En 2019, Xavier Léoty avait essuyé un tir de flashball alors qu’il couvrait une manifestation des Gilets jaunes dans les rues de La Rochelle. Quatre ans plus tard, le photographe de Sud-Ouest s’est retrouvé sous les pierres des manifestants à Sainte-Soline. Son récit fait froid dans le dos et dit la difficulté de rapporter des images quand on est en permanence pris entre deux feux. Il suffit de bien s’identifier et de porter un brassard, diront les optimistes. Détrompez-vous…
 
LA SALAMANDRE, POURVOYEUR DE RÉCITS NATURALISTES DEPUIS 40 ANS
Tous les premiers vendredis du mois, La Salamandre met à l’honneur illustrateurs, photographes et documentaristes grâce au podcast « Histoires d’images ». Parmi les derniers numéros diffusés, on conseille celui consacré à Benoît Renevey, photographe helvète qui, pendant quatre ans et en étroite collaboration avec l’ornithologue Jacques Jeanmonod, a suivi le retour du faucon crécerelle dans les grandes plaines de la Broye. Ce travail, qui a abouti à un livre, Le faucon de l’espoir (édité par La Salamandre, tiens, tiens…), montre que l’enrichissement est mutuel quand les professionnels de la nature et de l’image collaborent : « Lorsqu’on passe du temps à faire des images, on observe des choses que les ornithologues ne voient pas. Jacques Jeanmonod a 270 nichoirs à visiter, donc il n’a pas le temps de rester une heure ou deux auprès de chaque couple. Les observations que j’ai pu faire l’ont intéressé car ce sont des choses qu’il n’a pas forcément eu l’occasion de voir. »
Pour ceux et celles qui préfèrent les histoires naturalistes quand elles sont portées par des images, rendez-vous sur la chaîne YouTube de La Salamandre qui propose chaque semaine « La Minute Nature », une séquence vidéo immersive supervisée par Julien Perrot et dans laquelle sont régulièrement invités ou cités des photographes (dans cet épisode sur Gonepteryx rhamni, par exemple).
 
LIEUX DE MÉMOIRE
S’il tient à ce que l’on montre les images des victimes des fusillades, Spencer Ostrander s’est refusé à le faire dans Pays de sang : une histoire de la violence par arme à feu aux États-Unis. Pour illustrer ce livre, dont son beau-père Paul Auster assure les textes, il a fait le choix de photographier les lieux où s’étaient produites les fusillades, plusieurs mois voire plusieurs années après les faits. Il a aussi fait le choix du noir et blanc. Une forme de respect, comme il l’a dit à Télérama : « Je ne voulais pas photographier ces lieux dans une bonne lumière ou jouer sur les couleurs. D’autant que beaucoup de tueurs imitateurs idolâtrent ces endroits. »
 
LE BEL ÂGE
À l’hiver de sa vie, Marna Clarke a décidé de reprendre la photographie, métier qu’elle avait exercé jusqu’en 1992. Mais pas professionnellement, juste pour documenter sa relation avec Igor, le nouvel homme de sa vie. Ce travail soigné et sans fausse pudeur aurait pu s’achever avec la mort d’Igor, survenue l’an passé, mais Marna Clarke n’a pas l’intention de s’arrêter là. Souhaitons-lui donc de vivre aussi longtemps que Madame Alix, célèbre tenancière d’une boutique photo à Luchon, dont on a appris la mort mi-janvier dernier à l’âge de 104 ans.
 
PASSIONS (À PEINE) CACHÉES
Steve Mackey, dont on a appris la disparition au début du mois, n’était pas que le bassiste des meilleures années de Pulp. Il menait parallèlement une carrière de réalisateur et de photographe. Idem pour Glen « Spot » Lockett, producteur le jour (Black Flag, Hüsker Dü ou Meat Puppets à son tableau de chasse) et photographe la nuit. Lui aussi est mort début mars.
Brian May, pour sa part, se porte comme un charme. Il a même été fait Sir le 14 mars dernier. L’occasion de rappeler que le guitariste de Queen est un passionné de stéréoscopie. Il dirige la London Stereoscopic Company, a créé un stéréoscope et collectionne les photos stéréo anciennes, avec une prédilection pour le genre des « diableries » auxquelles il a consacré un livre en 2013.
 
H.L.AIME.
Depuis 2014, Renaud Epstein publie chaque jour sur son compte Twitter une carte postale d’un grand ensemble. Par cette initiative, le professeur de sociologie politique veut redorer le blason d’habitations généralement malaimées en en montrant la variété. Cet exercice quotidien a donné lieu à un livre, On est bien arrivés, paru l’an dernier aux éditions Le Nouvel Attila et chroniqué en longueur par Florine Ballif pour le site Métropolitiques.
 
SOUVENIRS DE L’ENDURANCE
« Recherche hommes pour voyage périlleux. Bas salaire. Froid glacial. Longs mois de totale obscurité. Danger permanent. Retour non garanti. Honneur et reconnaissance en cas de succès. » Telle est l’annonce postée dans les journaux par Ernest Shackleton au début de l’année 1914. L’explorateur britannique, qui a inscrit le Pôle sud sur les cartes cinq ans plus tôt, ambitionne de traverser l’Antarctique à pied. Pour documenter le voyage à bord de L’Endurance, il s’adjoint les services de Frank Hurley, un photographe et cinéaste australien. Une bonne idée, car sans lui on n’aurait du mal à imaginer le calvaire vécu pendant deux ans et demi par les membres de l’expédition, très tôt bloquée par la glace. Ils s’en sortiront, mais Hurley devra laisser derrière lui 400 plaques de verre. Heureusement, quelques-unes ont survécu. On peut même voir des extraits de ce qu’a tourné Hurley dans un reportage de Thalassa daté de 2006 (désolé pour la qualité, on n’a pas trouvé mieux). On souhaite à L’île d’Elle, voilier sur lequel a embarqué Jérémie Villet, un meilleur sort que L’Endurance.
 
MUSIQUE
En dépit de son titre et de sa pochette, le dernier album de Belle & Sebastian ne parle pas de photographie ou alors de façon subliminale. Pour trouver trace du sujet dans la conséquente discographie du groupe écossais, il faut remonter à 1997 et à ce titre au jeu de mots transparent extrait du EP Lazy line painter Jane.
 
 
« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.