Fujinon 60 mm f 2,4 macro pour digitaliser diapos et négatifs couleur

Démarré par doyo, Août 19, 2019, 01:08:54

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doyo

Bonjour,
J'ai acheté récemment un Fuji XT30 dont tout le monde, je pense,  loue les jpg direct boîtier.
Le Fujinon 60 f 2,4 macro, bien qu'ancien et à l'autofocus lent est reconnu comme un foudre de guerre. De plus son prix me semble tout à fait modéré actuellement.
La numérisation d'originaux argentiques en les photographiant avec des objectifs macro a souvent été évoquée sur ce forum, et en particulier dans la rubrique scanner.
La question est: pensez-vous que le Fujinon convienne ? Le xt30 est un apsc et le Fujinon ne fait que de la macro 1/2 et non 1/1: quel sera le résultat sur le capteur ?
Comme vous pouvez le constater à la lecture de mes questions je suis novice en la matière: merci de vos conseils !
Cordialement' db

titisteph

Le rapport 1/1 signifie que le sujet a la même taille sur le capteur qu'en réel. Ce qui veut dire que si tu shootes une diapo 24X36 avec un capteur APS et un objectif au rapport 1/2, tu auras en gros ta diapo plein cadre dans le viseur. Ce qui est le but recherché.

Le rapport 1/1 ne s'impose que dans le cas où tu shootes avec un APN possédant un capteur 24X36 (puisque tu reproduis une diapo 24X36, il faut un objectif atteignant le rapport 1/1).

Si l'objectif est bon et le capteur aussi (à sa sensibilité nominale), il n'y a pas de raison pour que ça ne marche pas. Par contre, la diffraction arrive plus vite qu'en 24X36, je pense qu'il ne faut pas fermer plus que 5,6 pour une qualité optimale. Cela veut dire qu'il faut être parfaitement en face, et que la diapo ne soit pas trop bombée pour être nette sur toute sa surface.

Puisqu'on parle de repro, les meilleures se font au flash : lumière au spectre adapté, temps de pose courts figeant l'image (on évite les micro flous de bougé). Mais on peut se contenter d'une table lumineuse si on ne fait que du noir et blanc (trépied stable et retardateur ou télécommande de rigueur).

doyo

Merci beaucoup pour cette réponse claire et documentée. Je vais me lancer !

titisteph

Pour être exact, et si je ne me suis pas trompé (très possible...), l'objectif en question, au rapport 1/2, ne va pas cadrer plein pot la diapo 24X36. Cela va donner le cadrage comme l'image ci-dessous.
Le noir représentant la marge autour de l'image sur la diapo. Tu ne profiteras donc pas totalement de la définition offerte par le capteur. Le champ cadré fait 47 X 31,2 mm.

En gros, tes repros feront environ A3 en 300 dpi, ce qui est déjà confortable, ca fait du 3370 dpi.

titisteph

Après, tu vas comme tout le monde bien galérer si tu te lances dans la repro de néga couleur. Ce n'est pas le tout, d'obtenir de bons fichiers bruts. Il faut fortement les travailler pour un rendu correct.

Déjà, toujours reproduire les originaux à l'envers (côté émulsion dirigé vers l'objectif). On gagne en piqué. On inverse ensuite les image en miroir.

Conseil : travailler bien sûr en raw, et connecter le boitier directement à un soft de capture (comme Capture One que j'utilise). L'idéal est de visualiser l'image inversée directement. On voit ainsi si l'expo est OK (on a tendance à sous-exposer les repros quand on shoote l'image négative -ce qui donne un positif trop clair-, car on se fie à la densité du masque orange).

Les softs ne sont pas prévus pour ce cas de figure, alors il faut tricher. Pour ce faire, on inverse la courbe des niveaux :

titisteph

A noter que Capture One permet aussi à la volée de renverser l'image en miroir.

On obtient aussi, à chaque déclenchement, une image qui s'affiche en positif et dans le bon sens, ce qui est très confortable. On a l'impression d'avoir un soft de scanner.

Ensuite, bien sûr, on a une forte dominante bleue.
Il faut alors ramener les niveaux de chaque canal de couleur au pied des courbes. Exemple pour le rouge :

titisteph

Pareil pour le vert et le bleu.

Ensuite, tout va se jouer à l'étape suivante, les réglages fins avec le curseur du milieu (pour chaque couleur). C'est le plus difficile, car c'est subjectif et fait appel à l'expérience et la dextérité de chacun.
Il faut régler le curseur du milieu pour le rouge, puis le vert, puis le bleu (l'ordre n'a pas d'importance).

titisteph

Normalement, ainsi, on a neutralisé les dominantes. Mais pas toujours, il faut trouver le bon réglage...
On peut ensuite gérer le rendu général en revenant dans les niveaux généraux, et pousser les curseurs selon le résultat désiré, bien sûr. Mais seulement après avoir réglé les canaux séparément.

titisteph

Une fois qu'on est super content de son résultat sur la première image, on copie-colle le travail sur toutes les autres images du film.

Vous allez penser que c'est gagné, pas du tout! Le réglage de base fonctionne pour certaines images, pas pour d'autres.

Cela est très dépendant de l'exposition (à la prise de vue et ensuite à la repro). Mettons qu'on soit confronté à un néga sous-ex, qu'on veut compenser à la repro. Cela change la densité du masque orange! On peut bien sûr tout reproduire avec la même expo, mais on aura des vues trop claires et trop denses au final, ça ne change rien au problème!

Il faut corriger quasi au cas par cas.

Au final, on a une bonne image, mais jamais parfaite, il faut se le dire. Certaines couleurs ne sont pas toujours justes. Tantôt on a un bleu trop saturé, tantôt on a un rouge enterré... On s'en rend compte quand on a la chance d'avoir un très bon tirage d'époque pour comparer. Là, ça devient super difficile. Mais c'est assez passionnant (si on n'en a pas des milliers à faire...).

Tout se fait, hélas, à l'oeil, il n'existe pas de méthode scientifique infaillible. Théoriquement, on pourrait shooter une mire IT-8 avec un film néga couleur (de façon très rigoureuse!), pour ensuite calibrer la chaîne (avec des softs spéciaux), mais ça ne marcherait que pour le type exact de négatif avec lequel la mire a été shootée. Quand on fait des repros de négas anciens pris avec des films que n'existent plus, c'est bien sûr impossible.

titisteph

Bien sûr, la diapo ne pose pas ces problèmes, il suffit d'éviter une éventuelle dominante en shootant le fond blanc d'abord et de faire la BDB dessus. Mais vous aurez trop de contraste, il faut jouer sur les curseurs de récupération des HL et des ombres pour rendre le contraste OK. Il faut pousser le capteur dans ses retranchements pour que ça colle. Mais c'est assez facile.

La repro présente plusieurs avantages sur un scanner à plat (j'exclus les scanners à diapo difficiles à dénicher aujourd'hui) :
- Un piqué de haut vol (si on est équipé comme il faut)
- L'acquisition est super rapide
- Excellente gestion des ombres et HL, grâce aux capteurs des APN d'aujourd'hui.

Et plusieurs inconvénients :
- Difficile gestion des négas couleurs (mais c'est difficile aussi avec un scanner, moins cependant)
- Pas d'anti poussière (mais avec un éclairage diffus, il y en a finalement très peu)
- Il faut tout sortir et tout régler! Mieux vaut donc se lancer pour un certain nombre.

Bien sûr, ceci étant entendu qu'on a déjà le matos ad-hoc (trépied, APN, objo macro, flash, câble de connection à l'ordi, soft de traitement des raws, etc.)

Voilà.

titisteph

Dernier conseil pour le néga couleur : faire ses armes avec un néga facile, c'est-à-dire 100 ISO, prise de vue en extérieur au soleil, et idéalement avec du gris ou des personnages (les teintes chair sont un vrai test!). Il faut déjà être sûr de son néga, alors excluons dans un premier temps toutes les prises de vues difficiles à gérer (photos au flash, lumières artificielles mélangées, film haut ISO, photos de concert, nocturne, etc!).

A noter que chaque film est différent, on est toujours très surpris du résultat d'un film à l'autre, car le masque orange n'est jamais le même.

Et n'oublions pas que chaque film avait aussi son caractère. Par contre, il est quasi impossible de retrouver le rendu exact de chacun : les possibilités de tout modifier à la numérisation sont telles (et il n'y a pas de juge de paix!) qu'on peut très bien sortir un rendu de Fuji Reala à partir d'une Kodak Gold...

titisteph

Ci-dessous un exemple de repro d'après néga couleur. Observez comme on peut tout à la fois préserver les HL et les ombres, avoir plein de nuances, des teintes chair convaincantes, des contrastes plaisants, un très beau piqué sans faire ressortir le grain.

titisteph

Ci-dessous le crop. C'est reproduit au D750.

Etonnant de piqué, pourtant, la prise de vue d'époque avait été faite de façon très ordinaire en 1991 : Kodak Gold 100 du supermarché, zoom Magnon 35-100 à 5,6 (qui se souvient de cette marque? ;D) à main levée...

titisteph

En relisant le tout premier post, je constate qu'il est écrit que tout le monde loue les jpeg boitier direct de cet appareil Fuji.
Il est bien entendu qu'il est hors de question de se lancer dans la repro en se contentant du jpeg boitier. C'est absolument impossible d'envisager sérieusement cette activité sans avoir recours au raw.

Certes, la repro permet d'accéder à un piqué superlatif, mais le rendu des contrastes et des couleurs compte encore plus.

Cela va sans dire, mais je préfère le préciser au cas où.  Ensuite, chacun place son curseur de ce qui est tolérable où il veut.

Bru

Citation de: titisteph le Août 20, 2019, 18:46:59
En relis...
ui est tolérable où il veut.

Merci pour tes explications.
Pour des diapos, le JPG boitier ne marche pas du tout?
Spontanément je ne le ferais pas, mais je me pose la question.
Pour les négatifs couleurs, c'est une autre histoire. La seule fois où je l'ai fait c'était sur un Kodak VPL, et Crtl I puis niveau automatique dans PS, et c'était vraiment très bien.
Une copine qui travaillait dans un labo de quartier faisait des repros quand les gens venaient avec des formats de films peux utilisés (Disques/110), et me disait que c'était quitte ou double. Parfois nickel, parfois ... pourris.

Pour le diaph, théoriquement, les films sont plans, donc il ne faudrait même pas diaphragmer, mais on ne vit pas en théorie. Mais j'imagine que la diffraction se manifeste pas déja à 5,6 (Une autre question).
Ca m'intéresse, mon coolscan V marche toujours vaillamment, mais un jour viendra où il faudra passer à autre chose.
Dyslexique ou Disslexyque ?

Verso92


titisteph

CitationPour des diapos, le JPG boitier ne marche pas du tout?

Effectivement, ma mise en garde n'était valable que pour le néga couleur, qu'il faut trop triturer pour un bon résultat. Mais pour de la diapo, même si ce n'est pas idéal, ça doit pouvoir passer (si la BDB a été réglée comme il faut avant la séance).

CitationLa seule fois où je l'ai fait c'était sur un Kodak VPL, et Crtl I puis niveau automatique dans PS, et c'était vraiment très bien.
Une copine qui travaillait dans un labo de quartier faisait des repros quand les gens venaient avec des formats de films peux utilisés (Disques/110), et me disait que c'était quitte ou double. Parfois nickel, parfois ... pourris.

Oui, c'est normal, c'est un automatisme! Couleur auto et niveau auto de PS font soit des trucs géniaux, soit catastrophiques. Ca peut marcher pour une seule image, mais quand vous faites une série de que vous voulez homogène, c'est impossible de travailler ainsi. Par ailleurs, ça a tendance à brûler les HL.  Mais ça peut donner une indication si vous avez une dérive de couleur que vous n'arrivez pas à identifier.

Pour l'anecdote, j'ai aussi un Coolscan V, et je vais le mettre en vente. La comparaison m'a démontré qu'il ne m'apportait plus rien en terme de qualité d'image. Attention, ça reste un super scanner, vraiment. Mais c'est infiniment plus lent, et la repro, bien menée aboutit au même résultat (voire meilleur sur certains points, comme le grain du film)! Et depuis que je ne peux plus utiliser Nikon Scan 4, devoir me servir de Vuescan me donne des boutons.

Et je ne sais pas pourquoi, j'ai beaucoup de plaisir à faire des repros, je vois ça comme un défi.

CitationPour le diaph, théoriquement, les films sont plans, donc il ne faudrait même pas diaphragmer, mais on ne vit pas en théorie. Mais j'imagine que la diffraction se manifeste pas déja à 5,6 (Une autre question).

En effet, on ne vit pas en théorie. En réalité, les films ne sont jamais plans, sauf à travers une vitre. Donc, diaphragmer un peu, ça aide à compenser. D'ailleurs, c'est un des défauts du Coolscan V : je soupçonne son optique d'être pas loin de la pleine ouverture. On n'arrive jamais à être piqué sur toute la surface de l'image. En repro, si.

Tiens, un autre avantage de la repro : on peut s'affranchir du format du film. Je fais des repros du format 110 au plan film 4X5. Toujours avec une qualité extrême.
La méthode : j'ai un objectif macro (zuiko OM 80mm sur soufflet) qui permet de travailler jusqu'au rapport X2. Je peux cadrer ainsi du 110 plein pot.

Dans l'autre sens, je peux shooter du 6X7. Je place le film dans un passe-vue d'agrandisseur. Passe-vue avec verres qui sont totalement invisibles. Je pousse même le luxe jusqu'à shooter par morceaux (puis assemblage dans PS), afin d'aller au-delà des 24 mpx du capteur (ben oui, pour profiter du gain de résolution du MF!)

Idem pour les plans-films 4x5, j'ai bricolé un système avec vitre. Mais cette fois, s'agissant de noir et blanc, je me contente de la table lumineuse.

Dernier avantage de la repro VS le Coolscan : ce dernier exagère considérablement le grain des films, surtout en négatif, à cause d'une source de lumière beaucoup trop ponctuelle. En repro, on retrouve le grain normal, bien défini, mais sans excès.

titisteph

Petite astuce à l'attention des bricoleurs :
On parle souvent des passe-vue d'agrandisseurs avec verre Anti-Newton. Ce verre est indispensable pour éviter les fameux anneaux du même nom.

Quand j'ai étudié mon système pour reproduire les plans-films, j'ai cherché à m'en procurer un. Mais vue la taille, ça coûte une fortune. Alors, j'ai renoncé, et opté pour une plaque d'altuglass (le plastique blanc translucide des tables lumineuses). Il faut la poncer avec du papier de verre très fin (commencer par du 600, puis aller jusqu'au 2000) pour la rendre non lisse. Ca fonctionne comme un verre AN.

Je dispose sur cette plaque des marges noires avec du gaffer pour faire comme un passe-vue. Je monte une vitre dessus (avec des charnières en gaffer). Je pose le tout sur une table lumineuse.

Je glisse un plan-film entre l'altu et la vitre, en mettant le côté non émulsion contre l'altu (du coup, le côté émulsion est du côté de l'optique de repro, ce qui est parfait). Ca fonctionne parfaitement.

Et comme le fait d'ajouter une plaque d'altu posée sur la table lumineuse homogénéise encore plus l'éclairage (qui n'est pas forcément homogène sur une telle surface), j'ai la posibilité de travailler par morceaux sans créer de souci de raccord.

Ci-dessous un exemple. C'est fait en trois morceaux assemblés. Une fois n'est pas coutume, c'est shooté au D850 et Nikkor 60mm macro AF. On voit bien que l'éclairage est uniforme.

titisteph

Et le crop du fichier qui fait 160 Mo.

pgrat

CitationPour l'anecdote, j'ai aussi un Coolscan V, et je vais le mettre en vente.

[at] titisteph.
Bonjour, je serais éventuellement intéressé, avez-vous un mail ?

titisteph

Je vais le mettre en vente sur ebay, tu pourras le voir. Je n'ai pas encore décidé du prix, et il faut encore que je vérifie si tout marche bien.