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Clique Clac #310

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Le cercle des idolâtres de Pierre © Coco Fronsac Encre et Feutrine sur photographie ancienne «carte de visite»,et tampon «Pierre Loti» fabriqué par l’artiste en Linogravure

S’il eut droit en juin 1923 à des funérailles nationales, Pierre Loti est quelque peu tombé dans l’oubli aujourd’hui. L’auteur de Pêcheur d’Islande, qui se vantait de ne lire jamais, préférait aux livres l’ivresse des voyages. Excellent dessinateur, il croquait les lieux qu’il visitait pour en conserver la mémoire. Autant dire qu’il accueillit la photographie avec enthousiasme. Et avec un certain bonheur, comme le montre ce documentaire récemment diffusé sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, où l’on découvre, entre autres, ses clichés impeccablement nets et composés de Bénarès. Pour prolonger le visionnage, vous pouvez consulter cette page qui fait le point sur le fonds photographique Pierre Loti ou vous rendre sur le site de Coco Fronsac pour apprécier ses recréations.

PÉDAGOGIE
De la BnF où a démarré son parcours professionnel à la Villa Médicis où elle œuvre actuellement, Isabelle Saussol-Guignard a fait de la médiation culturelle son cheval de bataille et de la photographie le maillon fort de toutes ses actions. C’est à elle ainsi que l’on doit la « Rentrée en images », événement durant lequel, chaque année en septembre, 10000 scolaires sont invités à développer leur esprit critique au contact des expositions des Rencontres d’Arles. Membre du collectif Les Déclencheurs, Isabelle Saussol-Guignard est aussi à l’initiative d’activités ludiques autour de la perception des images, comme les jeux Pause Photo Prose ou Traqueurs d’infox. Que vous travailliez ou non dans le secteur éducatif, ses 25 ans de carrière au service de la pédagogie méritent bien une heure et quarante-huit minutes de votre temps. 
 
ÉCOLOGIE
Ne dites-pas à Soren Goldsmith qu’une photographie ne peut pas changer le monde, ce jeune Américain de 18 ans est persuadé du contraire. Depuis qu’il a appris qu’un parking allait être construit dans le bois du Massachussets où il se rend depuis toujours, il met tout en œuvre pour stopper les travaux. Ainsi a-t-il installé des pièges photographiques un peu partout pour enregistrer le passage des espèces (coyotes, renards, ratons laveurs, pics, etc.), l’idée étant de rallier à sa cause les habitants en prouvant l’intérêt faunistique du lieu. « La construction d’un parking, ajoute-t-il, aura des effets nocifs sur les zones humides. À mon avis, ce qu’ils prévoient de faire devrait être illégal. Cela changera à jamais le paysage de la région. »

 
ANTHOLOGIE
À l’occasion d’une rétrospective à la Maison de l’Amérique latine et d’un beau livre aux éditions Atelier EXB, on (re)découvre l’œuvre de Paz Errazuriz, Chilienne de 79 ans qui, comme beaucoup de ses concitoyens et concitoyennes, a vu sa vie bouleversée en septembre 1973. À l’arrivée au pouvoir d’Augusto Pinochet, elle a dû quitter son poste d’institutrice parce que ses activités syndicales étaient mal vues du nouveau régime. Elle s’est alors lancée dans la photographie, s’intéressant prioritairement aux bannis de la société : les sans-abris, les prostituées, les travestis, les détenues, etc. Mais son militantisme et son féminisme lui fermèrent aussi quelques portes, comme elle l’a raconté récemment à L’Humanité.    
 
ORNITHOLOGIE
New York est sur la route des oiseaux migrateurs qui, chaque printemps, viennent y faire halte. Photographe suisse basé à NYC, François Portmann ne manque jamais ce rendez-vous. Du reste, il profite de toutes les occasions que lui offre la ville pour saisir les passereaux nichant dans les feux tricolores ou les ratons laveurs fouillant les poubelles. Il en vient même à penser que les buses et autres rapaces sont plus tranquilles dans les mégapoles qu’en campagne où certains les chassent encore. Le temps d’une émission, Passe-moi les jumelles a suivi ce passionné de longboard dans les rues de la Grosse Pomme mais aussi sur ses terres natales, dans la région Chasseral-Trois Lacs.
 

EN BREF…

• Parce qu’il n’y a « jamais trop de couleurs dans notre monde », Thandiwe Muriu en use, en abuse et s’en amuse dans ses portraits finement ouvragés.
• Retour en images sur L’homme qui rétrécit, classique de la science-fiction dont les effets spéciaux « faits maison » impressionnent toujours autant (mention spéciale au piège à souris à échelle humaine… brrrr !).
• « Une vitalité désespérée », drôle de titre pour une balade en noir et blanc dans les quartiers authentiques de Cosenza et Naples. Suivez le guide, Ciro Battiloro.
• Chacun son terrain de jeux : tandis que Lucas Levitan rehausse au crayon numérique les photos qu’il trouve sur Instagram, Boris Blanchoz. traque les paréidolies qui nous entourent.
• L’humeur est joviale sur le plateau de « Vous êtes formidables », émission de France 3 Centre Val de Loire qui avait pour invité le 17 octobre dernier le photographe animalier Emmanuel Tardy.

 
MUSIQUE
Ne nous demandez pas de définir le courant emo, il a tellement de ramifications et de sous-genres que même Wikipédia s’y perd. On se contentera de dire que la scène emo est née au milieu des années 1980 du côté de Washington DC et qu’elle a rencontré le succès public une quinzaine d’années plus tard, grâce à des groupes comme Dashboard Confessional, Newfound Glory ou The Get Up Kids. Adolescente à l’époque, Amy Fleisher Madden a vécu ce mouvement aux premières loges, créant son fanzine (Fiddler Jones) puis son propre label (Fiddler records) alors qu’elle n’avait que 16 ans. Aujourd’hui quadragénaire, elle se replonge dans cette période de sa vie le temps d’un beau livre, The Negatives, retraçant, avec force photos, l’âge d’or de ce courant. Amy Fleisher Madden est photographe elle-même, mais pour étoffer son ouvrage, elle a aussi fait appel à celles et ceux qui ont couvert les concerts ou suivi de près certains groupes. La couverture de The Negatives est ainsi signé du duo Day19. Dans une vidéo récemment mise en ligne, l’autrice explique comment s’est fait l’éditing des images et par quels détours Casey Prestwood de Hot Rod Circuit (« le Michael Jordan de l’emo ») s’est retrouvé en couverture. Et si vous voulez savoir quelle est la photo qui, selon elle, résume le mieux le mouvement, lisez cette interview donnée à Alternative Press.
 
 
Bonus : la « playlist emo » d’Amy Fleisher Madden.
 

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.