J'aimerais faire une mise au point sur une confusion malheureusement trop courante:
- le pigiste est un journaliste professionnel, qui à ce titre est payé en salaire, à la tâche, c'est à dire à l'article ou à la photo s'il est photojournaliste. Pour le texte, un barème de 63 € bruts le feuillet de 1500 signes, est le minimum syndical recommandé, mais ce tarif n'a malheureusement aucune valeur d'obligation. Cependant, il est très rare qu'un professionnel même affamé descendent en dessous de 25-30 €. Pour les photos, le barême UPC est là aussi recommandé, mais en pratique, un pigiste n'accepte que rarement moins de 20 ou 30 € par photo...

Le pigiste, comme tout journaliste professionnel, peut prétendre à la carte de presse si plus de la moitié de ses revenus viennent de la presse.
- un correspondant de presse exerce une activité qui est censée être secondaire par rapport à son activité principale, en tout cas au niveau revenus. C'est un travailleur indépendant qui est censé s'inscrire à l'URSSAAF et payer des charges sociales, au dessus de 400 et quelques € par mois. Il ne doit pas répondre à des commandes mais proposer régulièrement au journal des articles et images de l'actualité du village, voire du canton, pas plus...

Cette activité est celle qui remplit les pages locales des quotidiens régionaux, elle est payée une misère, ce sont les tarifs de quelques euros que vous annoncez, plus quelques € de frais pour les chanceux. Autrefois réservée à des retraités ou des bénévoles, elle est de plus en plus investie par des gens qui se prétendent "pro", voire "journaliste". certains s'imaginent, avec la logique low-cost actuellement en vogue qu'en produisant plus, ils arriveront à gagner plus, souvent encouragés par le canard bien content de trouver esclave si consentants. Et parfois çà marche... jusqu'à que ce que l'URSSAF leur tombe dessus dès qu'ils dépassent le plafond libre de cotisations et leur envoie des rappels de plusieurs années !

Beaucoup s'imaginent aussi devenir journaliste pro par ce biais, en se bradant quelques années pour intégrer un jour la rédaction de leur quotidien chéri. Après des années d'espoirs, puis de procès aux prud'hommes, certains arrivent à faire requalifier leur esclavage de CLP en travail de journaliste, et même obtenir la carte de presse: cela leur permet de se faire immédiatement virer par le QR qui se dépèche de rembaucher un nouvel esclave au "tarif" adéquat...
Un blog un peu désenchanté sur le sujet:
http://correspondant-de-presse-64.over-blog.com/5-categorie-422965.html.
Résumons, le pigiste est un journaliste professionnel, payé en tant que tel. Le CLP est un amateur quasi-bénévole, pour qui la notion de rentabilité est absente: c'est pour le bien public (mais la PQR est privée), la gloire ! Gloire qui permettrait à la PQR de survivre, nous serinent leurs patrons, qui gagnent rarement le smic eux-même.
Malheureusement, le "tarif" CLP, quelque € par feuillet, 5-6 € la photo est en train de se répandre dans d'autres secteurs de la presse, y compris dans les pages générales de la PQR, qui du coup, n'emploient presque jamais de vrais pigistes: pourquoi s'emmerder avec des bulletins de salaire quand un pourboire suffit ? Idem avec l'internet, biberonné au "tout gratuit puisque c'est sur internet... sauf le salaire du chef !"
Quant au refrain "Si tous les éditeurs devaient payer les correspondants et les pigistes au tarif fort, il y aurait bien peu de journaux", curieusement, il est beaucoup plus difficile à appliquer avec les imprimeurs, les transporteurs, etc... Marrant comme c'est toujours le petit, l'indépendant qui doit supporter en premier la réduction des coûts mais bon, rions un peu, il a encore le droit à son nom sur la photo (droit rarement respecté en PQR par ailleurs

).
Dans n'importe quelle entreprise, si on n'a pas les moyens de payer des employés, on fait autre chose, ou alors on fait le travail soi même (c'est si facile en numérique

). Sauf en photo ou en "journalisme" où les pigeons se bousculent et supplient même de se faire plumer !

Un canard avait même imaginé de faire payer ses contributeurs il y a quelques années !
Dans le genre "pauvres patrons de presse", j'ai aussi rencontré un type qui éditait plusieurs journaux de chasse et de pèche (4 ou 5), plutôt confidentiels (?), fait uniquement avec les photos (offertes) des lecteurs: moi et mon sanglier, moi et ma plus grosse carpe etc... tous réalisés par deux secrétaires de rédaction, avec les mêmes pubs. Il m'avait invité en tant que professionnel car il voulait lancer un mag de randonnées, marché qu'il imaginait juteux (!): villa dans la garrigue, piscine, grosse voiture allemande dans le garage, safaris en Afrique tous les ans et j'en passe.
Susceptible de lui fournir du contenu, j'ai attendu le dessert pour parler tarifs, mais le tarif syndical, la carte de presse, le paiement en salaire, çà ne lui allait pas du tout, mais alors pas du tout. Lui avait plutôt en tête quelques menus remboursements de frais, et tarifs "comme le M.. L.." , sous entendu comme les correspondants du canard du coin, quand moi, je lui demandai 150 € par page publiée...
J'ai repris un bain dans la piscine et on s'est quitté bons amis...

Heureusement, il y a encore dans la presse des gens respectueux de leur métier, dont la principale occupation n'est pas d'entuber les naïfs de passage, mais au contraire de faire travailler des professionnels dans des conditions décentes. Mais pour combien de temps encore ?