Retour d'expérience sur développement plans-films

Démarré par fraoul, Août 04, 2020, 14:49:57

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fraoul

Il y a quelques temps, certains d'entre-vous m'avaient encouragé à me lancer dans le développement de films N&B. Les vacances étant propices pour me lancer (*), c'est maintenant chose faite avec des plans-films 4x5 ! Mon idée est de devenir autonome jusqu'à la numérisation des négatifs.

Ce post a pour but un retour d'expérience, pour éventuellement bénéficier de vos conseils, et, pourquoi pas, encourager celles et ceux qui hésitent à se lancer ! Le livre « Noir et Blanc. De la prise de vue au tirage » de Philippe Bachelier (Editions Eyrolles) a été une source très instructive et rassurante.

Films et appareil de prise de vue :

Plans-films Fomapan 200 (périmés depuis 2018), Graflex Crown Graphic avec Kodak Ektar 127mm f/4.7.

Procédure de développement :

J'ai fait l'acquisition d'une cuve de développement SP-445, et y ai chargé les PF depuis les châssis dans un manchon de chargement. J'appréhendais un peu la manip mais finalement c'est plutôt simple en étant un peu concentré. Les films glissent très bien dans les supports fournis.

Révélateur Fomadon Excel, Ilfostop, Fomafix, le tout aux concentrations et temps indiqués par le fabriquant. Rinçage : 3 cycles de 5, 10 et 20 agitations en changeant l'eau à chaque fois, puis 1 minute dans de l'agent mouillant Mirasol. Séchage : PF suspendus par une pince dans un angle. A ma grande surprise, j'ai découvert que l'eau qui sort de mon robinet est au minimum entre 21° et 22° et ne descend pas à 20° qui est la température indiquée, que je visais initialement. J'ai fait deux séances de développement en deux jours, en reprenant le révélateur déjà utilisé.

Procédure de numérisation :

Je place le PF sur une table lumineuse Kaiser Slimlite et le photographie avec mon APN à une focale d'environ 80mm équivalent 24x36. Là ce n'est clairement pas l'idéal car je n'ai qu'un vieux compact Fujifilm X10 clairement pas adapté pour ce travail. Donc pour l'instant je considère que j'ai des sortes de « tirages de lecture », pour me donner une idée. J'importe dans Gimp, j'inverse et bricole la courbe pour travailler l'image, recadre puis mets un léger poil d'accentuation. Je devrais pouvoir récupérer un Nikon D500 en prêt et y monter mon Micro-Nikkor 55mm Ai-s, en espérant que ça fasse l'affaire.

Voici 3 exemples de résultats ci-dessous.

Constat #1 : pas de gros bug, ouf ! (La chance du débutant ?)

Constat #2 : la procédure de développement avec la cuve SP-445 est plutôt simple, même pour une première fois.

Constat #3 : j'ai l'impression d'avoir des négatifs un poil contrastés, je vais peut-être réduire le temps de développement par la suite.

Constat #4 : je ne repère pas de traces de séchage ni de marques liées aux supports des PF de la cuve. Tant mieux.

J'envisage de faire scanner ces PF avec un scanner professionnel pour avoir une sorte de « repère qualité » qui me servirait à caler ma procédure de numérisation une fois que j'aurai pu récupérer le D500.

Voilà, si vous avez des remarques, suggestions, idées, critiques, questions... elles seront les bienvenues, merci d'avance  :) !
(*) en fait, j'ai déjà pratiqué le labo N&B dans une autre vie, il y a bien longtemps...

DSCF2728_v2 by Francis Raoul, sur Flickr

DSCF2731_v2 by Francis Raoul, sur Flickr

DSCF2738_v2 by Francis Raoul, sur Flickr

titisteph

Très bons résultats!
Ton process n'appelle aucune critique, bien sûr.

Pour ajouter une pierre à l'édifice, je procède de la façon suivante :
- Développement en cuve Paterson standard avec l'adaptateur MOD54. Permet de charger 6 PF d'un coup. Une fois les PF chargés, je développe exactement comme d'habitude, et j'ai des résultats parfaits. Il faut juste faire très attention lors du chargement, ne pas rayer. Et ne pas les mettre à l'envers!

Pour numériser, j'opte moi aussi pour la repro avec APN. Mais pour profiter de la définition élevée d'un plan-film, j'utilise un D850 avec 60mm macro Nikkor, et je shoote en trois morceaux, que j'assemble ensuite dans PS.

Pour cela, il faut une source de lumière très uniforme, et surtout, que le PF soit parfaitement plan. J'ai donc fabriqué un passe-vue géant avec verres. Mais au lieu de dépenser une fortune à acheter un verre Anti-Newton géant, j'utilise simplement un altuglass très finement dépoli. Et par dessus, un verre ordinaire fin. Le PF est coincé en sandwich entre l'altuglass et le verre (confectionner une charnière avec du gaffer, et des cornières du même matériau pour maintenir le film en place).
Le tout est placé sur une bonne table lumineuse. Ici, s'agissant de noir et blanc, l'IRC de la source de lumière n'a pas d'importance.

dioptre

Pour la température de l'eau sortant du robinet ça varie chez moi de 18 à 24°C
Comme il est beaucoup plus facile de réchauffer que de refroidir l'eau je faisais tous mes développements à 24° été comme hiver
les fabricants fournissent les tableaux pour les temps de développement en fonction de la température
Kodak par exemple fournissait des temps à 20 et 24°
20° c'était la température idéale autrefois les films ne supportant pas, ou mal, des températures supérieures
Maintenant aucune crainte de développer à 24 si ce n'est qu'il faut éviter des temps de développement trop courts
J'étais pour des Tmax entre 6' et 7', mais cela c'était au temps jadis ... !

fraoul

Merci à vous deux de vos commentaires.
titisteph: l'altuglass te sert pour diffuser la lumière provenant de la source ? Si oui, est-ce que tu penses que c'est utile dans le cas d'une utilisation de tablette lumineuse, pour laquelle j'ai l'impression (mais ce n'est qu'une impression), que la lumière est très homogène ?

tanguy29

Merci pour le partage d'expérience.
Les résultats sont vraiment nickel, d'autant plus impressionnant qu'il s'agit d'un début.
J'espère qu'on aura le droit à la suite :)

fraoul

Merci tanguy29, je crois me souvenir que tu m'avais encouragé à me lancer  :).
Pour la suite, hé bien il va falloir que je reprenne des photos ! Pour info, j'ai commandé une Woodyman 4x5 que j'attends avec impatience, et je vais revendre ma Graflex.

Lav-Fred

Bon début en effet, c'est très prometteur !
Comme Titisteph, j'utilise aussi une Paterson avec le MOD54, mais même en mettant les plans dans le bon sens, j'ai toujours une petite marque au niveau des points de contact. Donc attention avec ce système.
J'ai la même table lumineuse. Il ne faut pas poser les négas directement dessus, sinon il y a un gros risque d'anneaux de Newton. Pour le 35 mm et le 120, j'ai fait un support en cartoline noire. Pour les plans films, je privilégie le scanner Epson, qui m'évite de fastidieux montages. 

fraoul

Merci Lav-Fred  :).

J'avais aussi zieuté du côté de la MOD54, mais les retours que j'ai pu en lire quant aux marques sur les PF et à la difficulté d'insérer les PF m'ont un peu refroidi. Pour un prix à peine plus cher, la cuve SP445 me convient bien (mais ne permet de traiter que 4 PF vs. 6 pour la MOD54).

N'ayant pas de scanner, je vais persister dans la voie de numérisation par APN. Je vais faire des essais avec un support pour éviter le contact direct sur la table lumineuse.

VentdeSable

Reste la cuvette. C'est tellement simple et amusant de faire plouf plouf ;-)

fraoul

Citation de: VentdeSable le Août 04, 2020, 21:17:33
Reste la cuvette. C'est tellement simple et amusant de faire plouf plouf ;-)

Oui, surtout en été  :D

titisteph

Pour répondre aux questions :

- L'altuglass que j'emploie, s'il a une propriété diffusante, sert surtout à maintenir le PF bien plat, coincé qu'il est entre ce matériau et une plaque de verre. Et je l'ai dépoli pour éviter les anneaux de Newton. Attention, il faut que ce soit hyper régulier et très fin, sinon, le motif va se voir. Il faut procéder avec une poudre abrasive, comme du sablage. On frotte deux plaques d'altu (la vraie et une autre sacrifiée) avec la poudre entre les deux, avec de l'eau.

Bien sûr, au niveau de l'homogénéité de l'éclairage, une bonne table lumineuse suffit déjà, mais l'altu, on va dire, va diffuser encore un peu plus, ce qui est bon à prendre. Et si la table a un "point chaud", on peut surélever l'altu. Sa propriété diffusante va aider.

Pour la MOD54 : oui, ça peut rayer. Mais j'ai trouvé le coupable : il y a un résidu de marque de moulage dans les encoches. C'est ça qui raye. Il faut se taper de poncer ce qui dépasse dans ces encoches. Je l'ai fait, et depuis lors, si je réussis bien la mise sous spire sans trop tâtonner, je n'ai plus de rayures.

Après, la problématique de quelques rayures (éventuelles) à cet endroit est à relativiser : ce n'est plus comme avant où le PF passait sous un agrando. Aujourd'hui, on scanne, et c'est quand même super facile de supprimer ces quelques traces en post prod. C'est pas pire que de virer les multiples poussières inévitables.

Jean-Claude

Le paramètre du temps de développement peut devenir critique quand il devient court et pour cette raison il est plus facile d'obtenir des résultats réguliers et précis en développant à 20°C qu'à 24°C.
En été je fais un bain marie vers 18°C avec des glaçons du frigo pour les produits et la cuve et je démarre le développement quand il est remonté naturellement à 20°C.

Si les négatifs sont un peu trop contrastés et que le temps de développement est déjà court, la solution consiste à diluer un peu plus le révélateur pour ne pas tomber dans des temps de développement trop courts difficilement contrôlables.

En GF Dans un premier temps, sans aller jusqu'au développement individualisé type zone system, on peut déjà s'en inspirer en mettant au points 3 différents temps de développement pour des sujets à contrastes faible normal et fort, on arrive ainsi à des négatifs plus facilement "tirables" à l'agrandisseur ou au scanner.

A titre d'exemple pour mes Tri-X développées en D76 1+1 je prends 1 minute de moins et petite sur-ex pour les sujets très contrastés et 1 minute de plus et petite sous-ex pour des sujets sans contraste.

fraoul

Merci titisteph et Jean-Claude.
Oui, je crois que je vais travailler sur les temps de développement comme tu le dis Jean-Claude. J'ai un peu lu sur le zone system: même si c'est un peu complexe, ça aide à réfléchir sur l'analyse de l'image qu'on souhaite et sur l'exposition et le développement.

fraoul

J'ai développé de nouveaux PF en réduisant le temps de dév. à 6 minutes.
Je suis plutôt content (même si j'attends toujours de mettre la main sur un bon reflex pour numériser...).

DSCF2762_v2 by Francis Raoul, sur Flickr

Je mettrai les autres sur le fil argentique classique. Encore merci à tous pour vos conseils  :)

JMS

C'est très beau mais si tu veux faire des repros avec un reflex les 20Mpxl seulement d'un D500 vont sévèrement te brider, les infos contenues dans un plan film 4x5 sont de l'ordre de 115 Mpxl avec un grain fin...si l'objectif est à la hauteur des très bons fixes 24 x 36 ce qui n'est pas toujours le cas en moyen format...comptons la moitié, en Nikon le bon compromis sera le D850 de 45 Mpxl à défaut de scanner à plat pro.

dioptre

Citation de: JMS le Août 09, 2020, 17:34:44
C'est très beau mais si tu veux faire des repros avec un reflex les 20Mpxl seulement d'un D500 vont sévèrement te brider, les infos contenues dans un plan film 4x5 sont de l'ordre de 115 Mpxl avec un grain fin...si l'objectif est à la hauteur des très bons fixes 24 x 36 ce qui n'est pas toujours le cas en moyen format...comptons la moitié, en Nikon le bon compromis sera le D850 de 45 Mpxl à défaut de scanner à plat pro.
sans compter que le 4x5 n'est pas homothétique du 24x36 donc tu n'utilises pas toute la surface de ton capteur
idem avec le 6x6 ou 6x7 par exemple
seul le 6x9 va bien
j'utilise en Canon le 5DsR de 50Mpxl

fraoul

Merci JMS et dioptre.
Malheureusement le D850 est hors de portée pour mon portefeuille  :'(.
Je jonglerai donc entre le D500 pour le "tout venant" et faire scanner par un pro pour les images que je voudrai tirer en grand format. Je vais aussi tester de faire 2 photos par PF et les assembler; je gagnerai peut-être un peu en définition.


Victor

Question bête, le temps de développement d'un film 135 est identique à un plan-film 4x5, ou un film 120 ou 13x18 (peu importe le format)? À émulsion identique, bien sûr.

sam spad

Citation de: Victor le Août 25, 2020, 13:28:30
Question bête, le temps de développement d'un film 135 est identique à un plan-film 4x5, ou un film 120 ou 13x18 (peu importe le format)? À émulsion identique, bien sûr.

oui


dioptre

Citation de: Victor le Août 25, 2020, 13:28:30
Question bête, le temps de développement d'un film 135 est identique à un plan-film 4x5, ou un film 120 ou 13x18 (peu importe le format)? À émulsion identique, bien sûr.
pas tout à fait
entre le développement d'une 135 ou d'un 13x18 ..... !
parce que les conditions de développement ne sont pas identiques
développement
en petite cuve
en grande cuve
en cuvettes
agitation permanente, périodique, manuelle, automatique


sam spad

Citation de: dioptre le Août 25, 2020, 14:31:07
pas tout à fait
entre le développement d'une 135 ou d'un 13x18 ..... !
parce que les conditions de développement ne sont pas identiques
développement
en petite cuve
en grande cuve
en cuvettes
agitation permanente, périodique, manuelle, automatique

la question portait sur le temps de développement, la réponse ne change pas c'est oui.

dioptre

notice Kodak
temps de développement Tmax 400
à 20°C
en large tank
rollfilm :9'
sheet : 10'

en tray processing
sheet : 7 '
en rotary processing :
sheet : 6 1/2 '

voir la notice pour les conditions d'agitation

Victor

Citation de: sam spad le Août 25, 2020, 15:15:35
la question portait sur le temps de développement, la réponse ne change pas c'est oui.

C'est exactement ce que je voulais savoir.

titisteph

Quand je développe mes PF dans ma cuve Paterson avec le MOD54, je ne change absolument rien à la façon de procéder. Même temps, T°, agitation que pour un dev de film 24X36.

Le temps peut différer si le mode opératoire est modifié (dev en cuve profonde sans possibilité d'agiter par retournement, etc.), mais tant que toutes les conditions sont identiques, ça ne change pas.

Au sujet de la repro des PF avec APN. On peut aller au-delà de la résolution du boitier, en procédant par morceaux. Il est très facile de faire au moins 3 morceaux. Cela augmente très sensiblement la qualité, c'est comme ça que je pratique (avec D850 et 60 macro Nikon AF pour les PF).

On place le PF horizontalement, et l'APN verticalement. Donc le grand côté du capteur venant en coincidence avec le petit côté du PF. On fait une image de la partie gauche, une du milieu et une de la partie droite. On assemble dans Photoshop, en utilisant l'outil Alignement Auto des Calques. Faire d'abord par Collage. Ensuite refaire l'alignement , cette fois par Repositionnement. Ensuite ajuster à la main les éventuels décalages et effacer avec la gomme (forme floue) les extrémités de fichiers, pour fondre tout ça. Si des images sont un peu claires ou sombres, ajuster avec les niveaux.

On peut aussi utiliser un logiciel de panorama, qui va tout faire automatiquement. Mais attention au type de projection employé.

Pour que tout ça marche, il faut, à la repro, respecter impérativement les éléments suivants :
- Parallélisme parfait entre l'APN et le PF
- PF parfaitement plat, donc plaqué sous du verre (avec système anti newton côté gélatine, une plaque d'altuglass dépolie fonctionne)
- Objectif de repro à la qualité parfaite jusque dans les coins (sinon, le grain sera flou par endroits) et sans distorsion.