La semaine passée, nous partagions dans notre section Verbatim les propos de Matihldeuh sur son expérience de photographe de concert ou, plus exactement, sur les difficultés à se faire une place dans ce monde très masculin. L’interview est tirée d’une intéressante série d’articles des Inrocks autour de la photographie de rock au féminin. Cinq consoeurs de Matihldeuh ont également eu droit à leur interview-portrait : LoéliaCéline (alias Non Deux Non), Sarah HottiauxCarolina Moreno et Élise Timsit. Si leurs parcours et leurs styles divergent, leurs témoignages quant au machisme ambiant se rejoignent. Mais la reconquête du pit est en bonne voie, veut croire Céline, la plus aguerrie des interviewées. Au-delà de ces considérations, on se rend compte que l’argentique et la débrouille ont davantage la cote que le numérique chez nos six photographes. Un matériel qui va de pair avec l’esthétique des groupes qu’elles suivent. « Je reste extrêmement attachée à la scène alternative, dit par exemple Élise Timsit, parce que les artistes ont plus de marge pour faire passer leurs messages politiques, ils se sentent plus légitimes et ont moins peur de prendre la parole. Il y a aussi un rapport très fort entre le public et les groupes, j’adore pouvoir capturer la relation qui se crée entre eux. » Et si vous vous inspiriez d’elles pour immortaliser les concerts de la Fête de la musique ?

AGATHE GAILLARD, 1941-2025

Avec le décès d’Agathe Gaillard, c’est une figure clé de la photographie d’ici qui disparaît. Inaugurée à Paris le 10 juin 1975 (avec un accrochage de Ralph Gibson), sa galerie fut la première en France entièrement vouée à la cause photographique. En près de quarante années d’activité, le 3 rue du Pont-Louis-Philippe a accueilli 250 expositions (Bill Brandt, Jean-Philippe Charbonnier, Erica Lennard, Jean-François Spricigo, Luc Choquer, Izis, entre autres grandes signatures). En 2013, à la sortie de Mémoires d’une galerie, entre deux pics à Susan Sontag et à Roland Barthes, Agathe Gaillard disait au micro de La Grande Table comment elle envisageait son rôle de passeuse : « Pourquoi j’aide un photographe débutant ? Pour que ça existe ! C’est pas du tout pour moi. J’aime que les choses existent, donc si je peux donner un coup de pouce, je le fais. (…) L’idée, c’est d’aider et d’accélérer la vie pour que ça se passe. » Quatre ans plus tard, à l’invitation de la galerie Gadcollection, elle se prêtait au jeu des « 6 questions ». Sa réponse à la dernière question – « Vous arrivez devant Dieu, que lui dites-vous ? » – a évidemment un drôle d’écho aujourd’hui. L’équipe de La Galerie Rouge, qui a repris le 3 rue du Pont-Louis-Philippe, a d’ores et déjà annoncé qu’un accrochage hommage à Agathe Gaillard sera organisé en ses murs l’automne prochain.

SIGNÉ KOJI INOUE

N’attendons pas le 27 septembre, journée mondiale des sourds, pour partager Regardez-moi, je vous regarde, court-métrage réalisé en 1996 par Brigitte Lemaine. Cette véritable curiosité raconte en langue des signes la vie de Koji Inoue, photographe japonais devenu sourd à l’âge de trois ans suite à un accident et qui trouva dans l’image son moyen d’expression. Une petite ワンダー ! Trois ans après ce court-métrage, la réalisatrice a produit un documentaire plus classique sur le photographe, Koji Inoue, photographe au-delà des signes, dont on peut voir la bande-annonce ici.

PHO•pho•phoTUS !

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce mot de cinq lettres en lien avec la photographie ?

LES BRÈVES MUSICALES

Si Pet Sounds est considéré comme un chef-d’œuvre, on n’en dira pas autant de sa pochette. Far Out raconte la petite histoire de cette photo prise au zoo de San Diego par George Jerman. Y avait-il meilleur choix parmi les clichés pris ce jour-là ? Non.
Le festival barcelonais Primavera Sound a réuni le gotha du rock indé au début du mois. Mais pour Gracie Brackstone et Chloe Flaherty, le spectacle n’était pas sur scène.
Le saviez-vous ? Le violoncelliste Erik Friedlander, connu notamment pour ses collaborations avec John Zorn, n’est autre que le fils de Lee Friedlander. Vu le goût du papa pour la chose musicale, cette orientation professionnelle ne doit pas lui déplaire.
Dans son dernier numéro, OpenEye réserve quelques pages à la collaboration entre le photographe Antoine La Rocca et la saxophoniste Karine Avisse (à partir de la page 116).
Le grand producteur Rick Rubin (Johnny Cash, Run DMC, Slayer, entre autres) a accueilli dans son podcast Benedikt Taschen, éditeur à succès qui en 45 ans a démocratisé le livre d’art (photo mais pas que), tout en se permettant de proposer une collection Sumo défiant tous les qualificatifs.
Fifou, photographe star du rap français, fait l’objet d’une rétrospective au Hangar de Rouen.
À quoi ressemble l’âme d’un Stradivarius ? Michael Brooks est allé y voir.
Les années se suivent et se ressemblent, hélas, pour les photographes de presse en bord de scène. Mais il semble que l’équipe de production de Pascal Obispo ait franchi un nouveau cap le 6 juin dernier lors du Festival Bacchus.
99% du temps, les commentaires en dessous des articles ne servent à rien… sauf parfois.
Sous la plume éclairée de Fifi Abou Dib, L’Orient-Le Jour nous donne à découvrir Joe Kesrouani, artiste multipiste (portraits, paysages et DJ-sets) disparu le 17 mai.
PNL en haut de la tour Eiffel, c’est lui ! Avant la sortie de son premier livre photo en octobre prochain, Anthony Ghnassia revient sur son parcours.
Nile Rodgers figure parmi les jurés de l’édition 2025 des MPA, concours alliant photographie et musique chapeauté par Rankin.
Batteur de Blur et photographe à ses heures perdues, Dave Rowntree va sortir un livre photo sur les débuts du groupe.
Trente ans après, Le Journal de Montréal revient en images sur le lancement de l’album francophone le plus vendu dans le monde.
Wolfgang Tillmans aurait aimé photographier Michael Jackson. Et nous, on aurait aimé voir ça.

verbatim

Quand les membres de la communauté [des cowboys de Louisiane] apprennent que je suis française, ils trouvent ça étonnant mais cool que quelqu’un ait fait le chemin depuis Paris. Ils vivent leur vie que je sois là ou pas. Et il faut dire quelque chose, c’est que les américains adorent être pris en photo, ils jouent le jeu, ce qui facilite les choses. Ils ont tout de suite une attitude qui vous invite à créer une proximité.

Chloé KERLEROUX, lauréate du Grand Prix Fujifilm x Les Femmes s'exposent

C’est tellement un grand territoire. C’est difficile de prévoir où l’histoire va arriver. Il faut espérer être à la bonne place. Il faut aussi regarder l’arrière-plan, parce qu’on veut une photo assez épurée. (…) J’aurais souhaité un peu de pluie ! Ça permet de montrer l’eau qui revole, les gros plans sur les pneus mouillés, les feux rouges à l’arrière des voitures, les reflets sur les flaques d’eau… Ça change tout ! [Le ciel bleu], c’est le pire du pire pour nous. Mais pour les partisans, c’est le fun.

Dominick GRAVEL, photographe à La Presse

PICTURES OF ME, of us, of her, of you...

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