Film de Bertrand Tavernier sorti en 1984, Un Dimanche à la campagne permit à Sabine Azéma de glaner le César de la meilleure actrice. Il fut aussi l’occasion pour elle de rencontrer Robert Doisneau, engagé comme photographe de plateau lors du tournage. L’amitié qui naquît entre les deux donna lieu à une série photo tendre et mutine, « Ciném’Azéma », puis, en 1992, au documentaire Bonjour Monsieur Doisneau, premier passage de la comédienne derrière la caméra. Dans ce portrait plein de fantaisie, le ton est plutôt à la confidence, ce qui n’empêche pas de poser les questions qui fâchent, au sujet de la mise en scène de certaines photos par exemple. Chacun jugera de la pertinence de la réponse de Doisneau : « J’attends que l’image ressemble à une lettre de l’alphabet (…) Si une image est inscrite dans une de ces formes, elle est perceptible plus vite. » Un propos sybillin que vous pouvez confronter aux « Instants donnés » actuellement exposés au Musée Maillol. Vous y verrez, entre autres merveilles, « Les frères, rue du Docteur Lecène », photo emblématique qui a inspiré à l’émission Allegretto du 25 avril sa programmation. D’Erik Satie aux Frères Jacques, toute une époque…

OBJECTIF JAGUARS

Entrées dans les mœurs depuis plusieurs années, les opérations de sciences participatives font appel à l’observation et parfois aussi à la photographie. On pourraient les croire réservées aux jardins des particuliers, mais elles s’exportent aussi dans des coins peu accueillants, voire hostiles pour l’humain. Au Pantanal, par exemple, les touristes sont invités (et même incités) à photographier depuis leur embarcation les jaguars qu’ils voient sur les rives. Leurs images sont ensuite collectées par le Jaguar ID Project afin d’identifier et géolocaliser précisément les individus. Grâce à ces données, Abigail Martin, la fondatrice de cette ONG, a recensé dans le parc du Pantanal 389 jaguars qu’elle et son équipe suivent tout au long de l’année. Ce travail de suivi donne de la valeur au félin et sert sa cause face à la menace des éleveurs armés. Comme le dit la biologiste dans le passionnant documentaire Au nom des jaguars, « aujourd’hui, un jaguar vivant rapporte plus qu’un jaguar mort ».

MISSION TAPIS ROUGE

Là où d’autres sont en mission pour rapporter le cliché le plus consensuel (comprendre : le plus vendable), Sinna Nasseri envisage la photo sur tapis rouge en déjouant les attentes et en tirant parti du chaos ambiant. Cette approche, il l’applique aussi à ses travaux documentaires, comme en témoigne cette interview illustrée dans laquelle le photographe irano-américain évoque les récents incendies qui ont embrasé la Californie, sa couverture des primaires démocrates ou encore son projet de livre sur les plane-spotters.

PHO•pho•phoTUS !

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce mot de cinq lettres en lien avec la photographie ?

EN BREF ET EN VRAC...

Récent lauréat du Prix Vivian Esders, Jean-Claude Delalande est mort le 13 avril à l’âge de 63 ans.

Comment empêcher Meta d’utiliser vos photos pour nourrir son IA ? Que Choisir vous donne la marche à suivre. DPreview propose une solution plus simple : changer de crèmerie !

Les photos peuvent parfois agir comme des témoins silencieux des tournants de nos vies, souvent sans que l’on s’en rende compte. N’est-ce pas Jeff Bridges ?

Un peu de mignonnerie avec cette série de Joel Sartore.

Après Émilien Jacquelin, c’est au tour de Thibault Anselmet, champion du monde de ski alpinisme, de se confier sur sa passion pour la photographie – animalière de préférence.

Un intéressant billet de blog du Musée de Bretagne revient sur l’émergence, au milieu des années 70, du diaporama comme objet muséal et sur sa pertinence un demi-siècle plus tard.

Journaliste spécialisé dans le tennis, Ben Rothenberg a levé un lièvre en remarquant, sur le site de la WTA, deux photos d’Iga Swiatek et Alexandra Eala clairement générées ou retouchées par une IA.

Signal Zero sort un livre compilant les photos réalisées par Livia Saavedra entre 1998 et 2001 lors de free parties plus ou moins sauvages.

À l’occasion de la sortie de Diane Arbus – Photographier les invisibles, Cynthia Deschamps vous propose de découvrir cinq BD ayant trait à la photo.

Dans le cadre de la Journée de la Terre, sept photographes exposent à Dazed leur vision de ce qui unit l’humain à la nature.

Entre photographie traditionnel et art digital, Juline Armand fait la part des choses, sans se renier.

Selon moi, les images ont un grand pouvoir pour transformer notre rapport à la nourriture. Elles contribuent à normaliser le plaisir féminin lié à l’alimentation, en montrant qu’on peut manger pour nous-mêmes, avec appétit et sans gêne. Ce qui me pousse aussi à dénoncer les règles de bienséance souvent imposées aux femmes à table — ne pas prendre de grosses bouchées, ne pas se montrer trop gourmande, rester discrète — qui finissent par être oppressantes.

ANNA LEONTE LORON

Ma première photo, parue en 1981, était en noir et blanc. J’ai eu la chance de quasiment tout connaître dans la technique photographique, des diapositives sur du film positif au négatif couleur. Avec l’arrivée de l’informatique, on a pu transformer l’image physique en numérique (…) Il fallait rentrer du stade, développer les négatifs en couleurs, les scanner et envoyer les fichiers par les lignes téléphoniques aux journaux. La qualité des premiers boîtiers numériques était catastrophique et ils coûtaient 12 000 francs. Mais ça a été une révolution.

ÉRIC LAFARGUE*

*Et pour voir la photo du duel Boli-Dahlin à l’Euro 92 évoquée à la fin de l’interview, rendez-vous ici (page 19)

la petite Musique de fin

C’est bien connu, le critique musical aime filer la métaphore. Dans sa chronique du dernier album de Cloth, Franck Narquin nous offre même un bingo : « Polaroid, le single-phare, agit comme un déclencheur instantané : cliché parfait d’une pop bien cadrée, aux contours nets, qui ose enfin sortir du silence pour affirmer une mélodie, un refrain, un souvenir. » On se moque gentiment car, pour qui aime l’indie-pop, le titre en question vaut vraiment le détour.