Livres photo : notre sélection pour Noël
À l’approche des fêtes, nous nous sommes replongés dans les chroniques « Livres » publiées ces derniers mois dans Chasseur d’Images. Parmi la centaine d’ouvrages passés en revue, nous en avons retenu seize. Autant d’idées cadeaux possibles… Sélection livres photo Noël
Moins de 25€
André Gunthert
POURQUOI SOURIT-ON EN PHOTOGRAPHIE ?
Le sourire est apparu sur les photographies lorsque les procédés de prise de vue ont donné accès à des temps de pose réduits, lit-on régulièrement. Dans ce bref et dense essai, André Gunthert nuance cette affirmation et quelques autres (les progrès de l’hygiène dentaire, l’effet contagieux des pubs Kodak sur les masses, etc.). Pour autant, son propos n’est pas de chercher “l’origine vraie” du sourire photographique, plutôt d’explorer, dans une perspective sociologique, les raisons et le contexte de son surgissement.
(chronique complète dans C.I. n°455)
84 pages, 10,5 × 16,5 cm, éditions 205, 12 €
Marie Docher, Ingrid Milhaud et Chloé Devis
LE PORTRAIT DE PRESSE AU PRISME DES DOMINATIONS
En septembre 2021, Marie Docher était invitée à l’émission Arrêt sur images pour y parler du portrait de presse et de ses biais. L’essai qu’elle produit aujourd’hui avec Ingrid Milhaud et Chloé Devis (toutes trois sont membres du collectif La Part des Femmes) prolonge ses réflexions d’alors en les affinant. En passant au crible 955 portraits publiés entre novembre 2017 et novembre 2020 dans Libération et Télérama, les autrices ont constaté des tendances dont elles décryptent ici les ressorts.
(chronique complète dans C.I. n°461)
230 pages, 14 × 21,5 cm, autoédition, 19 € (10 € en pdf sur https://la-part-des-femmes.com/)
Guy Delisle
POUR UNE FRACTION DE SECONDE
Auteur de bande dessinée bien installé, Guy Delisle délaisse le genre autobiographique qui a fait son succès (Pyongyang, Chroniques de Jérusalem, Le guide du mauvais père, etc.) pour s’atteler ici à la biographie d’Eadweard Muybridge, photographe britannique mort il y a 120 ans dont les travaux sur la locomotion animale ont été précurseurs. La question du mouvement et de son enregistrement est centrale dans Pour une fraction de seconde, mais l’album s’intéresse aussi au cheminement, personnel et intellectuel, de Muybridge.
(chronique complète à paraître dans C.I. n°463)
208 pages, 19,8 × 26,3 cm, éditions Delcourt, 23,95 €
Henri Cartier-Bresson
PUIS-JE GARDER QUELQUES SECRETS ?
Puis-je garder quelques secrets ? vient démentir cette légende selon laquelle Cartier-Bresson ne se pliait que rarement à l’exercice de l’interview. Tout au long de sa carrière, il en a donné plus d’une centaine. Le recueil édité par l’Atelier EXB en rassemble quarante-et-une, étalées entre 1951 et 2003. Si l’on se place dans une perspective journalistique, le cofondateur de Magnum y apparaît à la fois comme un bon et un mauvais client, certes volontiers disert, jamais avare d’un bon mot à mettre en exergue du futur article, mais aussi imposant ses sujets à ses interlocuteurs ou refusant l’usage des guillemets pour ses citations. Ce chantre de la spontanéité mitonnait ses entretiens.
(chronique complète dans C.I. n°455)
336 pages, 14,5 x 21 cm, éditions Atelier EXB, 24 €
DE 25 à 35€
Gwenn Dubourthoumieu & Monique Pinçon-Charlot
ENTRE-SOI. LE SÉPARATISME DES RICHES
Après avoir mené un travail documentaire en République démocratique du Congo, Gwenn Dubourthoumieu s’installe en 2012 à Paris où, par l’entremise de son professeur d’escrime, il découvre un monde à mille lieues de l’Afrique subsaharienne : la haute société parisienne. On imagine assez bien le sentiment de décalage qu’il a dû éprouver en assistant aux bals organisés par l’École polytechnique, aux chasses à courre en forêt de Fontainebleau ou aux courses hippiques depuis les loges du Jockey-Club. Autant de cercles fermés dont le seul dessein est d’encourager l’entre-soi. En découvrant ses images, la sociologue Monique Pinçon-Charlot a vu une brillante illustration des études qu’elle mène depuis plus de quarante ans sur la grande bourgeoisie française. L’idée d’un livre mettant en regard les photos de l’un et les écrits de l’autre est ainsi née.
(chronique complète dans C.I. n°458)
176 pages, 16,8 x 24 cm, éditions Pyramyd, 25 €
Christophe Sidamon-Pesson
J’irai goûter l’air qu’ont respiré les bêtes sauvages
Vous ne trouverez pas ici de ces images “waouh !” qui font le régal des réseaux sociaux – aussi vite partagées, aussi vite oubliées. J’irai goûter l’air… vous offre bien mieux : une balade lumineuse hors des sentiers balisés, au creux des tourbières, sur les cimes silencieuses ou dans le chahut des forêts. Une ode à la contemplation qui résonne magnifiquement avec les mots du photographe, disparu en novembre 2014 : “À travers la nature sauvage, je voudrais arriver à photographier davantage ce que l’on a en soi que ce que l’on voit. Des sensations que l’on a parfois oubliées mais que le monde sauvage nous rappelle quand on veut bien lui prêter attention ».
(chronique complète dans C.I. n°457)
240 pages, 28 x 21,5 cm, coédition Hozhoni/Association Sauvageons, 29 €
Lee Miller
Saint-Malo assiégée, août 1944
Parfait complément au biopic sorti à l’automne et à l’exposition présentée l’été dernier à la Chapelle de la Victoire de Saint-Malo, ce catalogue donne à voir, de l’intérieur, les jours qui précédèrent la libération de la cité corsaire par les forces alliées en août 1944. Correspondante de guerre, Lee Miller a non seulement photographié les opérations militaires, les mouvements de populations, les bâtiments éventrés, mais elle a aussi tenu un journal de bord, reproduit ici in extenso.
(chronique complète dans C.I. n°459)
160 pages, 22 x 27 cm, éditions Hazan, 30 €
Jeanne Taris
GESTES GITANS
Ce travail au long cours nous emmène aux Saintes-Maries-de-la-Mer, haut lieu de pèlerinage qui draine chaque année plusieurs milliers de personnes venues de l’Europe entière. Les processions s’y déroulent dans une ferveur que retranscrivent à merveille les photos de Jeanne Taris. Au cœur des églises comme en mer, elle nous fait vivre l’événement de l’intérieur, au plus près des corps et des émotions – “embedded” pourrait-on dire.
(chronique complète dans C.I. n°462)
112 pages, 20 x 23,5 cm, éditions Odyssée, 34 €
DE 35 à 45€
Sylvie Meunier
Mister K.
Empruntant aux codes du film noir, Mister K. se lit comme un road-trip fictionnel à la première personne. On est en 1958 au nord des États-Unis, dans la tête d’un fuyard dont on devine qu’il a fait quelque chose de répréhensible à mesure qu’il ressasse ses souvenirs et que défilent sous nos yeux les quidams et les paysages. À partir de photos vernaculaires qu’elle a collectées, Sylvie Meunier tisse un récit haletant dont l’effet immersif est renforcé par la mise en page. Une réussite.
(chronique parue dans C.I. n°459)
352 pages, 16,5 × 22 cm, éditions Atelier EXB, 39 €
Roger Schall
ROGER SCHALL, UN PRÉCURSEUR
La photographie, on le sait, est une histoire de transmission. Familiale le plus souvent. Ainsi, c’est à son père Émile, spécialiste du portrait au collodion, que Roger Schall dut sa vocation photographique et c’est à sa petite-fille Cécile qu’il doit aujourd’hui sa reconnaissance. Et même sa renaissance puisque la monographie que celle-ci vient de publier aux éditions Le bec en l’air est la première consacrée à l’œuvre de son grand-père disparu en 1995. Son titre, comme tronqué, Roger Schall, un précurseur, invite implicitement le lecteur à se demander : “un précurseur de quoi ?” et à ouvrir l’ouvrage pour le savoir. Procédé d’autant plus habile que la question appelle plusieurs réponses.
(chronique complète à paraître dans C.I. n°463)
208 pages, 23,5 x 29 cm, éditions Le bec en l’air, 39 €
Randa Mirza
BEIRUTOPIA
Beirutopia a l’ampleur des voyages au long cours. L’ouvrage réunit sept séries de Randa Mirza et couvre un quart de siècle de l’histoire de la capitale libanaise. Le travail de l’artiste plasticienne, née à Beyrouth en 1978, dépasse le simple constat pour interroger par l’image les faill(it)es de son pays. Vous ne trouverez pas ici de photos documentant les affres de la guerre, mais des exercices critiques et plastiques pointant les mensonges du gouvernement (“Abandoned rooms”, “Beirutopia”), la gabegie généralisée (“We promise, we deliver”, “#crisisbillboards”) ou encore la dimension voyeuriste de la photographie de guerre (“The sniper”, “Parallel universes”).
(chronique complète dans C.I. n°462)
192 pages, 22 x 28 cm, éditions Le bec en l’air, 40 €
John Batho
PRÉSENCE
Nul besoin de présenter John Batho, maître coloriste aux cent-vingt expositions et quinze monographies auxquelles Contrejour ajoute un nouveau volume. Sans prétendre à l’exhaustivité, Présence survole la carrière de l’octogénial en alternant les incontournables (“Manèges”, “Parasols”) et les séries plus confidentielles, comme l’aguicheuse “Lollipops”, l’éclatante “Cadeaux” ou l’inattendue “Couleurs froides”. (…) Ce regard anthologique montre la capacité de renouvellement d’un artiste davantage mû par l’orpaillage que par la quête de la pépite.
(chronique complète dans C.I. n°462)
144 pages, 24 x 30 cm, éditions Contrejour, 45 €
Plus de 45€
Dolorès Marat
Dolorès Marat
Pour Dolorès Marat, le tournant se produit en 1983, lorsqu’elle découvre le tirage Fresson, procédé qu’elle adopte pour ses travaux personnels. Et même embrasse : “J’aime cette profondeur des noirs, des couleurs qui se mélangent et qui vont assez bien à ma façon de faire les photos – pas toujours très nette, très définie, très précise.” À ses débuts, d’aucuns verront dans ce style tremblé un geste mal assuré. Sans se l’avouer, peut-être étaient-ils aussi déstabilisés par les visions spectrales captées par la photographe dans des lieux aussi grand public que les couloirs du métro, la Foire du Trône ou les parcs zoologiques. Pour qui aime les fantômes, les photos de Dolorès Marat sont des refuges – et cette monographie leur parfait écrin.
(chronique complète dans C.I. n°461)
144 pages, 24 x 24 cm, éditions Delpire & co, 49 €
Linda Tuloup
BRÛLURE
Durant le confinement, faute de modèles à disposition, beaucoup se sont livrés à l’autoportrait. Linda Tuloup, par exemple, a profité de ce moment pour réinvestir sa chambre et son jardin en s’y photographiant dans le plus simple appareil et avec le plus simple appareil : un Polaroid. Mais on ne se refait pas. Rattrapée par son goût pour l’expérimentation et par une petite phrase de Gaston Bachelard (“Quand on veut que tout change, on appelle le feu”), l’artiste plasticienne a décidé de brûler ses instantanés. Pas complètement. Juste histoire de corrompre leur joliesse et faire naître çà et là d’autres formes, d’autres couleurs.
(chronique complète dans C.I. n°462)
224 pages, 15,5 x 18,6 cm, éditions André Frère, 49 €
Barbara Crane
Barbara Crane
Cette monographie, qui accompagne l’exposition présentée jusqu’au 6 janvier au Centre Pompidou, couvre les vingt-deux premières années de l’œuvre de Barbara Crane (1928-2019), photographe aussi versatile qu’inventive. Le catalogue est articulé autour des différentes séries produites par l’Américaine entre 1964 et 1986, période d’intense créativité qui la voit passer du documentaire social à la photo urbaine, du nu abstrait à la nature morte et du reportage surréaliste aux collages expérimentaux. Et tout cela en variant à chaque fois la technique de prise de vue et/ou le procédé de tirage. Pour autant, le catalogue n’est jamais indigeste, traversé qu’il est par un esprit de liberté.
(chronique complète dans C.I. n°462)
224 pages, 19,5 x 29 cm, éditions Atelier EXB, 49 €
Collectif. Sous la direction de Pauline Vermare et Lesley A. Martin
FEMMES PHOTOGRAPHES JAPONAISES DES ANNÉES 1950 À NOS JOURS
Sans prétendre à l’exhaustivité, l’ouvrage dirigé par l’historienne de la photographie Pauline Vermare et la fondatrice de The PhotoBook Review Lesley A. Martin offre un tableau complet, l’introduction et les nombreux articles connexes permettant de replacer la scène dans un contexte historico-artistique, d’en tracer les grandes tendances et de pointer “la longue tradition de discrédit” qui a conduit à l’invisibilisation des photographes japonaises. (…) Vingt-cinq ont été retenues, chacune bénéficiant de six à dix pages articulées de manière identique (une citation, une biographie et quelques images représentatives de l’œuvre de l’artiste). (…) Comme tout ouvrage à ambition encyclopédique, celui-ci se conclut sur une bibliographie de 90 (!) pages que, pour une fois, on n’a aucune envie de sauter. Chaque livre y est en effet présenté sur une page (voire deux) via sa couverture d’époque, un résumé et quelques images. Un rêve de bibliophile !
(chronique complète dans C.I. n°460)
440 pages, 21 x 28 cm, éditions Textuel, 69 €
Si vous ne trouvez pas votre bonheur dans cette liste, procurez-vous le n°462 de Chasseur d’Images (en kiosques encore pour quelques jours), 40 chroniques vous y attendent !