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En mai dernier, à l’annonce de la programmation de Visa pour l’Image, d’aucuns avaient pointé l’absence d’expositions traitant du conflit israélo-palestinien. Celui-ci s’est finalement frayé un chemin à travers les prix décernés durant la semaine d’ouverture du festival. Trois d’entre eux ont en effet récompensé le travail de photojournalistes gazaouis : le Visa d’Or News a été décerné au photographe de l’AFP, Mahmud Hams ; le Visa d’Or Rémi Ochlik a été remis à Loay Ayyoub, correspondant du Washington Post ; et Samar Abu Eloufa reçu le Visa d’Or de la presse quotidienne Göksin Sipahioglu. Parmi les autres lauréats, listés ici, on peut citer Pierre Faure dont le travail sur la précarité en France a obtenu le Visa d’Or des solidarités. Petit extrait de l’interview qu’il a donnée à Made in Perpignan : « Il y a un truc qui me révolte : la situation d’un pays riche où tu peux voir des paysans qui travaillent de 5h à 23h et qui n’arrivent pas à s’acheter un pull, à faire réparer leur tracteur… Je trouve cela absurde. Je trouve que ces gens-là, on ne les voit pas, on ne les entend pas. » Sa « France périphérique », tout comme les autres expositions de ce 36e Visa pour l’Image, est présentée à Perpignan jusqu’au 15 septembre.
Cinq New-Yorkais, attentats du 11 septembre 2001 -Clique Clac #344

 PROLONGEZ LE PLAISIR

Les Jeux paralympiques sont terminés, mais on peut en revivre les meilleurs moments dans ce portfolio proposé par le site du magazine Faire FaceBebe Vio portant la flamme lors de la cérémonie d’ouverture, Gabriel Dos Santos Araujo exultant de joie à la sortie du bassin, la judokate Sandrine Martinet en plein combat pour l’or ou encore Mateo Boheas haranguant la foule au Club France. Ce dernier cliché est l’œuvre de Grégory Picout, un photographe qui s’est spécialisé dans le handisport il y a vingt ans et dont vous pouvez retrouver les images et une interview-parcours dans le numéro de rentrée de Chasseur d’Images.
Parlement de la photographie juin 2024 - Clique Clac #344

LE PHOTOJOURNALISME EST UN HUMANISME

Émission de la RTBF, « Ceci n’est pas un selfie » s’intéresse à des personnalités peu connues du grand public et dont le parcours, loin de tout narcissisme (d’où le titre), inspire le respect. C’est celui de Johanna de Tessières qui a été abordé dans l’émission du 19 août. Depuis une dizaine d’années, la photojournaliste parcourt le monde pour documenter les questions humanitaires (les missions de sauvetage de l’Ocean Viking, par exemple) et les conséquences des guerres sur les populations civiles (les violences sexuelles commises envers les femmes congolaises, la survie du peuple yézidi). Ces sujets la confrontent à des situations de détresse humaine parfois insoutenables. « C’est émotionnellement éprouvant, dit-elle, mais mes émotions ne sont rien par rapport à ce que vivent celles et ceux que je photographie. Je m’accroche donc à ma mission, celle de témoigner. » Sur le site du collectif HUMA, que Johanna de Tessières a rejoint en 2015, vous pouvez retrouver certains de ses reportages, dont le remarquable « What the foot ! », sur l’effet émancipateur du football pour les femmes d’ici et d’ailleurs.
Parlement de la photographie juin 2024 - Clique Clac #344

QUAND PHOTO RIME AVEC FLAMENCO

Filmé en février 2024 au Teatro Real de Madrid, le spectacle Afanador se présente comme un hommage au flamenco mais surtout à Ruvén Afanador, photographe colombien qui a fait de cette tradition ancestrale le sujet de deux livres (Angel Gitano et Mil Besos) à l’approche résolument moderne (loin des clichés machos et des couleurs attendues). En lançant la vidéo, on s’attendait bêtement à ce que les images du photographe se mêlent au ballet. La création de Marcos Morau (chorégraphie) et de Rubén Olmo (mise en scène) joue sur des notes bien plus subtiles, et le résultat est hypnotisant de bout en bout.

en bref et en vrac...

• Après une première salve d’affiches, l’agence VU’ repart en campagne contre l’IA et ses dérives.
• Aux Rencontres d’Arles, des visites sont organisées pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
• C’est la rentrée des expos, mais gare à la fatigue muséale.
Lee Miller, le biopic d’Ellen Kuras (avec Kate Winslet dans le rôle-titre et Marion Cotillard au générique), sortira le 9 octobre.
Jim Jarmusch sera l’un des invités d’honneur de la 27e édition de Paris Photo.
• Pour le plaisir, un fil très visuel sur les coulisses de pochettes d’albums historiques ou récents.
 
• L’émission « Affaires sensibles » s’est occupée du cas David Hamilton, prédateur sexuel déguisé en photographe.
• De Claude Monet à David Hockney, petit panorama photographique des artistes en vacances (tant qu’à jouer la carte « comique » pour Toulouse-Lautrec, on avait une autre proposition).
• Dans un registre similaire, Another Mag a demandé à 23 photographes actuels de sélectionner dans leurs archives une image représentative de l’été.
• Dans la collection été de la boutique officielle de Dua Lipa, on trouve différents articles aux couleurs de son dernier album : un bikini, un drap de bain, une bouée et… un appareil photo sous-marin !
• Mais que font les gens des photos qu’ils prennent dans les musées ? Pour le savoir, Konbini a posé la question aux intéressé.es.
Une version « remaster » de Dead Risingjeu vidéo mêlant zombies et enquête journalistique, va bientôt sortir et, contrairement à l’édition originale, prendre des photos sous les jupes ne permettra plus de monter au niveau supérieur.

verbatim

J’ai l’intention de créer des images positives et puissantes qui déplacent la représentation stéréotypée des femmes autochtones : de marginalisées et passives vers une célébration de leur dynamisme et de leurs apports et fondamentaux de la culture.

Ana Flores

J’ouvre une porte et chacun peut se raconter son histoire en regardant l’image derrière. On peut se raconter une histoire et se poser des questions. Qu’est-ce qui leur arrive à ces femmes et qu’est-ce qui va leur arriver ? Pourquoi elles sont là comme cela ?

Bettina Rheims

Une grande part de notre culture est encore enracinée dans le puritanisme et l’insensibilité envers les femmes. Avec ce projet, je veux célébrer les aspects positifs et joyeux du porno, et partager ce qu’il m’a donné : une vision nouvelle de la sexualité.

Elizabeth Waterman

la petite Musique de fin

La Serbo-Canado-Londonienne Dana Gavanski vient de sortir un nouveau titre qui, sous ses airs pop inoffensifs, se veut une diatribe contre les images banales ou effroyables déversées chaque jour par nos écrans. « J’ai écrit cette chanson, explique-t-elle, en pensant à la manière dont nous les consommons (ou dont elles nous consomment). Ajoutant : « Instagram, c’est ça sous stéroïdes : un instant, on voit un chaton tomber dans un bol de lait et l’instant d’après, on voit un bébé mort dans les bras de son père. »

Et si vous cherchez quelque chose d’un peu plus énervé, il y a le FMI.

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
à travers quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.