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Clique Clac #276

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Photographies sur céramiques, cassées puis réparées au kintsugi, poudre d’or 24 carats. © Laetitia Lesaffre

Au Japon, le kintsugi désigne une technique de réparation des pièces de céramique brisées, consistant à recoller les morceaux avec de la laque puis à rehausser les jointures à la poudre d’or. La portée symbolique de ce procédé n’a pas échappé à Laetitia Lesaffre qui l’a utilisé pour « Kintsugi, reflets de femmes », série de portraits de victimes de violences sexuelles. Un travail dont elle a précisé les contours dans la pastille Artiviste : « Toutes ces fêlures, toutes ces fissures qui sont réparées à l’or montrent comment on peut se reconstruire, être résilient et retrouver cette force qui nous pousse à aller de l’avant. » L’image est efficace. Et ce n’est pas un hasard si le reporter britannique Giles Duley a lui aussi usé de la technique du kintsugi pour illustrer la capacité des populations civiles meurtries par la guerre à reprendre goût à la vie. À voir au Centre international du photojournalisme de Perpignan jusqu’au 30 juillet.

2, 3, 4 FÉVRIER
Si vous passez par Nantes ces jours-ci, ne ratez pas les « Journées de la photographie », un événement organisé par le Centre Claude Cahun qui propose, sur divers sites, des rencontres, des conférences, des expositions, un salon des éditeurs indépendants et même des ateliers pour les plus jeunes. Tout le programme est ici.
 
ÉTHIQUE DU REPORTAGE (1)
L’interview qu’a donnée Jean-Philippe Cazier, auteur de Vous fermez les yeux sur notre colère, au site Diacritik  est longue et parfois ardue, mais elle mérite le détour. Un extrait : « Je ne photographie jamais la police, je privilégie les « temps faibles » de la manifestation, les moments et situations « à côté ». Je me concentre plutôt sur les individus, ce qu’ils expriment par leur visage, leur geste, leur posture, leurs habits, ou sur le simple fait qu’ils sont là. » Et le photographe de préciser sa pensée quelques lignes plus loin : « Montrer la présence toujours massive et imposante, menaçante, de policiers, c’est faire le jeu de l’État, celui de la domination, c’est prolonger soi-même cette violence, c’est participer à la production de la peur, à l’iconographie de la violence de l’Etat qui est nécessaire à l’État. »
 
NARCOS
Entre 2020 et 2021, la Colombie a vu la surface de ses plantations de feuilles de coca augmenter de 43%. Autant dire que les narcotrafiquants ont encore de beaux jours devant eux… Escorté par la police locale, Mads Nissen a passé plusieurs semaines dans le pays afin de documenter les tenants et aboutissants de ce trafic : la culture de la coca, les laboratoires clandestins, la guerre des cartels ou encore les « mules » chargées d’écouler la marchandise hors du pays.
 
PORTRAITS SCÉNARISÉS
De ses années comme photographe de plateau pour Claude Lelouch, Jean Becker ou Pascal Thomas, Sylvie Lancrenon a gardé un certain goût du scénario, qu’elle applique aujourd’hui lors de ses séances de portrait : « Comme un réalisateur qui prépare un long-métrage, je crée un mini-scénario et je mets [mes sujets] en condition le temps d’une journée ou d’un voyage. Mais ce n’est jamais devant un mur blanc à rien faire, il faut toujours que je raconte une histoire. »
 
DUPOND ET DUPONT
Charles Nègre n’a rien à voir avec Charles Nègre, même s’il soupçonne son père de l’avoir prénommé ainsi sciemment. Si vous voulez en savoir plus sur Charles Nègre (l’historique, né à Grasse), le musée niçois auquel il a donné son nom vous propose un escape game virtuel centré sur le personnage et son œuvre.
 
ÉTHIQUE DU REPORTAGE (2)
Face à une situation d’extrême urgence, faut-il sauver la personne en danger ou privilégier l’image pour informer le monde ? Secouée par ses photos de la guerre au Tigré, Charline Vanhoenacker a posé la question au photojournaliste Olivier Jobard (la séquence démarre à 18’50).
 
INSPIRATION PICTURALE
George Caleb Bingham, nous dit Wikipédia, était un peintre du XIXe siècle associé au luminisme américain dont les tableaux, représentant des scènes de chasse ou de vie quotidienne sur les fleuves, soulignent le rôle positif des colons dans l’apport de la civilisation vers les terres sauvages. A-t-on besoin de savoir cela pour apprécier les photos que le travail du peintre a inspirées à Julie Blackmon ? Sans doute pas, mais cela peut expliquer leur apparente bizarrerie.
 

DES CHIFFRES ET DES MÈTRES

5 : c’est le numéro du siège qu’occupera Françoise Huguier, nouvellement élue à la section photographie de l’Académie des beaux-arts.
12 : c’est le nombre de filtres bizarres testés par l’incontournable Mathieu Stern.
19 : c’est la durée, en minutes, de cet épisode des « Histoires de quartier » d’Oxmo Puccino dans lequel Fifou raconte une séance photo dans un parking souterrain qui aurait pu très mal tourner.
19,99 : c’est le prix, en euros, d’un pack de films Polaroid aux couleurs inspirées par les différentes périodes de David Bowie.
33 : c’est le nombre de photos inédites de l’insurrection du ghetto juif de Varsovie retrouvées dans un grenier.
64 : c’est le nombre critique qui a poussé plus d’un million de manifestants dans les rues de Paris et d’ailleurs.
400 : c’est le nombre de selfies pris par un drôle d’influenceur (qui a fort à faire avec la concurrence du premier portrait de Moursien).
498 : c’est, en kilos, le poids du matériel mis en œuvre par National Geographic pour produire un photoreportage de Jasper Doest sur les éléphants du Gabon.
1211 : c’est, en mètres, l’altitude à laquelle culmine le Pic de Nore, au sommet duquel s’est aventuré Thomas Simonin.
1943 : c’est l’année où Joe Rosenthal prit en photo des soldats plantant un drapeau américains à Iwo Jima. Une véritable icône qui depuis a fait bien des petits
69000 : c’est le nombre d’images libres de droits mises à disposition par le Musée Albert-Kahn via son nouveau portail. Avis aux amateurs d’autochromes !
 
MUSIQUE
« J’aime parfois comparer la dépression à une lentille embuée, mais on pourrait aussi la voir comme une lentille qui vous permet de vous voir avec un tel niveau de détail qu’il est presque impossible d’éviter de remarquer tous vos défauts. » La comparaison peut paraître audacieuse, mais elle vient d’une artiste, Magali Agnello, qui ausculte ses troubles bipolaires à travers la photographie.
D’autres, comme le trio toulousain Fotomatic, se soignent par la musique…

 
« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.