Disons que DavidT a voulu signaler qu'il fallait se préoccuper du dérangement des espèces sensibles et de ses conséquences lors d'un face à face avec une photo, pour esthétique qu'elle soit.
Si on considère le cas du dérangement du Grand-Tétras et de ses conséquences, c'est une espèce que le Groupe Tétras Vosges recommande vivement de ne plus photographier en France
http://groupe-tetras-vosges.org/site/Accueil-5.html. Sur ce site, on apprend qu'à la mauvaise saison, cet oiseau se nourrit à base d'aiguilles de conifères, peu énergétique. En cas de dérangement et de fuite, cela coûte à l'oiseau une dépense énergétique qui peut lui être fatale. On y apprend aussi que :
"En Europe Centrale et de l’Ouest, le grand tétras est une espèce menacée sensible aux dérangements humains, qui causent localement un déclin des populations. Des auteurs ont étudié la réponse comportementale du grand tétras en présence d’un randonneur hors sentier en Forêt-Noire (Allemagne) et dans les Pyrénées françaises en mesurant les distances de fuite des oiseaux. Celles-ci variaient avec le sexe des oiseaux, la visibilité du randonneur, l’intensité du tourisme hivernal et la pression de chasse. Indépendamment de la zone d’étude, les mâles s’envolaient à des distances considérablement plus grandes que les femelles et plus la visibilité était bonne entre l’oiseau et le randonneur, plus les distances de fuite étaient importantes. Dans les zones avec une forte intensité touristique hivernale ou à forte pression de chasse, les grands tétras s’envolaient de plus loin que dans les zones non perturbées. Les auteurs recommandent l’établissement de règlements demandant aux randonneurs de rester sur les sentiers ainsi que la fermeture des sentiers lorsque la distance entre deux d’entre eux est inférieure à 100 m (90% des envols ont eu lieu sur une distance de 50 m). De plus, en réduisant le degré de visibilité entre les oiseaux et les usagers, la plantation ou la conservation de rangées denses de conifères le long des sources de dérangements devrait augmenter la proportion d’habitat favorable au grand tétras dans les forêts impactées par les activités de loisirs."
"D'autre part, des auteurs ont mené une étude dans quatre peuplements de Pin sylvestre en Ecosse afin de mesurer les distances au-delà desquelles le grand tétras évite les zones proches des pistes forestières (utilisées par les véhicules motorisés mais aussi par les randonneurs et les cyclistes à des fins récréatives) en automne et en
hiver. Les pistes sélectionnées dans chaque site présentaient des niveaux de fréquentation variables (de faible à fort). La présence de crottes*** sous les arbres a été utilisée pour la mesure de la distance entre les zones fréquentées par l'espèce et les pistes forestières. Dans tous les sites, l'utilisation des arbres par le grand tétras était moindre près des pistes. La proportion de forêts effectivement évitées par l'oiseau variait de 1 ha pour 46 m de pistes à 1 ha pour 82 m de pistes suivant les sites. Etant donnée la forte densité de pistes (1950 m/ km2 pour chaque forêt), le pourcentage d'habitat évité par le grand tétras variait de 21 à 41%. Les auteurs mettent en cause l'activité humaine en tant que facteur de dérangement dans ces zones, réduisant ainsi la capacité d'accueil du milieu. Les effets possibles au niveau du microclimat et de la prédation sont discutés."
(*** Dans les échantillons, on peut retrouver et quantifier les traces de corticostérone, la principale hormone de stress chez les oiseaux.)
DavidT a réagi vivement en transposant le cas du Grand Tétras au Gemsbok, pensant que l'Oryxl était en voie de disparition alors que celui-ci est au contraire relativement abondant en Namibie, que cet herbivore n'était pas à l'aise dans les sables chauds et arides alors que le Gemsbok en a fait du désert du Namib son habitat naturel, qu'il pouvait risquer de dépérir en raison des efforts développés au cours de sa fuite provoquée par l'ULM alors qu'il a développé une adaptation qui le met à l'abri de l'hyperthermie, que les dunes de Sossusvlei constituaient un sanctuaire alors qu'elles sont en réalité un site touristique très visité situé dans le parc national du Namib Naukl.
Ce qui peut se comprendre.
Il n'en reste pas moins qu'il est bon d'être prudent dans nos propos et éviter de tomber dans l'excès à l'occasion de nos remarques. Je veux dire par là que, quelle que soit notre exigence éthique personnelle supposée, nous ne sommes en aucun cas au dessus des autres, et que beaucoup d'autres, amateurs, experts ou pros, sont en grande majorité tout autant capables de renoncer en leur âme et conscience à une image en cas de possible dérangement ou de nuisance.