Déambulation sur les pentes de la Croix-Rousse

Démarré par Tomzé, Avril 26, 2021, 15:03:06

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Tomzé

La Croix-Rouuse est une colline et un quartier de Lyon, à cheval sur deux arrondissements, le 1er et le 4ème. C'est la colline qui travaille en opposition à Fourvière, l'autre colline, qui prie. Je me propose de vous faire découvrir ce quartier atypique, où passé et présent se mêlent. Hier ouvrier, avec la soie et les canuts, aujourd'hui la Croix-Rousse est devenu un quartier d'artistes, où il fait bon vivre avec tous ces bars et petits restaurants qui ont poussé comme des champignons.
J'essaierai de mettre une ou deux photos par jour.

1- La Place de la Croix-Rousse avec la statue de Joseph-Marie Jacquard, inventeur du métier à tisser semi-automatique.



2- L'escalier de la rue Célu

Tout a été fait, sauf par moi.

Tomzé

3- la rue Justin Godart, ancien Maire de Lyon provisoirement de 1944 à 1945 au retour de Edouard Herriot. En arrière plan le Rhône et le 6ème arrondissement de Lyon



4- Le rue Lebrun

Tout a été fait, sauf par moi.

Cheps

Un quartier que j'ai découvert il y a quelques années en débarquant du vaporéto (depuis confluence) ascension vers La Croix Rousse. J'ai hâte de voir la suite.

agl33

beau quartier la Croix-rousse, je vais suivre ce fil avec plaisir

Verso92


flyfisherman

Citation de: Verso92 le Avril 26, 2021, 18:38:42
Beau début... vivement la suite !

;-)
+1
Lyon et en particulier La Croix Rousse font partie des lieux que j'irai certainement photographier dans les mois à venir.

Tomzé

5- Petit escalier Justin Godart, qui rejoint la montée Bonafous. A la Croix-Rousse, les escaliers se comptent par plusieurs dizaines et offrent de nombreux raccourcis.



6-La Montée Bonafous



Tout a été fait, sauf par moi.

Tomzé

7- La Croix-Rousse recèle nombre de petits coins sympas où l'on peut tranquillement shooter un modèle. Notamment le fond de cette rue Justin Godart où le street-art s'est invité et où l'on a tout loisir pour shooter sans être dérangé.

Tout a été fait, sauf par moi.

labat

J'aime bien ce "début"...le quartier du travail opposé à celui de la prière...j'aime bien je te suivrai.

Tomzé

8- Grand escalier Justin Godart. Cet escalier permet un raccourci pour atteindre le quai du Cours d'Herbouville par le bas de la montée Bonafous.



9- Bas du grand escalier Justin Godart, avec vue sur le Rhône et la nouvelle grande tour Oxygène, qui cache la tour du Crédit Lyonnais.

Tout a été fait, sauf par moi.

Tomzé

10- Un escalier emprunté régulièrement par de très belles jeunes femmes.



Tout a été fait, sauf par moi.

Tomzé

11- A gauche du bas de cet escalier, le passage des Gloriettes. Sorte d'étroit belvédère, on peut voir le Rhône et au fond à doite les arbres du parc de la Tête d'Or, et le siège international d'Interpol.



12- A droite un petit panorama sur le ville. On peut distinguer le toit de l'Opéra, et le dôme de l'Hôtel Dieu, aujourd'hui transformé en centre commercial et hôtel de grand luxe.

Tout a été fait, sauf par moi.

Tomzé

#12
13- Vous n'êtes pas sans avoir remarqué, ces drôles de fortifications sur la photo 11 lorsque l'on se trouve sur le passage des gloriettes.



14- Des habitations ont été construites sur la colline de la Croix-Rousse. Pour assurer l'alimentation en eau des nouveaux habitants de la colline, un réseau très dense de galeries a été implanté afin de capter les venues d'eaux observées en surface. Progressivement, les balmes ont été affectées de glissements et d'éboulements naturels auxquels l'urbanisation croissante ajoutait les risques accidentels constitués par le réseau d'adduction d'eau, les eaux pluviales et les effluents domestiques.
Le risque d'éboulements ou d'effondrements est donc permanent. Il se traduit par des possibilité de glissement de terrain et d'éboulement d'ampleur variable, qui imposent la plus grand vigilance lors de opérations de construction.
L'immeuble que vous voyez en plongée est un immeuble qui a été construit à la place d'un immeuble qui s'est effondré en 1977. Pour consolider la colline, de gigantesques consolidations ont été implantées. C'est celles que vous voyez. Un mur a même été construit avec une esplanade qui sert de parking au tout nouvel immeuble.



Issu des Archives du Progrès de Lyon.

Effondrement du 31 juillet 1977

Un immense fracas, et, quelques minutes plus tard, lorsque le nuage de poussière se dissipa, un immeuble de cinq étages avait vécu. Un énorme tas de gravas, de poutres et d'éléments de construction apparurent alors aux yeux épouvantés des témoins.

Une fois de plus, la hantise des Lyonnais, le glissement de terrain, avait accompli son oeuvre destructrice et meurtrière. Derrière le trou béant laissé par l'immeuble, la colline de la Croix-Rousse rappelait à ses habitants qu'ils étaient à sa merci, autant que ceux de Fourvière.

Il était vingt heures, ce 31 juillet 1977, et l'alerte n'avait été donnée qu'une petite demi-heure auparavant. Une équipe de sapeurs-pompiers de la 1re compagnie était appelée pour un petit glissement de terrain rue Justin-Godart, dans une petite propriété située dans une petite artère surplombant le Rhône. C'est de là qu'ils se rendirent compte que l'immeuble situé en contrebas était lézardé sur toute sa largeur, la fissure atteignant une dizaine de centimètres.

Avec une présence d'esprit remarquable, leur chef décidait d'évacuer l'immeuble de ses occupants séance tenante. Les sauveteurs se ruaient dans l'immeuble, frappant aux portes et poussèrent manu militari les habitants. Ceux-ci, pour la plupart attablés, se virent empoignés par les épaules, avec un strict minimum d'explications tandis que les sapeurs-pompiers procédaient à l'ouverture des portes, à coup de hache si besoin.

Leur chef, dit-on, constatant que la lézarde s'agrandissait à vue d'oeil, enjoignit à ses hommes de quitter immédiatement l'immeuble, ce qu'ils firent dans la minute. A peine le dernier d'entre eux avait-il franchi le seuil que la façade s'ouvrit en deux et que l'édifice s'écroula sur lui-même.

Les instants qui suivirent furent ceux du doute. Tout le monde était-il sorti ? Un témoin affirma avoir aperçu une personne qui tentait d'ouvrir une fenêtre au 3e étage quelques instants avant le drame.

La nuit tombait, de nombreux secours avaient convergé sur les lieux et la police tentait de faire le décompte des habitants de l'immeuble. De neuf disparus au départ, la liste se réduisit progressivement à trois personnes, un couple de personnes retraitées, Léa et Gaston Senil, et une troisième victime potentielle dont on avait retrouvé la Simca 1000 garée à proximité.

Les opérations de déblaiement devaient, hélas, donner raison à ce sinistre dénombre, les trois corps, dont celui de M. Eugène Vidoni, 42 ans et locataire du 4e étage, finissant par être extraits des décombres les jours suivants.

Les premiers secours furent portés avec une prudence extrême, la leçon de l'éboulement de Fourvière ayant marqué les esprits en emportant dans une deuxième vague les sauveteurs présents sur les lieux.

Et en effet, vers 22 h 30, plusieurs pans de murs du garage de la propriété dominant l'immeuble s'effondraient avec fracas sur les ruines. Une énorme citerne à mazout apparaissait en surplomb et apportait un supplément de difficulté dans la protection des immeubles voisins dont on craignait qu'ils s'effondrassent à leur tour.

La circulation du cours d'Herbouville fut suspendue pour n'être rendue totalement à la circulation que bien des années plus tard.

Ce n'est que le lendemain que l'on put commencer à établir des bilans, humains avec la découverte des trois corps, matériels avec les six immeubles voisins vidés de leurs soixante-dix occupants et menaçant de s'écrouler à leur tour, en particulier le n° 15.

Il fallut étayer à la hâte les deux bâtisses fragilisées avant de commencer à évacuer l'énorme tas de gravas qui avait été un immeuble quelques heures auparavant.

Et déjà venaient les premières interrogations quant aux raisons de cette catastrophe. Très vite, on mit en cause la piscine surplombant l'immeuble, là où étaient apparues les premières fissures provoquant l'alerte. On suspecta aussi le sol lui-même, ce gruyère dont les galeries drainent depuis des temps immémoriaux les eaux souterraines. Des barbacanes n'avaient-elles pas été bouchées lors de la réfection d'un mur appuyé sur la colline ?

L'enquête judiciaire commençait et des experts renommés se penchaient sur toutes les hypothèses. L'appellation de " colline qui travaille " ainsi que l'on se plaît à nommer celle de la Croix-Rousse pour l'opposer à Fourvière, " la colline qui prie ", trouvait un sens premier et tragique.

Au fil des jours, puis des années, les immeubles adjacents tombèrent les uns après les autres. Le 15, condamné dès le lendemain de l'effondrement, puis toute une série laissant une immense trouée au bas de la colline.

Pas question de forcer le destin, c'est un gigantesque ouvrage (de 80 mètres de long sur 30 mètres de hauteur et pesant 6500 tonnes) conçu dans les normes de l'art qui fut élevé dans la vilaine trouée, de 1982 à 1985, tandis que la mémoire du drame s'estompait sans tomber dans l'oubli pour autant.

Il fallait maintenant rebâtir, les villes ayant horreur du vide et un projet prit corps.Dix ans plus tardS'il était maintenant possible de construire, l'autorité préfectorale s'opposait au principe d'une ZAC privée. Ce dernier obstacle au prolongement de ce qui était devenu un feuilleton urbanistique finit par être levé et le projet de deux promoteurs (SEER et SMCI) adopté dix ans plus tard. Compte tenu du site, l'aspect esthétique était de première importance. On choisit un style résolument moderne devant, en principe, s'intégrer au bâti existant. La première pierre fut posée le 14 novembre 1988.

C'est ainsi que les Lyonnais voient aujourd'hui ce grand immeuble bleu pâle sans toujours se douter qu'il masque les restes d'une tragédie.


Tout a été fait, sauf par moi.

Gus

#13
Joli travail Tomzé, qui met bien en valeur ce quartier de Lyon, où j'ai habité une quarantaine d'années...
Cette Croix Rousse est vraiment attachante, c'est une sorte de village dans la ville, et sur le plateau il y fait bon vivre..
Il existe aussi un beau murs peint en trompe l'oeil vers le boulevard des Canuts, qui représente les pentes.

parkmar

J'ai travaillé plus de 4 ans dans la rue Justin Godart entre 1967 et 1971. Je connais bien ce quartier et plus au Nord les traboules qui partent des immeubles du Bd de la X Rousse ou de la place Colbert qui descendent sur la place des terreaux et rues adjacentes (où j'ai habité un bon moment cette place Colbert dans la cour des voraces).

Tomzé

Citation de: Gus le Avril 27, 2021, 16:44:54
Joli travail Tomzé, qui met bien en valeur ce quartier de Lyon, où j'ai habité une quarantaine d'années...
Cette Croix Rousse est vraiment attachante, c'est une sorte de village dans la ville, et sur le plateau il y fait bon vivre..
Il existe aussi un beau murs peint en trompe l'oeil vers le boulevard des Canuts, qui représente les pentes.

Merci Gus, oui bien évidemment je connais les murs peints, mais ça viendra au fil du post. Le quartier de la croix-rousse est un véritable terrain de jeu pour nous photographes.
Tout a été fait, sauf par moi.

Tomzé

#16
Citation de: parkmar le Avril 27, 2021, 17:01:17
J'ai travaillé plus de 4 ans dans la rue Justin Godart entre 1967 et 1971. Je connais bien ce quartier et plus au Nord les traboules qui partent des immeubles du Bd de la X Rousse ou de la place Colbert qui descendent sur la place des terreaux et rues adjacentes (où j'ai habité un bon moment cette place Colbert dans la cour des voraces).

J'adore le coin de la rue Justin Godart, que j'ai bien connu pour y avoir travaillé en 1971. Des étages, je m'en suis tapé et retapé. Il y a de véritables petits havres de paix. Dommage que la voiture a envahie les rues adjacentes, à ton époque, tu pouvais te garer encore assez facillement. De nos jours c'est mission impossible. Tu as dû emprunter souvent cet escalier ci-dessous, pour descendre en ville par la montée Bonafous.

15- Escalier Justin Godart



16-
Tout a été fait, sauf par moi.

Gus

Pour voir si il y a encore de vieux chasseurs d'images à la Coix Rousse :
Qui se souvient du "Studio Lucien" situé place des tapis ?

C'est là qu'en 1970, j'ai acheté sur ses conseils mon premier appareil photo réflex, un Pentax Spotmatic 500.
Je l'ai toujours...dans une vitrine, et il marche encore!

Souvenirs, souvenirs...

Tomzé

Citation de: Gus le Avril 27, 2021, 18:02:17
Pour voir si il y a encore de vieux chasseurs d'images à la Coix Rousse :
Qui se souvient du "Studio Lucien" situé place des tapis ?

C'est là qu'en 1970, j'ai acheté sur ses conseils mon premier appareil photo réflex, un Pentax Spotmatic 500.
Je l'ai toujours...dans une vitrine, et il marche encore!

Souvenirs, souvenirs...

Il y avait aussi le studio José sur la place de la croix-rousse
Tout a été fait, sauf par moi.

Gus

Citation de: Tomzé le Avril 27, 2021, 18:13:59
Il y avait aussi le studio José sur la place de la croix-rousse

Il n'y est plus?
On le voit encore à droite de ta première photo de la place de la Croix rousse.

parkmar

Citation de: Gus le Avril 27, 2021, 18:02:17
Pour voir si il y a encore de vieux chasseurs d'images à la Coix Rousse :
Qui se souvient du "Studio Lucien" situé place des tapis ?

C'est là qu'en 1970, j'ai acheté sur ses conseils mon premier appareil photo réflex, un Pentax Spotmatic 500.
Je l'ai toujours...dans une vitrine, et il marche encore!

Souvenirs, souvenirs...

Il était encore là vers les 1998/2000 !

CLeC

Bonjour,

Oui merci pour le fil, ça fait bien plaisir de refaire une balade virtuelle dans Lyon !  ;)

Tomzé

Citation de: parkmar le Avril 27, 2021, 19:20:49
Il était encore là vers les 1998/2000 !

Le studio Lucien n'existe plus. Par contre le studio José existe encore et s'appelle maintenant Studio Balasteguy. C'est la fille qui a succédé au père.
Tout a été fait, sauf par moi.

labat

Un très joli travail...
Ces escaliers me font peur, sont raides longs...moi qui cherche mon souffle plus que je le dois...cela m'effraie. J'ai aimé lire ton compte rendu. Très joli travail.

Verso92

Citation de: labat le Avril 27, 2021, 19:57:53
Ces escaliers me font peur, sont raides longs...moi qui cherche mon souffle plus que je le dois...cela m'effraie.

Moi pareil !

;-)