Papillon dans les Pyrénées

Démarré par nilag, Septembre 15, 2019, 16:05:13

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nilag

Bonjour à tous.
Un spécialiste pourrait il m'aider pour l'identification de ce papillon rencontré au mois d'août dans les Hautes Pyrénées vers 1 700 m d'altitude ?

Gil 54

Joli Parnassius apollo. C'est une femelle qui à été fécondée.

nilag


Ajyx

Citation de: Gil 54 le Septembre 15, 2019, 16:21:13
Joli Parnassius apollo. C'est une femelle qui à été fécondée.

...Je pense, Gil, que tu devrais développer. Ça va certainement intéresser certains lecteurs qui ne sont pas au courant de cette "ceinture de chasteté" que les mâles confectionnent en fin d'accouplement pour protéger leur semence  :)
André

andreP

Ah oui, cela m'intéresserait aussi beaucoup que Gil 54 développe  :)
André

coval95

Moi aussi car je me demandais à quoi Gil voyait que c'était une femelle fécondée.  ???

Gil 54

#6
Pour développer un peu mon raisonnement, il faut savoir que l'accouplement des Parnassiinae est assez particulier.

En effet, lors de l'accouplement, qui est assez long, le mâle sécrète une matière qui en séchant, devient "cornée" et ressemble +/- à un sabot.

Celui-ci à pour nom le "sphragis", et comme l'a si bien écrit André, c'est une sorte de ceinture de chasteté qui empêchera la femelle d'être fécondée par d'autres mâles.

Si ce sphragis empêche tout autre accouplement, il ne gène par contre en rien la ponte, que la femelle effectue en volant et semant "plic-ploc" ses œufs un à un au petit bonheur la chance.

Les chenillettes seront formées dans l'œuf avant l'hiver, mais ne sortiront qu'au printemps suivant, en espérant rapidement trouver du sédum à proximité, ce qui leur permettra de se tenir cachée sous les pierres qui servent de support à ces sédums.

À noter, que les femelles des deux autres espèces françaises, Parnassius phoebus ainsi que Parnassius mnemosyne sont aussi "affublées" de cet "ornement" après leur fécondation.

Le mâle, quant à lui, pourra encore féconder d'autres femelles, mais au fur et à mesures des accouplement, le sphragis se fera plus petit à cause du manque de "matière" qui ne se régénère pas, et s'épuise donc petit à petit.

C'est donc en voyant ce sphragis sur la photo que j'ai écris que la femelle était fécondée, sinon, sans ce sabot, cela signifie qu'elle est encore vierge.

Voili voilou...  :)

andreP

Merci Gil de nous éclairer, la nature a encore tellement de mystères pour moi.
C'est un plaisir de parcourir cette section.
André

coval95

Merci Gil.  :)

Voilà qui est intéressant et qui explique le "truc" noir qu'on voit à l'extrémité de l'abdomen...

marray

#9
Citation de: Gil 54 le Septembre 17, 2019, 00:16:27
Le mâle, quant à lui, pourra encore féconder d'autres femelles, mais au fur et à mesures des accouplement, le sphragis se fera plus petit à cause du manque de "matière" qui ne se régénère pas, et s'épuise donc petit à petit.
C'est donc en voyant ce sphragis sur la photo que j'ai écris que la femelle était fécondée, sinon, sans ce sabot, cela signifie qu'elle est encore vierge.
Voili voilou...  :)
Si j'ai bien suivi votre cours, M'sieu, cela pourrait aussi signifier qu'elle a été fécondée par un mâle à qui il ne restait plus de quoi "l'emmailloter"  :D
Quant à la plante hôte ce n'est pas à proprement parler un sedum mais une espèce de joubarbe Sempervivum arachnoideum. Au moins dans les Pyrénées catalanes où j'ai beaucoup observé cette espèce dont la période de ponte correspondait à celle où nous prospections lors de stages en arachnologie. .

Ajyx

Citation de: marray le Septembre 17, 2019, 15:30:50
...Quant à la plante hôte ce n'est pas à proprement parler un sedum mais une espèce de joubarbe Sempervivum arachnoideum. Au moins dans les Pyrénées catalanes où j'ai beaucoup observé cette espèce dont la période de ponte correspondait à celle où nous prospections lors de stages en arachnologie.

...En fait, vous avez raisons tous les deux. Voici la liste des plantes nourricières des chenilles de l'Apollon (La vie des papillons, Lafranchis, 2015) :
André

Gil 54

Disons que la plante nourricière principale, est le Sédum acre, suivi du Sédum album et d'autres Sédums ensuite, la chenille se développant +/- pareillement sur ces différentes plantes.

Pour la Joubarbe, je n'ai personnellement jamais vu de ponte ou de chenilles de Parnassius sur cette espèce de plante, mais why not.

RG1945

Bravo doublement à la photo et aux talentueuses explications.
Amicalement  Roger

marray

Citation de: Ajyx le Septembre 17, 2019, 16:02:23
...En fait, vous avez raisons tous les deux. Voici la liste des plantes nourricières des chenilles de l'Apollon (La vie des papillons, Lafranchis, 2015) :
Merci Ajyx pour ce tableau.
En fait mon expérience en ce qui concerne Parnassius apollo se limite à l'observation de deux populations. Une des Pyrénées, très importante, que j'ai observée plusieurs années dans la région du col de Py et de celui de Mantet, au début des années 2000 et une autre, assez réduite,sur une rive calcaire du Chavanon, entre la Corrèze et le Puiy de dôme, il y a près de 70 ans. Dans les deux cas la plante nourricière était Sempervivum arachnoideum. Ce qui est arrivé au site du Chavanon est instructif. La station a été complètement pillée par des gens peu scrupuleux (sans doute pour faire des jardins de rocaille). Il y a dans ce site pas mal d'autres crassulacées dont le nom figure dans ton tableau. mais il n'y a plus de Parnassius ... >:(

Ajyx

...Merci Marray pour ces expériences très intéressantes.

...Le choix des plantes nourricières pour certains papillons est déroutant et les mécanismes peu connus. La même espèce va marquer sa préférence pour des plantes différentes suivants les régions ou les pays sans que l'on sache pourquoi.

...Ton exemple est parlant : pourquoi cette population de Chavanon a disparu en même temps que Sempervivum arachnoideum alors que d'autres Crassulacées pouvant nourrir les chenilles y sont présentes  ???

...Soyons humbles : beaucoup de choses nous échappent  :)
André