Diplômée de l’Institut supérieur des arts et du design de Toulouse, Kamille Lévêque Jégo revendique son goût pour l’hybridation, utilisant les codes de la publicité et de la fiction pour mieux questionner le réel. Avec sa série « Benzine cyprine », elle met ainsi en scène cinq jeunes filles formant un gang dont l’objectif est de lutter contre le machisme et l’emprise des hommes sur les femmes. Techniquement abouties et soignées jusqu’au moindre détail, les compositions visent juste… si juste qu’elles ont ébranlé la virilité de quelques imbéciles. Dans la nuit du 25 au 26 avril, en effet, l’exposition « Benzine Cyprine », actuellement présentée à la galerie Negpos de Nîmes, a été presque entièrement détruite : tirages photo arrachés, déchirés et piétinés. Les visages de femmes tagués et les phallus peints sur les murs de la galerie laissent peu de doutes sur le profil des coupables. Patrice Loubon, le directeur de Negpos, a porté plainte contre X pour destruction et outrage sexiste, intrusion et dégradation d’un lieu d’art et destruction d’œuvres d’art. « Ce genre de comportement agressif est systématique, a pour sa part souligné Kamille Lévêque Jégo. Il est permanent. Que ce soit dans le débat, sur les réseaux sociaux, on est directement confrontée à ça en tant que femme. Je ne suis pas vraiment étonnée, en même temps je suis consternée de cette médiocrité, parce que justement il est important qu’on en parle. Voilà telle qu’est reçue la féminité, comme j’ai voulu le montrer dans cette exposition. »

LA SCIENCE DE L’IMAGE

Le concours La preuve par l’image, dont nous avons parlé ici à plusieurs reprises, a montré combien la photographie pouvait aider à vulgariser les avancées scientifiques auprès du grand public. En attendant que le concours canadien dévoile ses résultats pour 2025, on peut patienter avec le palmarès d’une autre compétition du même genre, organisée par le Fonds national suisse. Là encore, il s’agissait pour les chercheurs et chercheuses de documenter leur travail par l’image. Au total, quinze photos et cinq vidéos ont été primées, toutes visibles ici (cliquez sur chacune d’elles pour avoir la légende détaillée). Dans la catégorie « Lieux et outils de sciences », Gaétan Raynaud a remporté le premier prix avec « Vanishing autoportrait », étonnante image qu’il a racontée à nos confrères de la RTS

MOINS DE NUMÉRIQUE, PLUS D’ANALOGIQUE

L’intérêt des cartes blanches proposées hebdomadairement par 9lives dépend – c’est logique – de l’implication des invités. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’équipe de The Analog Club a pris l’invitation à coeur, distillant tout au long de la semaine les belles découvertes : une interview de Florian Guillon-Antigny du labo associatif Les trois bains, une autre du « magicien de la chambre noire » Thibaut Piel, un texte du vétéran Gil Rigoulet et une présentation de l’oeuvre du photojournaliste brésilien Flavio Cannalonga. The Analog Club a ouvert son premier espace dédié à l’argentique à Ménilmontant l’automne dernier, et Joséphine Vallé Franceschi y a déjà ses habitudes, comme on a pu s’en rendre compte dans ce numéro de Twist consacré au retour en grâce de l’analogique.

PHO•pho•phoTUS !

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce mot de quatre lettres en lien avec la photographie ?

PENDANT CE TEMPS...

… à Genève, des « chuchoteurs » racontent les expos aux mal-voyants.
… à Larmor-Plage, Jean-Claude Pichon s’est éteint, laissant derrière lui des centaines de photos de sport mémorables.
… à Gotham City, Batman trompe l’ennui.
… dans le désert des Pinacles, Joshua Rozells voulait photographier les traînées d’étoiles ; bon gré, mal gré, il a dû se rabattre sur les traînées… des satellites.
… à Fay-sur-Lignon, Léna Durr fait le portrait des ultimes agriculteurs et agricultrices.
… sur Mars, Curiosity roule sa bosse.
… à Port-Louis, le Musée national de la Marine invite à (re)découvrir l’œuvre de Germaine Kanova, pionnière française de la photographie de guerre.
… à Rémire-Montjoly, l’expo « Ô abre alas » lance de belle manière la saison culturelle France-Brésil.
… à Kaboul, Jalalabad ou Alzabad, Kiana Hayeri et Mélissa Cornet sont allées recueillir l’image et les témoignages de femmes afghanes.
… à La Grande Motte, Charly Broyez et Laurent Kronental photographient l’architecture hors saison touristique et à la chambre grand format.
… dans la réserve naturelle de l’estuaire de la Seine, Sylvie Caramello et Marie-Pierre Toll sont tombées nez à nez avec un chacal doré.

Grandir en Russie et lutter pour s’adapter aux normes de la société a été une expérience difficile, mais les restrictions auxquelles j’ai été confrontée ont considérablement élargi mes perspectives créatives et ont contribué à façonner ce que je suis aujourd’hui.

MAYA GOLYSHKINA

L’art a toujours une force, dans les bons comme dans les mauvais moments. On peut la sous-estimer. Ou la surestimer. Même les gens qui sont hostiles à l’art, ou qui disent que cela ne les intéresse pas, savent combien il peut être puissant. On le voit bien : la culture est toujours la première chose que les autocrates cherchent à contrôler.

WOLFGANG TILLMANS

la petite Musique de fin

Il y a dix ans, alors qu’il se baladait à Londres, Mike Scott est tombé par hasard sur une expo photo de Dennis Hopper. Il ne savait pas que l’acteur et réalisateur avait aussi pratiqué la photographie dans les années 1960. Cette découverte a sidéré le leader des Waterboys (« Son regard était si aiguisé, il capturait l’âme des personnes qu’il photographiait ») et l’a convaincu d’écrire un album sur la vie de celui qui, quinze ans après sa mort, reste un emblème de la contre-culture. En voici un extrait…

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
à travers quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.