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Démarré par Roland Ripoll, Juillet 06, 2019, 11:05:29

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Roland Ripoll

Bonjour à tous,

Pour faire vivre la section j'ouvre ce fil qui, comme son titre l'indique, sera consacré à des informations générales sur les oiseaux. Aucun scoop, aucune révélation mais quelques précisions, quelques renseignements, des détails qui pourront, je l'espère, vous intéresser...

1. Au nom du Saint-Esprit

Le Faucon crécerelle est une des rares espèces, comme l'Élanion blanc, le Circaète, les sternes ou encore le Balbuzard pêcheur,  à faire du  vol stationnaire.  C'est sans doute lui qui le pratique le mieux et le plus souvent. Tout le monde a pu l'observer comme suspendu à un fil,  battre des ailes rapidement, la queue étalée et rabattue vers le bas. Il maîtrise ce vol dit « en Saint-Esprit » grâce à une coordination parfaite des ailes et de la queue.  Lorsqu'on l'observe faire ainsi du surplace, on pourrait penser qu'il cherche, au hasard,  à apercevoir au sol une proie.



Ce n'est pas faux mais ce n'est pas non plus tout à fait  exact. Cela ne doit rien au hasard. Ce qu'il cherche en réalité, ce n'est pas un mulot, un campagnol ou une souris, mais plus précisément les traces fraîches d'urine ou de matières fécales que les petits rongeurs déposent le long de leurs trajets. Ces traces sont très visibles à la lumière ultraviolette et le Faucon crécerelle a la faculté de percevoir cette lumière. Le campagnol, comme beaucoup de mammifères, laisse des marques d'urine partout où il passe. Il laisse derrière lui un véritable réseau de pistes odorantes totalement invisibles à l'œil nu. Mais éclairée avec une lampe à ultraviolets, l'urine de campagnol prend alors une teinte  bleu fluorescent. Le faucon crécerelle peut, grâce à cette étonnante acuité visuelle, facilement repérer ce genre de traces et guetter en vol stationnaire, juste au-dessus de l'endroit où elles sont le plus nombreuses ou les plus récentes, le passage attendu et prévu  de l'une de ses proies...



Les yeux du Faucon crécerelle sont donc des organes très performants. Rappelons qu'il est capable de voir un insecte de 2 mm à 18 mètres de distance ! De plus, les taches sombres qu'il a sous les yeux absorbent les rayons du soleil et l'empêchent d'être ébloui.



Des études récentes tendraient à montrer que les odeurs mettent sans doute aussi les rapaces sur la piste des rongeurs, mais les zoologistes mesurent encore mal leur importance...



Enfin, et pour essayer d'être complet, ses yeux étant fixes à l'intérieur de leur orbite, il ne peut donc pas regarder à gauche et à droite sans bouger la tête comme nous le pouvons le faire. Pour pallier à cet inconvénient, sa colonne cervicale est particulièrement mobile, elle possède jusqu'à 14 vertèbres . Il n'y en a que 7 chez l'homme.



Etre simple pour être vrai

Laure-Anh

Merci du partage d'ornithonews, Roland.
Je m'abonne.

Clic-Clac 51

Instructif et joliment imagé
Bravo Roland...je m'abonne également
Amicalement Denis ;)

Roland Ripoll

Merci Laure Anh et Denis !

2. Pourquoi les bergeronnettes hochent- elles la queue ?

Trois hypothèses ont été avancées pour expliquer le hochement de queue si particulier des bergeronnettes. Ce ne sont que des hypothèses...

Selon la première, le hochement de queue serait un moyen de communication (comme l'étalement régulier de la queue  chez les bruants des roseaux). Il  servirait aux bergeronnettes à signaler leur présence et à rester en contact visuel avec leurs congénères..





La deuxième hypothèse suggère que la bergeronnette hoche la queue pour être vue non pas de ses congénères mais de ses prédateurs ! Cette idée a été avancée suite à l'observation de ces hochements de queue qui s'intensifient quand l'oiseau se met en recherche de nourriture. Ces hochements répétés et flagrants seraient un leurre.  Ils auraient pour but  d'attirer l'attention d'éventuels prédateurs afin qu'ils se dévoilent, permettant à la bergeronnette, encore en alerte, de leur échapper facilement. Dans le cas contraire, la bergeronnette pourrait tranquillement se mettre en quête d'insectes.



Enfin la troisième suppose que les hochements serviraient à déranger les insectes immobiles ou endormis, afin de les réveiller pour que la bergeronnette puisse mieux les capturer. Cette théorie acquiert davantage de crédibilité quand on sait qu'en Australie un autre oiseau, la Rhipidure hochequeue, est connu pour hocher sa queue beaucoup plus souvent lorsqu'il est dans l'ombre qu'au soleil. Les insectes étant généralement moins actifs dans l'ombre, des hochements de queue fréquents les dérangeraient et permettraient à la bergeronnette de les chasser plus facilement...





Etre simple pour être vrai

Xavier Corteel

Un texte passionnant servi par des images éblouissantes ! On ne peut qu'en redemander.
Curieux de Nature

jmr87

Tes images et les textes qui les accompagnent conviennent parfaitement pour traiter la neurasthénie chez moi.

urka

Habituellement, on regarde des photos puis on lit les textes expliquant telle ou telle situation. Ici, on a la démarche inverse mais le résultat est le même: de très bonnes explications et des photos toujours aussi belles! J'ai encore beaucoup appris!
André.

Clic-Clac 51

Bravo Roland
Amicalement Denis ;)

Atriplex

Très bonne idée, Roland! Je m'abonne!
J'ai spécialement aimé le passage sur le Crécerelle.

Gérard

PS: Petit pinaillage  ;). Tu écris:
Citation de: Roland Ripoll le Juillet 06, 2019, 11:05:29
... Ce qu'il cherche en réalité, ce n'est pas un mulot, un campagnol ou une souris, mais plus précisément les traces fraîches d'urine ou de matières fécales que les petits rongeurs déposent le long de leurs trajets. Ces traces sont très visibles à la lumière ultraviolette et le Faucon crécerelle a la faculté de percevoir cette lumière. Le campagnol, comme beaucoup de mammifères, laisse des marques d'urine partout où il passe. Il laisse derrière lui un véritable réseau de pistes odorantes totalement invisibles à l'œil nu. Mais éclairée avec une lampe à ultraviolets, l'urine de campagnol prend alors une teinte  bleu fluorescent. Le faucon crécerelle peut, grâce à cette étonnante acuité visuelle, facilement repérer ce genre de traces et guetter en vol stationnaire, juste au-dessus de l'endroit où elles sont le plus nombreuses ou les plus récentes, le passage attendu et prévu  de l'une de ses proies...
En fait, ce spectre de vision des couleurs étendu vers ce que nous appelons ultra-violet n'est pas de l'acuité visuelle, celle-ci étant le pouvoir séparateur de l'oeil. Ce sont deux propriétés différentes de l'oeil.
Gérard

michel77

Sacré fil Roland.
Quelques photos déjà vues, mais c'est du vrai bonheur. Continue comme çà à nous ravir.

mslicht

Très intéressant à te lire Roland avec les images qui vont bien avec...
Je vais essayer de me transformer en faucon et suivre mes campagnols à la lampe UV...

cdlt

mslicht

wll92

Super, je prends un ticket !
Merci pour ce partage.


ardeas

Excellent tout ça !! Merci ;)

François64

Merci pour toutes ces infos vraiment très intéressantes sur le crécerelle.

Roland Ripoll

Merci à vous tous ! Content que ce fil vous intéresse.

3. Quand le cormoran étire ses ailes...

Quand le cormoran étire ses ailes au soleil, fait-il réellement sécher son plumage ? Face à une posture aussi évidente, poser la  question, c'est douter de la réponse.... Car certains pensent qu'il est tout simplement en train de digérer !



Le comportement « ailes ouvertes » du cormoran, silhouette caractéristique, a pourtant  fait l'objet de nombreuses études et  beaucoup ont conclut à la fonction purement séchage de cette attitude. Son plumage en effet ne serait pas imperméable [plus précisément, son plumage n'est que partiellement perméable.] car il ne possède pas, comme les autres oiseaux aquatiques, de glande uropygienne. Mais une étude menée en 1984 a montré que les sécrétions de la glande uropygienne ne servaient pas à l'imperméabilité du plumage des oiseaux. C'est la structure microscopique des plumes qui confère cette propriété.



Certains scientifiques ont donc avancé que cette posture  aurait d'autres fonctions, et notamment  une fonction digestive. Le cormoran prendrait cette attitude pour réchauffer sa poitrine et par conséquent le bol alimentaire, facilitant ainsi la digestion. Ce mécanisme de thermorégulation permettant à l'oiseau d'utiliser la chaleur dégagée par la contraction des muscles alaires (SIMMONS 1986, GREMILLET 1997), pour mieux digérer les proies en milieu froid...



D'autres ont également pensé que cette attitude lui servait à garder un certain équilibre, qu'elle était un moyen de communication, ou bien qu'elle assurait et qu'elle délimitait un espace autour de l'individu, lui permettant de tenir à distance raisonnable ses congénères... 



Enfin certains ont pensé que signal annonçait aux autres individus une pêche fructueuse...


Etre simple pour être vrai

Clic-Clac 51

Bravo Roland pour ces images et merci pour toutes ces informations
Amicalement Denis ;)

thieum

Superbes images et textes passionnants, bravo!! ;) ;)
Je rajouterai comme oiseaux qui pratiquent le vol stationnaire, la Sterne naine (fréquent) et même le Martin-pêcheur (observé quelques fois).
Intéressant aussi l'habitude de hocher la queue chez la bergeronnette, on retrouve aussi ce hochement de queue chez d'autres oiseaux comme le Chevalier guignette par exemple.
Pour le cormoran j'ai effectivement lu dernièrement que sa position, aile écartées, servait à exposer son bol alimentaire au soleil afin de favoriser la digestion. ;)
Je suivrai ce fil avec attention désormais. ;)

Roland Ripoll

Merci à vous deux !

4. De la bavette du moineau...

Des études (A.P. M ØLLER (« Animal behviour » 1987 et « Sociobiology » 1989) ont montré la relation entre la bavette du moineau domestique, sa taille et sa forme, et la reproduction, la compétition entre mâles et le choix des femelles.



Il a été observé que les mâles avec de larges bavettes symétriques obtiennent les meilleurs territoires et se reproduisent plus tôt car ils attirent plus facilement les femelles. Les femelles de ces mâles pondent également plus d'œufs et il y a plus de jeunes à l'envol.



Dans son livre « Animal Talk », Tim FRIEND explique que des scientifiques ont capturé des individus à petite bavette et ont teinté leurs plumes de manière à leur donner un large bavoir. Les femelles ont alors été très attirées par ces "beaux" mâles. 





Rebecca KIMBALL, de l'université de Mexico, a également étudié l'épaisseur du bec et conclut que chez les jeunes mâles d'un an, ce sont ceux avec le bec le plus large qui attirent le plus de femelles.



...à l'ergot du faisan.

Selon une autre étude, menée par des scientifiques suédois, l'atout majeur de séduction du faisan mâle ne serait pas, contrairement à ce qu'on croit, son beau plumage mais la longueur de son ergot.
Pour le démontrer,  ils ont raccourci l'ergot de certains mâles et ont constaté qu'ils étaient moins appréciés des femelles. A l'inverse, ils ont rallongé artificiellement l'ergot d'autres mâles et ceux-ci suscitaient alors l'intérêt de ces dames.
Des analyses ADN tendraient à prouver que les mâles à long éperon ont une descendance plus nombreuse.
Ces données sont toutefois contestées par d'autres chercheurs qui estiment que c'est davantage la couleur et l'augmentation de volume des caroncules qui attirent les femelles ainsi que le temps pendant lequel ces caroncules restent gonflées. Cependant, ces mêmes études montrent également une nette corrélation entre la longueur de l'éperon, la grandeur des caroncules, la valeur combative du mâle et l'attrait pour les femelles.



Etre simple pour être vrai

Henrid

Je ne viens jamais sur cette rubrique et je m'aperçois que c'est un tort. J'ai repris ce fil dans son intégralité. Bravo et merci.
Henri

Clic-Clac 51

Jolie suite...bravo Roland
Amicalement Denis ;)

Seb65

Une compilation d'études agrémentée de belles photos....que demander de plus ! Merci Roland pour le partage !  :)

Roland Ripoll

Merci !

5. Les vilains petits canards...

Qui se douterait en voyant nager paisiblement des canards colverts sur un plan d'eau que, derrière ces oiseaux sympathiques et colorés, se cachent de redoutables et  « d'ignobles violeurs » ?
Il faut savoir que les canards colverts sont une des rares espèces d'oiseaux à posséder un pénis. Les autres espèces n'ont qu'un cloaque. Et ce pénis n'est pas banal, puisqu'il mesure plus de 20 cm en érection, qu'il est en forme de spirale et qu'il peut jaillir en une demi seconde !





De nombreuses observations attestent  de véritables viols de canes par plusieurs mâles. Ils semblent d'ailleurs  si fréquents que la moitié des couvées aurait des paternités multiples. Cela confirme cette vieille  stratégie évolutionniste du mâle cherchant à dispenser son sperme au maximum de femelles possibles pour que ses gènes se répandent dans un grand nombre de descendants.





On constate que ces viols ont souvent lieu au printemps, lorsque les femelles  « légitimes » sont occupées à couver, discrètement cachées, et que les mâles, totalement inutiles à l'élevage des jeunes, sont en goguette sur les plans d'eau, à la recherche d'une jeune cane ou d'une cane qui voudrait effectuer une ponte de remplacement.



Les ornithologues anglais appellent ces viols des FEPC (Forced Extra-Pair Copulations). Ils pensent que les colverts tentent d'augmenter leurs chances de se reproduire en fertilisant d'autres femelles, pendant que leurs conjointes sont occupées au nid. Mais les femelles, réticentes et toujours soucieuses d'assurer la meilleure descendance, ont trouvé la parade pour éviter ces fécondations non désirées : elles sont dotées d'un vagin  spiralé lui-aussi, mais dans le sens contraire du pénis du mâle.  Violées certes mais pas fécondées !  Tel semble être le principe qu'elles ont adopté...



Etre simple pour être vrai

Clic-Clac 51

Très instructif...et si on y ajoute de somptueuses images, on ne peut qu'apprécier
Bravo Roland
Amicalement Denis ;)

Henrid

Excellent.
Si tu veux, j'ai une photo illustrant ces viols collectifs...
Henri

Roland Ripoll

Mais bien volontiers Henri !
Etre simple pour être vrai