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Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas lu une série d’articles aussi haletante que celle publiée dans Le Monde entre le 12 et le 16 août. Dans cette enquête en cinq parties, Philippe Broussard raconte comment il est parvenu à tracer l’origine d’un album photo chiné en 2019 par Stéphanie Colaux dans une brocante de Barjac (Gard). Précision utile : les photos dudit album ont la particularité d’avoir été prises à Paris sous l’Occupation entre 1940 et 1942. Elles ne sont pas signées, mais elles sont ponctuées de commentaires caustiques sur les troupes allemandes. Qui les a prises ? Dans quelles circonstances et dans quel but ? Comment faire tant d’images au péril de sa vie et rester inconnu pendant plus de quatre-vingts ans ? Pour le savoir, le journaliste a contacté des historiens, fouillé les archives d’époque, traversé la France pour interroger des témoins indirects. Un travail de fourmi qui, après quatre ans de recherches et quelques fausses pistes, l’a conduit à trouver l’identité d’un héros très discret. 
Cinq New-Yorkais, attentats du 11 septembre 2001 -Clique Clac #344

RAYON VERT

Lauréats de la Bourse BMW Art Makers 2024 (bourse qui a la particularité de financer le travail d’un duo artiste-commissaire d’exposition), Mustapha Azeroual et Marjolaine Lévy présentent actuellement à Arles un accrochage, « The Green Ray », qui, par sa dimension expérimentale, a séduit nos confrères de Sciences & Avenir. « Le photographique, explique Mustapha Azeroual, m’importe plus que la photographie elle-même. Les constituants de la photographie – les notions de perception, de représentation, d’enregistrement, de couleur, de lumière – nourrissent ma pratique. L’image en soi ne m’intéresse pas, sa lisibilité trop instantanée me dérange. »
Parlement de la photographie juin 2024 - Clique Clac #344

PÉPITES SONORES

Les insomnies peuvent avoir du bon. En se baladant sur la bande FM pour tromper l’ennui et la nuit, on tombe parfois sur des pépites, comme cette rediffusion d’une émission où s’entrecroisent la voix d’Alain Dister et les ballades de Bob Dylan et Woody Guthrie. L’archive date du début des années 1990, tout comme « Le Bon Plaisir » entendu sur la même chaîne dans la nuit du 1er au 2 août. Loin de l’interview classique, Véra Feyder y converse avec Henri Cartier-Bresson de tout (son évasion des camps de travail durant la guerre) et de rien (sa récente opération du ménisque), invitant dans la discussion quelques artistes proches du photographe. La chose dure trois heures, mais on ne voit pas le temps passer… à part peut-être dans la dernière partie, rencontre avec le Dalaï Lama qui reconduit assez vite dans les bras de Morphée.
Parlement de la photographie juin 2024 - Clique Clac #344

DES LAIDS D’IMPRESSION

Sans scrupule, certains dévoient l’esprit communautaire de l’impression 3D. Le dénommé MOTT ne manque pas d’idées (un porte-boisson à accrocher à son trépied, un étui pour cartes mémoire en forme de tablette de chocolat, des pinces en tout genre, etc.), mais il a arrêté d’en partager les plans quand il a vu que des gens de l’industrie photographique se les appropriaient puis commercialisaient ses inventions.
Affiche exposition "À nous les stades" - Clique Clac #344

PHOTO DE RUE

Qu’ont en commun Joel Meyerowitz, Bruce Davidson, Boogy, Martha Cooper, Jill Freedman, Jeff Mermelstein, Rebecca Lepkoff, Clayton Patterson, Elliott Erwitt, Bruce Gilden, Ricky Powell, Jamel Shabazz et Mary Ellen Mark ? Toutes et tous sont considérés comme des maîtres de la streetphotography, toutes et tous ont fait de New York leur principal terrain de jeu. Et pour ces deux raisons, toutes et tous figurent au générique de Everybody Street, un documentaire de Cheryl Dunn consacré à la photo de rue dans son acception la plus large (du quidam traversant la chaussée au junky s’injectant sa dose, des graffitis aux tabassages policiers, en passant par la faune du métro). Certes le film commence à dater (2013), certes sa construction n’évite pas certaines facilités, mais diable, quel casting ! Ne boudez pas votre plaisir !

LES JO DANS LE RÉTRO

Pour revivre les JO de Paris, on vous conseille vivement les portfolios publiés quotidiennement sur le site du Guardian (au hasard, le 7 août). Et pour les coulisses de ces images racontées par celles et ceux qui les ont faites, allez voir ici.

Par souci d’éclectisme, The Athletic a retenu de cette quinzaine une image forte par discipline.

Les cadences images des boîtiers modernes permettent de décomposer les actions à l’extrême, au grand plaisir des photographes du New York Times. Mais ce n’est rien comparé aux 40000 images/seconde de la caméra Omega utilisée pour départager les finalistes du 100 m.

À l’issue de sa finale individuelle, Teddy Riner a pris un temps pour poser sur le tatami en levant les yeux au ciel. Roublard, le judoka savait qu’un dispositif de prise de vue était installé au plafond… hélas, celui-ci était en rade, comme nous l’apprend Stéphane Manley dans cette compilation d’anecdotes.

De retour à San Francisco, l’expérimenté Jeff Cable partage sur son blog ses plus belles images de Paris 2024 mais aussi son ressenti sur les Canon EOS R1 et R5 Mark II qu’il a pu étrenner au bord des stades et des piscines.

Inspiré par William Klein et Kon Ichikawa, Robbie Lawrence s’est laissé porter par le mouvement.

Vous trouvez les médias français cocardiers ? Nos cousins québécois du Devoir ont également tendance à voir les JO à travers les performances des athlètes canadiens, comme le montre ce portfolio (partie 1, partie 2).

La photo de Jérôme Brouillet montrant Gabriel Medina et sa planche de surf au garde à vous a fait le tour du monde. La prise de vue était presque anticipable quand on connaît les habitudes du surfeur brésilien. C’est du moins ce qu’expliquent Lilou Valero et David Michel, photographe et journaliste à L’Équipe.
Et comment s’est débrouillé Ben Thouard, seul photographe admis sous la vague de Teahupo’o ? Réponse en images.

Les acrobaties de Stiliana Nikolova ont de quoi faire perdre la tête !

Photographier au débotté Léon Marchand et son frère sur la tour Eiffel en plein effervescence olympique, rien ne fait peur à Boris Allin, alias Boby.

Au micro du podcast SwimSwam, Jack Spitser est revenu sur son expérience olympique dans une chouette interview qui dit bien la lessiveuse que peut être un tel événement pour un jeune photographe : l’envie de bien faire, la peur de rater LA photo, les nuits de trois heures, les punaises de lit, la maladie qui s’en mêle, etc. Au final, le Californien ne s’est quand même pas trop mal débrouillé.

la petite Musique de fin

Fini les vacances… et les amours éphémères qui vont avec ! Il n’en reste plus, comme le chantait France Gall, que des souvenirs en 24×36.

Tu étais encore dans mes bras hier
Aujourd’hui t’es dans mon sac à bandoulière…

Et si vous cherchez quelque chose d’un peu plus énervé, il y a le FMI.

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
à travers quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.