Dans ses différents projets, Julia Lê s’intéresse à ce qui fait lien. Pour « Come rain come shine », sa série récemment présentée à Deauville, ce lien est tangible et même visible sur certaines images sous la forme d’une télécommande filaire que tiennent en main les modèles. La photographe a en effet voulu que les femmes de chambre au centre de son projet quittent l’ombre à laquelle elles sont trop souvent reléguées pour être pleinement actrices de la prise de vue. Une approche « intime, sensorielle et sociale » qui lui correspond bien.

PAYSAGES SONORES
Producteur radio basé à Glasgow, Mark Vernon est bien placé pour savoir qu’une voix peut vous transporter loin. Ajoutez le cliquetis particulier du Carousel Kodak et tout de suite le voyage sonore gagne une nouvelle dimension. Basé sur des commentaires de diaporamas enregistrés sur bande par des photographes amateurs dans les années 1960-70, Call Back Carousel, sa dernière œuvre, a ainsi été conçu comme un voyage dans le temps. Fermez les yeux, laissez-vous porter.
YOUNG AND FEARLESS
Cow-boys, cabriolets, paysages texans, baisers hollywoodiens… les références à l’Amérique, réelle ou fantasmée, sont légion dans les photos et vidéos de Julie Coulon. Son passage à la School of Visual Arts de New York, où elle a obtenu en 2019 un Master of Fine Arts, n’est sans doute pas étranger à cet intérêt. Aux États-Unis, elle a aussi appris à promouvoir son travail, ce qui lui vaut aujourd’hui de multiplier les projets et de figurer dans le top 100 des artistes qui, selon Technikart« peuvent sauver 2024 ».
LES BONS CONSEILS DU BOOK CLUB
Toute lecture fait naître des images ; de la même manière, toute image peut donner naissance à un récit. Les maisons d’édition Sun/Sun et Lamaindonne l’ont bien compris et ont même créé des collections (« Fléchette » pour la première, « Poursuites et ricochets » pour la seconde) où des auteurs et autrices sont invités à tirer le fil d’une ou plusieurs photos de famille. Et même à les faire parler, car bien souvent les visages présents sur ces images sont tombés dans l’oubli. Une entreprise compliquée, comme l’ont expliqué au micro du Book Club Marcelline Delbecq et Guillaume Geneste.
Si vous avez apprécié le ton de l’émission, on vous conseille aussi le Book Club du 14 décembre où Jean-Marie Donat était convié à parler de son travail sur le fonds photographique du Studio Rex à Marseille.
LES AUTOCHROMES D’ALBERT KAHN À LA MOULINETTE DE L’IA
Entre autres trésors, le musée Albert-Kahn abrite les dizaines de milliers d’autochromes collectés par le banquier philanthrope au début du XXe siècle. Ces « Archives de la planète » ont servi de base à un projet réalisé en résidence par Fabien Ducrot et exposé en ce moment au musée : « Matière & Mémoire ». L’artiste plasticien a entraîné une intelligence artificielle afin de générer des images inspirées des autochromes ou les complétant. Si le projet vous laisse sceptique, on vous invite à lire l’article paru dans l’édition janvier-février du Guide culturel des Hauts de Seine (pages 16-18), Fabien Ducrot y détaille son processus créatif, lequel ne repose pas que sur l’aléatoire : « L’intelligence artificielle part dans une direction différente de celle que je souhaite, je l’amène alors à générer ce que je vois, un peu comme lorsqu’on distingue une forme dans les nuages. »

C’EST À MIRER PRÈS DE CHEZ VOUS…

• Au Musée de l’Ancien Évêché de Grenoble, une grande exposition rend hommage à la dynastie Terraz qui, de 1857 à l’an 2000, a sublimé le massif du Mont-Blanc. « Je suis impressionnée par la qualité. Je ne m’attendais pas à avoir autant de détails », s’étonne une visiteuse.
• À Mulhouse, le Musée national de l’automobile accueille, à côté des berlines rutilantes, les épaves rongées par la rouille et envahies par les broussailles que Jean-Pierre Hossann photographie depuis une quinzaine d’années. Un accrochage où, curieusement, on ressent « un fourmillement, la vie, les oiseaux ».
• À Betton (Ille-et-Vilaine), la Galerie de La Confluence présente, sous le titre « De femme à femmes », une rétrospective de l’œuvre de Françoise Huguier. C’est dans ce cadre qu’est proposée, ce vendredi 19 janvier à 20h30, une conférence participative animée par Cathy Lecruble.
• À la Ferme-Asile de Sion (Suisse), Virginie Rebetez redonne vie, à travers une enquête mêlant archives et photos, à des anonymes qui se sont donné la mort. « J’aime bien être une gardienne de leur mémoire, les porter sur mes épaules »dit-elle.
• Au Domaine de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher), la 6e édition de « Chaumont-Photo-sur-Loire » joue la carte de la nature et du minimalisme. Commissaire de l’événement, Chantal Colleu-Dumond a présenté chacun des photographes exposés au micro de FranceFineArt.
• À Villeneuve-d’Ascq, le LaM dévoile une nouvelle facette d’Anselm Kieffer artiste allemand d’abord connu pour ses peintures et ses sculptures. De là à dire qu’il « réinvente » la photographie…
• Au Parvis de Pau, Jane Evelyn Atwood présente deux séries puissantes, « Pigalle People », « Aveugles », accompagnées, sous l’intitulé « Miscellanées », de quelques portraits de commande. Dont un de James Baldwin hilare, réalisé dans une brasserie parisienne – « Il mangeait toujours la même chose. Un steak et des frites. J’ai jamais vu de vert dans son assiette. Qu’est-ce qu’on a pu rire !« 
• À Paris, la toute jeune Galerie des Minimes ouvrira ses portes au public le 26 janvier avec une double exposition où dialogueront les œuvres d’Astrid Staes et Dieter Appelt. Pour en savoir plus sur ses cofondateurs, parcourez la carte blanche que leur a donnée 9Lives.
• À Montpellier, le Pavillon populaire met en lumière l’œuvre méconnue du Dr Paul Wolff (1887-1951), fervent adepte du Leica dont les images témoignent, dixit Gilles Mora, du « rôle historique et sociologique de la photographie dite « grand public » dans l’Allemagne de l’entre-deux guerres ».
MUSIQUE
Selon un rapport produit par les chercheurs de l’université de South Wales (Australie), depuis 2018, 379 personnes ont perdu la vie en prenant des selfies. D’aucuns envisagent même de faire de cette pratique un enjeu de santé publique. Si tel est le cas, le duo nancéien Death by Selfie devra-t-il se trouver un nouveau nom ?

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.