À 12 ans, Vera Rubin prenait ses premières photos astronomiques dans le jardin familial à l’aide d’un télescope qu’elle avait fabriqué avec son père. Disparue en 2016, l’astronome américaine a donné son nom à un observatoire installé au Chili qui a beaucoup fait parler de lui ces derniers jours. Le surpuissant télescope a en effet dévoilé trois premières images assez exceptionnelles. À titre d’exemple, l’image des nébuleuses Trifide, qui a beaucoup circulé, est le fruit de 678 prises de vue réalisées sur une période de sept heures. La France a apporté une forte contribution à l’observatoire Vera C. Rubin, puisque le changeur de filtres de la caméra a été conçu et fabriqué par trois laboratoires français, et que le CNRS va assurer la maintenance de ce système pendant les dix ans d’observation du télescope. Coordinateur scientifique pour la France du plan focal de ladite caméra, Pierre Antilogus était l’invité mardi soir de Scope, l’émission scientifique de la chaîne Twitch d’Arte. 2h40 de d’émerveillement et de vulgarisation, ponctuées par des duplex avec l’observatoire de Haute-Provence ou encore avec Martial Relier, astrophotographe amateur.

SAMMALLAHTI, À TIRE D’AILE

Consacrée à un sujet universel et portée par des auteurs venus du monde entier, la collection « Des oiseaux » de l’Atelier EXB a tout pour s’exporter. De l’autre côté des Alpes, Marco Scataglini a ainsi récemment découvert le volume consacré aux photos d’oiseaux de Pentti Sammallahti et s’est fendu d’une vidéo dans laquelle il propose une lecture très fine de l’ouvrage. Sa critique se conclut ainsi : « Un livre très spécial, méditatif qui, au-delà du bel objet, présente de grandes images réalisées par un auteur qui mérite d’être découvert et connu d’un public plus large. » On ne saurait mieux dire ! D’ailleurs, si vous voulez voir des tirages du photographe finlandais, notez qu’une exposition est inaugurée ce samedi 5 juillet à la galerie La chambre claire de Douarnenez – galerie dont vous pouvez retrouver une interview des fondateurs dans le numéro d’été de Chasseur d’Images.

ATTRAPE-GOGO AU PIED DE LA TOUR EIFFEL

Dans la lignée de son reportage en caméra cachée sur les pintes truquées, Mathieu Hennequin, journaliste au Parisien, s’est intéressé aux photographes à la sauvette qui, depuis que le pont d’Iéna a été piétonnisé, l’investissent pour tirer le portrait des touristes au pied de la tour Eiffel. Verdict de cette enquête incognito : non seulement les images laissent à désirer, mais les tarifs sont aléatoirement appliqués à la tête du client.  

PHO•pho•phoTUS !

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce mot de cinq lettres en lien avec la photographie ?

pendant ce temps...

… au Maroc, Myriam Meloni documente la seconde vie des increvables Mercedes 240D.
… à Lausanne, Tyler Mitchell partage son parcours et sa vision des communautés noires.
… à Florence, le musée des Offices va restreindre la prise de photos suite à la dégradation d’un tableau.
… en Grande-Bretagne (en attendant l’Inde et l’Australie), Tom Shaw lutte contre les clichés associés au cricket.
… à l’aéroport de Dayton, Ohio, le moindre moment d’inattention se paie cash.
… à Séoul vient d’être inauguré le premier (!) musée de Corée du Sud entièrement consacré à la photographie.
… à Wayanad, dans le Kerala, Jennifer Carlos documente les séquelles matérielles et humaines laissées par la coulée de boue dévastatrice de juillet 2024.
… à New York, Rosalind Fox Salmon, « l’œil des oubliés », vient de pousser son dernier souffle.
… à l’école des Beaux-arts de Nancy, la photographie argentique séduit les étudiantes.
… en République tchèque, Jan Holkup inventorie les miradors de chasse à la façon des Becher.
… au Brésil, le bien-nommé Gui Christ s’intéresse à celles et ceux qui pratiquent des religions de matrice africaine… et qui sont stigmatisés pour ça.
… en Angola, Luciana Trappolino photographie les femmes des tribus du Sud de dos, pour valoriser leur chevelure et dénoncer le patriarcat. 
… à Saint-Louis, au Sénégal, le Musée de la photographie met à l’honneur le travail de pionniers méconnus
… au large de La Ciotat, Delphine Denans s’est fait un nom dans le portrait subaquatique.
… à New York est actuellement exposée une étonnante série d’autoportraits enterrés, signée par Jenny Calivas.
… dans le Gujarat, Hardik Shelat a eu la chance de photographier les envolées de la chauve-souris géante d’Inde.

verbatim

Dans les rues, les gens me disent : « Merci de vous soucier du climat, de la communauté queer, des femmes et des questions de race. » Mais pour moi, c’est juste la base. L’idée que mes enfants vont hériter d’un monde où l’on ne peut pas aimer qui l’on veut, où l’on ne peut pas vivre dans le corps que l’on veut, où les Noirs et les Marrons sont considérés comme moins humains, où les bébés arabes sont massacrés sous nos yeux, n’est pas acceptable.

Misan HARRIMAN, photojournaliste et protagoniste du documentaire "Shoot the people"

Il y a des thématiques dans mon travail qui reviennent malgré moi. Je vois avec le temps, avec l’âge, avec la maturité qu’il y a une constance dans les thèmes que j’ai abordés. On m’a toujours dit que mon travail était éclectique, qu’on n’arrivait pas à me classer. C’est pas tout à fait ça : les thèmes sont là, mais ils prennent une forme différente avec le temps.

GLADYS, Prix Niépce 1989

la petite musique de fin

Dix ans après sa sortie, Carrie & Lowell, l’acclamé septième album de Sufjan Stevens, a bénéficié d’une réédition enrichie de quelques titres inédits. Rien que de très classique. Ce qui l’est moins, c’est la sortie d’un appareil photo instantané aux couleurs de l’album et orné de cette formule : « We’re all gonna die, say cheese ». Une référence directe à l’un des titres phares du LP, « Fourth of July », chanson désarmante dans laquelle Sufjan Stevens relate les derniers instants de sa mère sur son lit d’hôpital.

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