Comme Weegee à son époque, Ben Hendren écoute la radio de la police pour être le premier sur les lieux quand un événement se produit à Atlanta, la ville où il travaille. Ce temps d’avance lui a apporté quelques scoops, mais l’a surtout confronté à des situations auxquelles il n’était pas préparé, comme ce jour où il eut à couvrir le meurtre d’Anthony Huber. Un moment traumatisant qui le poursuit encore aujourd’hui (« J’ai dû renoncer à la fête du 4 juillet avec ma famille parce que les bruits des feux d’artifice me replongent là-dedans ») et qui fait écho à ce témoignage d’un de ses aînés, Sebastião Salgado, concernant un reportage au Zaïre en 1994, durant lequel il avait assisté à la mort d’un enfant en bas âge : « Quelques instants après que j’ai pris la photo, il n’était plus là. Il était mort ». Au-delà des séquelles mentales, photographier la mort peut bouleverser votre vie. Médaille d’or Robert Capa en 2020, Dieu-Nalio Chéry a dû ainsi quitter son pays, Haïti, suite aux menaces persistantes des groupes armés dont il avait couvert les méfaits. La vie de photojournaliste n’a décidément rien du fleuve tranquille, et la récente arrestation de Bulent Kilic par les autorités turques, alors qu’il photographiait la marche des fiertés à Istanbul, le confirme tristement.
Choisi au départ pour des raisons pratiques, le noir et blanc est devenue une évidence pour Gabrielle Duplantier dont on redécouvre ces temps-ci le travail puissant et vaporeux, via la réédition à Lamaindonne de Volta, livre intimiste salué par le public et la critique à sa sortie en 2014. Mais le parcours de la photographe ne se réduit pas à ce coup d’éclat. L’interview qu’elle a donnée à Céline du Chéné nous apprend, notamment, qu’elle a apporté sa contribution au clip de « Low lands » de Gojira, groupe tenu par deux de ses frères. Une interview où l’on retient aussi cette formule en forme de lâcher prise : « Les photos on les fait, et après elles ne nous appartiennent plus ».
De l’utilisation de l’astrophotographie pour vérifier que Thomas Pesquet fait bien son boulot…
Mercredi prochain 7 juillet à 15h48, TV5 Monde diffuse Patrick Ullmann, les photos d’une vie, un documentaire de Frantz Vaillant qui retrace le parcours de Patrick Ullmann, témoin privilégié de la scène musicale française dont la carrière prit un tournant majeur en 1969, année où Bruno Coquatrix lui proposa de devenir le photographe officiel de l’Olympia. À une période effervescente sur le plan social et musical, le portraitiste verra défiler devant son objectif Barbara, Charles Trenet, Nino Ferrer, Serge Reggiani, Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, etc. Autant d’artistes qu’il photographie sur scène mais également « sous scène », puisqu’il dispose d’un studio dans les sous-sols de l’Olympia. Les portraits aux noirs profonds de Patrick Ullmann sont actuellement exposés sur les grilles de la Tour Saint Jacques (Paris 4e). Avec un peu de chance, vous pouvez même vous offrir un de ses tirages en participant à la tombola organisée par Milla Media Action.
L’ACTU EN CHIFFRES
« J’ai rien contre la photo militante, j’ai rien contre la photo engagée, mais je trouve que c’est une faille en fait, parce que c’est directement une position qui s’affirme. Dans mon travail, ce qui m’intéresse le plus c’est l’interrogation. Ce que j’aime dans la photographie, c’est pouvoir amener à un questionnement qui est presque un peu vicieux parce que je sais où je veux amener les gens. » Jeudi dernier, on apprenait le décès d’Éric Guglielmi, à l’âge de 51 ans. On vous invite vivement à (re)voir cet épisode de « L’atelier A » où l’on peut l’écouter et l’observer les mains dans les bacs, concentré sur les tirages au palladium de ses photos du Congo. « Photographier, c’est voir mieux », disait-il…
« Clique clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.
Photo d’ouverture : capture d’écran du site Brut.