Dis-moi où tu dors, je te dirai qui tu es. Tel pourrait être le sous-titre d’American bedroom, série pour laquelle Barbara Peacock a traversé les États-Unis de part en part afin de photographier les Américains dans leur chambre à coucher (ou du moins dans l’espace qui leur sert de chambre). Ce projet est né un peu par hasard, quand, un matin de 2016, en regardant son mari encore enveloppé dans les couvertures, Barbara s’est rendu compte que le lit, le chevet, les objets posés çà et là, les murs, bref la pièce en elle-même, racontaient une histoire singulière et personnelle. Six ans plus tard, la série compte plus d’une centaine d’images drôles, sensuelles ou émouvantes que l’on peut découvrir ici.


Si vous ne devez voir qu’une seule vidéo cette semaine, c’est assurément celle-ci. Michel Mompontet y raconte la mort de son ami, le photographe René Robert, survenue la nuit du 18 au 19 janvier dans des circonstances effroyables. Aux alentours de 21 heures, en sortant du restaurant, l’homme de 85 ans a chuté dans une rue de Paris où il est mort d’hypothermie – victime du froid donc mais surtout de l’indifférence des passants puisqu’il s’est écoulé neuf heures avant que l’un d’eux appelle les secours. Pour en savoir plus sur le parcours de René Robert, sa pratique de la photo, et sa passion pour le flamenco, on vous conseille cette interview donnée en 2007 au site Musique Alhambra : « J’utilise les moyens photographiques les plus simples. J’essaye d’éviter les cadrages hyper savants, la granulation intense, les filtres, toute la cuisine photographique qui entrerait en conflit avec l’expression intense du flamenco et n’apporterait rien. » Suivez le lien en fin d’interview pour un supplément d’images.


L’agence de presse américaine Associated Press s’est unie à la société Xooa pour proposer à la vente certaines de ses archives photographiques sous la forme de jetons non fongibles (NFT).


Qui ne s’est jamais demandé en voyant une photo de rue datant de plusieurs années ce qu’étaient devenues les personnes présentes sur l’image ? Chris Porsz a répondu à cette question reconstituant, à quarante ans de distance, les photos qu’il avait prises jadis. En cinq ans, il a ainsi reproduit, avec la complicité de sujets visiblement heureux de reprendre la pose, plus de 300 photos, réparties sur deux livres intitulés Reunions et Reunions 2.


On n’aimerait pas croiser l’animal qui a causé sa blessure à ce grand requin blanc, photographié par Jalil Najfov au large du Mexique.


VOYAGE VOYAGE

• On part sur les traces de la faune gaspésienne avec Jean-Simon Bégin.
• On s’offre un trip sous influence littéraire dans les états du sud des USA avec Tema Stauffer.
• On suit le quotidien de Yéménites improvisés bûcherons avec Khaled Abdullah.
• On arrête le temps dans les montagnes du Tadjikistan avec Anisa Sabiri.
• On se perd dans les profondeurs avec l’Ocean Art Underwater Photo Contest.
• On traverse à pied l’Ile-de-France avec Nicolas Frémiot.
• On compatit au sort des Ixils avec Daniele Volpe.
• On parcourt l’Europe à la rencontre de la diaspora roumaine avec Cosmin Bumbu?.
• On voit les montagnes chinoises se faire dévorer par le béton avec Deng Jiayun.
• On apprivoise le désert et ses mirages avec Albert Balein.

Quelle est la première chose à faire quand votre voiture vient de déraper et que vous vous retrouvez au milieu d’un lac gelé sur le point de céder ? Un selfie bien sûr !


Charles Baudelaire était-il un control-freak ? C’est en tout cas la thèse défendue par Benoît Grossin dans cet article dont le dernier tiers est entièrement consacré au rapport du poète à la photographie. Les quinze portraits de Baudelaire parvenus jusqu’à nous ont été réalisés par les pointures de l’époque (Nadar, Carjat), mais quels qu’en soient les auteurs, elles ont en commun un style et un souci du détail, vestimentaire notamment, que Sylvie Aubenas, directrice du département des Estampes et de la photographie à la BnF, impute à l’écrivain : “Baudelaire a toujours préparé de façon très pointilleuse les séances de prise de vue (…) il attachait une importance extrême à la façon dont il s’habillait, dont il se comportait et à l’image qu’il donnait aux autres. » Alors, Baudelaire co-auteur de ses portraits ? Pourquoi pas, mais cela va un peu à l’encontre du dédain qu’il éprouvait pour l’industrie photographique, ce « refuge de tous les peintres manqués, trop mal doués ou trop paresseux pour achever leurs études ».


Pour corriger un portrait de famille qui déplaisait à son père, Kyle Scheele a fait appel à ses talents de retoucheur. Comme on dit sur les sites « putaclics », le résultat va vous étonner 


« [En tant que photojournaliste], on est souvent là pour prendre, mais parfois il y a un vrai échange. [Quand j’ai rencontré Katia], j’ai eu l’impression de donner autant que ce qu’elle m’apportait. C’est pas tout le temps le cas, et quand ça arrive on se sent doublement utile. La séance a duré quelques minutes, ça ne lui a pas changé la vie, mais ça lui a peut-être redonné confiance en elle. » Ce propos, par lequel Corentin Fohlen évoque sa rencontre avec une jeune Haïtienne gravement brûlée au visage, est tiré de « Contrechamps », une série de podcasts mise en ligne par Médecins sans Frontières (et joliment illustrée par Léa Taillefert) dans laquelle plusieurs photographes (Laurence Geai, William Daniels, Martina Bacigalupo, etc.) racontent une image prise dans le cadre de leur collaboration avec MSF. Même si derrière les drames photographiés il y a souvent une note d’espoir, on déconseille à celles et qui n’ont pas le moral d’enquiller les dix épisodes d’une traite.


Pour finir, un clin d’œil musical à Pentax, marque historique de la photo qui connaît une période pour le moins compliquée, si l’on en croit les dernières nouvelles.

 

« Clique clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.
Photo d’ouverture : capture d’écran issue du site de Barbara Peacock