Tique ? sur Bruant proyer

Démarré par richard21, Mars 29, 2020, 23:46:25

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richard21

Bonsoir à tous et protégez vous bien !

Je pense à un Tique sur ce malheureux Bruant proyer !
Quelle espérance de vie avec une telle morsure ?

photo 22 Mai 2019 en Bourgogne

richard

mslicht

C'est effectivement une tique près de son bec mais si je ne me trompe pas, elle va tomber  une fois qu'elle se sera gorgé de sang. Et pas d'incidence pour l'oiseau à moins qu'il y a transmission d'une bactérie type borreliose...

cdlt
mslicht

etsocal

#2
Les questions posées par Richard et Mslitch m'ont amené à faire quelques recherches sur la pathogénicité des tiques sur la faune aviaire. je connais bien ce qu'il en est au niveau de l'espèce humaine et des mammifères (particulièrement en ce qui concerne les différents types de borrélioses, spirochétoses et rickettsioses) mais étais complètement ignorant du pouvoir pathogène des tiques sur les oiseaux. :-[

J'ai trouvé cette thèse pour le doctorat vétérinaire "Le syndrome de mortalité des oiseaux lié aux tiques" présentée en 2011 par Amélie, Charlotte Porcher (Faculté de médecine de Créteil) qui est fort bien conduite et qui devrait pouvoir intéresser certains d'entre nous.

Un mini/micro abstract, d'après ce travail: Les tiques sont systématiquement retrouvées sur la tête et le cou, sont pour les adultes des femelles (difficile de déterminer le sexe des larves et des nymphes!). Toutes les tiques identifiées sont des tiques dures dont la grande majorité appartient au genre Ixodes tous stades confondus, Ixodes frontalis est la tique la plus représentée et parasite indifféremment les oiseaux sauvages ou captifs

Enfin,  21 prélèvements, provenant d'oiseaux ou de tiques, firent l'objet d'analyses microbiologiques. Tous furent négatifs pour les 4 agents pathogènes recherchés  (Borrelia  bugdorferisensu lato, Bartonella spp., Babesia spp. et Ehrlichia spp.). Bien qu'ils n'aient émis aucune hypothèse précise, les auteurs se sont interrogés sur le rôle possible d'autres agents pathogènes, non testés dans leur étude, ou de la sécrétion de toxines d'origine salivaire dans l'étiologie de cette maladie*. Ils n'excluaient pas une intervention des molécules de l'hôte en réponse à la fixation de la tique. (étude réalisée sur un échantillon de 34 oiseaux parasités et morts du fait de ce parasitage)

*ATRS:Avian Tick-Related Syndrome (Syndrome de mortalité des oiseaux lié aux tiques).

http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=1367

J'ai aussi trouvé une autre étude assez surprenante effectué par des chercheurs mexicains, qui tendrait à démontrer que certains oiseaux vivant dans les villes utiliseraient des filtres de mégots de cigarettes dans la confection de leurs nids pour éradiquer tiques, acariens et ectoparasites divers.

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/jav.01324

"Les espèces urbaines rencontrent des ressources qui sont rares dans la nature, comme les matériaux trouvés dans les déchets urbains. De nombreuses études ont montré que ceux-ci peuvent être nocifs pour la faune. À Mexico, les pinsons domestiques apportent des mégots de cigarettes dans leurs nids, ce qui réduit la quantité d'ectoparasites, mais induit également des dommages génotoxiques chez les poussins et les parents. Pourtant, la raison de ce comportement est inconnue. Une possibilité est que les oiseaux extraient les fibres de cellulose des mégots jetés simplement parce qu'ils ressemblent à des plumes. Alternativement, des mégots de cigarettes démontés peuvent être apportés aux nids car ils repoussent les ectoparasites. Ici, nous avons testé cette dernière hypothèse en évaluant si les pinsons domestiques Carpodacus mexicanus augmentent la quantité de mégots de cigarettes dans leurs nids en réponse à une augmentation de la charge en ectoparasites. Lorsqu'elles sont présentes, les fibres des mégots sont concentrées dans la doublure du nid. En l'enlevant, nous avons simultanément enlevé la plupart du matériel du nid et collecté la majeure partie de la population de tiques infestant chaque nid, alors que ces parasites se regroupent dans la doublure. Nous avons retiré la litière des nids lorsque les poussins avaient récemment éclos et assigné au hasard chaque nid à l'un des traitements suivants: 1) ajout de tiques vivantes, 2) ajout de tiques mortes et 3) simulation de l'ajout de tiques. Les femelles traitées par les tiques vivantes ont ajouté plus de fibres de filtre (de cigarette) à leurs nids que les parents dans les traitements témoins. De plus, la quantité de fibres bout à bout dans la doublure d'origine a également prédit la quantité de fibres ajoutées après la manipulation. Il semble que la tendance à amener au nid les mégots de cigarettes soit au moins partiellement une réponse à la charge parasitaire actuelle, et peut-être aussi passée." 
 
Michel

marray

#3
Un grand merci etsocal pour ces intéressantes recherches ! :)
Petite remarque. Un Roselin familier (c'est un oiseau très commun en Amérique du nord) nichait presque chaque année dans un laurier de notre jardin à Mexico. Je n'ai jamais remarqué de filtres à cigarettes dans son nid.
Ps: Je crois que les Américains, qui l'appellent House finch, ne retiennent plus le nom de Carpodacus mexicanus mais celui de Haemorhous mexicanus

RF13

... Etsocal, je me joint à Marray pour te remercier pour ces informations fort intéressantes.
Amicalement, Richard

Ajyx

...Egalement ! Fort intéressant, Michel. Merci beaucoup  :)
André

richard21

Bonjour à tous et merci pour vos commentaires très intéressants !

richard

etsocal

A mon tour de tous nous remercier, heureux  de constater que ces recherches vous aient convenu. 8)
Michel

Caloux

J'ai rencontré il y a 3 ans ce merle posé au sol et peu farouche (je pouvais le toucher sans qu'il tente de s'envoler), visiblement malade et plein de tiques. Mais où est la cause et où est l'effet ? Est-ce parce qu'il était malade et au sol qu'il a été infesté ou bien les tiques étaient-elles responsables de son état. Sur l'ensemble de la zone bec et yeux, il devait bien y en avoir entre 15 et 20 !
En repassant une semaine plus tard au même endroit, il n'y avait plus que sa dépouille...
Amitiés. Pascal