Dans l’iconographie morbide de la guerre des Balkans, une photo résume à elle seule la violence à l’égard des civils. Prise le 2 avril 1992 à Bijeljina (Bosnie-Herzégovine), elle montre un membre de la milice paramilitaire serbe « Les Tigres d’Arkan » s’apprêtant à mettre un coup de botte dans la tête d’un cadavre. Ron Aviv, l’auteur de l’image, était alors âgé de 27 ans. Au fait des soupçons de nettoyage ethnique qui pesaient sur la milice, il avait suivi toute la journée une de ses unités, constatant ses exactions sans pour autant réussir à avoir dans le même cadre les meurtriers et leurs victimes. Jusqu’à ce moment fatidique. Jamais inquiété car difficile à identifier (et sans doute protégé), l’auteur du coup de pied a ensuite fait carrière… dans les clubs de Belgrade sous le nom de DJ Max. C’est cette incroyable histoire que raconte Rolling Stone dans « The DJ and the war crimes », une enquête fouillée (nourrie par les témoignages de Ron Aviv ou de proches des victimes) et remarquablement mise en forme.
L’ŒIL DE L.A.
Les Jackson 5, Joan Didion, Donna Summer, Steve McQueen, James Baldwin… les icônes de la pop-culture se bousculent sur les images de Julian Wasser, photographe angeleno dont on a appris le décès cette semaine, à l’âge de 89 ans. Mais s’il ne devait rester qu’une photo de lui, ce serait celle, fameuse, de la partie d’échecs qui opposa en 1963 une Eve Babitz très nue à un Marcel Duchamp très concentré.
PASSÉ DE MODE
On reconnaît les grands créateurs de mode à leur capacité à sentir l’air du temps, mais aussi à leur faculté à puiser chez les artistes du passé de nouvelles idées. Ainsi, dans sa nouvelle collection, Duro Olowu paie son dû à Luigi Ghirri, photographe italien dont il apprécie les couleurs solaires. Erdem Moralioglu, pour sa part, dit s’être inspiré des photos de mode de Dora Kallmus, alias Madame d’Ora, pour ses nouvelles créations. Si le Canadien nous lit, on lui conseille de passer au Pavillon populaire de Montpellier qui présente, à partir du 18 février, une rétrospective de sa muse.
FAN SERVICE
Le 10 septembre 1983, Brian McDonnell assiste à Belfast à un concert de Depeche Mode. Dépité de n’avoir pu emporter son appareil photo avec lui, il jette une pellicule avec son adresse sur scène. Et voici ce qu’il arriva…
CHARGE MENTALE
Parce que la vie des nouvelles mères n’est pas aussi rose que ce que les réseaux dépeignent, Jena Love a décidé de se moquer des baby showers, des fêtes de la révélation et autres injonctions sociales en réalisant une série d’autoportraits détonnants mais réalistes : « J’ai reçu beaucoup d’excellents commentaires d’autres mères. Elles m’ont dit à quel point elles ont été touchées (…) ou combien elles ont aimé voir une vision humoristique de la grossesse et de la maternité. »
À COUPER LE SOUFFLE
Le journalisme en immersion n’est pas une sinécure. Lucile Solari s’en est rendu compte en janvier dernier, en accompagnant Gaël et Antoine Lavorel, de quarante ans ses cadets, sur les pentes enneigées du Jura suisse. Autre écueil de l’exercice : le jeu du questions-réponses se marie mal avec le silence nécessaire à la photographie ou au dessin naturaliste. Sans trop de surprises, l’expédition des trois compères s’est soldée par un échec en termes d’observations mais elle est riche d’enseignements sur les méthodes des deux frères et leur bel état d’esprit.
ZANELE ET LES AUTRES
Tout le monde salue (à raison) le travail novateur et militant de Zanele Muholi, actuellement exposé à la MEP, mais dans les townships sud-africains une nouvelle génération de photographes émerge déjà…
LA BEAUTÉ DES PARASITES
Evelyn Bencicova qualifie ses travaux photographiques de « fictions adossées à la vérité ». Pour « Unforbidden pleasures », série récente réalisée en collaboration avec Enes Guc, la Slovaque a photographié des corps nus enlacés puis scannés en 3D, mais elle a laissé les erreurs de numérisation telles quelles afin de signifier que la perfection physique est un leurre. Elle a expliqué sa démarche à l’équipe de Twist, dans le cadre d’un épisode consacré au « body positivism » (à partir de 17’50).
EXPO PARTICIPATIVE
Du 21 avril au 31 mai, le Parc Pasteur d’Orléans accueillera sur ses grilles un accrochage photographique célébrant le patrimoine de la Région Centre-Val de Loire. Et c’est à vous de choisir quelles images seront exposées parmi une sélection de 36. Clôture du vote le 12 mars.
THE MAGIC NUMBER
• Avec sa « Trilogie du bonheur », Marvin Bonheur déconstruit les idées reçues sur le département où il a grandi, la Seine-Saint-Denis.
• Après cinq ans d’attente, Stijn a bénéficié des conditions idéales pour photographier les trois tours de Gand.
• Après cinq ans d’attente, Stijn a bénéficié des conditions idéales pour photographier les trois tours de Gand.
• Zalán Tóth a fabriqué l’appareil panoramique de ses rêves grâce à une imprimante 3D.
• 6 Mois va-t-il bientôt s’appeler 3 Mois ?
• Sur Twitter, une publication avec une image a trois fois plus de chances de générer une réaction qu’un texte non illustré.
• Hubble a réussi à capter un trio de galaxies sur le point de fusionner.
• Julie Powell vous donne trois techniques d’éclairage pour améliorer vos portraits.
• Charles III a choisi Hugo Burnand pour photographier son couronnement.
• Où en sont sont Anne-Laure Étienne, Julie de Waroquier et Julie Poncet de leurs expérimentations autour du format triangulaire ? Leur site commun (lestrianglesinvisibles.com) a été désactivé, dommage il y avait de l’idée.
• Le Rouennais Vincent Lebret revient sur le buzz qu’a fait sa photo des trois ponts.
• 3% des parents qui publient des photos de leurs enfants sur les réseaux sociaux le font dans un but mercantile.
• « Photo, finish ! »… un résumé (très orienté) de la filmographie de Louis de Funès en 3 minutes chrono.
R.I.P. Trugoy The Dove
« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.
