Merci !
LE PRINTEMPSAu printemps, il y a tant de choses à voir qu'il faudrait avoir le don d'ubiquité ! Il faudrait être partout à la fois. Il faudrait pouvoir être tout le temps et tous les jours sur le terrain. La migration a commencé et les oiseaux sont de retour: ça piaille dans les airs, ça chante dans les arbres, ça gazouille dans les buissons et ça cancane sur les marais. C'est une explosion de chants, de cris, un festival de couleurs et de lumières ! Notre attente et notre (im)patience sont enfin récompensées car après la longue pause de l'hiver, et pour notre plus grand bonheur, les "africains" arrivent par milliers, confirmant ce que disait le poète Pierre-Jean de Béranger:
"les oiseaux que l'hiver exile, reviendront avec le printemps…" Si certains, ne font que traverser le ciel de Camargue pour aller plus haut, pour aller plus loin, beaucoup d'oiseaux, les migrateurs au long cours, vont s'y poser quelques jours, juste le temps d'une étape, juste le temps de reprendre des forces, pressés qu'ils sont d'aller retrouver, là-bas, leurs sites de reproduction. De nombreux autres vont y rester jusqu'à la fin de l'été pour nicher.
Mais qui songe seulement à les féliciter ? Qui pense à remercier de leur présence toutes ces espèces, grandes ou petites, qui ont fait un si long trajet, qui viennent de si loin, qui ont affronté tant de difficultés pour nous revenir ? Qu'ils soient seulement de passage ou estivants nicheurs, on ne peut être qu'admiratif de l'exploit accompli deux fois chaque année…
Sans pour autant dédaigner les quelques hivernants qui s'attardent encore, comme s'ils rechignaient à regagner le grand Nord, ni les habituels "sédentaires" qui commencent d'ailleurs à arborer leur plumage nuptial, notre attention, et c'est normal, se portera désormais vers tous ces "nouveaux" qu'on redécouvre et qui nous ont tant manqué: sternes, huîtrier-pie, guêpier d'Europe, héron pourpré… On sera plus attentifs encore aux oiseaux de passage qui ne vont pas s'attarder, comme la barge à queue noire, le chevalier sylvain, le gobe-mouches noir, le combattant varié...
L'hirondelle fait le printemps on le sait, mais elle n'est pas la seule. L'échasse blanche aussi. Car dès les premiers jours de mars, on pourra l'entendre et l'apercevoir sur presque tous les petits marais, arpentant les plans d'eau du haut de ses longues pattes rouges. Bouton d'or dans les sansouïres, la bergeronnette printanière également, qui mérite bien son nom.
Ce sont les mâles qu'on verra surtout, perchés sur les salicornes, gonflant leur poitrine jaune et rivalisant d'ardeur au chant pour séduire ou pour marquer le territoire.
"Chaque oiseau a la couleur de son cri" et c'est bien vrai.
Bergeronnette printanière
"Le printemps, c'est joli pour se parler d'amour…" les oiseaux l'ont bien compris qui vont désormais passer l'essentiel de leur temps à se reproduire. La saison de reproduction est en effet liée à trois facteurs qui ne sont réunis qu'au printemps: l'élévation des températures, l'augmentation de la durée du jour et l'abondance de nourriture. C'est à cette époque que, pour la plupart des espèces, les organes sexuels commencent à se développer. Chez le mâle, la taille des testicules augmente. Chez la femelle, qui possède deux ovaires, un seul, le gauche (et c'est spécifique aux oiseaux) va grossir peu à peu pour devenir fonctionnel.
Héron cendré
Après la recherche et la défense du territoire, après les parades nuptiales, mars, avril et mai verront successivement la construction du nid, l'accouplement (toujours rapide et jamais facile chez les oiseaux), la ponte et l'élevage des petits, qu'ils soient nidicoles ou nidifuges...
Nidicole signifie que l'oisillon, qui naît nu et aveugle, est nourri par les parents jusqu'à leur envol et leur émancipation…
Nidifuge signifie que le poussin, qui naît couvert de plumes, peut quitter le nid, se déplacer et trouver lui-même sa nourriture. Il existe toutefois ce qu'on appelle des "faux nidicoles", comme par exemple les mouettes, les cigognes ou les hérons qui naissent les yeux ouverts et couverts de plumes mais qui restent au nid tant qu'ils sont incapables de voler).
Avocette élégante