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Dans la nuit du 4 au 5 août 1983, Lucien André fut assassiné avec six autres personnes dans un hôtel à Avignon. De cet événement survenu alors qu’il avait 7 ans, son fils Jean-Michel ne garde aucun souvenir alors même qu’il se trouvait ce soir-là dans la chambre jouxtant celle de son père et de sa compagne d’alors. Tout le sujet de Chambre 207, ouvrage publié début octobre chez Actes Sud, est d’explorer cette faille mémorielle sans rien céder au voyeurisme. Il faut écouter et regarder le photographe feuilleter son livre pour saisir la charge émotionnelle qu’il contient (au double sens du terme). L’association Gens d’Images ne s’y est pas trompée, qui a décerné à Chambre 207 le Prix Nadar 2024 (l’ouvrage figure également en bonne place dans la sélection livres du dernier numéro de C.I.). Avis aux Lilloises et aux Lilloises, les photos de Jean-Michel André sont exposées à l’Hospice Comtesse jusqu’au 2 février. Une rencontre avec l’artiste est même prévue le jeudi 16 janvier.
D’AUTRES VIES QUE LA LEUR
Amoureuse des friperies, Nadia Lee Cohen trouve parfois dans les poches des pantalons et des vestes qu’elle achète des badges nominatifs. À partir de ces bouts de carton plastifiés, la photographe a construit une série, « Hello, my name is… », dans laquelle elle s’approprie l’identité des personnes nommées. Ces autoportraits inventés se doublent d’un portrait en creux, sous la forme d’une nature morte réunissant des accessoires là encore collectés dans des brocantes.
Pour récente qu’elle soit, la série de Nadia Lee Cohen a déjà influencé d’autres artistes, à commencer par Ava Campana qui la cite en référence pour son dernier projet en date, où elle multiplie les travestissements. Une approche autoparodique qui doit beaucoup aussi à l’œuvre de Cindy Sherman.
Pour récente qu’elle soit, la série de Nadia Lee Cohen a déjà influencé d’autres artistes, à commencer par Ava Campana qui la cite en référence pour son dernier projet en date, où elle multiplie les travestissements. Une approche autoparodique qui doit beaucoup aussi à l’œuvre de Cindy Sherman.
BONHEUR ARTIFICIEL
Icône du XXIe siècle, Bliss a été vue par plus d’un milliard de personnes… selon Microsoft. Et pour cause, il s’agit du fond d’écran installé par défaut sur le système d’exploitation Windows XP. On vous invite à (re)voir ce numéro du Dessous des images pour connaître les circonstances de la réalisation de cette image et comprendre ce qu’elle dit de notre rapport à la nature. L’historienne de l’art Estelle Zhong Mengual insiste ainsi sur le fait que cette photo, au lieu de nous apaiser (bliss signifie bonheur, béatitude), devrait nous troubler car dans ce paysage il n’y a aucune trace de vie animale. C’est un reproche qu’elle pourrait faire aussi aux sept nouvelles images sélectionnées par Microsoft pour succéder à Bliss.
EN DROITE LIGNE
Photographe d’architecture franco-suisse installée à Londres, Hélène Binet a toujours revendiqué l’influence de Lucien Hervé sur son travail. Mais cela ne l’a pas empêchée de chercher (et de trouver) sa propre signature. Ses photographies des bâtiments dessinés par Peter Zumthor, Zaha Hadid ou Daniel Libeskind en attestent. Ses quarante années d’expérience parlent aussi pour elle. Pour décrire sa démarche, cette amoureuse du film et du noir et blanc fait une analogie avec la musique : « Je respecte la partition, je veux connaître la période, mais je joue l’air. C’est mon interprétation. »
pho•••pho•••PHOTUS !
Sur le principe de feu Motus, saurez-vous retrouver
ce mot de six lettres en lien avec la photographie ?
L'HIVER SERA CHAUD !
De Marc Martin, photographe qui interroge l’image de l’homme viril, au collectif Lusted Men, qui collecte les photos érotiques d’hommes, Tracks s’est intéressé à la fesse cachée du nu masculin.
Spencer Tunick fait encore des siennes. Cette fois-ci, c’est à Brisbane, en Australie, qu’il a fait poser 5500 personnes dans le plus simple appareil. Monique Ross était l’une d’elles, elle a raconté son expérience au Guardian.
Des petits commerçants varois aux pompiers, cette année encore tout le monde se met à poil pour le calendrier. Et si la vraie transgression, c’était de poser habillé ?
Pour concevoir le premier numéro de ICE, Renell Medrano s’est inspirée de Players, une revue érotique des années 70. Sauf qu’ici, devant et derrière l’appareil photo, il n’y a que des femmes à la manœuvre. Le magazine est en libre téléchargement ici.
La vulnérabilité masculine est au cœur de « Shirttail kin », projet dans lequel Chivas Clem photographie des hommes qui n’arrivent pas à s’insérer dans la société (c’est d’ailleurs parce qu’ils étaient de piètres assistants qu’il a eu l’idée d’en faire ses modèles).
Dans Candyland, son dernier ouvrage, Elizabeth Waterman donne à voir 24 stars du porno sous un jour différent.
Actuellement présentée au Mucem de Marseille, l’exposition « Paradis naturistes » peut se visiter nu ou habillé. Michael Von Graffenried, l’un des photographes exposés, a choisi la première option.
Flashbak se souvient de Bunny Yeager, ex-mannequin convertie à la photographie et qui réalisa pour le magazine Playboy les clichés les plus connus de la charismatique Betty Page.
Du 29 novembre au 15 décembre, le Centre d’arts pluriels ‘Autonomie (Bruxelles) accueille une expo collective sur le nu masculin. Au programme, notamment, Joseph Caprio, Jean Janssis, Philippe Remy…
Enfant, j’avais le fantasme de devenir grand reporter animalier : je rêvais de partir étudier les gorilles, comme Dian Fossey, avec mon appareil photo. Le jour de ma communion solennelle, à 11 ans, j’ai reçu en cadeau un boîtier : un Nikon 401. Je photographiais mes frères et sœurs en les mettant en scène, ainsi que mes camarades pendant les voyages de classe. J’ai toujours eu sur moi un appareil photo.
la petite Musique de fin
Jeune groupe pop londonien, Deco vient de sortir son premier album. Lancé en éclaireur, le single « Photograph » ne brille pas par l’originalité de ses paroles (« All night, all night, all night / We’re takin’ photographs / All night, all night / To make it last forever ») ni par son clip, assez cheap, mais un peu de légèreté ne peut nuire en ces temps moroses…
« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
à travers quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.