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Au milieu des années 70, dans le comté de Marin (Californie), une bande de doux dingues se met en tête de dévaler les sentiers montagneux à vélo. Au mépris du danger et des convenances, ils modifient des vieux beach cruiser Schwinn des années 1930 pour affronter les terrains escarpés. Le cadre est raccourci, les roues s’élargissent, un dérailleur est ajouté… ainsi naît le premier « mountain bike ». Très bien, nous direz-vous, mais pourquoi évoquer ici les circonstances dans lesquelles fut inventé le VTT. Eh bien, parce que sans la clairvoyance de Wende Cragg, sans doute n’y aurait-il aucune trace visuelle de cette vélorution. Dès les premiers essais, dès les premières courses (les « repacks »), la jeune femme était là pour documenter les prémices de cette invention. « Au départ, précise-t-elle humblement, j’avais emporté mon appareil pour photographier les fleurs sauvages et les champignons que nous découvrions lors de nos randonnées. C’est par hasard que j’ai braqué l’objectif sur les personnes avec lesquelles je roulais. Jamais il ne me serait venu à l’esprit que quelqu’un pourrait les trouver intéressantes près de cinquante ans après les faits, mais j’en suis ravie ! » Aujourd’hui septuagénaire, la « marraine du VTT » fait l’objet d’un documentaire réalisé par The Radavist où alternent images vintage et témoignages actuels de ces pionniers du mountain bike.

MUSK, ENTRE POUVOIR ET FOLIE

S’il s’est fait connaître en 2020 avec Polar night, projet personnel qui nous plongeait dans la nuit sans fin d’Utqiagvik, Mark Mahaney vit surtout des commandes que lui passent des marques comme Nike, Airbnb ou IBM et des magazines aussi prestigieux que The New Yorker, M Le Monde ou Time. C’est pour ce dernier que Mark Mahaney a réalisé, à quelques mois de distance, deux portraits très différents d’Elon Musk. Sur le premier, le magnat apparaît conquérant, menton volontaire et regard tourné vers l’avenir. Sur le second, la plongée et le flou directionnel le rendent méconnaissable (d’aucuns diraient menaçant). Au final, ce double portrait raconte bien la dualité du personnage, voire son instabilité mentale comme le montre cette analyse de Reading the pictures.

GILLES MORA BAISSE PAVILLON

Reconnu comme une institution de la photographie en France, le Pavillon populaire de Montpellier doit une grande part de son succès (critique et public) à celui qui en fut le directeur artistique de 2010 à 2024 : Gilles Mora. Au moment de passer la main, le commissaire d’exposition a accordé une intéressante interview au magazine local En Commun dans laquelle il revient sur certains accrochages marquants et insiste sur le fait que ses choix de programmation n’auraient pu être possibles sans le soutien financier de la ville de Montpellier. Un rappel salutaire à l’heure où les aides à la culture subissent un peu partout des coupes rases.
Signe qu’une page se tourne, le Pavillon populaire ferme ses portes pour travaux et rouvrira le 2 décembre prochain avec une exposition consacrée à Raymond Depardon.

PHO•pho•phoTUS !

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce nom de cinq lettres en lien avec la photographie ?

le petit monde de l'ia

D’ici 2026, selon un rapport d’Europol, la majorité du contenu disponible sur le web sera généré par l’IA. D’où l’importance de créer des outils de vérification des images, comme VIRAPIC.
L’exigeant Lunettes Rouges passe à la moulinette critique trois livres récemment parus : Photo against the machine d’Ann Massal, Apparere de Luciano Rigolini et Niépce recoded d’Andreas Müller-Pohle.
Acquis à la cause de Midjourney, Tristan Legros présente sur sa chaîne YouTube des capsules vidéo de quelques secondes réalisées à partir de photos patrimoniales de Brest. Techniquement bluffant, mais on a beau chercher, on ne voit pas l’intérêt.
Les monstres et les humains cohabitent en bonne entente (et parfois à l’intérieur du même corps) dans l’univers dérangé de la Malaisienne Alsoguppyme.
Pas moins cauchemardesque est l’univers d’Olga Fedorova, artiste russe basée à Bruxelles, dont les images fracassent le familier et l’étrange.
Profitant de l’exposition collective « AImagine » actuellement présentée à Bruxelles, RTBF-La Première est allé interroger son commissaire, Michel Poivert.
Avec Prompt, série de mini-vidéos pour Arte, Jocelyn Collages pousse l’IA dans ses retranchements et atteint des sommets de loufoquerie.
Dans leurs différents projets, Shin Seung Back et Kim Yong Hun interrogent les possibilités et les limites de l’IA. « Mou ta n«  (2020) tentait ainsi de pointer, par dépixellisation progressive de l’image, le moment où l’IA ne sait plus reconnaître une montagne. « Analytic portrait », dernière projet du duo, consiste en une série de portraits mêlant datas et pourcentages dont l’idée est de montrer comment les moteurs de génération d’images nous perçoivent.
Ça m’intéresse propose un énième article expliquant comment reconnaître une image générée grâce à l’IA. Article de parti pris, puisqu’il a été rédigé par… une intelligence artificielle !

J’aime utiliser l’appareil photo comme si c’était une extension de mes yeux, comme si c’était davantage qu’un outil. C’est pour cette raison que j’utilise la macro, car mes yeux sont incapables de voir comme ça. (…) J’utilise la photographie pour pouvoir accumuler et garder des choses que je ne pourrais pas conserver autrement : des culs, des insectes, des moments fugaces de décomposition et de vie.

MAISIE COUSINS

Je remarque qu’il y a souvent un effet « mariage blues ». Les gens organisent leur mariage deux ans à l’avance, ça dure à peine une journée, ils n’ont pas le temps de profiter que c’est déjà fini. En organisant cette séance quelques semaines après, la mariée peut remettre sa robe, revit quelque chose de plus serein, termine l’aventure en douceur.

ALEXANDRE GELIN

la petite Musique de fin

Pour l’émission de Mouv « Passion discrète », Bintily Diallo a emmené Myra au Jeu de Paume afin d’évoquer son goût pour la photographie. Au fil de la discussion, la chanteuse parle de son premier boîtier (un Canon A1), de son attrait pour le travail de Raymond Depardon, de l’importance de l’image dans son métier ou encore de ses aspirations (« ma propre expo, un livre photo »). Et quand la journaliste lui demande un conseil musical en lien avec la photo, Myra cite quasi instantanément « Gisèle » de Luidji. Un choix dont elle mesure l’ironie, puisque les textes évoquent la quête du succès et de la reconnaissance au détriment du reste : « Tu ne vis que pour les caméras, les appareils photo, tu ne vis que pour les miroirs, le regard des autres. »

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