CC#349

Jeune Afrique a consacré une remarquable série d’été aux photographies qui ont marqué l’histoire du continent. Entre colonisation et émancipation, ce voyage en huit images nous emmène au Congo (deux fois), en Algérie, en Éthiopie (via Rome), en Afrique du Sud (deux fois), au Liberia et au Nigeria (via Paris). Du marathon victorieux d’Abebe Bikila aux JO de Rome en 1960 jusqu’à la libération de Nelson Mandela trente ans plus tard, chaque photo est replacée dans son contexte et étayée par les témoignages des photographes (témoignages d’époque, puisque la plupart sont morts). On y apprend, par exemple, que Chris Hondros n’a jamais compris l’intérêt que certains portaient à sa photo d’un militaire libérien exultant de joie : « Les photographes prennent souvent des images de victimes de guerre, et parfois, elles changent le monde. Mais cette fois-là, c’est l’image d’un agresseur qui a attiré l’attention. » Dans leur note d’intention, Nicolas Michel et Carole Langevin, à qui l’on doit cette série d’articles, racontent qu’ils ont dû se limiter à huit photos, mais qu’ils auraient pu en choisir une centaine. On veut une saison 2 !

NOS IMAGES ET CE QUE L’ON EN FAIT

Programme B, le podcast de récits et d’enquêtes de Binge Audio, vient de consacrer, sous le titre « Souviens-toi 2024 », deux épisodes à la photo numérique. Deux épisodes dans lesquels Thomas Rozec et ses intervenants s’interrogent sur la valeur d’une image à l’heure des réseaux et sur l’archivage de nos données. Pour l’occasion, Programme B a collaboré avec la Maison européenne de la photographie et illustrer son propos en prenant pour exemple la démarche de Thomas Mailaender, artiste multimédia dont les « Belles images » associent des photos provenant d’Internet ou issues de ses propres archives.

VISION À LONG TERME

Étudiante en journalisme à l’Université de Géorgie, Samantha Hurley s’intéresse à la photo depuis qu’elle a 11 ans, âge auquel elle a eu son premier smartphone. Son père l’a accompagnée dans sa passion en lui achetant un « vrai » appareil et en la conduisant à Atlanta, ville où elle put trouver de nouveaux sujets à immortaliser. Rien de plus ordinaire, nous direz-vous. En fait non, car Samantha est malvoyante (elle est atteinte d’albinisme). Et pourtant, jamais son père ne questionna son goût pour la photo. Ce ne fut pas le cas, en revanche, des autorités universitaires lorsqu’elle voulut suivre un cursus en photojournalisme. Les réactions étaient au mieux sceptiques, ce qui ne manqua pas d’ébranler les convictions de la jeune femme. Mais elle s’accrocha et demanda une accréditation aux Jeux paralympiques de Paris. Accréditation qu’elle a obtenue grâce à son seule talent, puisque son dossier de demande ne faisait pas mention de son état de santé. Un accomplissement qu’elle a racontée au New York Times et dont on peut voir quelques images ici.

LES IPEL ONT BESOIN DE VOUS !

Les temps sont durs pour les petits festivals. Lancés en 1996 par l’association Photo-Look, les Itinéraires Photographiques en Limousin sont passés d’un rythme annuel à un rythme biennal, avec un certain succès puisque la dernière édition (en 2023) a vu la fréquentation augmenter de 70%. La prochaine édition devrait se tenir en août 2025 à Limoges ; on utilise le conditionnel car les partenaires locaux sont moins généreux qu’à l’habitude. Dans ce contexte, l’association n’a d’autre choix que de faire un appel aux donsSi vous n’êtes pas limousin, on peut comprendre que vous soyez insensible au sort des IPL, mais il y a peut-être près de chez vous un festival qui attend votre soutien ou manque de bénévoles. Renseignez-vous !
Pour finir sur une note positive, voici quelques festivals à visiter ce week-end :
BARROBJECTIF, à Barro (16) ; MAP, à Toulouse (31) ; SCOPITONE, à Nantes (44) ; PHOT’AUBRAC, à Nasbinals (48) ; PHOTAUMNALES, à Beauvais ; FESTI’NATURE, à Thoiry (78) ; BEAUTÉ FRAGILE, à Moissac (82) ; FESTIVAL DE LA PHOTOGRAPHIE SURRÉALISTE, à Fréjus (83).

Des chiffres et des lettres

5.28

C’est le numéro d’un dossier conservé à Caen, au service historique de la défense, dans lequel a été retrouvée la pièce manquante à la série d’été du Monde (cf. CC#345) : un portrait de Raoul Minot.

8,1

C’est, en centimètres, la longueur de la diagonale de l’écran du HelloBaby, un appareil choupi (ou flippant, selon les goûts) destiné aux petites mains.

10

C’est le nombre de règles édictées par Martin Parr à l’attention des photographes émergents (et vous pouvez même vous en faire un poster !).

20

C’est le pourcentage de réussite d’Étienne Garnier lorsqu’il fait des filés en bord de piste. C’est peu, mais quand ça marche : mazette !

22

C’est, en minutes, le temps qu’il faut à Matt Parker pour expliquer les différences entre les formats de films. Une vidéo YouTube d’autant plus pédagogique qu’elle a été tournée sur film (rendez-vous à 9’37 pour comprendre tout l’intérêt du procédé). 

48

C’est la durée, en minutes, de la visite sonore de l’exposition du MuMa « Photographier en Normandie (1840-1890) » proposée par L’Œil écoute.

80

C’est, en euros, la somme qu’a déboursée Romain Garcin pour acquérir un logiciel lui permettant de récupérer les photos de Damso qu’il avait effacées par erreur. À quoi tient une carrière ?

120

C’est le nombre de pages de J’ai pensé à toi, ouvrage étrange dans lequel Melissa Longpré a rassemblé ses images d’oiseaux morts trouvés dans la nature ou en milieu urbain.

200

C’est, en années, l’âge de la photographie si l’on prend comme point de référence la lettre envoyée par Nicéphore Niepce à son frère Claude le 16 septembre 1824.

200
C’est aussi, en mètres, le rayon dans lequel Erwan Balança fait la plupart de ses photos.
360
C’était, en millions d’euros, la valeur de Lytro au sommet de sa gloire. Et pour quel résultat ?
675

C’est, en euros, le prix d’un Olympus E-M10 IV, appareil d’entrée de gamme plébiscité par la multimillionnaire Taylor Swift.

1841

C’est l’année où William Henry Fox Talbot a mis au point le calotype, procédé qui fait toujours « belle impression ».

1888

C’est l’année de sortie du premier Kodak, un « appareil pour tous » qui prenait des photos rondes.

1972

C’est l’année où Gilles Blanchard et Pierre Commoy se sont installés à Paris. Quatre ans plus tard, ils se rencontraient et formaient un des duos les plus emblématiques de la scène photographique française.

3000

C’est le nombre de photos que peuvent faire quotidiennement Nicolas et Estelle, photographes concurrents qui tirent le portrait des cyclistes sur les cols alpins.

7500

C’est, en dollars, la somme reçue par Sara Kontar, lauréate du 23e Prix Inge Morath pour son projet « Therefore, I cut ».

10 000

C’est, en miles, la distance parcourue par Byron Smith pour raconter, dans un sobre noir & blanc, l’Ukraine post-invasion russe.

15 000

C’est le nombre de photos envoyées au concours Ocean Photographer of the Year 2024. Mais il n’y a qu’un Grand Prix, et cette année il revient à Rafael Fernández Caballero.

252 000

C’est, en dollars, le prix auquel est parti un autoportrait de Peter Hujar estimé à cinq fois moins. Une plus-value qui ne reflète pas forcément l’état du marché de la photographie en 2024.

la petite Musique de fin

Le saviez-vous ? « It’s my life », tube de Talk Talk sorti en 1984, a été adapté en français l’année suivante sous le titre « Photographe ». Le morceau apparaît en face B d’un 45 tours de Michaël Denard, plus connu pour ses talents de danseur que de chanteur. Très éloignées de la version originale, les paroles sont signées par Didier Barbelivien. Sans surprise, le titre figure en bonne place sur le site Bide-et-musique.

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