Nikon rétro : les Micro-Nikkor

Démarré par harry*92, Octobre 06, 2021, 23:46:32

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harry*92

Salut Seba, je te trouve en forme ce matin  ;)
CitationEn fait le Xenotar trouve son origine dans l'objectif Unilite de Wynne, objectif standard du Wrayflex.
Dont acte
CitationPourquoi mettre l'objectif en extension en position inversée ? Le bloc optique reste fixe par rapport au film.
Bah je ne vois pas bien où tu veux en venir ? Ce n'est pas à toi que je vais apprendre l'intérêt d'inverser l'objectif en macro au-dessus de 1:1, sinon tu pourrais demander à Nikon à quoi ça sert, j'ai mis l'extrait de la notice où ils donnent le schéma de montage avec l'accessoire M/B qui permet de moins stresser l'objectif en inversé.
CitationJe pense qu'il veut dire par là que la bague de mise au point avance également lors de la mise au point.
Ben moi je n'interprète pas sa pensée, on pouvait raisonnablement imaginer qu'en passant d'un objectif allant à 1:1 vers un objectif s'arrêtant à 1:2, on pouvait faire l'économie d'une hélicoïde ; Braczko dit que non et je dis simplement qu'il a raison avec éclaté de l'objectif s'arrêtant à 1:2 à l'appui.
CitationA noter que Nikon a repris le principe de la compensation de l'ouverture pour les objectifs macro actuels, de manière à garder une ouverture effective constante.
Pas à partir de 2.8, il faut partir d'au moins l'ouverture effective mini à 1:1, f4.8 pour un 60mm AF-S par exemple, pour que l'afficheur indique une ouverture constante sur toute la course de la bague de map.

juste mon point de vue, je reste à ton écoute  ::)
harry

seba

Inverser l'objectif oui mais pourquoi le mettre en extension ? Ca ne modifiera pas le tirage.

Pour l'hélicoïde je ne sais pas, chez Nikon pratiquement tous les objectifs avaient une hélicoïde double, même ceux avec un petit allongement de tirage.

harry*92

Citation de: seba
Inverser l'objectif oui mais pourquoi le mettre en extension ? Ca ne modifiera pas le tirage.
Je suis d'accord avec toi qu'en position inversée, la distance optique/capteur ne variant pas , ça ne sert à rien de déployer l'objectif ; mais regarde bien l'illustration de la notice, c'est Nikon qui représente cet objectif complètement déployé, cela a peut-être incité des utilisateurs ? Toujours est-il qu'ils sembleraient avoir eu beaucoup de retours, je n'en sais pas plus.

Il y a encore beaucoup de pédagogie à faire en matière de macro, il n'y a qu'à voir les marroniers sur les ouvertures effectives ou l'utilisation d'accessoires comme bagues, bonnettes, etc..
Pour ceux que ça intéresse je recommande le site de feu Gérard Thérin, un astronome amateur et photographe de grande qualité humaine et technique, disparu trop tôt comme d'autres ..., qui n'aura jamais lésiné sur le partage de son expérience : http://www.naturepixel.com/technique.htm
CitationPour l'hélicoïde je ne sais pas, chez Nikon pratiquement tous les objectifs avaient une hélicoïde double, même ceux avec un petit allongement de tirage.
Les faits confirment ton propos, il y en a même 4 sur le 55 Ais comme illustré  ;)

luistappa

Je viens de découvrir le fil et bien Harry ça c'est du lourd.
Merci pour l'effort de partage.

Je ne voit pas quoi ajouter, je vais rester là sur ce fil à regarder.
Nikon F6/D500/Z5 - Sony A7II

harry*92

Pour illustrer ce que donne un pauvre petit vieux de près de 60 ans, avec 5 malheureuses lentilles, pas de ED, pas d'asphérique, pas de nano coating, pas d'AF-S, pas de VR, etc..., etc..., mais tout métal pas comme ces jeunots en plastoc, j'ai nommé le 5.5cm f3.5 micro, voilà ce que donne la photo d'une coupe de ver ascaris, beurkh sale bête, au grandissement de 3,5:1 environ, crop 100% sur Z6 à f5.6, objectif inversé sans extension (pour faire plaisir à seba) et sur PB-6 (pour faire plaisir à AlainNX) ; ceci dit c'est vrai que le pb-6M en bout de rail est bien pratique pour tenir la lame de microscope.


harry*92

Citation de: luistappa le Octobre 08, 2021, 18:36:40
Je viens de découvrir le fil et bien Harry ça c'est du lourd.
Merci pour l'effort de partage.

Je ne voit pas quoi ajouter, je vais rester là sur ce fil à regarder.
Salut luis, merci pour ton passage, tu découvres une de mes occupations pendant le Covid et ça m'a bien plu de concocter une synthèse de tous ces objectifs ; j'espère que chacun trouvera un détail ou une caractéristique méconnus, car moi j'ai appris plein de choses en rédigeant ça !

Maoby

Ou comment tourner une situation négative en résultats positifs, encore bravo ! harry*92

harry*92

Hello Maoby, toujours là pour encourager, merci c'est très sympa  ;)

harry*92

Là je vais mettre en ligne la suite, mais connaissiez-vous ce message du forum ?



Comme mes posts font entre 20 et 30 000 caractères, je dois les couper en 2, punaise je n'en reviens pas d'être aussi bavard  :-[

harry*92

III - Les Medical-Nikkor 1/2

à gauche Medical-Nikkor 200mm f5.6 V1 (1962)
au centre Medical-Nikkor 200mm f5.6 V2 (1972)
à droite Medical-Nikkor    120mm f4 IF (1981)

Le Medical-Nikkor 200mm f5.6 V1 (1962-1972, 6 750 ex.)

Comme rappelé dans le précédent post, en 1961 Nikon présente le Micro-Nikkor 5.5cm f3.5 allant directement au rapport 1:1 à destination principalement des scientifiques de plus en plus en plus désireux de se constituer des banques d'images proxi/macro et de pouvoir illustrer leurs publications. Reste qu'aux rapports élevés la distance utile se réduit drastiquement (53 mm à 1:1) ce qui peut-être insuffisant et limite les possibilités d'éclairage du sujet.

Parallèlement Nikon avait lancé toujours en 1961 son 20cm f4 à 4 lentilles, formule optique dérivée du Télé-Tessar de Zeiss. Aussi ils profitèrent de cette base pour lui ajouter un système de flash électronique annulaire. Pour ce faire ils durent réduire le diamètre de la frontale de 50 à 38 mm afin de garder à l'objectif des dimensions et un poids acceptables, d'où la perte d'1 diaph (voir sur la photo ci-dessus le diamètre du 120mm f4 avec flash annulaire, on imagine la monstruosité d'un Medical-Nikkor 200mm f4 ...).
Finalement, malgré son aspect imposant, ce Medical-Nikkor ne pèse que 670 g, la réduction de taille des lentilles compensant l'électronique embarquée.

Le père et le fils ... (ici le 200mm f4 à 4 lentilles avec bague de map métal, à partir de 1975 il passera à 5 lentilles avec bague de map caoutchouc)

Ainsi naquit fin 1962 le Medical-Nikkor 200mm f5.6 avec flash au xénon incorporé et distance de travail confortable, voire indispensable en salle d'opération par exemple (220 mm au rapport 1:1). Cerise sur le gâteau le rapport maxi s'élève à 3:1 toujours sans soufflet et avec encore 70 mm de distance de travail, pour la plus grande satisfaction des utilisateurs comblés par cette avancée technologique (pour mémoire la première torche électronique de Nikon, la SB-1, ne sortira que 7 ans plus tard en 1969).

L'appellation "Medical-Nikkor" a correspondu à la cible visée initialement, dentistes, dermatos, chirurgiens, etc .. mais dans la réalité de nombreux utilisateurs tels zoologistes, botanistes, géologues, chercheurs, scientifiques, et aussi numismates, philatélistes, horlogers, etc ... y ont trouvé leur bonheur pour de la proxi/macro avec un excellent résultat.

La formule optique est composée de 4 lentilles en 4 groupes, comme déjà dit inspirée du Tele-Tessar de Zeiss, lui-même évolution du Tessar (qui signifie quatre en grec) de 1902 :


La map est fixe, on fait le point en avançant/reculant.

Les divers grandissements sont obtenus avec un jeu de 6 bonnettes (1/8x, 1/6x, 1/4x, 1/2x, 1x, 2x) utilisées seules ou en duo ; ainsi en sus du grandissement natif de l'objectif (1:15) on obtient 15 combinaisons possibles (C6/2) soit un total de 16 grandissements allant de 1:15 à 3:1.

Les bonnettes sont à lentille simple sauf la 2x achromatique à 2 lentilles ; Nikon recommande de monter la bonnette la plus faible en premier et déconseille d'empiler plus de 2 bonnettes ; mais rien n'empêche de monter 2 bonnettes 2x si dispo  ;).

Pourquoi des bonnettes alors qu'habituellement pour atteindre un rapport > 1:1 on a recours à du tirage soit par allongement de l'objectif (ex. : Canon MP-E), soit par utilisation de bagues allonge ou de soufflets ? Si les bonnettes ont l'inconvénient d'amener des aberrations sur les bords de l'image (moins avec les achromatiques à 2 lentilles mais quand même), elles ont l'énorme avantage de ne pas perdre de diaphs puisque pas de tirage ; un Medical-Nikkor de f5.6 reste à une ouverture réelle de f5.6 au rapport 3:1 ! Un gros avantage pour faire la mise au point ...

Le fonctionnement s'apparente à celui du Nikkor 45mm f2.8 GN, (enfin plutôt l'inverse car le GN est sorti en 1968, 6 ans plus tard) mais qui je pense est plus connu.



On commence par régler la sensibilité de 10 à 800 ASA avec la bague de couplage inférieure ; ceci détermine le nombre-guide NG du flash (ici environ 15 en N&B à 100 ASA) ; on voit 2 repères pour les ASA, un rouge et un blanc, Nikon préconise de les utiliser respectivement pour des pellicules couleur et N&B (il y a quand même 1 IL d'écart, réponse différente des films à la lumière du flash xénon ?).
Ensuite avec la bague au-dessus on indique le rapport de reproduction correspondant aux bonnettes installées ; ce rapport de reproduction va fixer la distance de map qui elle-même induit le nombre d'ouverture selon l'identité NG = distance (en m) x diaph.
A noter que Nikon s'est planté dans la gravure des rapports de reproduction, après 1x, 1.5x, on trouve 3x puis 2x ... Non seulement cette erreur (connue) affecte toute la série, mais pis elle sera encore là sur la V2, 10 ans plus tard ! !
L'usage est donc très facile, 1-la sensibilité du film, 2-le rapport de reproduction, 3-la map en se déplaçant, 4- fire !

Comme la puissance du flash est fixe et que le contrôle TTL n'est pas encore d'actualité, le réglage proposé n'est qu'indicatif, c'est celui qui théoriquement donnera la bonne exposition ; si l'on souhaite sur ou sous-exposer pour s'adapter à l'albédo du sujet par exemple, rien n'empêche de changer le diaph avec la bague supérieure, sans incidence sur le rapport de reproduction qui ne dépend que des bonnettes installées.

L'alimentation électrique s'effectue via une broche à 4 pins visible sur l'objectif ou le transfo ci-dessous ; en regardant bien la photo de l'objectif plus haut, on voit que les 2 pins de gauche sont plus gros que ceux de droite ; compte tenu de la faible place disponible dans l'objectif, la haute tension continue est déjà délivrée directement par le transfo ; en mesurant les tensions de sortie on trouve 250 V DC entre les 2 gros pins et 3 V AC entre les 2 petits, ces 3V étant pour l'alimentation des 4 mini lampes pilotes.

Ci-dessus le transfo standard, alimentation de 100 à 240 V AC, sorties 250 V DC et 3 V AC.
Ainsi alimenté le flash délivre 60 joules, l'éclair dure 1/500 s avec une TC de 6 000 K et le temps de recyclage est de 13 s (bah c'était il y a 60 ans, heureusement on fera mieux ensuite  :)).
Pour la synchro, Nikon préconise pour le F : 1/30 s et sélecteur sur FX, pour les Nikkormat jusqu'au FTn : 1/60 s et borne X.

Sur commande ("special order") une alimentation sur piles pouvait être obtenue ; le point délicat était la nécessité d'une pile 240 V DC (oui ça a existé !) introuvable aujourd'hui et pour le moins dangereuse.

Une photo de la bête :


Vue d'ensemble, la présentation était soignée mais le tout coûtait un bras d'où une clientèle surtout professionnelle et des quantités relativement limitées, environ 6 750 ex. en 10 ans :

A noter : sur l'objectif, bouton jaune pour allumage des lampes pilote, lettres A B C D sur le fût pour impression datas sur le film (dont rapport de reproduction) ; sur le boîtier, cache noir sur la griffe du flash car risque d'électrocution sur les contacts qui sont en // de la prise synchro ; toutefois l'électrocution en question est plus désagréable que dangereuse, 30 V DC ici (ce sera beaucoup plus sur le suivant : 90 V DC).

Un article intéressant de Marco Cavina où il compare ce Medical-Nikkor à d'autres objectifs au rapport 3:1 ; on y voit en particulier que cette formule Tele-Tessar offre une résistance supérieure envers la diffraction ; traduction de l'italien :
https://translate.google.com/translate?sl=auto&tl=fr&u=http://www.marcocavina.com/articoli_fotografici/TEST_macro_3x/00_pag.htm

Le Medical-Nikkor 200mm f5.6 V2 (1972-1979, 12 400 ex.)

En 1972, l'année suivant la sortie du F2, Nikon offre une version relookée de son 200mm f5.6 avec quelques améliorations ; rien de majeur car à part un traitement anti-reflets multi-couches NIC à partir de 1974, la formule optique et le principe de fonctionnement sont inchangés.

Ci-dessus juste un crop de la première photo de présentation, afin de voir les 2 versions côte à côte.

On remarque que :
1-le design est plus rectiligne, fini les ondulations avec autant de diamètres que de bagues ; on retrouve la bague chromée finement rainurée, signature des objectifs Nikkor ; ici elle n'est pas fixe mais remplace la bague A B C D pour définir les datas incrustées dans la photo ; une petite fenêtre de contrôle de ces datas a été rajoutée au-dessous de la bague,
2-l'ordre des bagues et des échelles a été inversé, les ASA en haut, les rapports au-dessous, les diaphs en bas là aussi comme les autres Nikkor ; on voit qu'à droite de l'index en losange pour les ASA, il y a un repère ¼, nous y reviendrons,
3-un code couleur a été rajouté aux bonnettes,
4-la borne d'alimentation est passée à 3 plots, rendant les transfos incompatibles entre les 2 versions.

Pour les points 1 et 2 pas de commentaire spécial, pour le point 3 voici les bonnettes relookées (à noter ces nouvelles bonnettes reçoivent un traitement anti-reflets amélioré) :

C'est sur le point 4 concernant l'alimentation électrique que résident les plus grosses différences :
* le transfo LA-1 à raccorder au réseau électrique, ne délivre plus que du courant continu DC, on peut donc avoir un pôle (-) commun d'où la réduction de la borne à 3 pins, alors que la V1 sortait 2 bornes en continu DC et 2 bornes en alternatif AC ; la mesure des tensions donne à présent 450 V DC (danger ! !) pour le flash et 3 V DC pour les lampes pilotes (contre 250 V DC et 3 V AC pour la V1).
Il en résulte un flash plus performant, éclair de 1/1 000 s et temps de recyclage de 5 s (vs 1/500 s et 13 s).
* le transfo possède un commutateur en façade limitant la puissance de sortie à ¼ de la valeur "full" ; cette option permet d'ouvrir le diaph de 2 valeurs au même rapport de reproduction pour limiter la diffraction et aussi d'éviter la surex pour des sujets très brillants.
Pratiquement avec la bague supérieure on décale la valeur ASA sur l'index ¼ au lieu du losange, on ne peut faire plus simple.

Alimentations LA-1 AC et LD-1 DC pour Medical-Nikkor 200mm f5.6 v2

* Nikon propose une nouvelle alimentation LD-1 sur piles, avec cette fois uniquement des piles 1,5V (8 x type D, les grosses  :)) ; elle est aussi performante que l'alim réseau sauf temps de recyclage 9 s au lieu de 5 s, et possède aussi un sélecteur ¼ ; avec un jeu de 8 piles alcalines, Nikon indique 600 éclairs à pleine puissance, 1 400 éclairs à puissance ¼, d'où l'intérêt également de cette dernière option.

La tension de coupure, récupérable sur la griffe porte-flash est de 90 V DC sur ce modèle, là ça chatouille vraiment, mieux vaut monter le cache ...

En autonome, paré pour la chasse aux bébêtes ...


ou à la salle d'op. ...


(document Nikon)

Il s'en écoulera environ 12 400 ex. en 7 ans, soit le double de la V1 en 10 ans, peut-être le signe de sa diffusion au-delà du monde professionnel et certainement boosté par l'alimentation portable avec piles 1,5V au lieu de la contestable pile 240V.

Pour le test de piqué à 1:1 au centre, rien de flagrant entre les 2 versions :


ici f11 qui correspond au diaphragme effectif d'un objectif "normal" à f5.6 avec tirage.

A suivre les Medical Nikkor 2/2

harry*92

III - Les Medical-Nikkor 2/2

Le Medical-Nikkor 120mm f4 IF (1981-1998, 23 200 ex.)

En 1981, peu après la sortir du F3, Nikon refond complètement son modèle Medical-Nikkor et présente le nouveau 120mm f4 IF

On voit que si la formule du Tele-Tessar (en gris) a été conservée tout en l'améliorant notablement par doublement des lentilles dans chaque groupe, la novation provient du doublet en bleuté dont le déplacement modifie le rapport de reproduction (et donc la map) ; c'est en fait une adaptation d'une formule zoom qui est utilisée ici.
Rien d'étonnant car le développeur chargé de "rafraîchir" la gamme des Medical-Nikkor était un spécialiste des zooms (dont les 8,5-25 et 20-60 cm des années 60 très innovants à l'époque.
Pour passer à f4 en conservant un diamètre et une masse raisonnables (98 mm et 890 g), il a fallu abaisser la focale à 120mm, la distance de travail se réduisant d'autant ; un Medical-Nikkor de 200 mm f4 aurait eu un diamètre de 125mm (comme un AFS 200 mm f2 ;-))et une masse de l'ordre de 1 500 g.

Le 120mm f4 IF, à droite avec sa bonnette 2x ; au lieu des 4 lampes pilotes précédentes, une seule subsiste sous le capuchon amovible, en 12V à présent ; sur la vue de gauche le gros bouton rectangulaire, lorsque enfoncé, permet l'impression du facteur de reproduction.

Nativement ce 120mm assure des rapports de reproduction de 1:11 à 1:1 ; avec sa bonnette dédiée 2x achromatique à 2 lentilles, ces rapports deviennent de 1:1,25 à 2:1.

Malheureusement alors que Nikon avait sorti en 1980 concomitamment au F3 le flash SB-12 qui assurait le contrôle TTL avec ce dernier, le Medical-Nikkor 120mm f4 n'en profitera pas, il faudra donc toujours régler les paramètres en manuel comme précédemment, mais avec une différence notable : alors que sur le 200 mm la puissance du flash était fixe (éventuellement réduite à ¼ sur la V2), sur le 120 mm la rotation de la bague ASA/ISO modifie continûment l'énergie émise ; aussi à partir du réglage standard proposé par l'objectif, il y a possibilité de gérer la sur-ex/sous-ex en agissant sur le réglage ASA/ISO ; cela permet, par exemple de gérer des surfaces à forte réflectivité (ex. numismatique), ou encore dans une certaine mesure d'utiliser le flash en fill-in en montant les ISO ce qui diminue la puissance émise.

Une fois l'ISO sélectionné, il est possible :
* soit d'appliquer la méthode vue avec le 200mm f5.6, affichage du rapport de reproduction souhaité et déplacement jusqu'à la distance de map correspondante,
* soit de profiter de l'IF pour faire la map depuis le point de vue choisi, en tournant la bague du rapport de reproduction ; la bague affichera alors le rapport résultant.
La "working distance" depuis le bord de l'objectif est de 17 cm (1:1) et de 7 cm (2:1) ; par comparaison celle du 200mm f5.6 est de 22 cm (1:1), 11 cm (2:1) et 7 cm (3:1).

Si on peut régler l'intensité du flash via la bague des ISO, on reste pour autant toujours contraints par des diaphs de forte valeur dès que les rapports de reproduction augmentent, puisqu'il y a couplage entre les rapports et les diaphs ; quelques parades :

* la méthode chirurgicale qui consiste à désosser l'objectif pour supprimer ce couplage et libérer le diaphragme, encore faut-il trouver le chirurgien ad'hoc qui devra aussi installer une puce pour commander le diaph depuis le boîtier ; cf propos de Bjorn Rorslett :
https://www.fotozones.com/live/index.php?/forums/topic/18022-another-forgotten-gem-the-120-mm-f4-if-medical-nikkor/

* la méthode gratuite : monter la bonnette 2x dès que possible (rapports > 0,8x), au rapport 1:1 on gagne 3 1/3 diaphs (f32 -> f10), voir photo ci-dessous ; d'après mes essais à 1:1 on a de meilleurs résultats au centre avec la bonnette, a priori en réduisant fortement la diffraction.


* la méthode spéciale Nikon Z : il existe chez K&F Concept un adaptateur F -> Z muni d'une bague contrôlant le diaph qui permet donc de s'affranchir du couplage.


Le flash délivre toujours 60 joules ; compte tenu de l'augmentation de diamètre du 120mm par rapport au 200mm, la surface du flash double pratiquement de 27,5 à 54 cm2 d'après mes mesures ; cela donne un éclairage plus doux et moins "fromage blanc" aux forts rapports ; pour autant la lumière reste toujours assez plate ...

Alimentations LA-2 et LD-2 pour Medical-Nikkor 120mm f4 IF.

Bien entendu les alimentations, la connectique, tout change une nouvelle fois ; bah oui on est chez Nikon au diable les petites économies !
Il faut néanmoins reconnaître des progrès :
* l'alimentation nomade LD-2 s'est réduite d'un facteur 3 grâce aux 8 piles AA, et tient à présent dans une poche de parka,
* la connectique (qui revient aux 4 pins) est plus sécurisée avec l'utilisation de connecteurs type "cannon" côté transfo,
* en sus du câble SC-20 à 2 pins : objectif -> prise synchro (jack), est fourni un câble SC-22 à 3 pins : objectif -> sabot pour griffe flash ; lorsque monté sur le F3 (avec adaptateur AS-4 ou AS-7) ce câble commute automatiquement la synchro flash du boîtier sur 1/80 s.

câbles SC-20 et SC-22 pour Medical-Nikkor 120 mm f4 IF

Ces nouvelles alimentations délivrent 330 V DC sur les 2 pins HT et 12 V sur les 2 pins BT ; le temps de recyclage est de 4 à 6 s avec l'alim AC sur secteur (*), de 4 à 9 s avec l'alim DC sur piles  avec environ 450 éclairs.
(*) temps donnés par Nikon, la mienne ne dépasse jamais 1 s de recyclage ? Peut-être le précédent propriétaire a-t-il upgradé les condensateurs avec des capacités supérieures ?

En autonome avec bague de contrôle du diaphragme sur Z6 :

Il s'en écoulera environ 23 200 ex. de 1981 à 1998, date de l'arrêt définitif de cette série des Medical-Nikkor ; seuls des flash annulaires continueront d'être proposés avec des possibilités TTL à partir de 1986 (SB-21) ; à cette même date, Nikon ne fera pas l'effort d'upgrader son 120 mm f4 en lui offrant le contrôle TTL, ce qui est incompréhensible car si Nikon a su copier-coller le flash du Medical-Nikkor pour réaliser ses premiers flash annulaires (SR-1 : 1971, SR-2 : 1975), on ne voit pas bien ce qui l'empêchait de faire l'inverse en 1986.

A 1:1, le 120mm f4 paraît légèrement en retrait de ses prédécesseurs 200mm f5.6 :



Les "ringflash" SR-1 et SR-2 (+ SM-1 et SM-2)

Un petit paragraphe sur les flashes annulaires "ringflash" Nikon contemporains des Medical-Nikkor.

Comme déjà mentionné, c'est en 1969 que Nikon commercialise sa première torche électronique, le SB-1, que l'on peut penser fortement inspiré par l'allemand Braun qui équipait les photographes pro depuis déjà 10 ans avec ses fameux "Hobby Flash".

le SB-1 de Nikon est contemporain du Braun RL-515.


Braun © David Dyer-Bennet : http://dd-b.net/ddbcms/2017/01/first-good-flash-i-owned/
Nikon © Nico van Dijk : http://www.nicovandijk.net/

Pour la petite histoire Braun fut racheté en 1967 par le barbier américain Gillette qui manifesta peu d'intérêt aux produits Braun hormis les rasoirs, qui l'eût cru ? Et pour conclure la descente aux enfers (*) c'est le lessivier Procter & Gamble qui en 2005 ramassa Gillette avec le peu qui restait de Braun.
(*) je n'ai rien de spécial contre ces marques, simplement le regret de voir ce précurseur en électronique (cf la hi-fi également) et au design original très épuré, dissous dans le broyeur financier de majors américaines.

Pour revenir à notre sujet, Nikon dote son flash SB-1 de nombreux accessoires dont en 1971 les flash annulaires SR-1 et SM-1 qui sont simplement la composante flash du Medical-Nikkor 200mm f5.6 V1 (le SR-1 est muni d'un filetage 52 mm mâle pour être monté en frontal d'un objectif, le SM-1 est un mini SR-1 muni d'une baïonnette Nikon F femelle pour être monté sur un objectif inversé ; en fait le SR-1 avec une bague BR-3 se monte parfaitement sur un objectif inversé.

L'inconvénient réside dans le fait que ces "ringflash" ne puissent être alimentés que connectés à la torche SB-1 qui doit donc être présente en même temps ; simplement dans ce cas le câble de synchro n'est raccordé qu'au flash annulaire, la torche restant inopérante.

Les SR-1 et SM-1 au complet, on se dit que nos anciens avaient bien du mérite ...

© Cooper & Abbott "Nikon F, Nikkormat, Handbook of Photography" New York 1973

Aussi en 1975 Nikon upgrade ses flash annulaires en SR-2 et SM-2 à partir de la composante flash du Medical-Nikkor 200mm f 5.6 v2 ce qui permet leur raccordement aux alimentations de ce dernier : LA-1 (secteur) ou LD-1 (8 piles 1,5 V) ; l'aspect extérieur est inchangé, seul le sélecteur [FULL <-> ¼] a disparu des flashes puisqu'à présent il est situé en amont, sur les boîtiers d'alimentation.

Nikomat FT2 + PK-3 + 55mm f3.5 "K"  [at]  1:1 + SR-2 + LA-1

La couronne intérieure, que l'on voit dépasser légèrement à l'avant du flash, est traversante et solidaire du filetage arrière du SR-2 ce qui permet de la visser sur le filetage Ø 52 mm de l'objectif et de positionner le flash selon l'orientation souhaitée.

Les SR-1, SM-1 et SM-2 sont relativement peu fréquents sur le marché de l'occasion, les SR-2 sont courants ; probablement le reflet des quantités vendues.

En 1986 Nikon présentera une nouvelle génération TTL (enfin) avec le SB-21, upgradé en 1999 par le SB-29 et en 2002 par le SB-29s et finalement en 2005 la 3ème génération avec le SB-R200, partie du système flash macro R1C1.

A suivre les Micro-Nikkor 105-200mm

seba

Citation de: harry*92 le Octobre 08, 2021, 21:12:55
La formule optique est composée de 4 lentilles en 4 groupes, comme déjà dit inspirée du Tele-Tessar de Zeiss, lui-même évolution du Tessar (qui signifie quatre en grec) de 1902 :

Juste une petite remarque : je ne pense pas que ce Tele-Tessar dérive du Tessar.
Il existe beaucoup de formules optiques à 4 lentilles.
Zeiss désigne parfois des objectifs très différents avec la même appellation.
Bien des Tele-Tessar n'ont d'ailleurs pas 4 lentilles.

seba

C'est d'ailleurs ce que précise Hubert Nasse dans un papier sur le Tessar.

harry*92

Bonjour seba, merci pour ta remarque, connaissant ton expertise en optique, je ne doute pas qu'elle soit fondée.
Pour autant je n'invente rien, si j'ai écrit que le Tele-Tessar dérivait du Tessar c'est que je l'ai lu quelque part, mais là tout de suite je ne suis pas capable d'indiquer ma source, il faut que je recherche ça ...
Sinon on peut se poser la question du pourquoi Zeiss aurait baptisé une formule optique de "Tele-Tessar" si elle n'avait rien à voir avec le "Tessar" ?
A ça tu donnes une réponse plausible : "Zeiss désigne parfois des objectifs très différents avec la même appellation."
Il doit quand même s'agir de la même famille ?

En attendant de trouver ma source et qu'on puisse juger de sa fiabilité, je te donne 2 liens qui parlent du Tele-Tessar :

* http://www.dg77.net/photo/tech/fasttrip.htm (vers le milieur de la page)
"Tele-Tessar T* 4/85 ZM (2009-2019), plus d'un siècle après son apparition, le Tessar constitue toujours une base valable.
[...] Carl Zeiss a concocté un 85 mm Tele-Tessar moins lumineux (f/4,0) mais plus abordable, quoique pas du type économique simplifié : à Oberkochen, on ne rechigne jamais à empiler des lentilles, et ce Tessar est peaufiné au point de remplacer l'unique élément avant par un doublet"

* https://zeissikonveb-de.translate.goog/start/objektive/objektive-vor-1950.html?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=nui
"Le Tele-Tessar ne s'appelle pas seulement ainsi parce qu'il a quatre lentilles. Plutôt, Dr. Willy Merté a développé ce téléobjectif en utilisant les principes de correction du Tessar de Rudolphcréé, c'est-à-dire sur la base du lien entre un nouveau et un ancien achromatique. L'élimination des erreurs sphériques, chromatiques et surtout astigmatiques a été obtenue, comme dans le cas du Tessar, par le fait que la lentille d'air à l'avant, partie du système agissant collectivement, a un effet collecteur, tandis que la surface cimentée à l'arrière député, ici dans le Télé-Tessar, a un effet dispersant." etc ...
C'est une traduction Google du site allemand https://zeissikonveb.de/start/objektive/objektive-vor-1950.html, si tu maîtrises la langue de Goethe.


seba

#39
Expertise c'est un bien grand mot, je dispose simplement d'une littérature assez fournie.

Citation de: harry*92 le Octobre 09, 2021, 16:34:28
Sinon on peut se poser la question du pourquoi Zeiss aurait baptisé une formule optique de "Tele-Tessar" si elle n'avait rien à voir avec le "Tessar" ?

Nasse donne la réponse : pas de similitude avec le design du Tessar mais simple utilisation du nom pour bénéficier de sa popularité.

En ce qui concerne le Tele-Tessar 4/85 ZM, Zeiss indique qu'il s'agit d'un Heliar, mais Zeiss ne pouvait utiliser ce nom.
Hans Harting avait un peu tâtonné et l'Heliar a existé en différentes variantes (cf. A History of the Photographic Lens, Kingslake).
L'Heliar dérive du triplet de Taylor alors que le Tessar est un hybride Unar-Protar. De sorte que là aussi le nom Tele-Tessar semble un peu abusif pour un objectif qui n'est ni un téléobjectif ni un Tessar.

Pour le Tele-Tessar 6,3/180, d'après le texte le nom semble justifié. Cependant pour le Medical-Nikkor le groupe arrière est différent et je ne sais pas s'il y a une filiation entre les deux.
Zeiss appelle Tele-Tessar tout ses téléobjectifs quel que soit leur schéma optique.

seba

Citation de: seba le Octobre 09, 2021, 18:12:35
Zeiss appelle Tele-Tessar tout ses téléobjectifs quel que soit leur schéma optique.

...tous ses téléobjectifs...

harry*92

Merci seba pour ces précisions, je m'incline devant ta science  :D
Je ne jamais pris le temps de m'y plonger, mais c'est vrai que le début du XXème siècle a connu un foisonnement d'idées, notamment chez les allemands, qui a assis les fondamentaux de l'optique photo moderne.

harry*92

IV - Les Micro-Nikkor 105-200 mm 1/2

de gauche à droite :
105mm f4 type "K" (1975), bague PN-1 (13 000 ex.)
105mm f4 AiS (1981), bague PN-11 (68 500 ex. Ai + AiS),
105mm f2.8 AiS (1984), bague PN-11(94 000 ex.),
105mm f2.8 AFD (1993) (350 000 ex. AF + AFD),
105mm f2.8 AF-S IF ED VR (2006) (725 000 ex.),
200mm f4 Ai IF (1978) (40 000 ex. Ai + AiS),
200mm f4 AFD IF ED (1993) (30 000 ex.).

Nous l'avons vu précédemment, dans les années 60 après le lancement du Nikon F, les utilisateurs ne pouvaient compter que sur des Micro-Nikkor de focale 55mm, d'abord allant à 1:1 avec le 5.5cm f3.5 puis se contentant du rapport 1:2 avec ses successeurs ; ceci avec l'inconvénient d'une distance de travail objectif-sujet faible.
Pour des focales plus longues, seuls des objectifs "Bellows" à map fixe à monter sur soufflet étaient disponibles, d'abord en 135mm jusqu'en 1969 puis en 105mm de 1970 à 1974 ; à l'exception du Medical-Nikkor 200mm f5.6 apparu dès 1962 mais d'un usage spécialisé et d'un coût prohibitif pour la plupart des utilisateurs non-professionnels.

En 1975, Nikon entreprend de moderniser le look de ses objectifs en abandonnant la bague de map métal pour une bague caoutchoutée à dessin de pavés, ce sera le type "K" préfigurant les versions Ai, qui 2 ans plus tard ne différeront que par leur baïonnette indexée.

C'est à cette occasion que Nikon se décide à adjoindre une rampe hélicoïdale à son 105mm f4 "Bellows" sans rien modifier de la formule optique, ce sera l'avènement du Micro-Nikkor 105mm f4 qui deviendra rapidement un incontournable chez les micro-macroteurs avec les développements que l'on connaît pour cette focale.

Les Micro-Nikkor 105mm f4

à gauche 105mm f4 "K" et AiS à l'infini, à droite au rapport 1:1 avec bagues PN-1 et PN-11 et pare-soleil sortis, la version Ai est identique au type K.

Apparu en 1975, le 105mm f4 K comme ses successeurs Ai de 1977 et AiS de 1981 reprend donc l'optique du 105mm f4 "Bellows" de 1970 déjà décrite dans le post "Bellows Nikkor" ; pour mémoire il s'agit d'une formule dérivée de l'Héliar de Voïgtlander (1925), composée de 5 lentilles en 3 groupes ;


L'hélicoïde permet d'atteindre le rapport 1:2, les bagues PN-1 (non Ai) et PN-11 (Ai) lui sont dédiées pour aller au rapport 1:1, ces bagues d'extension 52,5 mm possèdent un sabot pour fixation sur pied et un collier rotatif.


ci-dessus le verso du 105mm f4 AiS avec sa molette de blocage de la bague de map.

Le 105mm f4 AiS s'il conserve la même optique que le K et le Ai, est totalement remanié dans sa structure ; la bague de map n'est plus liée à l'hélicoïde externe et ne se déplace plus avec le tirage ; cette hélicoïde à présent interne permet un objectif plus mince, le diamètre hors tout passant de 75 mm à 68 mm soit presque -10% ; pour autant la masse ne change pas, à 500 g ; il en résulte toutefois une impression de fragilité avec l'extension de petit diamètre et le très long pare-soleil ; cf photo en extension plus haut.

Au rapport 1:1 la "WD" du bord de l'objectif au sujet est de 173 mm (sans pare-soleil) contre 56 mm pour un 55mm f3.5, le 105mm se montrant donc beaucoup plus confortable pour les insectes farouches par exemple.

Comparatif au rapport 1:1 à f5.6, toujours même configuration de test :



Pas de doute ces 3 objectifs ont bien la même optique  ;)

Les Micro-Nikkor 105mm f2.8

de gauche à droite : Micro-Nikkor 105mm f2.8 AiS, AFD, AF-S IF ED VR

Le Micro-Nikkor 105mm f2.8 AiS

En 1984 Nikon présente son nouveau Micro-Nikkor 105mm AiS qui gagne 1 diaph à f2.8 et la luminosité correspondante notamment pour la map ;
il a un peu la même apparence que le 105mm f4 AiS avec sa bague de map en pavés et sa molette de blocage ; pour autant côte à côte on ne peut les confondre ; le f2.8 est plus menu avec un fût un peu plus mince et plus court de 1 cm ½ ; au rapport 1:2 c'est encore plus flagrant, l'écart de longueur est de 3,5 cm.

Micro-Nikkor 105mm f2.8 AiS vs 105mm f4 AiS, au rapport 1:2

3 autres différences notables :
1 - on revient à l'hélicoïde externe avec une bague de map qui s'éloigne avec le tirage, comme sur les f4 "K" et Ai ; également le pare-soleil intégré a disparu,
2 - avec la bague PN-11, avec la même extension que pour le rapport 1:2 sans bague, on dépasse le rapport 1:1 pour atteindre 1:0,88 soit 1,14:1 (cf graduations ci-dessus) ; on peut en déduire que la focale diminue à la pleine extension, d'ailleurs la distance de travail descend à 153mm dans ce cas.
3 - et "last but not least" la formule optique est totalement nouvelle ! On revient au bon vieux Double-Gauss du 55mm f2.8 AiS sans oublier la CRC, et on lui adjoint un convertisseur arrière (en vert ci-dessous) qui fait office de TC ; du coup on passe d'une formule 5/3 pour le 105mm f4 à une formule 10/9 pour le 105mm f2.8, 10 lentilles en 9 éléments.



Concernant la CRC on retrouve naturellement le même défaut qu'avec le 55mm : la correction est maximale au rapport 1:2, mais dès qu'on le dépasse un tant soit peu avec une bague, la correction retombe à zéro (pour remonter ensuite, heureusement).

Nous l'avons déjà indiqué au sujet du Micro-Nikkor 60mm f2.8 AF/AFD, cette nouvelle formulation optique a pour but de réduire l'extension de l'objectif aux forts rapports de reproduction ; elle a pour contrepartie la diminution continue de la focale avec le tirage, et donc diminution parallèle de la "working distance", phénomène que l'on retrouvera dans les versions suivantes.

C'est donc bien ce 105mm f2.8 AiS de 1984 qui sera le pionnier de cette nouvelle formulation optique des Micro-Nikkor, formulation que l'on retrouvera ensuite dans le 60mm f2.8 AF de 1989 et le 105mm f2.8 AF de 1990.

Le Micro-Nikkor 105mm f2.8 AF/AFD

En 1990, 1 an après le 60mm f2.8 AF, Nikon dévoile son 105mm f2.8 AF, le premier 105mm à aller au rapport 1:1 direct ; sa formule optique avec 9 lentilles en 8 éléments s'inscrit comme celle du 60mm dans la continuité du 105mm f2.8 AiS de 1984, avec la même quête d'un objectif lumineux et offrant une extension limitée aux grands rapports de reproduction.

objectif primaire en double gauss symétrique à l'avant (en grisé) et convertisseur arrière (en vert).

On voit ci-dessous que si le AFD n'est pas plus court que l'AiS au rapport 1:2, il ne s'allonge que très peu ensuite pour aller à 1:1.
Bien sûr cette performance n'est acquise qu'au prix d'une forte réduction de la focale ; si l'on accepte en première approximation pour déterminer la focale F au rapport 1:1, la formule simplifiée F = D/4 (D = distance sujet-capteur = distance map mini), ici nous avons D = 314 mm, d'où F = 78,5 mm, soit une chute de -25% par rapport à la focale nominale 105 mm.
En contrepartie il ne perd que 1 2/3 de diaph à l'extension maxi (ouverture effective de f5 pour une ouverture réelle de f2.8 ).

de gauche à droite 105mm f2.8 AiS à 1:2, 105mm f2.8 AFD à 1:2 puis à 1:1

En conséquence de cette réduction de focale au rapport 1:1, la "WD" descend à 135mm à ce rapport, bien que l'extension soit limitée ; tout cela ne pèsera pas lourd face à la frénésie des utilisateurs qui en acquerront pas moins de 350 000 exemplaires en 16 ans, de 1990 à 2005.

Cela confirmant l'intérêt pour un petit téléobjectif "multi-purpose" à l'aise autant en photo généraliste que proxi que macro, un téléobjectif un peu à tout faire ; avec un bémol pour l'AF qui a tendance à pomper aux grands rapports et l'extension avant facilement exposée aux chocs ; quant à la map manuelle avec une bague limitée à une course de 180° pour aller à 1:1, elle est très insuffisante, sauf à faire la map avec les pieds.

Le Micro-Nikkor 105mm f2.8 AF-S IF ED VR

En 2006, Nikon repart d'une feuille blanche, anticipant les désirs des utilisateurs en quête de toujours plus de piqué pour des capteurs de plus en plus pixellisés, avec une map plus rapide, plus précise et une prise de vue plus sécurisée aux basses vitesses (VR), ce sera le "Micro-Nikkor AF-S VR 105mm f2.8G IF-ED", ouf !

avec le petit frère 60mm f2.8 AF-S, le 105mm f2.8 AF-S sans et avec pare-soleil (souvent indispensable vu la frontale bulbeuse très affleurante)

Comme son intitulé l'indique ce 105mm f2.8 est muni d'un AF de course silencieux avec moteur SVM interne (AF-S) et map par déplacement interne des blocs de lentilles sans extension (IF), d'un moteur de stabilisation de la visée et de la prise de vue (VR II) assurant la stabilité jusqu'à 4 stop au-dessous de la vitesse de sécurité (1/F), d'un diaphragme à 9 lames arrondies pour un bokeh plus doux, d'un verre ED pour minimiser le chromatisme et d'une lentille à revêtement nano-crystal pour augmenter le contraste par élimination de reflets internes, Nikon a mis le paquet ...
Le prix à payer (autre que $$$) est la prise d'embonpoint avec une masse de 750g et un aspect trapu ("bulky") avec une complexité optique exponentielle puisque l'on ne compte pas moins de 14 lentilles en 12 groupes ... il est bien loin le temps des 5 lentilles en 3 groupes et encore à l'époque on mettait de la vaseline sur le filtre pour adoucir les portraits ...



la structure est inversée par rapport au 105mm AF/AFD, à présent l'objectif primaire est à l'arrière et le convertisseur à l'avant, pour plus de détails sur le fonctionnement, voir la page de l'excellent Pierre Toscani : http://www.pierretoscani.com/focale.html#focale29

Un petit aperçu de l'incroyable densité d'électronique, d'optique et de micro-mécanique concentrées dans un tel objectif :


Depuis 2006 il s'en est écoulé environ 725 000 en 16 ans soit le double de son prédécesseur, pari gagné pour Nikon ! Malheureusement, comme pour le 60mm AF-S, la génération Z précipitera son terme ...



On voit la progression qualitative du 105mm f2.8 AiS à l'AFD, puis de l'AFD à l'AF-S, le plus piqué et le plus contrasté à 1:1.

à suivre les Micro-Nikkor 105-200 mm 2/2

harry*92

IV - Les Micro-Nikkor 105-200 mm 2/2

Les Micro-Nikkor 200mm f4

Depuis 1978 il n'y aura eu que 2 modèles de Micro-Nikkor 200mm, si l'on excepte les Medical-Nikkor, le premier étant le 200mm f4 Ai avec sa variante AiS, puis en 1993 le 200mm f4 AFD (pas de modèle AF non D) ; ceux-ci ont toujours été assez marginaux dans la production Nikon, 40 000 ex. pour le premier, moins de 30 000 pour le second, quantités assez faibles au regard de la grosse cavalerie des 55/60 et 105mm vendus par centaines de milliers, ce probablement à cause de performances mitigées pour les Ai/AiS et un prix de vente très élevé pour le AFD.


à gauche 200mm f4 Ai IF  [at]  1:1 avec TC 201, à droite 200mm f4 AFD IF-ED.

Les Micro-Nikkor 200mm f4 Ai/AiS IF

Apparu en 1978 avec la génération des objectifs Ai, le 200mm f4 se distingue en proposant une formule optique IF, une première chez Nikon pour un objectif Micro ; il faut dire que sans IF il aurait déjà fallu déplacer le bloc de lentilles avant de quelques 100 mm pour atteindre le seul rapport 1:2, ce qui aurait entraîné des contraintes mécaniques et une fragilité pour les utilisateurs avec cette extension.

Proximité de la formule optique avec le téléobjectif 200mm f2 Ai :

En vert les éléments mobiles assurant la map ; pour le 200 micro ces éléments mobiles assurent également la CRC.

Il s'agit d'une formule à 9 lentilles en 6 groupes dont la parenté avec les téléobjectifs Ai de la même époque est assez marquée, voir ci-dessus. ; pour autant c'est un peu plus complexe car il faut assurer en sus de la focalisation les corrections CRC à courte distance ; dommage qu'à l'époque Nikon n'ait pas gratifié son 200mm Micro de lentilles ED comme son aîné le 200mm f2, cela aurait permis de réduire son chromatisme assez présent ; et amha des lentilles ED en Ø 50mm eussent été relativement abordables comparées au Ø 100 mm du 200mm f2 ... on attendra donc la génération suivante  :(.

Comme déjà dit le 200mm f4 Ai Micro va au rapport 1:2 ; pour aller au rapport 1:1 il faut soit 100mm de bagues allonges soit, comme Nikon le préconise dans le manuel, utiliser un extendeur TC-301 2x qui mesure ... 100 mm ! (simple coïncidence !) et offre l'avantage de ne pas modifier la distance de map mini (capteur-sujet) qui reste à 71 cm au rapport 1:1 comme elle l'est au rapport 1:2. Par contre on perd bien les 2 diaph, on ne peut pas tout avoir. Perso je préfère le TC-201 2x (*) comme illustré au-dessus, qui est tout de même plus compact.
(*) hormis le cas spécifique du 200mm f4 Micro où le TC-301 est conseillé, Nikon préconise le TC-201 jusqu'à 200mm et le TC-301 au-dessus de 300mm de focale.

Illustration avec le TC-301 et le pare-soleil sorti :

FA + TC-301 + 200mm f4 Micro Ai à 1:1

La version AiS de 1982 conserve la même optique, sont remaniés le collier rotatif et la bague de diaph :
Ai -> collier étroit et bague large, AiS -> collier large et bague étroite  :)



On voit que Nikon a raison de préconiser un TC plutôt que du tirage qui donne un résultat vraiment mou, pour ma part je sélectionne le TC-201 qui vaut le TC-301 et est quand même beaucoup moins encombrant ; avec ce TC-201, la distance de travail est de 495 mm à 1:1.



Quel que soit le procédé utilisé, le résultat à 1:1 est peu convaincant pour cette première génération de 200mm f4 micro.

Le Micro-Nikkor 200mm f4 AFD IF-ED

En 1993, lance 3 Micro-Nikkor AFD : les 60mm et 105mm f2.8, et le 200mm f4 ; si les 2 premiers ne sont que des dérivés des mêmes modèles AF, le 200mm est entièrement nouveau, aucun modèle AF ne l'ayant précédé.

Cet objectif a tout du haut de gamme de Nikon, qualité de fabrication sans compromis, superbe finition granitée comme les gros télés, large bague de map fluide avec juste un poil de gras pour être freinée, collier rotatif maxi, etc ... Cette qualité se paye avec une masse de presque 1 200 g, par comparaison un zoom comme le 70-200mm f4 AF-S IF-ED VR avec pas moins de 20 lentilles ne pèse que 850 g.
Malheureusement Nikon n'a jamais produit d'autre 200mm f4 AF/AFD non micro pour comparer (il y a bien le 180mm AF/AFD mais je n'ai que le AiS ...), aussi c'est le zoom 80-200mm f2.8 AF-S IF-ED qui m'a paru le mieux assorti comme présentation et qualité perçue.


La formule optique s'est complexifiée avec 13 lentilles en 8 éléments pour mieux réduire les différentes aberrations, notamment le chromatisme par insertion de 2 lentilles en verre ED dans le bloc avant ; l'architecture générale s'apparente à un celle d'un télé-zoom avec les blocs coulissants (en vert sur le schéma) qui assurent la map et également la CRC aux faibles distances.


On peut voir ci-dessus une certaine consanguinité entre le 200mm f4 Micro et le 80-200mm f2.8 AF-S, notamment tout le bloc avant.

Cette formule permet au 200mm f4 Micro d'atteindre le rapport 1:1 direct et ce sans extension grâce à l'IF ; malheureusement il n'échappe pas à la malédiction des objectifs Micro IF qui voient leur focale baisser drastiquement aux grands rapports ; ici la distance D mini de map est de 495 mm au rapport 1:1, si l'on reprend la formule simplifiée F = D/4, il en résulte une focale de 124 mm ; à ce rapport la "working distance" est de 257 mm d'après mes mesures.
Par contre en allant à 1:1 il perd moins de 1 diaph puisqu'à p.o. l'ouverture effective passe de f4 à f5.3 et il reste donc relativement lumineux ; par comparaison les 60mm et 105mm AFD passent de f2.8 à f5 soit perte de 1 2/3 diaph.

Cet objectif fera l'unanimité des utilisateurs quant à sa qualité et ses performances ; un prix assez élevé empêchera une plus large diffusion, il s'en écoulera 30 000 ex. de 1993 à 2019, date de l'arrêt officiel de la production ; en réalité il était déjà en "special order" depuis quelques années, ceci signifiant que Nikon ne lançait une série en production que lorsque le niveau des commandes atteignait la quantité économique de fabrication fixée.

Où quand Nikon veut bien s'arracher, ben ça arrache.



à suivre "Les Autres Micro-Nikkor FX"

seba

Citation de: harry*92 le Octobre 09, 2021, 23:07:31
ici la distance D mini de map est de 495 mm au rapport 1:1, si l'on reprend la formule simplifiée F = D/4, il en résulte une focale de 124 mm ; à ce rapport la "working distance" est de 257 mm d'après mes mesures.

La formule F = D/4 est valable pour des objectifs avec un interstice (distance entre les plans principaux) négligeable.
Mais souvent il n'est pas négligeable et à D il faut retrancher ou rajouter l'interstice (selon qu'il est positif ou négatif).
Pierre Toscani a  mesuré une distance focale de 102 mm.

harry*92

#45
Bonjour seba, oui je connais cette correction à apporter compte tenu de l'interstice, tout simplement parce que tu l'a évoquée dans un de tes posts sur le forum.

Mais je crois que tu te trompes de cible, on ne s'adresse pas aux clients d'un bureau de métrologie, mais à des photographes amateurs (dont moi) qui ont plus besoin d'un moyen simple d'avoir un ordre de grandeur, ordre de grandeur que donne la formule simplifiée F(1:1)=Dmini/4 ; de plus dans 90% des cas l'approximation est très proche, disons de l'ordre de 10% d'écart ; ici tu donnes un contre-exemple avec les 200mm f4 micro avec un écart de 25%.

Prenons un cas pratique, Nikon donne pour le Z 105mm micro Dmini = 290 mm à 1:1 ; avec la formule simplifiée on s'attend à une focale de 72,5 mm à 1:1, calcul immédiat ; de combien de temps penses-tu avoir besoin pour donner la valeur exacte et tant qu'à faire quelle est-elle ?

merci d'avance, harry

seba

Citation de: harry*92 le Octobre 10, 2021, 12:56:36
Prenons un cas pratique, Nikon donne pour le Z 105mm micro Dmini = 290 mm à 1:1 ; avec la formule simplifiée on s'attend à une focale de 72,5 mm à 1:1, calcul immédiat ; de combien de temps penses-tu avoir besoin pour donner la valeur exacte et tant qu'à faire quelle est-elle ?

Pour ceci il faudrait avoir l'objectif à disposition.
Il faut faire deux mesures. Le calcul est rapide.
Disons il faudrait peut-être 10 minutes.

Opticien


Col Hanzaplast

Citation de: harry*92 le Octobre 08, 2021, 23:10:31Le temps de recyclage est de 4 à 6 s, temps donné par Nikon, la mienne ne dépasse jamais 1 s de recyclage ? Peut-être le précédent propriétaire a-t-il upgradé les condensateurs avec des capacités supérieures ?

   M'ouais... Plus il y a de capacité, plus il faut de temps pour la charger.


Es-tu bien sur d'avoir les 60 joules ?  Tu l'as acheté sur le Bon Coincoin ? :P

seba

On attend la suite avec gourmandise.
Il ne faut pas trop faire attention à mes remarques qui sont des détails sans importance.