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Démarré par Roland Ripoll, Juillet 06, 2019, 11:05:29

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Henrid

Merci Roland. Pour étayer les infos que tu nous a donné.
Je savais que j'avais ça dans mes archives... Allez, soyons fous, j'en mets 3 pour le prix d'une  ;D

Extrait d'audition... " Mais Monsieur le juge, c'est un affreux malentendu... Nous vous assurons qu'elle était consentante..."





Henri

Xavier Corteel

Bravo aux deux auteurs qui illustrent parfaitement les mœurs de ces colverts. Une tournante de canards, c'est quand même surprenant !
Curieux de Nature

Roland Ripoll

Merci ! Et merci aussi à Henri pour ses images qui viennent parfaitement compléter le texte.

6 .Les oiseaux infidèles ?

   La monogamie et la grande fidélité des oiseaux ne seraient pas si évidentes que cela... S'il est vrai que 90% des espèces sont monogames, ce n'est peut être qu'en apparence. Même si on pense que quelques espèces comme l'oie des neiges, l'albatros, la cigogne et les cygnes seraient fidèles, elles restent toutefois des exceptions.



De récents tests ADN ont en effet montré que, pour 70% des passereaux, l'infidélité était plus ou moins un fait établi et plutôt d'un usage courant. Conséquence: les œufs d'une même couvée ne sont pas toujours du même père...





On a longtemps cru que le pinson des arbres était un joyeux monogame, on a eu tort. Le mâle est un coureur invétéré, et la femelle ne l'est pas moins. Elles auraient hérité ce trait de caractère de leurs pères biologiques. Ce gène de l'infidélité, transmis de père en fille, est baptisé "gène de Casanova" par les chercheurs allemands.



Souvent infidèles, les femelles n'hésiteraient donc pas à chercher d'autres partenaires, plus forts, en meilleure santé, dotés d'un plumage plus vif et d'une plus belle voix. C'est le cas, par exemple, de la mésange charbonnière qui, si d'aventure un mâle autre que le sien chantait d'une manière assez convaincante,  ne se priverait pas d'une petite liaison de "derrière les buissons..."



Ce comportement, en apparence volage, viserait à les prémunir contre la stérilité de certains mâles et  à assurer une meilleure survie de l'espèce. Les femelles désirant s'accoupler de préférence avec des mâles  « de qualité » pour donner plus de chances à leur progéniture.

Pas étonnant alors que 14% des jeunes moineaux ne sont pas issus du mâle « officiel » et que 18% des pontes chez le Canard colvert  sont de plusieurs mâles.

Le risque de consanguinité justifierait également l'infidélité, comme pour le chevalier guignette ou le gravelot à collier interrompu. Chez ces espèces d'oiseaux côtiers, les femelles multiplient les accouplements lorsque leur partenaire ''légitime'' est génétiquement trop proche d'elles, afin d'avoir la meilleure progéniture possible. Reste à se demander comment les oiseaux reconnaissent cette proximité génétique ?





Chez certaines espèces d'oiseaux chanteurs, les femelles sont fréquemment infidèles. Mais le partenaire "cocufié" n'est pas dupe pour autant. Les mâles nourriraient moins bien les petits qui ne sont pas d'eux.

Des chercheurs de l'Université de Fribourg ont effectué des tests ADN sur 500 oisillons de bruant des roseaux afin de vérifier si le père était bien l'oiseau vivant en couple avec la mère. Et il
s'est avéré que 39% des rejetons étaient issus d'infidélités de cette dernière.



Les conséquences de ces infidélités sont moins bien connues. Les biologistes constatent que les bruants mâles se rendent compte de la tromperie et la sanctionnent. Lorsque la couvée comporte de nombreux rejetons qui ne sont pas d'eux, ils apportent nettement moins de nourriture au nid... Mais on ignore totalement comment les bruants font pour savoir que certains oisillons ne sont pas d'eux...

Etre simple pour être vrai

Henrid

Encore un bel article. merci Roland, je me suis régalé.
Henri

Clic-Clac 51

Tout pareil que Henri
Merci Roland de partager
Amicalement Denis ;)

urka

Superbes images! Et, si pour les Canards Col-vert je connaissais leur comportement envers les femelles (j'avais crée un fil il y a quelques années), j'apprends encore plein de choses pour les autres espèces.
André.

Xavier Corteel

Un seul regret à la lecture de ce fil : Roland, pourquoi as-tu abandonné la digiscopie ?
Curieux de Nature

Roland Ripoll

Merci !

"Roland, pourquoi as-tu abandonné la digiscopie ?" Parce que Xavier je ne voulais plus passer à côté des petites fleurs et des insectes que j'ignorais totalement, parce que je voulais montrer et témoigner d'autres richesses et d'autres beautés de la nature.

8. Vols au-dessus d'un nid de coucous...

Les oiseaux sont à l'origine de nombreux accidents aériens. 800 incidents sont au total dénombrés chaque année en France pour les avions civils et 400 pour les avions militaires. On appelle cela  « le risque aviaire ».

Les oiseaux  constituent donc danger permanent et notamment près des aéroports car  dans la plupart des cas, les collisions se produisent au décollage ou à l'atterrissage. Les services de l'aéroport de Nice ont ainsi ramassé 465 mouettes tuées lors de l'atterrissage d'un Airbus A-320 !



Les aéroports attirent de nombreux oiseaux parce que ce sont de vastes zones peu fréquentées par l'homme qui, de surcroît, sont  protégées, clôturées et où il n'y a pratiquement pas de prédateurs...

Tous les oiseaux ne constituent pas une menace directe pour l'aviation. Seules certaines espèces par leur comportement grégaire ou leur taille représentent un risque réel.
Des études statistiques ont été faites et ont montré que les rapaces  comme le Faucon crécerelle, la Buse variable ou le milan noir sont impliqués dans 33% des cas.







Les mouettes et les goélands causent 19% des accidents.





Les hirondelles et les martinets 13 %. Les vanneaux huppés en causent 10 %.



Les pigeons, perdrix et faisans sont responsables de 8% des collisions et occasionnent très souvent des dommages sérieux sur les appareils. Les corneilles ou les choucas  ne sont comptabilisés que dans  3% des impacts, surtout en juillet-août, au moment de l'envol des jeunes. 90 espèces au total, parmi lesquelles les étourneaux, les hérons cendrés sur les 350 présentes en France, ont déjà  été responsables d'un accident.
Etre simple pour être vrai

Clic-Clac 51

Les images sont superbes et le texte instructif
Merci Roland
Amicalement Denis ;)

robsou

Je partage évidement l'avis de Denis: beaucoup d'informations instructives (très intéressantes celles sur le Faucon crécerelle) et comme d'habitude de superbes images. Dommage de ne pas les voir (ou revoir) aussi dans la section Vos Images Nature!

Robert

Roland Ripoll

Merci Denis et Robert !

"Dommage de ne pas les voir (ou revoir) aussi dans la section Vos Images Nature!" Oui Robert mais il faut bien faire vivre cette section qui ne suscite guère l'intérêt et qui se meurt au fil des semaines...

9. Les plaques incubatrices

Chez certains oiseaux, les plaques incubatrices nous renseignent précisément sur le nombre d'œufs pondus par la femelle. Les plaques incubatrices sont des zones dénuées de plumes et de duvets sur la poitrine ou l'abdomen et qui a pour fonction de permettre une meilleure transmission de la chaleur lors de l'incubation.

Une expérience tentée au XVII° siècle a consisté à retirer à une femelle d'hirondelle les œufs au fur et à mesure qu'elle pondait. Le résultat fut qu'elle en pondit 19 au lieu des 5 habituellement.





D'autres expériences menées sur d'autres espèces ont depuis donné des résultats similaires. Un moineau domestique, par exemple,  peut ainsi pondre 50 œufs au lieu de 4 ou 5 !





On a également découvert que pour certaines espèces, comme le  vanneau huppé, le retrait des œufs ne changeait absolument rien au nombre total d'œufs habituellement pondus.





Ces expériences ont permis de démontrer que ce sont les plaques incubatrices qui règlent la ponte. Si on ôte les œufs à mesure qu'ils sont pondus, il n'y a pas de stimulation tactile de ces plaques et donc aucun message n'est envoyé au cerveau de l'oiseau pour limiter la ponte. Si les œufs restent en place, les récepteurs tactiles des plaques incubatrices décèlent leur présence et déclenchent un  processus hormonal qui ne va permettre que le développement du nombre "normal" d'œufs dans l'ovaire.

En ornithologie, on distingue donc les oiseaux en deux catégories; les pondeurs déterminés comme le vanneau huppé et les pondeurs indéterminés, comme l'hirondelle ou le moineau ou... la poule. Tout le monde aura compris que c'est le même processus qui nous permet d'avoir des œufs au poulailler pratiquement toute l'année...
Etre simple pour être vrai

Clic-Clac 51

Superbe, Roland
J'en redemande...alors n'hésite pas...bravo
Denis ;)

Roinou

Débutant en ornithologie je prends ce fils comme un véritable cours...la suite...la suite....la suite
et merci quand même !
Omnia sunt communia

Roland Ripoll

Merci à vous deux !

"la suite...la suite....la suite..." la voilà, il suffit de demander  ;)

10. Les sudistes contre les nordistes...

Quand un oiseau se sent menacé, choisit-il de sauver ses plumes ou celles de sa nichée ? Tout dépend s'il est originaire du Nord ou du Sud. C'est la conclusion d'une équipe de biologistes des universités de Californie, du Montana et de Riverside aux États-Unis.

Ils ont en effet constaté que les espèces de l'hémisphère Nord (qui - phénomène encore non expliqué - vivent moins longtemps) s'exposent davantage aux prédateurs afin de les détourner. La nichée serait ainsi épargnée.

« Cette stratégie se retrouve également sous nos latitudes. Le gravelot, par exemple, feindra une blessure à l'aile et s'exposera directement à son ennemi dans le but de l'éloigner du nid », explique Philippe DUBOIS, ornithologue à la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux).







En revanche, dans l'hémisphère sud, les espèces privilégient leur survie à celle de leur nichée, préservant ainsi leur chance de procréation...

11.  La membrane nictitante

Cette membrane est souvent appelée la "troisième paupière" dans le langage populaire et palpebra tertia dans la terminologie scientifique. Contrairement aux paupières "classiques", elle est normalement translucide. Elle est cependant blanchâtre chez certaines espèces comme le cincle plongeur chez qui elle très visible quand il cligne des yeux, les protégeant  quand il est immergé.

Chez les oiseaux de proie, elle sert  à protéger les yeux des parents d'éventuels coups de leur progéniture lorsqu'ils les nourrissent ou bien lorsqu'ils s'abattent sur leurs proies.



Les pics rigidifient leur membrane nictitante une milliseconde avant que leur bec frappe le tronc d'arbre afin d'empêcher leurs yeux de quitter leurs orbites. Chaque fois qu'un pigeon baisse la tête pour picorer le sol, la membrane nictitante recouvre les yeux pour les protéger des feuilles piquantes ou des herbes.



Elle sert également au fou de Bassan lors de sa plongée dans l'eau. Pour le  grand cormoran lorsqu'il pêche, cette membrane nictitante lui sert de masque de plongée et lui confère une vision aquatique exceptionnelle.

Etre simple pour être vrai

Clic-Clac 51

Quelle série encore ::) ::) ::) ...c'est juste extra une fois de plus
Chapeau Roland
Amicalement Denis ;)

bernall

Un beau et bon fil, merci !
je demande à voir

pierr07

Je passe rarement dans cette section...et c'est un tort !
Bravo Roland pour toutes ces photos réalisées avec talent et passion...Et merci pour tout ce texte très instructif.
Pierre

azurnet

Je viens de découvrir ce fil, chapeau un grand bravo Roland pour ces magnifiques photos et les informations qui vont avec.

Henrid

Non seulement je vois de belles, pardon... de très belles photos, mais tes informations sont des plus intéressantes et, très honnêtement, je m'instruis.  Merci
Henri

Roland Ripoll

Merci beaucoup à vous tous !

12. Shakespeare et les étourneaux...

Quel rapport me direz-vous entre Shakespeare et l'étourneau sansonnet ? Vous allez comprendre...

L'introduction de l'étourneau sansonnet aux États-Unis est relativement récente  et, on ne le sait peut être pas, elle est due à l'idée folle et saugrenue d'un énergumène. C'est au début des années 1890 qu'Eugène Schiefflin, riche propriétaire d'un laboratoire pharmaceutique et membre de l'American Acclimatization Society, un groupe voué à l'échange des plantes et des animaux entre les différentes parties de la planète, lâcha une centaine d'étourneaux dans Central Park.



Un peu "dérangé" sans doute, ce monsieur s'était en effet donné comme projet d'introduire en Amérique... tous les oiseaux cités dans le théâtre de Shakespeare ! L'étourneau n'est pourtant, dans l'œuvre du dramaturge anglais, mentionné qu'une seule et unique fois dans "Henri IV".



50 ans plus tard, les cent étourneaux s'étaient multipliés et répandus sur tout le territoire nord américain. On estime aujourd'hui leur nombre à 200 millions !



Les agriculteurs et les producteurs de céréales américains lui font une chasse sévère    car, considéré comme nuisible, l'étourneau  peut ingurgiter chaque jour  une quantité de nourriture égale à une ou deux fois son poids. On estime que plus d'un million d'individus sont tués chaque année [ce qui ne représente  dérisoirement que 0,5% de la population] et que les dégâts occasionnés s'élèvent à 1 milliard de dollars... La drôle d'idée de cet Eugène Scheifflin coûte cher aux contribuables américains



Etre simple pour être vrai

Clic-Clac 51

De superbes images ou l'on peut observer a loisir leur superbe plumage...bravo Roland
Merci également pour les quelques lignes qui les accompagnent
Amicalement Denis ;)

robsou

Des informations toujours aussi instructives dans les dernières séries illustrées d'images de qualité admirable.

Robert

Henrid

Quel étourneau je fais ! J'avais oublié de repassé sur ton fil... Belle histoire que tu nous raconte et illustre. Merci encore.
Henri

Roland Ripoll

Merci à vous tous ! En espérant que ce fil vous intéresse toujours autant...

13. L'ouïe des rapaces nocturnes

Chasseurs nocturnes, chouettes et hiboux sont, parmi les oiseaux, ceux qui ont l'ouïe la plus fine, la plus développée. Ils peuvent en effet localiser très précisément et capturer dans l'obscurité une proie uniquement d'après le bruit qu'elle fait. On dit même que l'effraie des clochers serait capable d'entendre, à plus de 25 m de distance, le bruit d'un stylo à bille courant sur une feuille de papier !



Une des particularités des rapaces nocturnes est la présence de disques faciaux. Le rôle de ces disques, véritables paraboles,  est d'amplifier et de concentrer les sons en direction des oreilles, afin d'améliorer l'ouïe. Ils captent les sons de haute fréquence et donnent à l'effraie des clochers une sensibilité auditive de 50 à 7500 Hz, soit 20 fois plus grande que la notre !
Les rapaces nocturnes chassent donc en se servant davantage de leur ouïe que de leur vue, ne possédant pas, contrairement à une idée répandue, une vision infrarouge.



De plus, les trous auriculaires des oiseaux sont placés, comme chez les humains, de chaque côté de la tête,  mais ces cavités ont, chez les rapaces nocturnes, la particularité d'être de grosseurs différentes et disposées de manière asymétriques, l'une étant située plus haut que l'autre. L'effet stéréophonique est ainsi assuré...



De ce fait, les ondes sonores parviennent avec 3/100 000 de secondes d'avance à l'une des deux oreilles. Cet infime décalage leur permet de localiser très précisément, à un degré près, la position d'une proie par le simple bruit qu'elle fait en se déplaçant. Une des deux oreilles localiserait les sons sur le plan horizontal, l'autre sur le plan vertical. Un peu comme la croix dans la lunette de visée d'un tireur d'élite...



A noter que les " aigrettes " dressées sur la tête des hiboux (et absentes chez les chouettes) ne sont pas des oreilles mais simplement de petites plumes qu'on dit  "ornementales" et  dont le rôle exact n'est pas encore bien défini.


Etre simple pour être vrai

azurnet

Un fil avec de superbes photos et de plus très instructif.  ;) ;) ;)