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Clique Clac #288

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Les chaînes YouTube de photographes se comptent par milliers. Les unes parlent technique de prise de vue, les autres racontent l’envers d’images historiques ou personnelles. Thomas Dévényi, pour sa part, a choisi de nous embarquer avec lui grâce à un dispositif malin : deux mini-caméras fixées sur son Leica M4-P montrent le photographe en action ainsi que son point de vue lorsqu’il a l’œil au viseur. Évidemment, cela ne fait pas tout : le découpage des séquences et, surtout, les commentaires en voix off de Thomas Dévényi (explicatifs mais jamais ramenards) rendent le visionnage plaisant… et dépaysant puisque, depuis son lancement fin mars, Rollfilms nous a fait voyager en Arménie, en Géorgie, au large de la Bretagne et à Jérusalem.

PEAUX SENSIBLES
Le machine learning est au cœur du fonctionnement des smartphones. Or, les algorithmes de leur appareil photo ne sont pas entraînés pour les peaux noires, d’où des problèmes récurrents de sur ou sous-exposition. De ce constat est né le projet Real Tone, une technologie intégrée aux smartphones Google Pixel qui a été mise au point grâce à l’aide de personnes racisées. Numerama a interrogé Florian Koenigsberger et Natacha Ikoli sur ce sujet pour le moins sensible.
 
LA LOI DE LA RUE
Le retour des beaux jours est pour certains synonyme de balades bucoliques, le nez au vent et l’équipement macro à l’épaule. D’autres succombent à l’appel de la rue, appareil en bandoulière, œil aux aguets… et une foule de questions en tête, la première étant : « Où commence et où s’arrête mon droit à photographier les gens ? » Il suffit de demander à Joëlle Verbrugge.
 
RÉACTIONS EN CHAÎNE
Le 16 juillet 1945, les États-Unis opéraient, sous le nom de code « Trinity », le premier test d’une bombe atomique. Le site choisi se trouvait dans la vallée de Jornada del Muerto, au Nouveau-Mexique, loin de toute habitation. Pas assez loin toutefois pour celles et ceux qui résidaient dans un rayon de 50 miles et qui ont connu depuis des cas de cancers à répétition. Mais 78 ans après les faits, le gouvernement américain refuse toujours de leur accorder la compensation monétaire qui leur est due dans le cadre du Radiation Exposure Compensation Act. Pour que portent leurs voix, Reto Sterchi est allé à la rencontre des derniers témoins de Trinity.
 
DÉCENTREMENT
Par choix ou par obligation, le photojournalisme emprunte parfois des voies de traverse. En 2021, dans Talashi, Alexis Cordesse avait raconté le drame syrien en s’appuyant sur les souvenirs photographiques emportés dans leurs valises par celles et ceux qui fuyaient la guerre. L’an passé, dans L’Atlas en mouvement, Mathieu Pernot posait lui aussi son boîtier pour mettre en scène les images des autres, en l’occurrence les migrants qu’il avait rencontrés lors de ses reportages. Paru il y a quelques mois aux éditions Revers, Stuck in here relève du même procédé. Ce livre oblong compile les mots et les images postés depuis un an par la jeunesse ukrainienne sur un compte Instagram créé par la photojournaliste Orianne Ciantar Olive. Plus qu’un épiphénomène, la photographe y voit un mouvement de fond : « Aujourd’hui nous sommes nombreux à faire un pas de côté, soit en travaillant sur l’après, soit en travaillant en périphérie. (…) Et je crois que cela révèle quelque chose de notre métier. On voit très bien, justement par les réseaux sociaux, que toute forme de hiérarchie entre photographes professionnels et amateurs a disparu. Aujourd’hui, il faut redéfinir les contours de notre métier, et je pense qu’il prend de la valeur dans notre subjectivité. »
 
ARIDE MAIS FERTILE
Gardons-nous des jugements hâtifs. Un reportage peut commencer par un poncif (« pour moi, la photographie c’est peindre avec la lumière ») et se révéler au final très intéressant. C’est le cas de ce sujet sur le Karoo, territoire sud-africain que Louis Botha arpente depuis des années, non seulement pour en capter les paysages mais aussi les visages.
 
HULME, HIER ET AUJOURD’HUI 
Situé à 2,5 km au sud de Manchester, Hulme a connu plusieurs vies après son bombardement durant la Seconde Guerre mondiale. Et chacune d’elles a été documenté par de grands photographes : Shirley Baker y a capturé la pauvreté et la vie insalubre dans les années 60, Richard Davis a saisi l’émergence des grands ensembles dans les années 70-80, Al Baker a témoigné de la démolition du lotissement The Crescents une décennie plus tard. Quant à Anni Kay, elle photographie les derniers squats d’une aire urbaine aujourd’hui promise à la gentrification.
 

ÇA FILOCHE…

• Il y a 10 ans, l’équipe de « C’est pas sorcier » prenait une bonne résolution.
• Il y a 30 ans, Kurt Cobain demandait un seau à Jesse Frohman.
• Il y a 50 ans, Libé sortait son premier numéro et Joyce Dopkeen devenait la première femme photographe employée à plein temps par le New York Times.
• Il y a 70 ans, Elliott Erwitt devenait membre de l’agence Magnum.
• Il y a 90 ans naissait Hugues Vassal, photographe des stars et cofondateur de l’agence Gamma.
• Il y a 110 ans, Marguerite Mespoulet et Madeleine Mignon produisaient les premières photos couleur de l’irlande.
• Il y a 130 ans naissait Yevonde Middleton, pionnière méconnue de la photographie couleur.
• Il y a 150 ans, Alexandra Kitchin posait pour Lewis Carroll.

 
MUSIQUE
« Beaucoup de photos sont, hélas, inertes sous mon regard. Mais même parmi celles qui ont quelque existence à mes yeux, la plupart ne provoquent en moi qu’un intérêt général, et si l’on peut dire, poli : en elles, aucun punctum : elles me plaisent ou me déplaisent sans me poindre : elles sont investies du seul studium. Le studium, c’est le champ très vaste du désir nonchalant, de l’intérêt divers, du goût inconséquent : j’aime / je n’aime pas, I like / I don’t. Le studium est de l’ordre du to like, et non du to love. » (Roland Barthes, La Chambre claire)
 
 
 
 
 
« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.

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