Installé dans le paysage depuis une douzaine d’années, SMITH fait partie de ces artistes dont le travail intimide. D’abord parce qu’il embrasse un spectre large de techniques (photo, installation, vidéo, performance, etc.), ensuite parce que ses différentes séries s’accompagnent souvent d’intitulés et de descriptifs assez abscons (la fiche de présentation de Désidération, livre paru en 2021 chez Textuel, vous donne une idée) qui installent, de fait, une distance entre les oeuvres et les spectateurs. Le projet « Dami », présenté en ce moment à la galerie Leica, n’échappe pas à cet écueil. Remercions donc Marie Labory d’avoir, dans son interview de SMITH pour les Midis de France Culture, ramené le propos à des considérations plus terre à terre. Dès la première question, le ton est donné : « Est-ce que ça vous va si, en tant que spectateur, on se contente de la beauté de vos images ? » Au cours de ces vingt-huit minutes, la journaliste fait aussi affleurer les doutes de l’artiste (« Suis-je légitime à participer à une résidence dans un domaine viticole alors que je ne consomme pas d’alcool ? »), sa complexité, son goût de l’expérimentation et sa curiosité. SMITH raconte, par exemple, que c’est en voyant un technicien vérifier l’isolation thermique de son appartement qu’il a découvert les possibilités révélatrices de la caméra thermique, outil qui l’accompagne dans ses projets depuis maintenant quinze ans.

RETOUR SUR TERRE

Cette année encore, l’ocre de Roland Garros aura livré son lot de belles images. Sur le site officiel du tournoi, on trouve un florilège commenté qui reflète bien la quinzaine écoulée, de l’hommage rendu à Nadal à la sensation Lois Boisson, en passant par la petite ramasseuse de balles en fauteuil roulant ou les derniers revers de Richard Gasquet. Un diaporama rétrospectif est même consacré à celui qui, en 1996, était présenté comme le futur crack du tennis français. Corinne Dubreuil, l’autrice de la photo de Une qui fit tant jaser à l’époque (et même après), a raconté à L’Équipe les coulisses de ce reportage pour Tennis Mag. Si vous aimez les coulisses, retour en 2025 avec cette courte vidéo où Benoît Doppagne nous livre les mystères de la « chambre noire », la fosse en fond de court central que se partagent photographes, cameramen et ramasseurs de balles. Le tour ne serait pas complet sans cet article détaillant le fonctionnement du pool de photographes missionnés par la FFT durant Roland Garros.

LOUIS DUFAY, PIONNIER DE LA COULEUR

La fiche Wikipédia de Louis Dufay se résume à cinq petites lignes où l’on apprend qu’il a été précurseur dans la technique de la photographie couleur. Pour savoir ce qui faisait la particularité du Dioptichrome ou de la Dufaycolor et pourquoi ces inventions, malgré d’incontestables qualités, sont tombées dans l’oubli, on vous conseille la lecture de cet article de L’Est Républicain. On y apprend, entre autres, que son procédé de tirage photographique couleur n’a rien à voir avec la trichromie chère à Louis Ducos du Hauron (ici, une prise de vue suffit),  que son Dioptichrome offre un rendu plus précis que l’Autochrome de Louis Lumière et qu’il a dû vendre ses brevets à Ilford pour que ses idées rencontrent enfin un succès commercial. Si l’article vous donne envie d’en savoir plus sur le parcours de Louis Dufay, procurez-vous la biographie de 400 pages qu’ont rédigée Jean-Luc Dufay (son petit-fils) et Patrick Fourneret.

PHO•pho•phoTUS !

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce mot de six lettres en lien avec la photographie ?

EN BREF ET EN VRAC...

La macro est à l’honneur dans le dernier numéro de Chasseur d’Images, ainsi que dans les British Photography Awards cuvée 2025.
Photographe humaniste passé par Rapho, Marc Paygnard vient de léguer son fonds photographique (…enfin un tiers pour l’instant) au Musée Niépce.
Les bourses du festival « Les femmes s’exposent » ont été décernées à Louisa Ben, Mahé Elipe et Chloé Kerleroux
Pour honorer la mémoire de Francis Giacobetti, disparu dimanche dernier, L’Oeil de la photographie a mis en libre accès (jusqu’à la fin de la semaine) six archives mêlant le nu, la mode et… Francis Bacon.
Quand un colvert franchit les limites… image à l’appui.
Ce week-end, Félix Marcel et Théo Solaesa auront la « Tête dans le Fion ».
En partenariat avec Leica, la marque d’alpinisme Mammut organise un concours photo classique et une chasse au matériel.
Vous aimez le camping et la photo ? Le réseau Onlycamp a un job d’été à vous proposer.
Célia Honoré honorée.
Alors que se prépare déjà l’édition 2026, Fisheye a demandé à quelques photographes passés par le festival « Circulation(s) » ce qu’ils et elles devenaient.
Les 17 et 18 juin, le Palais de Tokyo (Paris 16e) accueille la sixième édition du Parlement de la photographie. Les conférences et tables rondes (autour du futur bicentenaire, des 70 ans de Gens d’Images, des photographes ultra-marins ou des défis de l’IA) sont accessibles à distance, moyennant inscription.
Le plaisir qu’a Fanny Zambaz à partager son goût de la nature sauvage et du cyanotype est communicatif dans Wild Blue, sympathique documentaire d’Adriano Koch auquel on reprochera quand même des nappes sonores (bien) trop présentes.

En concert, je vois beaucoup de photographes avec de gros objectifs, ils ne connaissent même pas le groupe, ne s’ambiancent pas et prennent toute la place… Quand tu vois leurs photos, ce n’est pas possible ! Le matos, ça ne fait pas tout. C’est inspirant qu’on soit plein de meufs à s’y mettre et à se retrouver en concert. Nos regards se complètent et on se tire vers le haut, il n’y a pas du tout de concurrence. Fuck les hommes, c’est notre tour.

MATILDEUH

J’ai fait des portraits, mais je préfère la photographie de rue parce qu’elle est plus honnête. Il y a tellement de choix à faire à la volée. Je pensais qu’en tant que photojournaliste, je tendais un miroir à la société, mais je me suis rendu compte que l’image dans le miroir est la mienne. Comme l’a dit Minor White, « toutes les photographies sont des autoportraits ». En fin de compte, mes photographies me parlent de moi.

MIKE VOSS

la petite Musique de fin

Il y a 45 ans, The Vapors connaissait un joli (et unique) succès avec « Turning Japanese », chanson considérée à l’époque par certains comme une ode à la masturbation, quand bien même David Fenton, le chanteur-compositeur, affirmait le contraire : « C’était à propos de quelque chose que j’avais vécu moi-même. Une relation amoureuse se termine et vous n’avez plus que des photos. (…) Les Américains ont pensé que « Turning Japanese » était une expression argotique anglaise pour la masturbation, alors que j’avais trouvé la formule un matin au réveil. Ça aurait pu aussi bien être « Turning Portuguese » ! Au moins, ça a créé un intérêt autour du titre. Mais ce n’était pas l’intention, c’était juste une chanson d’amour. »

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
à travers quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.