'Aude mais qui se nommerait funerea (funèbre) s'il était Corse. Il y a bien entendu des différences (subtiles) dans la description du type mais quasi impossible à identifier sur le terrain tant les individus peuvent varier. J'ai pris des dizaines de vues de fleurs plus ou moins colorées, à formes différentes, mais sur ce fil, je ne présente, sauf à le mentionner, que les exemplaires les plus en rapport avec l'espèce type.
Pour cette espèce, le sillon qui lui donne son nom sépare le labelle en 2 sur presque toute la longueur alors Ophrys funerea a un sillon plus court qui ne descend pas jusqu'en bas du labelle. C'est une clé d'identification qui ne fonctionne pas tout le temps si j'en juge d'après certaines photos d'Ophrys funerea prises en Corse (pas par moi).

34 Ophrys sulcata

Cette espèce est proche de la vue d'Ophrys vasconica qui ouvrait ce fil.
Amitiés. Pascal

Caloux

Et voici un Ophrys indéterminé à coloration improbable (mais pas rare), hybride ou variable.

35
Amitiés. Pascal

Caloux

Et un autre individu assez proche de l'Ophrys vasconica (Vue n°1 de ce fil). On pourrait donc raisonnablement le classer dans l'espèce avec son "W" blanc qui sépare haut et bas du labelle.

36
Amitiés. Pascal

Caloux

On change d'espèces pour ne pas saturer avec les Cephalanthères : 3 espèces de mi ombre, de lisière de bois ou de sous-bois. Elles s'aventurent en plein champs parfois avec le risque d'avoir les fleurs grillées par le gel ou le soleil.
En Essonne, je ne rencontre que la Cephalanthera damasonium (à grandes fleurs) et dans l'Aude, je ne verrai que Cephalanthera longifolium (à longues feuilles). La troisième et la plus belle sans doute est Cephalanthera rubra (rouge) qui fleurit un peu plus tard.

37 Cephalanthera longifolium
Amitiés. Pascal

Roland Ripoll

Un fil sérieux et didactique, richement illustré et qui, malgré sa spécialisation, s'avère très intéressant.
Etre simple pour être vrai