Plaidoyer pour l'argentique (2005)

Démarré par Somedays, Août 16, 2020, 08:38:30

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Somedays

Bonjour,
Intéressant article paru il y a 15 ans dans le journal Libération:

 
 

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Plaidoyer pour l'argentique

Consommation. Face aux numériques, les appareils classiques offrent
pérennité et qualité.

L'argentique, étalon-or de la photo

Par Philippe GRANGEREAU

jeudi 06 janvier 2005 (Liberation - 06:00)


 

 
L'appareil photo, celui que vous comptez acheter, le voulez-vous en
numérique ou en argentique (1) ? La plupart des amateurs optent pour
l'appareil à pixels. Il s'en est vendu 2,7 millions en France en 2003,
une extraordinaire progression de 145 % en un an, qui s'est confirmée
en 2004. Dans le même temps, il ne s'est vendu que 900 000 appareils
argentiques, un marché en baisse de 40 % en moyenne, tellement sinistré
que le fabriquant de films Kodak n'investit déjà plus dans l'argentique
et qu'Ilford est en dépôt de bilan.

Tant d'amateurs ont négocié la reprise de leur ancien 24 x 36 pour
l'achat d'un numérique à la Fnac que le magasin a stoppé cette pratique
et commencé à supprimer ses rayons «labo-photo». «A Paris, on ne trouve
désormais de produits labo-photo que dans une dizaine de magasins
spécialisés», explique un employé de Prophot. «Le marché de
l'argentique s'est totalement effondré en deux ans, en chutant de 75
%», précise le directeur des laboratoires d'essai de la Fnac, Victor
Jachimowicz.

La «mort de l'argentique» suscite bien des réactions
nostalgiques sur les forums spécialisés d'amateurs éclairés. Avant de
sauter le pas vers le numérique, mettent en garde ces passionnés, mieux
vaut savoir qu'à bien des égards rien ne remplace l'argentique. Si les
publicités vantent les compacts numériques «haute définition» de 6 ou 8
millions de pixels à des prix tournant autour de 1 000 euros, il reste
qu'un négatif classique renferme l'équivalent de 20 à 23 millions de
pixels.

En outre, un appareil argentique à prix modique (un peu plus de 100
euros) permet d'atteindre cette performance - que seul un appareil
professionnel numérique au coût exorbitant pourrait réitérer. «Ces 20 à
23 millions de pixels ne représentent qu'un potentiel
d'agrandissement», tempère-t-on à la Fnac, qui note que «le nombre de
personnes voulant agrandir leurs photos en 30 x 40 était de toute façon
ridicule».

Mieux vaut savoir que les numériques, même s'ils sont faits pour durer,
ce dont on peut douter, deviendront très vite obsolètes et que vous ne
pourrez pas les revendre à moins de tomber sur un gogo. Mieux vaut
savoir aussi que la facilité apparente du numérique peut se traduire en
pratique par de sacrées séances de casse-tête devant l'ordinateur, en
pestant sur l'imprimante qui n'imprime pas la photo que vous avez
passée des heures à retoucher avec un logiciel «convivial», gâchant des
quantités imprévues de papier onéreux et de dispendieux picolitres
d'encre vendue plusieurs milliers d'euros le litre.

Méthode mixte. Globalement, vous vous rendrez compte que pour avoir une
qualité de tirage équivalente (mais jamais aussi bonne) à un tirage
argentique en 24 x 30, il vous faudra investir dans le haut de gamme
(appareil, ordinateur, imprimante, encre, papier) et s'armer de
patience. Si c'est l'urgence de voir vos photos apparaître, sitôt
prises, au dos de l'appareil qui vous motive, vous serez quitte.
D'autant qu'il faut classer ses photos dans son ordinateur afin de les
retrouver, les placer sur CD et renouveler la manoeuvre périodiquement
(tous les trois ou dix ans, selon les experts) pour parer à tout risque
de dégénérescence des données. Le fichier sur CD doit alors être
replacé sur le disque dur, afin de graver un nouveau CD. Un film
argentique, quant à lui, dure au moins cent ans.

La solution réside peut-être dans l'éclectisme. L'effondrement des prix
de l'argentique permet, justement en raison de la chute de la demande,
d'acquérir d'excellents 24 x 36 d'occasion, et même neufs, à des prix
désormais très abordables. Il est en outre possible de transférer vos
films (négatifs et diapos) en numérique. Les scanners à plat de 300
euros offrent une qualité très satisfaisante. Cette méthode mixte peut
en satisfaire beaucoup, tant question coût que côté qualité.
   

(1) Tire son nom du fait que la pellicule est composée d'une gélatine
imprégnée de microcristaux d'halogénure d'argent, chlorure ou bromure.

Verso92

Le temps a passé et ce genre de discours fumeux et partisan a fait flop, fort heureusement.

kochka

Désespérance face à un évolution technique inévitable?
Technophile Père Siffleur

Arnaud17

C'est en 2001 que j'ai bifurqué vers le numérique.
Le seuil de 1 MO pour 1 Franc venait d'être atteint, c'était un moment clé.

Par rapport aux couts de développement des Kodachrome, on sortait brutalement de l'age de pierre, appuyer sur le déclencheur devenait gratuit et du même coup l'attente pour connaitre le résultat disparaissait.

Il y a bien encore des nostalgiques des locomotives à vapeur de l'Orient Express.
veni, vidi, vomi


ViB

Je suis passé au numérique en 2003, avec l'idée que je ferais bien encore quelques peloches, En 17 ans j'ai du en faire 5. Seul le moyen format pourrait me motiver un peu.

Le numérique a décupler mon plaisir de photographier.

kochka

Premier numérique en 2000. Avant c'était scan.
Abandon de l'argentique avec le D2X. Le F5 ne servait plus qu'à porter un 14mm, abandonné complètement à la sortie du D3.
Technophile Père Siffleur

Nikojorj

Citation de: kochka le Août 17, 2020, 11:31:46
Désespérance face à un évolution technique inévitable?
Ou alors, posture de conservatisme très marquée, liée au fait que l'appareil photo est un symbole statutaire, et que les appareils numériques n'étaient pas encore vus comme ayant assez de prestige? Cf. le titre avec "étalon-or" notamment (mais le "pérennité et qualité" est assez savoureux aussi, sur le plan technique).
Manque de bol je ne suis pas sociologue, et encore moins marketeux.

Perso, j'ai juste compté le coût de mes #25 rouleaux d'ekta par an, et c'était vite plié : un 300D d'occase pour 2 ans de diapos début 2005.

Somedays

Citation de: Nikojorj le Août 18, 2020, 22:31:40

Perso, j'ai juste compté le coût de mes #25 rouleaux d'ekta par an, et c'était vite plié : un 300D d'occase pour 2 ans de diapos début 2005.

Le reflex argentique a longtemps gardé un rapport bokeh/prix inégalé.
Maintenant qu'on trouve de très bons reflex numériques FF à 300€ en occasion, la messe est dite.
 
Je m'étais dit que si j'avais la place, je dédierais bien une pièce à un petit labo argentique. J'avoue que je n'ai ni la patience ni la passion.
Rien que de voir la moitié de cette vidéo, ça ne me donne plus envie:
https://www.youtube.com/watch?v=wvkmKNQbS4A
   

Nikojorj

Pour le N&B, la chimie pourrait peut-être encore se justifier...
Mais en couleurs ça fait plus de 15 ans que la messe est dite.

Vincent 18

Il y a 16 ans, mon premier reflex numérique le 350d, mon reflex argentique 300v est resté au placard depuis, il a du sortir une fois ou deux seulement.
Par contre le prix de la carte microdrive .... ouille.
Gagner en ouverture ...

Alain c

#11
He bien  moi je trouve que cette mise en garde, écrite en 2005, n'était pas si bête que ça.
Certe le numérique a bouleversé la pratique de la photo. Mais le numérique a un cout, et à l'appareil, très cher vs les reflex argentiques de 2005, il faut rajouter l'obsolescence rapide, (j'utilise encore un Pentax argentique et son excellent 50mm f/1.4 qui datent d'il y a 50 ans), il faut ajouter l'équipement accessoire à la prise de vue numérique: cartes mémoires, batteries, un grand écran, le PC - MAC et son logiciel, souvent payant pour les plus performants. Les systèmes de sauvegarde et pour certains les imprimantes aux cartouches à prix délirant ...

Alors bien sur la qualité des photos grand public a nettement progressée, voir les performances des téléphones, et avec l'arrivée de l'A I ce n'est pas fini. Et pourtant, la performance de nos chers boitiers numériques est elle un gage de qualité artistique ? Pour la plupart d'entre nous, qui n'a jamais rêvé devant les photos argentiques des grands noms de l'histoire de la photo ?.
Bref, pour en revenir à cet articles de libération qui date des débuts de l'aire numérique, je trouve qu'il n'etait pas si idiot de mettre en garde les consommateurs devant les discourts des commerçants qui nous répétaient à qui mieux mieux qu'un nouvel appareil nous aiderait surement à faire de meilleures photos, plus nettes donc meilleures  >:D,  et en plus pour "pas cher" ....

je constate qu'aujourd'hui la cote des appareils argentiques et des objectifs entièrement manuels est à la hausse.
Matérialiser l'immatériel

Nikojorj

Comme dit et redit, ne pas mettre le prix de la chimie (a minima achat du film et développement) dans l'équation est un peu partial, et le PC se compare au labo qui n'était pas vraiment gratuit : à partir de 2003 environ (le 300D), l'équation des prix est clairement en faveur du numérique (et la qualité en couleur aussi, mais c'est peut-être annexe, effectivement).

kochka

A 15€ la bobine de diapos, développement non compris, ça cube vite :
Partons de 20 bobines, soit  700 diapos, ma moyenne pour un voyage = 300€ , auxquels il faut ajoute pour le développement 20x11€ = 220€?
A ce tarif, une carte XQD de 128G est donnée, pour quelques milliers de photos, et en plus réutilisable. Alors autant en prendre deux par sécurité, payées au premier voyage.
Qui viendra maintenant se plaindre du tarif de la XQD lorsque l'on se rappelle de couts des diapos?
Technophile Père Siffleur

dioptre

vers 2005 je dépensais, simple amateur faisant du MF entre 2600 et 2800 euro par an !
uniquement films et développement
Faut ajouter à cela le matériel de labo (agrandisseur, développeuse, ...) et les produits cibachrome ( papier et produits )

j'ai viré ma cuti en 2007

Arnaud17

Tenez, je viens de retrouver mes raisons d'acheter un APN, ça date de Mai 2001 :

10 raisons pour acheter un appareil numérique

Mais c'est la faute au compte rendu sur l'appareil CANIODAX et la longue liste des fonctionalités qui faisaient partie de la science fiction il y a seulement quelques années encore. Le résultat est qui je vais surement acheter une appareil numérique.

Si j'essayais de détailler les raisons ?

    1. On peut voir le résultat sur l'écran LCD de l'appareil pour déterminer si la prise de vu a l'air réussie ou s'il vaut mieux effacer et recommencer la prise de vue.
    2. Certains appareils possèdent une sortie vidéo pour voir ses images directement sur l'écran d'un TV.  Donc je peux mème vérifier mes images de la journée le soir sur la télé dans la chambre d'hôtel.
    3. Plus besoin du labo pour savoir si les photos sont ratées ou réussies. je me souviendrais toujours d'un film mal amorce a Venise. Ce jour la j'ai dit des choses que la décence m'interdit de répéter.
    4. Quand je part du principe que j'étais content quand j'avais 5 ou 6 photos acceptables sur une pellicule, je peux espérer un ratio plus élevé grâce a la possibilité de vérifier immédiatement le résultat.
    5. Stockage? si je peux ramener un cinquantaine d'images potables d'une semaine de vacances je serais très satisfait. Les cartes sont enfin de taille suffisante.
    6. Grace aux outils comme PSP, Photoshop, etc. j'obtiens ce qui n'existe mème pas au labo, je peux défaire une erreur sans jeter un tirage au panier.
    7. En quelques clics, j'envoie une sélection de mes images a des membres de la famille disperses un peu partout. tiens, j'économise mème des timbres ?
    8. D'accord, mes tirages ne vont pas figurer dans les expos et resteront a usage familial. sur le nombre de photographes amateurs, il y en a combien qui exposent ou    projettent leurs photos/diapos en public ? que ceux-la continuent avec la photo argentique et ses mérites indéniables, c'est normal.
    9. Pour moi, la photo numérique sera tout simplement un moyen différent et complémentaire de pratiquer la chasse aux images.
    10. J'additionne le cout des pellicules, développement, tirages, enveloppes et timbres pour les envois a la famille, l'angoisse que ça n'arrive pas a bon port, etc. et je crois mème que l'appareil va se payer tout seul.

Mais qui va donc trouver autant d'arguments valables pour m'en dissuader ? Je n'ai plus qu'a persuader ma chère et tendre que le progrès ne peut attendre.

Ce que je vais faire de mon appareil argentique ? mais, je le garde pour exploiter les leçons que j'apprendrais grâce au numérique. Je finirais peut-être par être assez téméraire pour envoyer quelques photos a CI pour m'aider situer mon travail Sur une échelle de valeurs neutres.

-/-/-/-/-/-

Mes appareils argentiques dorment dans des tiroirs,des boites ou sur une étagère. Il m'a suffi de gouter au numérique pour l'adopter.
veni, vidi, vomi

CLIC

#16
Le prix des Leica M6 explosent bientôt à 2000€ à part ça il n'y a pas de retour à l'argentique. 8) :D
Je parle ici pour le noir et blanc qui est infecte en numérique.
Et ça tombe bien je n'aime que le noir et blanc, la couleur ne m'intéresse pas.

TYBOR

Bonjour,
Grand bien vous fasse et tant mieux pour vous... Ilen faut pour tous les goûts et budgets.
Quant à faire du prix du M6 (toujours surévalué), une jauge du regain d' intérêt pour la photo à pellicule...

Guillaum

Et pourtant si, l'argentique est très en forme en ce moment.
Impossible de dire si cela va perdurer, mais depuis le déconfinement, il y a un regain d'intérêt des amateurs pour la péloche en 135 et en 120. Il devient d'ailleur difficile de trouver une développeuse films (Fuji ou Kis par exemple) d'occaz et encore plus à bon prix.

Alain c

Citation de: Guillaum le Août 21, 2020, 15:55:09
Et pourtant si, l'argentique est très en forme en ce moment.
Impossible de dire si cela va perdurer, mais depuis le déconfinement, il y a un regain d'intérêt des amateurs pour la péloche en 135 et en 120. Il devient d'ailleur difficile de trouver une développeuse films (Fuji ou Kis par exemple) d'occaz et encore plus à bon prix.
+1 comme je l'ai signalé + haut, la cote du matériel vintage (argentique) augmente, effet de mode ou pas, c'est un constat.
Celui qui compte combien lui coute son matériel photo et annexes, n'est pas un vrai passionné, ou plus exactement n'est pas un amateur de photo au sens propre du therme. je doute de la qualité artistique et de l'originalité de ses images.
Matérialiser l'immatériel

kochka

D'où pour pouvoir être considéré comme un artiste, il faudrait être assez riche pour considérer ce type de dépenses comme quantité négligeable.
Technophile Père Siffleur

Guillaum

Citation de: kochka le Août 21, 2020, 21:34:18
D'où pour pouvoir être considéré comme un artiste, il faudrait être assez riche pour considérer ce type de dépenses comme quantité négligeable.
L'argentique n'a jamais disparu du monde artistique, pour le meilleur comme pour le pire...
Ce que je constate aujourd'hui est différent, c'est les jeunes (16-25 ans) qui découvrent le film, et qui y trouvent leur compte.
Pour leurs avoir souvent posé la question, c'est le rendu des couleurs, le grain et se creuser les méninges avant de déclencher qui les fascinent.

Alain c

Citation de: kochka le Août 21, 2020, 21:34:18
D'où pour pouvoir être considéré comme un artiste, il faudrait être assez riche pour considérer ce type de dépenses comme quantité négligeable.
Ha le raccourci ::), argumentation minable .
Matérialiser l'immatériel

kochka

D"couvrir le reflet exact de l'argumentation présentée est parfois déroutant, n'est-ce pas?
Technophile Père Siffleur

Nikojorj

Citation de: Alain c le Août 21, 2020, 18:58:09
Celui qui compte combien lui coute son matériel photo et annexes, n'est pas un vrai passionné, ou plus exactement n'est pas un amateur de photo au sens propre du therme. je doute de la qualité artistique et de l'originalité de ses images.
C'est vrai ça, il ne manquerait plus que les pauvres et les prolos viennent se mêler d'Art! ;)