Capture d’écran issue du site d’Alpinemag

Il y a 85 ans, l’alpiniste/cartographe/photographe Bradford Washburn quittait précipitamment son camp de base sur le Mont Lucania, laissant derrière lui son matériel de prise de vue. En 2022, une équipe menée par le skieur professionnel Griffin Post est partie à la recherche desdits appareils. Avec succès. En attendant de découvrir les images qu’ils recèlent, Washburn a raconté son périple à Alpine Mag, en insistant sur le fait que rien n’aurait été possible sans l’aide de la glaciologue Dora Medrzycka.

UN PASSEUR EST PASSÉ
Historien de la photographie, Jean-Claude Lemagny fait partie des passeurs d’images qui, dans l’ombre, ont œuvré pour que cet art soit reconnu à sa juste valeur. Au Cabinet des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale, qu’il dirigea de 1968 (année photographique en diable) à 1992, il mit un point d’honneur à défendre la scène contemporaine française, en multipliant les expositions et les acquisitions – ce dont se souviennent aujourd’hui, émus, Claude Nori ou Bernard Descamps. Disparu le 19 février, Jean-Claude Lemagny laisse derrière lui de nombreux articles et un essai de référence, L’Ombre et le temps (disponible en ligne sur Gallica), dans lequel il développe, entre autres, une théorie sur la classification des types de photographies (chapitre « L’horloge esthétique », page 90). En 2009, les Rencontres d’Arles l’avait mis à l’honneur le temps d’une exposition intitulée « Tout ce qui est à voir est ce que vous voyez ». Un joli titre justifié ainsi par son auteur : « On emploie toujours ce mot de lecture, mais il est mal choisi car l’image n’est pas un texte. Ce n’est pas quelque chose qui se lit, c’est quelque chose qui se voit, directement, dans ses formes et dans ses proportions. »
 
EN KIOSQUES (OU PRESQUE)
Le dernier numéro du semestriel Photographica embrasse l’histoire du portrait photographique, des travaux anthropométriques de Rudolf Martin jusqu’au selfie en passant par la Nouvelle Objectivité chère à August Sander. Alexandra de Heering et Anne Roekens, les deux coordinatrices de la revue, en développent le sommaire au micro de Un jour dans l’Histoire.
 
PARIS-BREST
La photographie est affaire de distance et aussi parfois de contradiction. Parce qu’elle y vit, Nolwenn Brod se refuse à photographier Paris. En revanche, elle a accepté une résidence d’artiste à Brest, sa ville natale. Elle s’en explique ici.
 

ELLES ONT DIT…

« Je me souviens leur avoir dit que leur histoire méritait d’être racontée. Mes parents n’ont jamais été intimidés par l’appareil photo, ils ont donc accepté immédiatement… » Becky Wilkes, dans Feature shoot.
« C’est la seule règle que je me suis fixée. Poster des images qui viennent du cœur de la guerre, mais sans violence. Je souhaite ainsi toucher le public là où il ne s’y attend pas. » Orianne Ciantar Olive, dans une interview donnée à Polka.
« Manipuler les gens, j’adore ça. Mais j’essaie de le faire avec finesse, avec humour. » Françoise Huguier, dans le cinquième épisode d’À voie nue (les quatre premiers valent aussi l’écoute).
« Les peintures coloniales baroques et les reliques passées font partie de l’iconographie dans laquelle nous avons grandi au Pérou. Il m’est venu naturellement d’utiliser ces symboles dans mon travail, car ils constituent un langage commun. » Ana de Orbegoso, extrait d’une conversation avec Claudia Ruiz Gustafson, publiée sur Lenscratch.
« Je ne réalise pas trop. C’est une journée comme une autre mais c’est surtout le dernier Ciba que je fais. Cela me trouble un peu.  (…) Les chimies périmées ne sont pas stables et la machine m’en a fait voir de toutes les couleurs. Dire qu’elle va partir à la poubelle… » Julie Laporte, dans Libération (article payant).
 
STONEHENGE ENLUMINÉ
Reuben Wu, le roi du « dronepainting », s’est attaqué au site de Stonehenge. Et comme d’habitude, il nous en met plein les yeux. En fin d’article, il est fait mention d’une image similaire réalisée par Harold Egerton en 1944, vous pouvez la voir ici.
 
COULEURS VIBRANTES
Par honte ou par timidité, Éva Szombat a attendu d’avoir 29 ans pour acheter son premier vibromasseur. Quand elle a lancé quelques années plus tard un projet de série photo autour des sex-toys et de leurs utilisatrices, elles pensaient donc ne recevoir que très peu de réponses. Grande fut sa surprise quand des volontaires venues de tous horizons (étudiantes, mère de famille, dominatrices, etc.) se présentèrent à elle pour participer à « I want orgasms, not roses ».
 
PARRADOXE
On savait Martin Parr parfois caustique, on le découvre intervieweur bienveillant avec la série des « Sofa sessions ».
 

ILS ONT DIT…

« La photographie, c’est dur d’en vivre, mais la pauvreté rend créatif. » William Keo, dans le podcast Vision(s).
« Il faut être un peu « tapis roulant » quand on est photographe : il faut être discret comme un Cartier-Bresson mais il faut être aussi présent comme un Doisneau. » Raymond Depardon, dans Affaires culturelles (France Culture).
« Ce n’est pas abuser de quelqu’un que de faire une photo de lui quand il est dans une situation dramatique, c’est faire passer le message. Les photojournalistes sont des messagers. » Alain Keler dans Square (Arte).
« Photoreporter, photojournaliste, photographe documentaire, ce glissement sémantique raconte, à lui seul, comment, pour survivre aux mutations de notre profession, nous avons dû nous affranchir de l’injonction de transmission d’un réel brut et revendiquer une place d’auteur pour mieux le raconter. » Samuel Bollendorf sur le site de la SCAM.
« Je préfère photographier des gestes de victoire sur le banc plutôt que de m’acharner à immortaliser le palet qui arrive en plein milieu de la lucarne. Ma démarche est de montrer un autre aspect de l’événement. » Denis Broyer, dans une interview donnée au site À Block!
 
MUSIQUE
Le brillant David Crosby nous a quittés il y a peu. On le savait amateur de substances illicites, mais on se demande à quoi il tournait lorsqu’il a composé cette chanson où il se prend pour un appareil photo.
 
 
I’d be a lens that could see souls
A shutter that never shuts
I’d have film that lasts forever
I would live in huts
 

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.