Bonjour à tous,
Pour faire vivre la section, je me décide aujourd'hui, après bien des hésitations, à vous proposer ce calendrier (qui m'a beaucoup servi lorsque je photographiais les oiseaux car s'il est bien d'être au bon endroit, il vaut mieux l'être au bon moment) et qui vous intéressera peut être, je ne sais pas…
Mais il m'a paru utile de pouvoir visualiser, au fil des saisons et mois par mois, cet incessant va et vient des oiseaux: départ des hivernants, arrivée des estivants, durée de séjour des oiseaux de passage, etc... Il m'a semblé utile également de savoir quelles étaient les espèces réellement présentes à tel moment de l'année, même si ce qu'il est convenu d'appeler le réchauffement climatique vient un peu perturber les choses en avançant ou en retardant les départs et les arrivées et en sédentarisant certaines espèces jusqu'alors migratrices.
La Camargue des oiseaux…Il y a la Camargue "grand public", celle des touristes, des vacanciers et des cartes postales, celle des plages et du soleil, la Camargue que tout le monde connaît: la Camargue du riz, du sel, des moustiques, des taureaux, des chevaux sauvages et des flamants roses. La Camargue des gardians et des gitans…
Et puis il y a, différente, bien plus discrète et bien plus secrète aussi, la Camargue des oiseaux, celle qu'il faut apprendre à connaître, celle qu'on ne découvre que peu à peu, avec du temps, du respect et de la patience… Une Camargue contrastée où se mêlent subtilement les eaux douces et les eaux salées et qui, bien que zone humide, peut paradoxalement connaître la sécheresse et l'aridité. Une Camargue parfois mystérieuse, un bout du monde étrange, avec des paysages uniques. Comme le disait Luc Hoffman:
"La Camargue, c'est un peu comme une enclave africaine. Nulle part ailleurs en Europe occidentale un règne animal si opulent ne s'est maintenu au sein d'une nature si primitive II faut effectivement aller (…) en Afrique pour fouler un sol sauvage qui frappe autant les sens et l'esprit ".
Parce que la Camargue est un delta, une zone humide de première importance, la plus grande de France, parce qu'elle compte 70 km de littoral non urbanisé, parce qu'elle abrite un patrimoine naturel exceptionnel, des espaces encore "sauvages", parce que, située dans l'axe de migration des oiseaux, elle est une étape migratoire essentielle et un site majeur d'hivernage pour de nombreuses espèces dont plusieurs dizaines de milliers de canards, parce que 400 espèces au total y ont été observées et que presque 300 y sont régulières, on parle d'elle, à juste titre, de "paradis des oiseaux".
Un paradis des oiseaux mondialement reconnu, labellisé et officialisé, car, excusez du peu, la Camargue est tout à la fois classée Réserve de biosphère par l'UNESCO, Réserve Nationale, Parc Naturel Régional. Ce n'est pas tout, elle est également un site du réseau NATURA 2000, une ZPS (Zone de Protection Spéciale) , une ZICO (Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux), une ZNIEFF (Zone Naturelle d'Intérêt Écologique Faunistique et Floristique), un site inscrit à la convention de RAMSAR, une aire protégée de la Convention de Barcelone, une Réserve biogénétique du Conseil de l’Europe. Enfin, de nombreux hectares ont été acquis par le Conservatoire du Littoral…

Un paradis où les oiseaux vont et viennent toute l'année, au rythme des saisons et des migrations, un paradis où l'on peut rencontrer la cigogne blanche au mois de décembre, où l'on peu observer des espèces rares ou peu communes comme l
'ibis falcinelle (Avec plus de 300 couples, elle accueille la plus grande population d'Ibis falcinelle de l'hexagone.)


la nette rousse ou la talève sultane. Un paradis qui accueille sans exception tous les hérons d'Europe:
héron cendré, héron garde-bœufs, bihoreau gris, héron pourpré,
blongios nain, butor étoilé et
crabier chevelu, sans compter l'aigrette garzette, la grande aigrette, la spatule blanche. Un paradis qui est le seul et unique site français de reproduction pour la glaréole à collier et
le flamant rose.
Blongios nain

Bihoreau gris

Crabier chevelu

Héron gardeboeufs

Héron cendré

Un paradis des oiseaux certes mais qui est malheureusement loin d'être un sanctuaire. Car malgré toutes ces protections, qu'elles soient nationales ou internationales, la surface des sansouïres, des étangs et des marais diminue, l'eau de ces marais et de ces étangs reste encore bien polluée par les pesticides agricoles, la pression touristique y est toujours aussi forte et avec 1 million de visiteurs annuels, il est difficile de réguler une sur-fréquentation anarchique et dévastatrice de certains endroits comme, par exemple, les plages de Piémanson ou de Beauduc. Et surtout, comble des combles, la chasse n'y a jamais été interdite ! Pour ne donner que quelques chiffres, et sans compter le braconnage, on estime que, dans ce "paradis", 120 000 à 150 000 canards et 35 000 sarcelles d'hiver environ sont tués chaque année.
Nette rousse

Un paradis qui n’est pas non plus d’un abord facile. Si de nombreux chemins, pistes et sentiers de terre sillonnent la Camargue, beaucoup sont privés ou d'accès règlementé et donc inaccessibles, quand ce ne sont pas les marais, les canaux, les roubines, les roseaux, les barrières ou les clôtures qui empêchent d'avancer. Si elle n'est plus "ce pays de fièvres et de misère" que décrivait le Baron de Rivière en 1826, la Camargue peut parfois se montrer hostile. On pourra même la trouver inhospitalière si, par un jour de fort mistral ou de grand soleil et si harcelé par les moustiques, on ne verra, du bord de la route, aucun oiseau parce que les roseaux et les tamaris sont toujours trop hauts ou lorsqu'on buttera inévitablement sur les trop nombreux panneaux "défense d'entrer"… Ses immenses propriétés privées, entourées de barbelés, et ses zones de protection, souvent fermées au public, ont en effet de quoi déconcerter et dérouter les visiteurs. Une Camargue impénétrable où l'observateur pourra parfois être frustré et où le photographe sera souvent déçu…
Mais s'il n'est pas aussi facile que cela d'y observer ou d'y photographier les oiseaux, la Camargue est un site incontournable où la biodiversité est exceptionnelle. Elle reste, tout au long de l'année, à chaque saison, un haut lieu de l'ornithologie en Europe: une centaine d'espèces nichent pendant l'été, des milliers de canards y stationnent l'hiver, plus de 150 000 oiseaux migrateurs y transitent au printemps et à l'automne
