À l’heure du streaming, les artistes musicaux n’ont jamais autant travaillé leur image. L’idée peut sembler contre-intuitive (pourquoi chiader des visuels de couverture qui ne seront majoritairement vus que sur des écrans de téléphone ?), mais elle traduit l’envie de proposer une expérience singulière. « Il est si difficile de savoir ce qui va résonner avec les fans, explique Holly Williams, directrice artistique de Studio Island, il est donc crucial de créer un monde cohérent à travers les plateformes. » C’est cette cohérence qu’a cherchée Facta en s’offrant les services du photographe Pelle Cass. Les images surpeuplées de cet adepte du timelapse résonnent avec l’aspect répétitif de la musique d’Oscar Henson. 

CARTE DES LUTTES

La carte postale d’actualité a eu une vie brève (une quinzaine d’années environ, au début du XXe siècle), mais elle a laissé d’impérissables preuves des mouvements de grèves qui ont émaillé la période. À cette époque (« belle » pour certains), le syndicalisme naissant invente de nouveaux modes d’action. Des reporters, parfois juchés sur des échelles, témoignent de ces conflits sociaux et leurs photos finissent sur des cartes postales que l’on s’envoie à travers la France. C’est à partir de cette matière première que Philippe Baron a réalisé Bons baisers des grèves, documentaire aussi informatif dans le fond que singulier dans sa forme.

UNE CULTURE À RÉÉCRIRE

Les cartes postales ont aussi servi à colporter des clichés. Et servent encore à cela, regrette Adeline Rapon, photographe franco-martiniquaise qui expose en ce moment à Fort-de-France un projet intitulé « Pas si mal, n’est-ce pas, notre petite Créole ? » Derrière ce titre ironique (pour le sous-texte, voir ici) se cache un accrochage mettant en regard des cartes postales de Martinique et de Guadeloupe datant de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle et des autoportraits de la photographe. En se réappropriant l’image de la femme antillaise, telle qu’elle a été construite par l’imaginaire colonial, Adeline Rapon interroge notre regard et s’étonne qu’aujourd’hui encore ces stéréotypes perdurent : « Rien n’a changé. Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? Des petits gobelets avec des seins, des nappes avec du madras dessus ? Des petites filles et des petits garçons sur des cartes postales en tenue traditionnelle ? (…) Est-ce qu’il n’est pas désormais temps de changer de dynamique ? » L’exposition est, en grande part, issue de la série « Fanm Fô », dont quelques diptyques sont présentés sur le site de la photographe.

PHO•pho•phoTUS !

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce mot de six lettres en lien avec la photographie ?

L'ACTU EN CHIFFRES

-57
C’est, en degrés Celsius, la température minimale enregistrée dans la péninsule de Yamal, en Sibérie. Les portraits des Nenets qu’y a réalisés Natasha Yankelevich s’en font l’écho. 
20
C’est le nombre de bougies soufflées cette année par l’agence MYOP, un collectif « où chacun se nourrit du regard de l’autre ».
120
C’est, en années, la période couverte par « The Family of Migrants », exposition montrant comment les mouvements de populations ont défini le monde dans lequel nous vivons.
1978
C’est l’année où Adrian Boot suivit le Grateful Dead en Égypte, sur scène mais aussi au pied des pyramides.
3
C’est, en mois, la rallonge offerte à l’exposition « Kwame Brathwaite – Black is beautiful ». Et pour fêter ça, le Centre de la photographie de Mougins a mis en ligne une playlist riche en jazz et soul vintage. De quoi honorer la mémoire de celui qui fut le photographe attitré de Stevie Wonder.
34
C’est le nombre de nationalités des participants aux Pure Street Photography Awards 2025.
120 (2)
C’est le nombre de jours qu’il a fallu à Prasenjeet Yadav pour réaliser la photo de tigre noir qui figure en couverture du nouveau numéro de National Geographic.
100000

C’est, en dollars, la valeur du matériel photo dérobé dans le Camera Store de Calgary le 23 octobre dernier.  Et tout cela en sept deux minutes chrono !

5
C’est, en livres, le prix du Zenit de seconde main utilisé par Denis O’Regan pour réaliser ses premières photos de David Bowie. Il y en eut bien d’autres ensuite…
60
C’est, en minutes, la durée du concert symphonique donné ce soir et demain vendredi à l’Auditorium de Bordeaux. Particularité ? Il sera dédié à la mémoire de Sebastião Salgado et illustré par des images sélectionnées par le photographe avant sa mort (sur le thème de la mer, en résonance avec l’œuvre de Debussy).
138
C’est, en minutes, la durée de ce documentaire de FD Finance retraçant les trajectoires croisées de Kodak, Fujifilm et Olympus du point de vue des stratégies commerciales (l’aveuglement des uns, la clairvoyance des autres). Accrochez-vous, c’est en anglais non sous-titrée.
450000

C’est le nombre de logements menacés à terme par l’érosion côtière en France (près de 19 % du trait de côte en recul). Un phénomène illustré par le Prix du jury de L’Œil du climat, concours photo organisé par Météo France. 

19
C’est le nombre de photos de « The unseen animals from Central Asia », exposition en ligne retraçant un voyage de Bogna Wilkowska dans des fermes et abattoirs kirghiz et kazakhs. Quelques éléments de contextualisation ici.
85
C’est, en dollars, le prix moyen d’une place pour assister à une soirée AMMA. Vous ne connaissez pas ? Demandez à Will Baldwin.
140

C’est, en années, l’âge de la Société photo-ciné de Douai (ex-Société photographique du nord de la France). Un anniversaire célébré à travers une exposition mêlant les regards d’hier et d’aujourd’hui.

500000

C’est le nombre d’arbres qu’a plantés Rita Leistner entre ses 20 et ses 31 ans. Une expérience qui lui a permis d’accéder plus facilement aux « tree planters », ces saisonniers qui parcourent les forêts décharnées du Nord Canada pour y semer de nouvelles essences. Un reportage à mettre en perspective avec le documentaire « Planter à tout prix », récemment diffusé sur Arte.

Tout à coup, j’ai vu cette femme qui portait des iguanes vivants sur sa tête et je lui ai demandé si je pouvais la photographier. Je n’avais qu’une seule pellicule, et sur les douze clichés que j’ai pris, tous étaient flous et elle riait, sauf un, qui a su capturer sa dignité. Aujourd’hui, une grande sculpture la représentant se trouve sur une place de Juchitán, où se déroulent d’innombrables manifestations politiques. On a fabriqué de petites figurines en argile à son effigie, brodé son image sur des huipiles, et elle apparaît même dans des fresques murales à Los Angeles et San Francisco. Cette photo n’a pas demandé ma permission ; elle veut s’envoler, et c’est très bien, c’est très bien qu’elle aille où elle veut.

GRACIELA ITURBIDE

En entrant dans leur monde, on est immédiatement exposé à des discussions sur la drogue, les couteaux et la violence. C’est un monde de pauvreté et de danger, complètement en dehors de ma propre bulle. En tant que jeune photographe européen, cela peut être intimidant. Mais en fin de compte, il ne m’est jamais rien arrivé. Il faut l’accepter et se concentrer sur la prise des meilleures photos possibles.

NICOLAS WIEËRS

la petite Musique de fin

Moitié de Soft Cell, Dave Ball est décédé la semaine dernière à l’âge de 66 ans. Au sommet des charts au début des années 80 (notamment grâce à l’imparable reprise de Tainted love), le duo qu’il formait avec Marc Almond était revenu aux affaires en 2022 avec un album, Happiness not included, où l’on trouvait ce Polaroid. Les paroles font référence à une rencontre avec Andy Warhol qui, comme chacun sait, était passionné d’image instantanée. Entre deux solos de synthé de Dave Ball, on entend d’ailleurs le roi du Pop-art évoquer son rapport au Pola.

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