Les chocs émotionnels, ça ne prévient pas. On se balade sur Rare Historical Photos à la recherche d’un sujet potentiellement intéressant pour les lecteurs et lectrices de Clique Clac (l’histoire de ce soldat allemand de 2,21 m ? ce beau portrait de Marina Ginesta durant la guerre d’Espagne ? cet anachronique attentat au sabre ?) et puis on tombe sur une image qui, sans qu’on s’y attende, nous projette 36 ans en arrière, dans la cuisine de nos grands-parents. Sur la table le quotidien régional, et en Une cette photo d’Omayra Sánchez, dont l’agonie tourmentera nos nuits pendant plusieurs semaines. Comment ne pas s’identifier à cette enfant à peine plus âgée que nous qui à l’autre bout du monde luttait contre la mort ? À l’époque, d’aucuns ont reproché à Frank Fournier d’avoir pris cette photo. Le reporter est revenu sur la polémique il y a quelques années : « C’est très important que cette image et d’autres aient été faites : grâce à elles, le gouvernement colombien a réalisé sa responsabilité et son devoir. Nous voulions montrer l’irresponsabilité des élus, des militaires et des religieux qui ont tous fui devant leur responsabilité. »

Saviez-vous que les photographes de plateau doivent, comme les actrices et les acteurs, passer un casting avant d’espérer couvrir les coulisses d’un tournage ? C’est ce que l’on apprend dans lexcellente interview donnée par Philippe Antonello à l’émission « Vertigo » (RTS). Vu le nombre de productions auxquelles il a collaboré (La Passion du Christ de Mel Gibson, La Vie aquatique de Wes Anderson, Habemus Papam de Nanni Moretti, les séries Gomorra, The Marvelous Mrs Maisel ou Catch-22), le photographe suisse pourrait se la raconter. Au contraire, il insiste sur l’humilité qu’exige son métier : « Le photographe de plateau est le seul à ne pas participer à la fabrication du film, il se doit donc de ne pas empêcher les autres de travailler, d’être effacé, souple et quasiment invisible. »
On en profite pour vous rappeler qu’un des prochains Défis de la rédac’ traitera du 7e Art. On compte sur vous et vos images !


Richard Avedon, dont il fut l’assistant à ses débuts, disait de Yasuhiro Wakabayashi (ou simplement Hiro) qu’il n’était pas un homme ordinaire, et au vu des images publiées depuis l’annonce de sa mort, à l’âge de 90 ans, on se dit qu’effectivement son travail devait détonner dans les magazines de mode des années 1960. Quelques exemples ici, ici et ici.


Reconnu comme l’un des peintres figuratifs américains les plus influents de notre temps, le controversé Chuck Close, dont on a appris la disparition la semaine dernière à l’âge de 81 ans, s’est appuyé sur la photographie pour réaliser ses portraits hyperréalistes et a même, en 2013 à la demande de Vanity Fair, recouru à un appareil polaroid très grand format pour photographier le gotha hollywoodien. 


Au rayon hommage encore, signalons la disparition de Raoul Cauvin, scénariste historique des Tuniques Bleues qui avait, dans deux albums (Des Bleus en noir et blanc en 1977 et Puppet blues en 1997), abordé la question de la photographie durant la guerre de Sécession (avec plus ou moins de justesse). Les deux albums ont été réunis en un seul volume par les éditions Dupuis (avec introduction de 10 pages rédigée par Philippe Tomblaine). Dans un registre plus actuel (et plus dispensable), Raoul Cauvin avait aussi réalisé les scénarios des dix albums de la série Les Paparazzis. Preuve que le sujet l’intéressait vraiment.


EN BREF…

• Enquête autour d’une photo de Proust à Cabourg.
• Vos vacances d’été passent par les forêts françaises ? Participez au concours organisé par l’ONF !
• RIP Charlie Watts.
• Pour la modique somme de 373,15 €, transformez votre intérieur en camera obscura.
• « Plastic is forever » : une exposition itinérante (et un diaporama) soutenue par les Nations Unies.
« Confinés, ensemble ! » ou quand la photo aide à traverser la pandémie.
• Minimalist Photography Awards 2021 : le palmarès.
• Retour en tweets sur l’importante enquête photographique de Mathieu Asselin sur Monsanto.
• Vous reconnaissez-vous dans les lectrices et lecteurs photographiés par Lawrence Schwartzwald ?
Rien que pour vos cheveux : dans les archives de Life Magazine.


Dans la catégorie photographes qui se piquent de musique (ou l’inverse), on vous présente Nicolas Comment, quadra parisien déjà auteur de trois albums et d’une dizaine de livres photo qui a refait parler de lui cette année avec une œuvre hybride, un livre-disque autour du poète Germain Nouveau. Quelques-unes des photos qu’il a réalisées dans le cadre de ce projet illustrent l’interview (ou est-ce un concours d’érudition ?) qu’il a donnée à Fabien Ribery (en deux parties : 12).


« Si je suis obligé de ne faire aucun mal à mon semblable, c’est moins parce qu’il est un être raisonnable que parce qu’il est un être sensible, qualité qui, étant commune à la bête et à l’homme, doit au moins donner à l’une le droit de ne point être maltraitée inutilement par l’autre. » Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, 1755.
Bon, bon, bon, comment te dire Jean-Jacques… y a du progrès mais c’est pas encore ça.


All lined up in a wedding group
Here we are for a photograph
We’re all dressed up in a morning suit
All trying hard not to laugh
Since the early caveman in his fur
Took a trip to Gretna Green
There’s always been a photographer
To record the happy scene

« Clique clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.
Photo d’ouverture : © Franck Fournier