Expo d'Ursula Schulz-Dornburg à la MEP

Démarré par Agloup, Février 14, 2020, 16:13:04

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Agloup

J'ouvre ce fil de discussion ici afin, d'une part, de "dépolluer" le fil initial dans lequel une discussion s'est engagée au sujet de l'expo d'Ursula Schulz-Dornburg "Zone grise / The land in between" à la Maison Européenne de la Photographie (MEP) et d'autre part, afin que d'autres échanges puissent éventuellement s'y poursuivre...

Voici les derniers éléments échangés :
Citation de: RTS3 le Février 13, 2020, 22:53:33
J'ai pas envie de pirater le fil, mais bon je vais essayer de répondre  :)
Son travail est sur la dimension humaine du paysage, oui, c'est vraiment cela. Le passage du temps, l'abandon, font partie de ce qu'elle montre (voire un peu plus que ça avec sa série sur le site d'essais nucléaires). Mais les zones de marais (et la culture des gens qui y vivaient) qui disparaît à cause d'un aménagement du territoire assez violent, ou les ruines comme le temple de Bêl qui s'est fait éparpiller par des cinglés à la dynamite, ce n'est pas le simple passage du temps ou des peuples qui s'éteignent, c'est une destruction violente et accélérée, qui à mon avis n'est pas à la même échelle que ce qu'elle documentait. Ce n'est que mon simple sentiment, et je peux évidemment me tromper.

J'ai acheté le catalogue pour pouvoir retrouver les séries de photos vues dans l'exposition plus tard. Je n'ai pas eu le temps de le lire encore, mais il semble assez bien fait (impression en le feuilletant). Et puis c'était le dernier qui restait (!!) donc j'ai pas vraiment hésité.
je suis d'accord, quand c'est possible, voir les tirages en vrai apporte énormément ! Et Alex, les livres sont un très bon moyen de compensation. Si l'édition est bonne, on conserve un lien fort avec l'oeuvre de départ. Ca reste mieux qu'un site internet (qui a ses avantages aussi).

Moi aussi je vais essayer de vous répondre :)

En lisant votre réponse j'ai eu une impression "mitigée". En effet, je crois comprendre que nous sommes d'accord sur le sujet du travail d'Ursula Schulz-Dornburg alors même que nous considérons peut-être certaines choses assez différemment. Je m'explique. Lorsque je dis que l'objet de son travail porte sur la dimension humaine du territoire j'entends par là qu'il s'agit (me semble t-il) de montrer comment l'activité humaine (au sens large) affecte, marque, s'approprie le territoire. Aussi, de mon point de vue, il n'est pas tant question dans ses images du passage du temps au sens d'un "élément" extérieur qui éroderait des structures construites que de la marque du désintérêt pour ces mêmes structures, désintérêt qui, par voie de conséquence, affecte le territoire. Aussi, par rapport à ce que vous évoquez, je me retrouve davantage dans l'idée d'abandon. Dans la série sur les arrêts de bus, on se demande bien pour pas mal d'entre eux de quoi ils peuvent encore bien abriter alors même que l'on ne peut nier de leur importance, de leur marque dans le "paysage"...

Du coup, oui pour moi, la violence infligée aux "édifices" fait aussi parti du mode d'affectation par désintérêt de l'homme (ou de certains hommes) aux territoires. C'est un mode distinct des autres, certes, mais il en fait parti. De la même manière, c'est également de la sorte (violence par désintérêt) que j'ai compris, interprété sa série sur le "recensement" des variétés de blé et de l'effondrement de leur nombre.

Sachez que pour moi aussi, ce n'est que mon point de vue et qu'il est peut-être partiellement ou totalement erroné... Peut-être que votre lecture du catalogue apportera son lot de précisions "utiles".

Sinon, quand y êtes vous allé ? Etonnante cette "pénurie" de catalogue...

RTS3

On est presque d'accord, mais avec une sensibilité légèrement décalée sur l'intervention de l'homme dans les modifications du paysage. C'est pour ça que la discussion est agréable, on ne peut pas être toujours égaux  :)

Sur le blé, je dirai même qu'il y avait une violence double : celle de l'uniformisation des espèces, et celle subie par le créateur de la banque des semences.

Pour ma visite, c'était il y a 2 semaines, soit proche de la fin, d'où la pénurie de catalogue.
J'ai déjà eu des situations similaires sur d'autres expos, et un vendeur de la boutique m'avait dit que pour éviter que les catalogues ne leur restent sur les bras, ils les imprimaient au juste nécessaire, ce qui fait que si une exposition a un peu plus de succès que prévu, et que les gens achètent le catalogue en conséquence, il est fort possible que les "retardataires" comme moi se retrouvent le bec dans l'eau...
L'essentiel c'est de... euh...

Agloup

Mais de mon point de vue, la discussion (au sens d'échange d'arguments, de sensibilités etc) n'a de "sens" qu'à partir du moment ou il y a "divergence". Sinon on est dans le monologue et ce n'est pas très intéressant. Après, ce n'est pas parce qu'il y a divergence que l'on doit recourir aux noms d'oiseaux pour assurer sa domination sur le point de vue du camp d'en face...

Concernant la violence subie, vous voulez parler de Vavilov, je suppose, et de son petit "périple" au goulag ?

Au sujet du phénomène de pénurie de catalogues d'expo il faut voir aussi qu'il y a un petit jeu de spéculation (de faible envergure, j'en conviens, mais bien réel pour autant) qui conduit certains à les acheter pour les revendre ensuite sur les plateformes à des prix largement majorés...  ::)

RTS3

Citation de: Agloup le Février 15, 2020, 12:49:54
Mais de mon point de vue, la discussion (au sens d'échange d'arguments, de sensibilités etc) n'a de "sens" qu'à partir du moment ou il y a "divergence". Sinon on est dans le monologue et ce n'est pas très intéressant. Après, ce n'est pas parce qu'il y a divergence que l'on doit recourir aux noms d'oiseaux pour assurer sa domination sur le point de vue du camp d'en face...

C'est devenu relativement rare, alors ça fait plaisir quand ça se produit (les discussions calmes et enrichissantes)

Citation de: Agloup le Février 15, 2020, 12:49:54
Concernant la violence subie, vous voulez parler de Vavilov, je suppose, et de son petit "périple" au goulag ?

Oui...

Citation de: Agloup le Février 15, 2020, 12:49:54
Au sujet du phénomène de pénurie de catalogues d'expo il faut voir aussi qu'il y a un petit jeu de spéculation (de faible envergure, j'en conviens, mais bien réel pour autant) qui conduit certains à les acheter pour les revendre ensuite sur les plateformes à des prix largement majorés...  ::)

C'est fort possible, c'est aussi ce que je me disais, mais je ne veux pas rentrer dans ce jeu. Un catalogue raté à la boutique, je le cherche dans d'autres librairies de confiance, ou alors je les retrouve complètement par hasard chez des soldeurs 1 an plus tard  :D
L'essentiel c'est de... euh...

Agloup

Concernant Vavilov, ce qui est "drôle" (si j'ose dire) c'est que jusqu'assez récemment je ne connaissais cette "histoire" que sous l'angle de l'affaire Lyssenko. Point de Vavilov pour moi. Autrement dit, je n'avais que la "version" de l'Ouest selon laquelle, pour faire vite, Lyssenko s'était opposé à la science génétique bourgeoise de Mendel. Mais je ne savais pas qu'il y avait eu un ennemi de l'intérieur (Vavilov) porteur d'une "idéologie" concurrente. Aussi, lorsque j'ai découvert ce travail sur le blé d'Ursula Schulz-Dornburg, j'ai été plus que surpris...

Trêve de hors-sujet, je reviens à la photo car je ne sais pas si vous avez vu, en entrant dans la salle sur la série des arrêts de bus, il y avait dans le petit retour du mur de droite, un tirage isolé du Mont Ararat. Là, j'avoue ne pas avoir "pigé" le rapport avec le reste, ni le pourquoi du comment de son positionnement dans l'expo. Avez-vous vu ce petit tirage ?

Agloup

Bon, pas de retour...
Personne d'autre n'est allé à la MEP voir cette expo et n'a été "interpellé" par ce petit tirage du mont Ararat bien "planqué" dans un coin de mur ?