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Installée en Allemagne depuis 2013, Olga Steinepreis a laissé derrière elle la Russie et ses parents. À cause de la pandémie et de la guerre, elle ne les a plus revus depuis fin 2019. Cinq années durant lesquels ses enfants ont grandi sans communiquer avec leurs grands-parents autrement que par écran interposé. Heureusement, les outils numériques permettent de recoller les morceaux. La vie de famille est au cœur des travaux artistiques d’Olga Steinepreis. Dans ses différentes séries, elle met en scène les petits événements du quotidien mais aussi les injonctions à être une mère parfaite. C’est particulièrement sensible dans « I’ve had a dream… », série où l’on voit la photographe se démultiplier pour assumer toutes les tâches qui lui incombent. « Dans le monde contemporain, explique-t-elle, les femmes sont très sollicitées et ont besoin de plus de compréhension et de soutien de la part de leur famille et de la société en général. L’idée même de la maternité ne devrait pas se limiter au sacrifice de ses propres intérêts en faveur du foyer et de la famille. Il doit y avoir un équilibre. Grâce à ce travail, j’espère lancer un débat sur ce changement social. »

CONSTANTINE MANOS, 1934-2025

Dans la grande famille Magnum ce n’était pas le nom le plus connu, mais Constantine Manos, dont on a appris la disparition début janvier à l’âge de 90 ans, restera comme un grand maître de la couleur et comme l’un des premiers membres de l’agence ouvertement gay. Ce qui le conduira, avant d’autres, à documenter les manifestations LGBTQ dans les rues de Washington ou à photographier le premier mariage homosexuel sur le sol américain, à Provincetown (Massachusetts) le 17 mai 2004. Pour comprendre ce qui fait l’originalité du travail de Constantine Manos, on vous conseille ce billet de Préludes Photo dans lequel plusieurs de ses images sont analysées et commentées.

VOLEUR D’IMAGE

Le 12 janvier 2023, Dominique H., ancien commissaire d’exposition à la retraite, volait un tirage de Boris Mikhaïlov à la Maison européenne de la Photographie… pour le renvoyer quelques semaines plus tard par la poste après s’en être fait une copie. Une drôle d’histoire qui a connu son dénouement le 8 janvier dernier au tribunal correctionnel de Paris. Jean-Philippe Deniau, le chroniqueur judiciaire de France Inter, y était.

PHO•pho•phoTUS !

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce mot de cinq lettres en lien avec la photographie ?

L’ŒIL DANS LE RÉTRO

Le 20 décembre 1917 prés d’Hesdin dans le Pas-de-Calais, une jeune femme souriante se faisait embrasser sur la joue par un soldat des « Machine Gun Corps »… mais qui était-elle ?
Le 18 avril 1928, dans le magazine VU, Titaÿna racontait comment elle avait volé une tête de Bouddha dans le temple d’Angkor puis l’avait ramenée à Paris – au grand bonheur de Man Ray et Germaine Krull.
Le 25 mai et le 8 décembre 1954 mourraient Robert Capa et Claude Cahun, ce qui signifie que leurs œuvres sont entrées dans le domaine public le 1er janvier 2025.
Le 24 août 1956 sortait Bob le flambeur de Jean-Pierre Melville, l’un des dix films retenus par Tatiana Hopper comme inspiration possible pour les photographes
Le 31 janvier 1974, les astrophysiciens et photographes ayant participé depuis le Concorde à la mission Éclipse 1973 racontaient à Michel Chevalet avoir découvert parmi les photos réalisées au-dessus du Tchad une forme inexpliquée. Un OVNI ?
Le 6 janvier 1975 était créé l’INA, une mine d’informations pour les amateurs de photographie, comme le prouve ce guide réalisé par Océan Boutaud, dans le cadre de son DUT Métiers du Livre et du patrimoine.
Le 27 septembre 1989 sur Antenne 2 débarquait Ordy ou les grandes découvertes, série animée pédagogique racontant les inventions des siècles passés, dont la photographie. Une madeleine pour les quadragénaires qui nous lisent.
À la fin des années 1990, Lars Tunbjörk visitait des bureaux d’affaires à New York, Tokyo ou Stockholm pour montrer l’absurdité et la vacuité des tâches qui y sont accomplies.
Le 27 janvier 2006, l’émission « Un livre, un jour », recevait Emmanuel Guibert pour évoquer Le Photographe, bande dessinée magistrale racontant le parcours de Didier Lefèvre en Afghanistan.
En 2009, Panasonic voyait le spot publicitaire de son dernier compact Lumix tout-terrain censuré pour cause d’humour noir.
Le 29 janvier 2015, le festival international de la bande dessinée d’Angoulême rendait hommage aux dessinateurs de Charlie Hebdo morts quelques semaines plus tôt. Éric Pollet y était.

La photographie d’Henri Cartier-Bresson qui figure dans le livre en est un excellent exemple. Elle s’intitule Alicante et représente une personne d’apparence homosexuelle en train de coiffer une femme dans la rue. Henri Cartier-Bresson était supposément hétérosexuel, mais il existe une poignée d’exemples où des personnes homosexuelles ont attiré son attention dans la rue et lui ont semblé être des sujets intéressants – ce qui est le cas.

ZORIAN CLAYTON

On ne peut pas toujours faire la photo comme on a envie de la faire, parce qu’on n’est pas au bon endroit, parce que c’est pas la bonne lumière ou les choses comme ça. Il faut savoir s’adapter en photographie et finalement dans le sport aussi, c’est une constante adaptation pour essayer de tirer le meilleur de l’instant T. Donc oui, je pense que les deux me permettent d’être plus épanoui, pas seulement en tant qu’athlète, mais aussi en tant que personne.

ÉMILIEN JACQUELIN

la petite Musique de fin

Décédé le 13 janvier, Oliviero Toscani a bâti sa carrière sur le scandale et la provocation. Son sens de la controverse a logiquement séduit certains artistes musicaux. On pense à Krabathor, groupe de death-metal tchèque qui a utilisé une de ses photos choc en couverture d’un de ses albums. Mais le photographe a surtout inspiré les rappeurs italiens, puisqu’on le retrouve cité dans « Parlo al silenzio » de Rayden et « Nude per l’assassino » de MxRxGxA. Toscani avait aussi tapé dans l’œil des rappeurs espagnols, comme le montre cet « Arte Moderno » signé Shoda Monkas.

Arte moderno, Oliviero Toscani
Música eterna del alma, paz feelin’s
El segundo milagro en la plaza de Miracoli
Tú y yo felices, quemando los billes’ de quini

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