Nikon rétro : les Micro-Nikkor

Démarré par harry*92, Octobre 06, 2021, 23:46:32

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harry*92

Hello les chassimiens !

Et si on reparlait des Micro-Nikkor indissociables de l'histoire de la monture F et dont la réputation n'a pas failli depuis 60 ans ...

Comme j'en ai quelques-uns sur mes étagères, comme annoncé dans mon fil https://www.chassimages.com/forum/index.php/topic,318919.0.html je me propose de faire une petite rétrospective tout en étant bien conscient de m'attaquer à un monument de l'histoire Nikon !
Merci d'avance à tous ceux qui voudront bien compléter / corriger ma présentation tout en restant dans le cadre historique  ;).



Pour fixer la chronologie, j'ai regroupé toute la production dans un tableau Excel, qui servira de fil conducteur dans l'ordre de présentation des différentes séries.



petite remarque en passant, en natif, les Micro-Nikkors atteignent au mieux le rapport de reproduction 1:1 en fin de course ; si l'on se fie au tableau ci-dessous qui amha reprend des conventions assez communément admises, ce ne sont donc pas des objectifs macro à proprement parler mais plutôt des objectifs de proxi-photographie (close-up).


d'après http://www.lenaturaliste.net/forum/viewtopic.php?f=56&t=15877&start=0

Bien entendu les accessoires tels soufflets, bagues d'inversion, bagues-allonge, bonnettes, tele-converters permettent de dépasser cette barrière du rapport 1:1 et de réaliser des photos macro stricto sensu.

Pour autant Nikon a produit des objectifs réellement macro :
* les Macro Nikkor (G=1X-20X) : https://redbook-jp.com/redbook-e/macro/ma00.html
* les Printing Nikkor (G=1X-4X) : https://redbook-jp.com/redbook-e/record3/pr2.html
* les EL Nikkor (G=1X-20X) : https://redbook-jp.com/redbook-e/rfen/en2.html
* les APO EL Nikkor (G=5X-20X): https://redbook-jp.com/redbook-e/rfap/ap4.html

et pour la haute déf, les Ultra Micro Nikkor jusqu'à 1260 lignes/mm ...
https://redbook-jp.com/redbook-e/ultra4/d010.html

Note : une liste exhaustive de ces objectifs dits "exotiques" car n'étant pas en monture F et nécessitant une, voire plusieurs bagues d'adaptation, est donnée par Peter Braczko en fin de son catalogue au chapitre "Nikkor Special-Purpose Lenses".

à suivre la première série, les Bellows Nikkor

harry*92

I - Les Bellows Nikkor 1/2

Ces objectifs ont été conçus pour un usage exclusivement sur soufflet, d'où leur nom générique de "Bellows Nikkor".
Ils sont tous à mise au point fixe et présélection du diaphragme : une bague permet de fixer le diaphragme choisi, une autre permet le va et vient entre pleine ouverture (pour map et cadrage) et le diaphragme pré-sélectionné (pour mesure et déclenchement).

à gauche : Nikkor-Q 135mm f4 "short mount" et bague BR-1,
au centre : Nikkor-Q 135mm f4 "long mount" et bague "step-up" 43mm/52mm.
à droite    : Nikkor-P 105mm f4 et bonnette 4T.

Pour satisfaire les utilisateurs qui souhaitent atteindre le rapport 1:1 avec une distance de travail confortable, Nikon sort en 1958 un 13,5cm f4 "Bellows" en monture S.
Compte tenu de l'importante erreur de parallaxe de la visée télémétrique, il est prévu pour être utilisé avec - en sus du soufflet - la chambre reflex déjà proposée par Nikon pour ses téléobjectifs S (système présenté par Leica dès 1935 avec la chambre PLOOT ancêtre des Visoflex).


Chambre reflex Nikon en monture S et soufflet "Model I" (© Nico van Dijk)

Ce 13,5cm f4 en monture S est une copie conforme du Tessar de Zeiss (1902) ; constitué de 4 lentilles en 3 groupes avec un diaphragme à 15 lames  8), cet objectif a d'excellentes caractéristiques, piqué dès la pleine ouverture, très peu de distorsion ou d'aberration chromatique, excellente planéité du champ ; il demande cependant à être fermé à f8 pour gommer complètement le vignetage.


Au rapport 1:1 la distance de travail "working distance" du bord de l'objectif jusqu'au sujet est de 220 mm, très confortable.

Les Nikkor-Q 13.5cm et 135mm f4 Bellows "short mount" (1959-1968, 2 600 ex.)

En 1959 à la sortie du Nikon F, une bague BR-1 assure l'adaptation du 13.5cm f4 en monture S vers la monture F.

En 1962 la focale est gravée en mm : le Nikkor-Q Bellows devient 135mm f4.

Comme vu plus haut, ces objectifs en monture S sont prévus pour être montés via un soufflet et une chambre reflex extérieure ; dans ces conditions ils focalisent à l'infini avec le soufflet à son extension minimum ; la bague BR-1 assure donc la bonne distance de focalisation pour les boîtiers en monture F, suite à l'abandon de la chambre reflex extérieure devenue sans objet.

Ici le 135mm f4 Bellows monture S avec bague de conversion BR-1 focalise à l'infini avec le soufflet au mini ; à l'extension maximum il atteint le rapport 1:1 avec un facteur d'exposition de 4x.

Pour ces 2 versions 13.5cm et 135mm f4, durant les 10 années de commercialisation (1959-1968) la production sera d'environ 2 600 unités, 1 100 pour la première, 1 500 pour la seconde.
Ces objectifs en monture S seront baptisés "short mount" car nécessitant un adaptateur pour être montés sur un boîtier F, contrairement au suivant "long mount" avec adaptateur intégré.

Le Nikkor-Q 135mm f4 Bellows "long mount" (1968-1969, 850 ex.)

A la mi-1968, Nikon supprime la baïonnette S de l'objectif et intègre à l'objectif un tube de même longueur que la bague BR-1, terminé par une monture F ; cette version comme dit plus haut sera baptisée par la suite "long mount", pour la différencier de la précédente.
Une bague "step-up" fournie avec l'objectif permet de passer du filetage avant Ø 43mm au Ø 52mm, permettant à Nikon d'arrêter la commercialisation des filtres en Ø 43mm.
La production sera d'environ 850 unités, un score convenable car la production ne durera que 18 mois jusqu'à fin 1969 ; début 1970 son successeur apparaîtra : le 105 mm f4 Bellows.

Jeux de lumière  ;)


Le Nikkor-P 105mm f4 Bellows (1970-1974, 7 000 ex.)

Début 1970 Nikon présente le Nikkor-P 105mm f4 Bellows, comme ses aînés avec map fixe et présélection du diaphragme (réduit à 12 lames)
Sa formule optique dérive du 135mm f4 par ajout d'une lentille plan-concave divergente accolée à la frontale ; ainsi il est sensé améliorer encore les qualités de son prédécesseur (?).
C'est en fait Voigtländer qui a développé cette formule optique baptisée Heliar dans sa variante de 1925 et qui initiera la famille bien réputée des Apo-Lanthar.
Il atteint le rapport 1:1 sur soufflet un peu plus vite que le 135mm f4, ayant besoin de moins de tirage ; la bonnette 4T (*) le gratifie du rapport 2:1.
(*) formule achromatique à 2 lentilles, P=2,9 dioptries Ø 52mm


Et c'est cette formule optique inchangée qui donnera naissance au Micro-Nikkor 105mm f4 qui a longtemps conservé ses irréductibles chez le Nikonistes  :o.

2 versions se sont succédé, la première avec les inscriptions sur la face avant, la seconde avec les inscriptions à l'extérieur de la couronne ; cette modification fait suite à un reproche qui sera adressé à Nikon au lancement de plusieurs objectifs, ces inscriptions en face avant arrivent à se refléter dans les photos à cause de l'éclairage puissant nécessaire en macro.


© Richard de Stoutz : www.destoutz.ch

La production totale, de 1970 à 1974, s'élèvera à environ 7 000 unités à peu près partagée entre les 2 versions, un beau succès qui s'arrêtera avec l'arrivée du Micro-Nikkor 105mm f4 à rampe de map, mais c'est une autre histoire !

Qu'en est-il de ces "oldies" ? (comparatif  [at] f5.6, soit f11 effectif au rapport 1:1 sur banc macro, caractères "a" depuis une imprimante bureautique à jet d'encre, crop 100% sur Z6, meilleure prise de 3 map pour chaque objectif)



Le 13.5cm/135mm f4 "Short Mount" en monture S est le plus piqué et contrasté, on peut le qualifier de très bon, surtout pour l'époque ; les suivants se tiennent un peu en arrière avec un  contraste moins affirmé pour le 135mm f4 "Long Mount" qui pourtant a la même optique que le "Short Mount", un exemplaire un peu faible ?

à suivre : Les Bellows Nikkor 2/2

7565


harry*92

I - Les Bellows Nikkor 2/2

Il nous faut aussi évoquer les soufflets de cette époque, supports de ces objectifs, une description très succincte des modèles contemporains des Nikkor "Bellows".

A gauche 135mm f4 "short mount" avec bague BR-1 + repro-dia/film "PS-2" sur Bellows Model II,
au centre 135mm f4 "long mount" sur Bellows PB-3,
à droite 105mm f4 avec bonnette 4T + PS-4 sur Bellows PB-4.

Le Model II ("PB-2")

Le premier soufflet en monture F est le Bellows Model II apparu en 1959 à la suite du Nikon F, on pourrait l'appeler "PB-2" si l'on considère la codification utilisée après lui ; il dérive du Bellows Model I ("PB-1") à monture S lancé fin 1957 et rare puisque produit semble-t-il à seulement 200 exemplaires.

Bellows Model I en monture S, on le reconnait à l'absence de sabot avant.

Hormis le passage des baïonnettes en monture F, la principale amélioration réside dans l'adjonction d'un sabot avant pour accueillir un porte-film / porte-diapo "PS-2" ; ceci obligeant à libérer la platine arrière supportant le boîtier, platine qui est fixe sur le Model I ; en effet lorsqu'on utilise le "PS-2" on ne peut plus faire la map avec les pieds, il faut que le boîtier puisse avancer sur les rails pour assurer cette map.

F Ftn + soufflet Model II "PB-2" + Nikkor H 50mm f2 Auto + "PS-2" ; la map est réglée, la diapo est dedans, prête à être flashée  :)

Les barres de guidage sont graduées, celle de droite pour le 13.5cm f4 Bellows qui peut atteindre 1:1 avec un facteur d'exposition de 4x (2 diaph), la longueur des barres ayant été déterminées à cet effet ; les graduations de la barre de gauche sont pour le 5cm f2 avec un rapport maxi de 3,5:1 et facteur d'exposition de 20x (4 1/3 diaph).


Malheureusement la première série du "PB-2" n'offrait pas assez de dégagement arrière pour pouvoir monter le F Photomic, le prisme butait sur le cadre arrière du soufflet, aussi en 1966 Nikon augmentera ce dégagement arrière de 3 mm pour y remédier (on retrouvera plus tard le même problème sur les soufflets suivants avec les monoblocs qui butent sur le chariot ...).
Pratiquement le "PB-2" modifié commence avec le n° 106700 ; sinon on peut toujours démonter le Photomic, installer le boîtier et remonter le Photomic  ;).

Le PB-3

Le second soufflet, le PB-3, est présenté en 1966 ; il s'agit d'un mini-soufflet, relativement peu connu, qui a pour caractéristiques principales d'être très léger (300 g) et de comporter un soufflet de forme octogonale ; son poids et son encombrement réduits permettent d'envisager son transport sur le terrain ; contrairement au "PB-2" il ne permet pas l'orientation verticale du boîtier, et n'est pas prévu pour accueillir un porte-dia/film ; de ce fait la platine arrière porte boîtier est fixe comme pour le Model I.

Son extension maxi permet d'obtenir le rapport 0,9:1 avec le 105mm f4 ; à ce rapport la distance utile depuis le bord de l'objectif est de 190 mm. Paré pour la chasse aux collemboles  :) :

EM + PB-3 +BR2A + 28/2.8 E inversé + BR3 comme pare-soleil et porte-filtre - 950g - 250€ le tout ?
A pleine extension on dépasse les 7x, quand même !

Les PB-4 et PB-5

En 1968 sortira le PB-4, de l'avis de nombreux Nikonistes le meilleur jamais produit, je confirme  :D ; ses caractéristiques sont uniques dans toute la gamme Nikon :
* possibilité de décentrement et de bascule du porte-objectif,
* chariot inférieur faisant office de banc macro, permettant le déplacement AV/AR de tout l'équipage supérieur, boîtier + soufflet + objectif,
* construction qualitative et surdimensionnée permettant des mouvements très doux sans "shifting" (*).
(*) au sens du décalage du champ droite/gauche, comme par ex. avec les objectifs dont l'hélicoïde manque de graisse lorsqu'on inverse le sens de la map.

Il sera suivi en 1970 par son petit frère en version simplifiée : le PB-5 qui reprendra l'étage supérieur du PB-4, avec la même qualité de fabrication, mais sans les mouvements du porte-objectif ; son porte-dia PS-5 est également une version simplifiée du PS-4, amputé du support de film en rouleau et dont le cadre supportant la diapo est fixe, alors que le PS-4 autorise des décentrements horizontaux et verticaux de ce cadre.
Ce modèle est injustement sous-estimé, il se trouve à des prix très compétitifs et est parfait pour du scan de dia, meilleur pour cela que le PB-6 qui souffre de shifting lors du serrage du soufflet.

Le PB-6

15 ans après la sortie du PB-4 et 3 ans après la sortie du F3, en 1983 donc, Nikon présente un nouveau soufflet, le PB-6 ; le concept rompt avec le passé sur plusieurs points :
* les traditionnels rails de guidage jumelés sont remplacés par un monorail à section en diabolo formant 2 glissières, une en partie supérieure pour le guidage du soufflet, l'autre en partie inférieure permettant le déplacement de tout l'équipage,
* un couplage sommaire du diaphragme,
* l'inversion sans bague des objectifs par retournement de la platine avant (pour Ø 52),
* plusieurs accessoires pour former un système élargi répondant aux besoins des macroteurs,
* malheureusement les mouvements de bascule et décentrement ont disparu et Nikon n'a pas jugé utile de proposer en option une platine avant les permettant ; il faudra attendre 15 ans pour que Nikon se décide à sortir un objectif muni des 2 mouvements, le 85mm f2.8 PC.

Le système PB-6 :

au centre : soufflet PB-6 et extension PB-6E, à gauche : reprodia PS-6 et rehausseur PB-6D, à droite : platine macro PB-6M et banc d'approche PG-2.

Le PB-6, nous l'avons dit, permet de séparer la platine avant du soufflet et de la retourner pour inverser l'objectif ; elle comporte un filetage pour insertion d'un filtre au Ø 52 mm :

F3/T + PB-6 + 55mm f2.8 Ais Micro en position normale et en position inversée par retournement de la platine porte-objectif.

Avec l'extension PB-6E, le tirage maximum passe de 208 mm à 438 mm ; avec un objectif de 20 mm inversé comme ci-dessous on atteint un rapport de reproduction de 22,3:1 à pleine extension.
Le PB-6E est muni d'un rail et d'un socle double qui permet de maintenir les 2 rails bout à bout ; son soufflet vient s'insérer entre le soufflet du PB-6 et la platine avant; on conserve ainsi la capacité de retournement de cette platine avant.

Cette même platine comporte une prise pour déclencheur souple qui permet d'actionner le diaphragme en même temps que le déclenchement au moyen d'une commande double ; le levier que l'on voit sur la platine au-dessus de la molette de déplacement contrôle aussi le diaphragme.

FM2 + MD-12 + PB-6 + PB-6E + BR-5 + 20mm f2.8 AFD inversé + AR-10 + PB-6M

La platine PB-6M se fixe en bout de rail et ses 2 clips permettent de maintenir de petits objets ou lames de microscope ; elle est livrée avec 2 plaques centrales amovibles, une opaque et une translucide pour éclairage arrière.
Les rehausseurs dont on voit un exemplaire plus haut ne sont que de peu d'intérêt, ils sont destinés à permettre le passage des monoblocs en rehaussant les platines, mais à l'usage le tout se révèle château branlant.

Enfin pour mention le banc d'approche PG-2 apparenté au système PB-6 ; le support du boîtier est orientable et glisse librement sur le rail, la map précise se fait par déplacement de tout l'équipage sur le sabot doté d'une crémaillère ; le rail du PG-2 peut venir en extension de celui du PB-6, avec le PB-6E on obtient un recul maximum de 668 mm.

D300S + 85mm f3.5 DX Micro + PG-2

Le point qui fâche :

Sur les PB-4 / PB-5, le serrage se fait par pincement du guide, il s'agit donc d'un serrage annulaire qui n'occasionne aucun décalage du champ.
Sur le PB-6, le serrage se fait par avancée d'un pion qui vient pousser sur le rail ; or ce pion en plus d'être très sous-dimensionné, n'est pas centré dans la pièce ; il en résulte au serrage un léger travers "shifting" qui vient d'autant modifier le champ que le rapport de reproduction est élevé.
On se demande comment les concepteurs ont pu passer outre ce défaut qui, selon l'utilisation, ruine la mise en œuvre, et ce pour un matériel présenté comme "haut de gamme" avec le tarif en conséquence.



à suivre les Micro-Nikkor 55-60 mm.

harry*92

Citation de: 7565 le Octobre 07, 2021, 00:16:25
ça c'est du BSA Superpiste !
salut 7565, je ne suis pas sûr de saisir le fond de ta pensée ?
je connais BSA=bon de souscription d'actions, BSA=motos vintage, mais le BSA Superpiste what is it ?
harry

harry*92

Bonjour, je m'aperçois ce matin que toutes les photos postées dans ce fil sont redimensionnées à 150% avec la pixellisation qui va avec ? ?

Pourtant lors de la prévisualisation avant mise en ligne ça ne semblait pas être le cas.

Merci si quelqu'un a une idée, car je ne vais pas continuer ce fil avec des illustrations "sabotées".
harry

seba

Je trouve que la qualité est suffisante.

stratojs

La véritable qualité se trouve dans la réalisation des photos, le texte bien documenté, et la collection proprement dite. Tout cela prime sur la qualité technique du site. Je dis un grand bravo pour Harry, et merci pour le partage de cette magnifique collection.

harry*92

Merci seba, si tu le dis ... j'essaierai de reprendre le fil ce soir si j'ai un peu de temps ... entre le chargement sur casimages, la récupération des liens, la mise en forme du texte c'est un peu chronophage  ;)

Hello stratojs, venant de toi qui connais parfaitement tout cet historique de Nikon, c'est un beau compliment  :)
Et je reconnais bien là ta délicatesse et ta générosité qui t'honorent.
Merci, harry

cyclope35

Bonjour

Allez y doucement, je bave déjà partout sur mon clavier et je fais des cauchemars en pensant à tous les placards qu'il faudrait pour héberger une telle collection!

Maoby

Je suis bien d'accord avec seba et stratojs, vivement la suite ...   :D

jdm


Quelle belle surprise, merci harry*92 !  :)
dX-Man

harry*92

Merci cyclope35, Maoby, jdm pour vos encouragements, je vais essayer d'avancer ce soir, quoiqu'avec France-Belgique il va falloir jongler !

Quant à toi, cyclope, ton problème c'est que tes armoires sont déjà pleines à craquer de précieux, il faudra bien d'ailleurs que tu nous fasses un inventaire de tes Nikon un de ces jours, demande des conseils à Maoby, c'est un bon lui aussi  ;D

Victor


7565

Citation de: harry*92 le Octobre 07, 2021, 00:51:35
salut 7565, je ne suis pas sûr de saisir le fond de ta pensée ?
je connais BSA=bon de souscription d'actions, BSA=motos vintage, mais le BSA Superpiste what is it ?
harry

Ahh c'est vraiment une exclamation de grosse joie de ma part. Je vais tâcher de la faire courte : Pendant le tournage du -cave-se-rebiffe; Jean Gabin et une partie de l'équipe du film passait son temps en bord de piste pour suivre les six jours cyclistes de Paris. Gabin qui avait l'esprit  affuté avait remarqué une publicité en bord de piste qui vantait les mérites extraordinaires d'un nouveau pneu pour moto. et c'est au cour d'une des scène du film (quand Maurice Biraud lui présente le premier faux billet qu'il vient d'imprimer), qu'il s'exclame  - pour marquer son admiration devant le travail accompli - "Ça c'est du BSA Superpiste". Pour ce qui nous concerne, je salue ce travail sur les objectifs macro de Nikon de la façon la enthousiaste que je puisse me permettre dans le cadre de ce forum quia bien de personne comme vous. Avec mes amitiés Nikonniennes.

7565

Citation de: Victor le Octobre 07, 2021, 18:05:39
Non du BSA extrapiste...
Autant pour moi Victor. J'ai tendance rétrospectivement à minimiser les qualités de ce fameux pneu  :D

AlainNx

Merci Harry*92 pour cette rétrospective.
Pour ma part, je continue à préférer le PB-6+PS-6, plus stable que le PB-4+PS-4 qui tourne autour de son axe unique .
Encore bravo pour ta patience !

Verso92

Citation de: harry*92 le Octobre 07, 2021, 08:34:29
Bonjour, je m'aperçois ce matin que toutes les photos postées dans ce fil sont redimensionnées à 150% avec la pixellisation qui va avec ? ?

Rien remarqué de tel...

harry*92

Salut 7565, ah! OK il fallait suivre  :) mais je n'ai pas ta culture cinématographique ... en tous cas merci pour le compliment et heureux que ça te plaise.

Bonsoir AlainNX, mon PB-6 est peut-être un peu fatigué, en tous cas je t'assure qu'à 1:1 entre la platine avant libre et une fois serrée, j'ai au moins 50% du champ qui se balade, donc obligé de décentrer l'objet au pif pour qu'une fois serré il revienne au centre ... par contre avec les PB-4 / PB-5 une fois trouvé le cadrage, le serrage est neutre chez moi.
Tant mieux pour toi si le PB-6 te convient !

Merci Verso92, ben alors je dois me faire des idées, tu me rassures ...

harry*92

II - Les Micro-Nikkor 55-60mm 1/2

Quel Nikoniste n'a pas dans son équipement un 55 ou un 60 Micro-Nikkor ? (et si c'est le cas il est toujours temps d'y pourvoir  ;), Nikon en a fabriqué près de 2 millions en 60 années, le marché ne manque donc pas d'occasions et ce à tous les prix ...).

Car si le Nikon F a apporté à Nikon une notoriété mondiale, les Micro-Nikkor 55-60 auront eux aussi été un sommet de la saga Nikon (je parle au passé car la série s'est arrêtée il y a peu avec l'enterrement du 60mm AF-S, adieu la monture F  :-[, "For Whom the Bell Tolls" écrivait déjà Ernest en 1940 ...).

de gauche à droite :
1-5.5cm f3.5 (1961) preset 1:1,
2-55mm f3.5 (1963) compensating "chrome nose", bague M,
3-55mm f3.5 (1966) compensating "black nose", bague M,
4-55mm f3.5 (1969) P Auto, "pointes de diamant",bague M2,
5-55mm f3.5 (1973) P C, multicoated, "pointes de diamant", bague PK3, mod. Ai,
6-55mm f3.5 (1975) type K, "petits pavés", bague PK3,
7-55mm f3.5 (1977) Ai, "moyens pavés", bague PK13,
8-55mm f2.8 (1979) Ai-S, "moyens pavés", bague PK13,
9-55mm f2.8 (1986) AF 1:1,
10-60mm f2.8 (1993) AF-D, "grands pavés", 1:1,
11-60mm f2.8 (2008) AF-S IF-ED 1:1

Tout a commencé en 1956 lorsque Nikon a présenté son 5cm f3.5 micro en monture S (à ne pas confondre avec le 5cm f3.5 non micro).

article et photos : www.cameraquest.com/nrf50mic.htm

Pour ce faire Nikon s'est inspiré (litote) de la formule Xenotar à 5 éléments en 4 groupes mise au point en 1952 par Schneider-Kreuznach (en fait un dérivé de la formule Double Gauss que l'on retrouve plus ou moins modifiée dans tous les objectifs de type "symétrique").



Pour la petite histoire, comme relaté dans "Thousand and one Nights" tout vient du développement du micro-filmage qui bien que mis au point au 19ème siècle, ne connaîtra son véritable essor qu'après guerre aux Etats-Unis ; pour les anglo-saxons le processus devait permettre de discriminer a minima les lettres c et e ; les allemands allaient un peu plus loin avec l'umlaut ä, ö, ü plus exigeant, mais tout cela était loin de suffire aux pattes de mouche  :) des caractères japonais "kanji", ex. ci-dessous.



Il n'est pas clair si ce sont les firmes US qui se sont adressées à Nikon ou si la Nippon Kogaku s'est lancée d'elle-même voyant un débouché prometteur, toujours est-il qu'il en a résulté ce Micro-Nikkor S 5cm f3.5 aux performances exceptionnelles pour l'époque, optimisé pour le rapport 1:10 proche du rapport 1:12 usité en micro-filmage, citation sur www.mir.com.my :
"At the time that it was introduced it was simply the sharpest 35mm rangefinder lens. At a resolving power of 200-300 lines/mm (some have been measured in excess of 300 lines/mm at the critical F5.6 aperture) no lens available to the public was sharper at that time. It was as sharp or sharper than any film available at the time....".

Pour autant compte tenu des problèmes de parallaxe avec les boîtiers télémétriques, pour un usage "close up" cet objectif ne pouvait être utilisé décemment qu'avec un statif de reproduction ou un soufflet avec chambre reflex, il était d'ailleurs principalement réservé aux professionnels pour des usages de reproduction ou de documentation scientifique ; il s'en écoulera 1 400 exemplaires en + ou - 5 ans.

Le Micro-Nikkor 5.5cm f3.5 (1961-1963, 2 300 ex.)

En 1961 Nikon se décide à sortir une version en monture F en étant confronté, à cause du miroir, à l'augmentation du tirage mécanique de 34.85mm (monture S) à 46.50mm (monture F) ; ils avaient alors 2 solutions : soit modifier la formule optique, soit allonger la focale (on sait que pour les formules symétriques plus la focale est longue plus le groupe arrière s'éloigne du plan focal) ; selon l'adage "on ne change pas une équipe qui gagne" ils ont choisi la seconde possibilité en allongeant la focale de 5mm, ce sera donc le Micro-Nikkor 5.5cm f3.5.

Finie la visée approximative, plus besoin de soufflet et autre chambre reflex, une construction de l'objectif avec une double hélicoïde lui permet d'atteindre directement le rapport 1:1.
Cet objectif est à pré-réglage du diaphragme "preset", à l'inverse des autres objectifs preset de Nikon le 5.5 cm f3.5 Micro a la bague de diaph au-dessous de la bague de va et vient.

Ci-dessus les phases d'érection de l'objectif :
au repos, au rapport 1:2 avec extension de l'hélicoïde supérieure, au rapport 1:1 avec extension de l'hélicoïde inférieure.

Contrairement à ce qui est dit ça et là, d'origine la bague de map ne souffre d'aucune dureté ni difficulté à assurer tout le déploiement ; le mien qui fête ses 60 ans avec sa graisse d'époque est toujours parfaitement souple, un beau compliment pour les compagnons(gnonnes) qui ajustaient méticuleusement chaque exemplaire à la main ; simplement la démultiplication est très importante, il faut 2 tours complets de la bague pour atteindre le rapport 1:1.

La formule optique restant inchangée, cet objectif hérite des qualités de son prédécesseur, un peu de courbure de champ pouvant néanmoins apparaître aux plus forts grossissements ; en n'oubliant pas que sans traitement de surface des lentilles, ces objectifs sont facilement sujets aux flare et ghosts surtout à grande ouverture ; un diaph. de 8 semble un bon compromis.

Malheureusement cet objectif aux caractéristiques ambitieuses ne supportera pas d'être malmené (*) ; il va souffrir de sa complexité et se révéler fragile notamment au niveau des hélicoïdes, donc beaucoup de SAV et coût élevé pour Nikon car chaque objectif devait être recalibré à la main avec des jeux de cales de réglage.
(*) notamment en position inversée à pleine extension l'objectif supportait mal le porte-à-faux en étant tenu par le filetage avant ; Nikon proposait un adaptateur venant se visser sur un filetage au fond du puits, contre la lentille avant ; malgré cela la mécanique stressait.

Ci-dessous extrait de la notice, (pour info dans cette configuration on obtient un rapport de reproduction de 4,2:1) :


Aussi début 1963, soit 18 mois seulement après son lancement, ce modèle est abandonné pour laisser place au 55mm/3.5 Auto à une seule hélicoïde se contentant du rapport 1:2.
Il en aura été produit un petit 2 300 exemplaires, partagés entre 2 versions ne se différenciant que par la hauteur du filetage pour le filtre.

Les Micro-Nikkor 55mm f3.5 "compensating" (1963-1968, 73 000 ex.)

Au repos et en érection au rapport 1:1 (avec bague M) :
Compensating Micro-Nikkor Auto 55mm f3.5 "chrome nose" (1963-1966) env. 21 500 ex.
Idem "black nose" (1967-1969) env. 51 500 ex. - Total env. 73 000 ex.

A partir de 1963 à partir de cette formule optique avec des performances bien réputées Nikon développe de nouveaux objectifs avec une construction plus simple (*) et meilleur marché que leur prédécesseur, et avec des "rabbit ears" de couplage photométrique avec diaphragme auto au lieu du preset ; les ventes commencent à décoller, la courbe de croissance sera exponentielle y compris jusqu'à nos jours.
(*) J'ai dit plus haut que l'on était passé d'une double hélicoïde avec le 5.5cm f3.5 à une simple avec le 55mm f3.5, Peter Braczko prétend le contraire, à savoir que les 55mm f3.5 bien que n'allant qu'au rapport 1:2 ont également une double hélicoïde (2 concentriques ?) pour assurer une map plus douce et plus précise.

[Edit] - Et il a raison le bougre !


Le nez chromé sera abandonné car sujet à réflexions parasites en macro ; ce n'est pas tant la couronne extérieure que les quelques millimètres brillants du filetage interne pour filtres qui seront en cause ; du coup Nikon anodisera le tout en noir à partir de 1967 et retiendra la leçon à l'avenir  ;).

Le "compensating" quèsaco ? Bah tout simplement une idée de nos amis nippons de faire varier l'ouverture avec le grandissement pour garder une exposition constante. Exemple on démarre à f8 à l'infini, lorsqu'on se rapproche du sujet, le diaph va s'ouvrir graduellement pour finir à f5.6 au rapport 1:2, la perte d'1 diaph est ainsi gommée.

On voit que pour que la compensation fonctionne il faut partir d'au moins f5 pour aboutir à f3.5 (en pratique de f5.6 à f4 car f5 n'est pas cranté).
Egalement lorsqu'on ajoute la bague M pour aller au rapport 1:1, il faut corriger la compensation d'1 diaph supplémentaire, sinon mesure à ouverture réelle.

En conclusion, bien que l'on puisse aujourd'hui prendre cela pour du gadget, il semblerait qu'à l'époque pas mal de photographes aient bien apprécié la nouveauté.

Comparatif  [at] f5.6 (soit f11 effectif) au rapport 1:1, même configuration que pour les Bellows Nikkor :



Le 5.5cm f3.5 se défend très bien pour son époque et garde l'avantage sur ses successeurs, les "compensating" avec un meilleur contraste en notant bien qu'ils ont tous été optimisés pour un rapport 1:10 donc très loin du rapport 1:1 testé ici ; en passant d'un objectif allant à 1:1, à des objectifs allant à 1:2 il est probable que la formule optique ait été légèrement retouchée, on peut perdre un peu de contraste et/ou de piqué en améliorant la courbure de champ ou les performances à grande distance par exemple.

Les Micro-Nikkor 55mm f3.5 "classiques" (P, P.C, K, Ai) (1969-1979, 450 000 ex.)

De G à D : 55mm f3.5 P bague M, P.C modifié Ai bague PK3, K bague PK3 et Ai bague PK13.

La génération suivante (1969-1979) conclut la formule optique 5 lentilles / 4 groupes apparue en 1956, avec comme dit plus haut des petites retouches ici ou là sur l'optique ; il est admis que sur les formules optiques au long cours (celle-ci ayant duré 24 ans ...) Nikon procède à de menues améliorations au fil du temps, mais n'étant pas disert à ce sujet ce ne sont le plus souvent que des supputations ; parfois des indices comme par exemple une modification de la map mini peuvent être révélateurs.

En suivant la classification de Roland Vink, 4 versions se succèdent dans cette période :

* 55mm f3.5 P (1969-1973, 120 000 ex.)
idem les "compensating" précédents sauf ... abandon de la compensation, bague de mise au point caoutchoutée type "pointes de diamant" ; pour certains aficionados c'est avec les "compensating" les meilleurs 55mm f3.5 en proxi, voir ci-dessous.

* 55mm f3.5 P.C (1973-1975, 80 000 ex.)
avec traitement anti-reflets multicouches, la formule optique étant légèrement retouchée pour améliorer le piqué à distance, Nikon prenant en compte l'usage répandu d'utilisation de cet objectif comme objectif standard à tout faire. Pour autant les performances proxi n'en auraient pas souffert ; ceci est contesté par certains - dont l'éminent Bjørn Rørslett qui estime qu'à la fois le traitement de surface et la modification optique ont fait perdre de la finesse et du modelé à ce modèle et à ses successeurs.

En repartant du 5.5cm f3.5, le meilleur du test précédent, on poursuit avec le 55mm f3.5 P qui paraît très légèrement moins empâté et le 55mm f3.5 P.C plus terne ; ce sera donc le 55mm f3.5 P notre prochaine référence pour la suite.



* 55mm f3.5 K (1975-1977, 75 000 ex.)
avec caoutchouc "petits pavés" pour la bague de map ; le type K est un type de transition délaissant le style tout métal massif pour un aspect plus moderne qui prépare la génération suivante des objectifs Ai ; type K et type Ai ne se différencient en général que par la baïonnette.
La lettre K pourrait provenir du japonais "konnichi-teki" signifiant moderne, contemporain.
Il est probable que la modernisation du design aille de pair avec la modernisation des lignes de fabrication, certains prétendent que Nikon en aurait profité pour faire quelques économies au sein du produit lui-même ... rien de nouveau sous le soleil donc  ;)

* 55mm f3.5 Ai (1977-1979, 170 000 ex.)
avec moyens pavés et surtout Automatic indexing.
Lorsqu'en 1977 Nikon dévoile le nouveau couplage Ai et modifie la totalité de ses objectifs, ce qui n'est apparemment qu'une modif de la baïonnette, peu soupçonnent combien la complexité du système est reportée sur les boitiers (sauf F2 A et AS avec palpeur sur le Photomic).
Exemple du boîtier FE, c'est quand même une belle usine à gaz  :

http://www.mir.com.my/rb/photography/hardwares/classics/nikonfeseries/fe/tech7.htm

A noter qu'un nombre de conséquent de modèles non Ai seront convertis en Ai avec un kit fourni par Nikon, qui assurait ce service en SAV à l'époque. Aujourd'hui ces kits sont rares à introuvables sur le marché.
Certains amateurs crient au sacrilège, déparant l'objectif de toute valeur de collection ; perso je serais moins catégorique, à partir du moment où le kit est un kit d'usine fabriqué par Nikon et monté par le SAV (*), ça ne me choque pas, contrairement aux modifs à la barbare à coups de lime ... en conclusion pour ce qui me concerne perfectionniste oui, intégriste non  ;).
(*) Il est reconnu que dans les premiers exemplaires Ai, des objectifs "K" ont été simplement modifiés Ai et vendus comme Ai, peut-être pas par Nikon directement mais au moins par certains importateurs ou revendeurs désireux de liquider leur stock.

suite du test, en repartant du 55mm f3.5 P



Entre le 55mm f3.5 P et les K et Ai il est clair que c'est la même optique.

En tout ce seront près de 450 000 exemplaires qui seront produits en 11 ans dans cette série, la croissance exponentielle citée plus haut est en marche ...

à suivre les Micro-Nikkor 55-60 2/2

harry*92

II - Les Micro-Nikkor 55-60mm 2/2

Le Micro-Nikkor 55mm f2.8 AiS (1979-2020, 500 000 ex.)

Fin 1979 Nikon lance le 55mm f2.8 AiS qui, s'il conserve le design du f3.5, n'en est pas moins profondément modifié.
En effet ce gain de 2/3 de diaph s'il va un peu plus dans le concept "bon partout", il ne permet plus de conserver l'ancienne architecture de 1956 tirée du Xenotar, tant en ce qui concerne les aberrations que la dualité proches/lontains.

D'une part on revient à une formule plus symétrique, plus "double-gaussienne", à 6 lentilles en 5 groupes comme pour le 50mm f1.8 Ai :



D'autre part, Nikon y implante son CRC (Close Range Correction à "lentilles flottantes") qui consiste à permettre une augmentation de la distance entre les blocs avant et arrière de l'objectif au fur et à mesure que la map diminue, minimisant la courbure de champ et l'aberration sphérique à faible distance.
Voir l'article de Pierre Toscani pour les explications en détail et les illustrations : http://www.pierretoscani.com/focale.html#focale29

Pour autant cette formule n'est pas la panacée pour un objectif s'arrêtant au rapport 1:2 comme le 55mm f2.8 ; en effet lorsqu'on insère une bague pour aller jusqu'à 1:1, on repart du rapport 1:2 (map sur l'infini) sans CRC jusqu'au rapport 1:1.5 environ ;
or cette CRC est encore plus nécessaire après 1:2 qu'avant puisqu'on continue de s'approcher du sujet ; de plus la CRC est identique au rapport 1:2 sans bague et au rapport 1:1 avec bague alors qu'elle devrait augmenter ;
ce n'est qu'avec les objectifs AF allant directement au rapport 1:1 que cette discontinuité de la CRC sera éliminée.

Au bout du compte, avec ce 55mm f2.8, Nikon aura gagné son pari d'un objectif "à tout faire" ou "bon partout" : il ne cède rien sur la qualité des lointains demandée par les utilisateurs, tout en maintenant, malgré les réserves ci-dessus, les performances des séries précédentes en proxi/macro ;
à f5.6 il me paraît légèrement plus fin que son prédécesseur le 55mm f3.5 Ai.



Malheureusement, rien n'étant parfait dans ce bas monde, le 55/2.8 AiS sera affublé de problèmes de graisse trop fluide polluant le diaphragme, ou bien trop visqueuse entraînant une bague de map dure, le tout sur un nombre d'exemplaires suffisant pour que sa réputation soit durablement entachée ;
ceci provenant (encore !) de la CRC qui rajoute 2 hélicoïdes, soit 4 au total, on comprend que vu toutes les surfaces en contact, les tolérances soient faibles quant à la lubrification, un peu trop fluide ça coule, un peu trop visqueux ça grippe, sans compter les variations de température et d'hygrométrie, etc...

Les 4 hélicoïdes  :D

www.photo.net/discuss/threads/micro-nikkor-55mm-f-2-8-ais-focus-ring-grease-too-stiff.511140/

il faut tout de même relativiser car sur les près de 500 000 exemplaires produits ce sont 1 à 2% d'objectifs défaillants (ce qui fait quand même 5 à 10 000 utilisateurs mécontents et qui le font savoir ...).
A partir de l'année 2000, Nikon sortira une version upgradée, au moins sur cette question de graisse, S/N > 700 000, il était temps alors que le 60mm f2.8 était déjà sorti depuis 10 ans ...
En 2020, après 42 ans de service, le 55mm f2.8 AiS sera discontinué.

Les Micro-Nikkor AF 1:1 (1986-2021, 860 000 ex.)

Micro-Nikkor 55mm f2.8 AF, 60mm f2.8 AFD, 60mm f2.8 AF-S IF ED

* Le 55mm f2.8 AF (1986-1989, 40 500 ex.)

Si l'on excepte la parenthèse F3AF, 1986 est le point de départ de la génération AF avec motorisation dans le boîtier, le premier boîtier élu étant le F501 (N2020) sorti cette même année.
En parallèle une douzaine d'objectifs AF sont présentés, citons pour les fixes les AF 50mm f1.4 et 1.8, les 24, 28, 180mm f2.8 et ... le AF 55mm f2.8 !

25 ans après l'abandon du 5.5cm f3.5, c'est le retour du rapport 1:1 direct dans la famille Micro-Nikkor  :).

Le 55mm f2.8 AF conserve la formule optique du 55mm f2.8 AiS mais contrairement à ce dernier dont la CRC n'était optimisée que jusqu'au rapport 1:2, le 55 AF bénéficie à présent d'une CRC continue jusqu'au rapport 1:1.

Bon finalement le progrès n'est pas renversant, un petit mieux sur le piqué visible sur le grain du papier :



Malheureusement dès sa sortie, cet objectif choquera et sera dédaigné par les Nikonistes décontenancés qui lui reprocheront :
* le look lisse et "plastic like", reproche que l'on retrouvera 2 ans plus tard à la sortie du F4 qui en pâtira également,
* l'extension très prononcée et quelque peu branlante du cône intérieur,
* la bague de mise au point très fine et tout en avant,
* plus quelques autres critiques plus mineures sur les échelles de distance et de grandissement sous la fenêtre, jugées peu lisibles et confusantes car toutes en blanc.

Depuis une quinzaine d'année ce 55mm f2.8 AF semble avoir été redécouvert et avoir retrouvé des couleurs chez ceux qui l'ont essayé, s'attachant plus au fond qu'à la forme.

Pour le reste le cône en extension maxi branle un peu mais on l'oublie rapidement, la bague de map est assez fine mais comme c'est le seul élément strié on l'appréhende sans difficulté en map manuelle, pour les échelles sous la fenêtre, bof ...

En conclusion très bon objectif reprenant la formule optique du légendaire 55mm f2.8 AiS en y ajoutant l'AF et le rapport 1:1, le "bashing" aura raison de lui avec seulement 40 500 exemplaires vendus en 3 ans de production.

35 ans après qu'en est-il du look "plastic like" ?

Bon d'accord ce n'est pas folichon folichon, un truc de costaud (Giugiaro avait dû passer ses vacances chez les teutons  :)) mais le plus important ça faisait et ça fait toujours de très bonnes photos !

A noter que ce "plastic look" et la bague de map étroite sont communs à tous ces objectifs AF 1ère génération sortis en 1986 ; qui se souvient par exemple du 180mm f2.8 AF de cette époque ?

photo : Ken Rockwell www.kenrockwell.com

Enfin une colle (et je n'ai pas la réponse) : à quoi peut bien correspondre cette échancrure dans la bague de map que l'on retrouve sur ces premiers AF (sauf 180mm) ?


(j'ai mis un 28mm et un 35-70mm à côté pour que l'on ne croie pas à un exemplaire défectueux du 55mm, les AF 24mm f2.8, 50mm f1.8 et 1.4, 28-85mm, 35-105mm, 35-135mm tous les trois zoom f3.5-4.5 et le 70-210mm f4 ont aussi cette échancrure, je reprécise pour la 1ère génération d'AF à bague de map mince et finement striée comme ci-dessus)

* Le 60mm f2.8 AF/AFD (1989-2008, 600 000 ex.)

Vu l'échec du 55mm AF, Nikon remet l'ouvrage sur le métier pour parer aux critiques. Esthétiquement on garde la même base, voir photo de groupe au-dessus, on remplace la fine bague de map par une bonne grosse bague caoutchoutée, on châtre la trompette avant et le tour est joué ; ah j'oubliais, à présent les échelles restent en blanc pour les mètres, mais se colorent en jaune pour les feet et en orange pour le rapport de reproduction ...

Ici les 2 objectifs côte à côte à l'extension maxi, on voit que la lentille avant est au même niveau, le 60mm n'est plus court que par suppression de la trompette du 55mm.

Optiquement par contre il y a du nouveau puisqu'à partir de la formule optique du 55mm AF ramenée à 50mm de focale (*) on lui ajoute à l'arrière un TC x1,2 (oui un teleconverter) d'où la focale devenue 60mm (focale portée à 60mm car pour cette formule optique avec TC le tirage était insuffisant avec 55mm de focale (**)).

on voit bien l'ajout du doublet AR divergent formant TC, de ce fait on passe d'une formule 6/5 pour le 55mm f2.8 AF à une formule 8/7 pour le 60mm f2.8 AF/AFD.

Alors pourquoi cet ajout d'un TC à une formule optique ayant largement fait ses preuves et continûment améliorée dans la série des 55mm ?
* la première raison est objective : réduire le déplacement du bloc optique avant pour accélérer l'AF ; de fait le déplacement est réduit de 66mm (55mm AF) à 53mm (60mm AF) soit -20% (*),
* la seconde est plus subjective, l'ingénieur Hamanishi en charge de ce développement chez Nikon était familier des formules complexes, très féru de TC qu'il avait implémenté dans le 105mm AF développé parallèlement au 60mm AF.
(*) http://www.pierretoscani.com/focale.html#focale29
(**) https://imaging.nikon.com/history/story/0074/index.htm

L'inconvénient de cette formule étant la diminution continue de la focale au fur et à mesure de l'accroissement du rapport de reproduction ; dans le cas du 60mm AF la focale descend à 50mm au rapport 1:1, ce sera beaucoup plus prononcé avec le 105mm AF.
Pour autant la "working distance", rappelons-le la distance entre le bord avant de l'objectif et le sujet, s'améliore à 1:1 puisque l'on a coupé la trompette si proéminente ; elle passe de 53 mm pour le 55mm AF à 73 mm pour le 60mm AF ce qui n'est pas négligeable pour éclairer le sujet, au détriment de la lentille avant moins protégée du flare.

Perso (et je ne suis pas le seul !) je l'ai toujours trouvé un peu en retrait du 55mm AF (et du 55mm AiS) aux forts grandissements, ci-dessous au rapport 1:1 :



Par ailleurs on peut reprocher au 60mm f2.8 AFD la très faible amplitude de la bague de map :
- les 55mm non AF demandaient 300° pour passer de l'infini à 1:2, super précision de la map,
- le 55 mm AF descend à 110° pour aller au rapport 1:2 et 225° pour 1:1, c'est 3 fois moins mais encore limite supportable en map manuelle,
- le 60mm AF demande 75° pour aller à 1:2 et 150° pour 1:1, moins de ½ tour ! ! autant dire que tout a été sacrifié pour la rapidité de l'AF et l'usage "à tout faire", ceci devenant très handicapant avec les boîtiers Z qui - honteusement - n'en supportent pas l'AF et envoient au tapis des dizaines de millions d'objectifs AF/AFD. Shame on you Nikon.

Mais pas d'inquiétude, la presse lui réservera un accueil dithyrambique, les leaders d'opinion l'encenseront, conséquence les acquéreurs se presseront pour obtenir la merveille, il s'en écoulera 600 000 ex. AF + AFD en près de 20 ans, très joli palmarès  ::).

* Le 60mm f2.8 AF-S IF ED (2008-2021, 220 000 exemplaires )

En 2008, avec l'implémentation du moteur AF dans l'objectif, Nikon reformule complètement son 60mm f2.8 micro en le dotant de l'IF mettant fin à tout allongement ; la formule optique passe à 12 éléments en 9 groupes avec 2 lentilles asphériques, 1 lentille en verre ED et 1 lentille à traitement nano-cristal.



Les blocs avant et arrière formés chacun de 3 lentilles sont fixes, les blocs centraux coulissent pour assurer l'IF et la CRC ; ces déplacements réduits ajoutés au moteur SW interne assurent une map ultra rapide sur toute la plage de grandissement.

Au rapport 1:1, on constate un léger progrès du piqué par rapport au 55mm/2.8 AF en notant le risque de flare avec la lentille avant affleurante ; aux grands rapports de reproduction on ne peut plus utiliser le pare-soleil compte tenu de la baisse de focale ; au rapport 1:1 on se retrouve avec une "working distance" d'environ 49 mm sans pare-soleil et 20 mm avec, il serait quasiment impossible d'éclairer le sujet.


note : pour le 60mm f2.8 AF-S, pour avoir f5.6 réel à 1:1, il faudra afficher sur le boîtier une ouverture effective de f9.5 (+ 1 ½ diaph).

par ailleurs le chromatisme apparaît très vite dans le plan de focalisation dès que l'on s'écarte un tant soit peu de la map idéale, c'est la contrepartie des formules complexes modernes beaucoup plus pointues quant à la map, les formules anciennes plus simples étant plus tolérantes avec une courbe de map plus plate.

Conclusion : c'est l'aboutissement chez Nikon des objectifs bons partout, avec en prime AF-S et VR ; reste la baisse de focale qui raccourcit la distance de mise au point et empêche l'utilisation en macro ; au rapport 1:2 on est encore confortable avec une WD de 67mm avec le pare-soleil.

En 2021, après 13 ans de production, cet objectif est déclaré "discontinued".
https://nikonrumors.com/2021/06/12/nikon-continues-to-discontinue-nikkor-f-mount-lenses.aspx/

Au final quel est le progrès en près de 50 ans entre le 5.5cm f3.5 de 1961 et le 60mm f2.8 AF-S de 2008 ?



On voit que sur ce seul critère du piqué au rapport 1:1 au centre, le progrès est là mais peut-être pas à la hauteur des améliorations et transformations successives que Nikon a entreprises ; pour autant il faudrait mettre en parallèle la courbure de champ, le chromatisme, la distorsion, la résistance au flare et aux ghosts, les autres grandissements : à l'infini, au rapport 1:10, au rapport 1:2 etc... pour en rester aux simples critères optiques, sans parler des fonctionnalités offertes AF-S et VR et ... un peu d'embonpoint !

à suivre les Medical-Nikkor

seba

Citation de: harry*92 le Octobre 07, 2021, 20:56:32
Pour ce faire Nikon s'est inspiré (litote) de la formule Xenotar à 5 éléments en 4 groupes mise au point en 1952 par Schneider-Kreuznach (en fait un dérivé de la formule Double Gauss que l'on retrouve plus ou moins modifiée dans tous les objectifs de type "symétrique").

En fait le Xenotar trouve son origine dans l'objectif Unilite de Wynne, objectif standard du Wrayflex.

seba

Citation de: harry*92 le Octobre 07, 2021, 20:56:32
(*) notamment en position inversée à pleine extension l'objectif supportait mal le porte-à-faux en étant tenu par le filetage avant ; Nikon proposait un adaptateur venant se visser sur un filetage au fond du puits, contre la lentille avant ; malgré cela la mécanique stressait.

Pourquoi mettre l'objectif en extension en position inversée ? Le bloc optique reste fixe par rapport au film.

seba

Citation de: harry*92 le Octobre 07, 2021, 20:56:32
(*) J'ai dit plus haut que l'on était passé d'une double hélicoïde avec le 5.5cm f3.5 à une simple avec le 55mm f3.5, Peter Braczko prétend le contraire, à savoir que les 55mm f3.5 bien que n'allant qu'au rapport 1:2 ont également une double hélicoïde (2 concentriques ?) pour assurer une map plus douce et plus précise.

Je pense qu'il veut dire par là que la bague de mise au point avance également lors de la mise au point.

seba

Citation de: harry*92 le Octobre 07, 2021, 20:56:32
Le "compensating" quèsaco ? Bah tout simplement une idée de nos amis nippons de faire varier l'ouverture avec le grandissement pour garder une exposition constante. Exemple on démarre à f8 à l'infini, lorsqu'on se rapproche du sujet, le diaph va s'ouvrir graduellement pour finir à f5.6 au rapport 1:2, la perte d'1 diaph est ainsi gommée.

On voit que pour que la compensation fonctionne il faut partir d'au moins f5 pour aboutir à f3.5 (en pratique de f5.6 à f4 car f5 n'est pas cranté).
Egalement lorsqu'on ajoute la bague M pour aller au rapport 1:1, il faut corriger la compensation d'1 diaph supplémentaire, sinon mesure à ouverture réelle.

En conclusion, bien que l'on puisse aujourd'hui prendre cela pour du gadget, il semblerait qu'à l'époque pas mal de photographes aient bien apprécié la nouveauté.

C'était pour éviter de faire une correction lors d'une mesure non TTL.
A noter que Nikon a repris le principe de la compensation de l'ouverture pour les objectifs macro actuels, de manière à garder une ouverture effective constante.