Pour ceux qui peuvent, une grande exposition en Allemagne. Bon d'accord, il faut aller à Düsseldorf :
Museum Kunstpalaste (http://www.smkp.de/ausstellungen/aktuell/andreas-gursky.html)
J'ai profité de l'occasion pour une réflexion sur une des choses que nous apporte ce photographe :
Andreas Gursky : l'arrangement interne de l'image (http://www.ame-nature.com/index.php/sinspirer-de/260-andreas-gursky--larrangement-interne-de-limage)
J'ignorai que c'était un pro de photoshop, ce qui n'enlève rien à son talent.
A voir pour éviter les approximations...
http://www.arte.tv/fr/la-nouvelle-objectivite-allemande/7002460.html
Citation de: jeanbart le Novembre 11, 2012, 11:56:13
J'ignorai que c'était un pro de photoshop
Et non, Gursky n'est pas un "pro de Photoshop". D'ailleurs à ce niveau là on n'utilise plus Photoshop.
Citation de: tinange le Novembre 11, 2012, 13:18:31
Et non, Gursky n'est pas un "pro de Photoshop". D'ailleurs à ce niveau là on n'utilise plus Photoshop.
Dans ce cas il faudrait signaler à Claire Guyot qu'elle n'y connaît rien :
http://abonnes.lemonde.fr/culture/article/2012/11/09/andreas-gursky-l-art-de-la-retouche_1788445_3246.html
Reste que le détail de tel ou tel logiciel utilisé ne change à mon sens rien au fait qu'ainsi sont conçues les images. Mais je serais intéressé cependant par ces détails, et d'autres ici sûrement. Quel post-traitement, précisément ?
Gursky travaille avec un staff très complet. Un assistant bien sur et aussi un infographiste indépendant qui
manipule ses images sous sa supervision. Les pdv générales sont réalisées à la chambre + dos numérique et
les ajouts au cours du processus de création (qui peut durer plusieurs mois avant l'obtention de l'image définitives)
avec un Hasselblad H. De mémoire son infographiste travaille avec une station Quantel.
Par ailleurs, sans "rien n'y connaître" pour reprendre tes termes, c'est assez fréquent que les articles du Monde ne
soient pas les plus exacts sur des points particuliers comme celui ci.
OK, merci pour les précisions (c'est toujours un plaisir de te lire mais tu as l'info rare).
humble avis-
Ceci dit, j'ai lu le texte de Zouave et je le trouve un peu rapide sur le coup. Même si il a déjà le mérite de s'y coller.
"et Hilla Becher, dont on connaît l'apparente platitude des photos, et qui n'ont habituellement pas bonne réputation chez les photographes, la plupart n'y voyant que de l'illustration dénuée d'intérêt."
On doit pas lire la même chose alors. ???? Vous avez déjà vu de près le travail des Becher ? C'est un gros travail de photographie, tout à la chambre avec les décentrement, rien que la qualité des gris, le travail d'étalonnage, la précision, le refus des lumières à effet,
Ceci dit, l'école de Dusseldorf,est loin d'être monolithique , il n'y a pas que des clones des Becher. Axel Hutte par ex- s'apparente plus à "New topographics" (On dirait du Tinange...dans sa série sur les frontières entre ville et campagne)) Thomas Struth non plus qui travaille un peu comme S Shore etc... etc...
" Et là est la force de Gursky : on aime ou on n'aime pas, et souvent on n'aime pas quand on est photographe"
Des axiomes comme ça.... Vous pensez vraiment qu'il n'y a pas de propos derrière le travail de Gursky ? " le Rhin" c'est seulement du traficotage de photoshop ? 3 guerres, un symbole mortifère, G. Apollinaire etc. etc. Il explique bien ce qu'il veut obtenir comme matière sur l'eau du Rhin, si je me souviens bien il dit qu'il est venu plusieurs fois jusqu'à obtenir ce qu'il désirait.
Après, le prix du tirage c'est de l'épicerie.
En ce qui concerne les sottises qu'on peut lire dans les articles de journaux, c'est malheureusement une évidence- ceci-dit peu importe le logiciel. C'est le résultat qui compte, la cuisine ...
Remplacer "humble avis" par : Bonjour
"humble avis" ça allait au milieu du texte, le petit salopiau s'est enfui.
Désolé
La moitié de mon message s'est fait la malle.
Je commençais par :
Sur le travail de G. Cette vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=wkcqjN4XcT4
Sur le Rhin, celle-là :
http://www.youtube.com/watch?v=jTAYMeI9hlg&feature=related
Avec Hilla Becher ; on peut arrêter au bout de 2 à 3 minutes, c'est redondant avec la première.
Pendant qu'on y est, on peut mettre un "s" à décentrement"
Citation de: PENDER le Novembre 11, 2012, 21:49:46
humble avis-
Ceci dit, j'ai lu le texte de Zouave et je le trouve un peu rapide sur le coup. Même si il a déjà le mérite de s'y coller.
"et Hilla Becher, dont on connaît l'apparente platitude des photos, et qui n'ont habituellement pas bonne réputation chez les photographes, la plupart n'y voyant que de l'illustration dénuée d'intérêt."
On doit pas lire la même chose alors. ???? Vous avez déjà vu de près le travail des Becher ? C'est un gros travail de photographie, tout à la chambre avec les décentrement, rien que la qualité des gris, le travail d'étalonnage, la précision, le refus des lumières à effet,
Ceci dit, l'école de Dusseldorf,est loin d'être monolithique , il n'y a pas que des clones des Becher. Axel Hutte par ex- s'apparente plus à "New topographics" (On dirait du Tinange...dans sa série sur les frontières entre ville et campagne)) Thomas Struth non plus qui travaille un peu comme S Shore etc... etc...
" Et là est la force de Gursky : on aime ou on n'aime pas, et souvent on n'aime pas quand on est photographe"
Des axiomes comme ça.... Vous pensez vraiment qu'il n'y a pas de propos derrière le travail de Gursky ? " le Rhin" c'est seulement du traficotage de photoshop ? 3 guerres, un symbole mortifère, G. Apollinaire etc. etc. Il explique bien ce qu'il veut obtenir comme matière sur l'eau du Rhin, si je me souviens bien il dit qu'il est venu plusieurs fois jusqu'à obtenir ce qu'il désirait.
Après, le prix du tirage c'est de l'épicerie.
En ce qui concerne les sottises qu'on peut lire dans les articles de journaux, c'est malheureusement une évidence- ceci-dit peu importe le logiciel. C'est le résultat qui compte, la cuisine ...
Rien à ajouter... Précis comme tu sait l'être sur la question.
ps... Un nouveau travail sur le paysage contemporain qui pourrait t'intéresser.
Série "Ruptures Paysagères" à voir au bout de ce lien. ;)
http://www.lavieengris.com/?author=241
Pender, je suis d'accord et soit tu m'as mal lu, soit je me suis mal exprimé (je vais d'ailleurs voir comment reprendre pour que ce soit plus clair).
Mon article n'est ni une critique des Becher (et surtout pas en une ligne) ni une de Gursky, j'ai simplement repris le poncif que je lis ou entends partout, pour inciter, malgré cela, qui est ce que beaucoup de gens pensent, à regarder quand même, au point même d'en tirer quelque chose pour sa propre pratique.
Mon idée ici était d'inciter à composer avec plus d'attention, en s'intéressant à ce qui est dans la photo et aux rapports que ces parties entretiennent avec le tout.
Je trouve intéressant quand on peut utiliser ce qu'on voit d'un autre, et surtout si c'est un artiste controversé ou difficile, même si on ne comprend pas tout, pour réfléchir à sa propre pratique. Ce qui, au passage, est un moyen de comprendre mieux l'auteur dont on s'inspire.
D'accord.
Je crois qu'on peut dire sans problème que le travail des Becher : refus de l'anecdote, séries, frontalité,,, peut rebuter. Personne n'est obligé d'aimer... Heureusement !
J'ai regardé hier soir le doc-d'Arte sur le sujet. des trucs intéressants, en particulier ils ont bien vu la dette qu'avait Düsseldorf envers W. Evans et Sander.
Dans le même esprit, mais en beaucoup plus sensitif , on peut voir là :
http://www.galerie-photo.com/francois-deladerriere-illusion-tranquille.html
Ses photos sur ce site répondent en partie aux interrogations de Zouave sur les tensions à l'intérieur d'une image. Il a un site aussi :
http://www.francoisdeladerriere.com/
Pour Tinange, oui, bien sûr , j'ai regardé, dommage que tu n'aies pas un vrai site. Je vois que tu es toujours en recherche et ça vaut la peine. En tant que géographe attardé, dès que quelqu'un essaie de travailler sur le paysage, les territoires, je guette. Sur ce site, c'est vrai que à part vous deux , et qq autres, peu se posent des questions. Il ne faut pas désespérer.
Enfin une discussion intéressante concernant Andreas Gursky sur ce forum. Merci messieurs, ça fait du bien.
Bonjour
Ben, en fait, Chassimage est plus un site axé sur la technique. Rien d'étonnant. D'autant plus que,- souvent-pas toujours-, si on se mêle de donner un avis un peu argumenté on se voit infliger l'étiquette de bobo, de snob, de méprisant, d'intello- à la con. Pour ça, je trouve que Zouave a de la constance.
Citation de: PENDER le Novembre 18, 2012, 11:12:02
Zouave a de la constance.
Surtout que je me fais reprendre par les connaisseurs et puristes que vous êtes ;D
Mais ça ne me dérange pas, bien au contraire, ainsi j'apprends. D'ailleurs, quand j'écris un article, c'est aussi dans le sens d'apprendre, et un moment de mettre sur le papier des choses que j'ai cru comprendre, ou des interrogations.
Chassimages n'est pas tant axé sur la technique que ça, c'est plutôt un côté technophile axé sur la réponse immédiate, ou la croyance qu'il y a des réponses. il faut persévérer et ne pas hésiter à proposer des fils, peut-être aussi faire un peu de pédagogie, avec un peu de patience.
Ce besoin de réponse et de ne pas aller plus loin est par exemple criant dans la partie nature : chacun veut bien le nom de l'espèce qu'il a photographiée, et il ne faut surtout pas qu'il y ait remise en cause (or, les noms ne sont que des noms, qui recouvrent des vérités souvent contestées).
Bonjour Zouave.
J'ai arrêté la lecture de ton article dès le premier paragraphe.
Commencer en parlant du prix de ses oeuvres, puis continuer en déclarant que Gursky et l'as de Photoshop, c'est vraiment trop pour moi !
Quelle cécité !
Si jamais tu corriges le tir, fais-nous-le savoir.
Citation de: Tonton-Bruno le Novembre 18, 2012, 15:28:43
Bonjour Zouave.
J'ai arrêté la lecture de ton article dès le premier paragraphe.
Commencer en parlant du prix de ses oeuvres, puis continuer en déclarant que Gursky et l'as de Photoshop, c'est vraiment trop pour moi !
Quelle cécité !
Si jamais tu corriges le tir, fais-nous-le savoir.
Faut pas s'arrêter pour si peu
Citation de: Tonton-Bruno le Novembre 18, 2012, 15:28:43
Commencer en parlant du prix de ses oeuvres
J'ai simplement commencé par ce qui est le poncif sur Gurski, et suite à un article du Monde qui avait ce type d'accroche, qui m'a donné l'idée de mon texte. Mon article fait par ailleurs suite à divers articles sur l'inculture des photographes, pas seulement artistique, mais générale, non dans le but de critiquer quiconque (je me mets dedans) mais pour inciter à évoluer.
Enfin mon article est sans prétention, je n'ai pas assez de culture artistique pour cela, mais vise plutôt à montrer à chaque photographe qu'on peut s'inspirer d'un autre auteur sans forcément tout connaître de lui ni même le comprendre, mais simplement parce qu'on est frappé par quelque chose.
J'avais procédé ainsi quand j'ai fait mon livre avec comme thème Cézanne, et ça a fonctionné puisque le livre malgré ses défauts et mon inculture m'a valu des échanges assez poussés (pour moi) avec un chercheur américain, qui m'a littéralement cuisiné.
Par ailleurs je ne commence pas par ce que tu dis mais par cela : « L'art de la composition interne est un grand oublié qui est pourtant un des élements qui distinguent une image d'une photographie »
[Edit] par ailleurs j'avais enlevé « as de photoshop » suite aux remarques justifiées, mais il y a eu un bug et l'ancienne version est revenue, ça y est c'est corrigé)
"Bonjour Zouave.
J'ai arrêté la lecture de ton article dès le premier paragraphe.
Commencer en parlant du prix de ses oeuvres, puis continuer en déclarant que Gursky et l'as de Photoshop, c'est vraiment trop pour moi !
Quelle cécité !
Si jamais tu corriges le tir, fais-nous-le savoir."
Sans commentaire. L'expert auto-proclamé a parlé.
Merci, Zouave, d'avoir un peu modifié ton entame.
J'ai parcouru un peu ton site et plusieurs articles m'ont intéressé.
Concernant les titres d'article, je trouve que la couleur verte ne leur permet pas d'attirer suffisamment la vue, et même en étant prévenu, je les zappe deux fois sur trois.
Pourquoi ne pas essayer le bleu-nuit ?
Verte ? C'est seulement la phrase d'accroche qui est verte. Les titres sont noirs (et gris foncé dans les listes) et je ne crois pas pouvoir les changer sauf pour du vert ou du rouge, mais ça va alors avec le reste (c'est un site de base, je ne sais pas coder).
Si c'est bien de cette phrase d'accroche ou de sous-titre dont tu parles, je peux par contre la modifier facilement, mais seulement sur les articles à venir. En effet, bleu nuit est une bonne idée. Je peux aussi la décaler un peu plus bas, pour la dégager du vrai titre.
Citation de: PENDER le Novembre 12, 2012, 13:59:21
Dans le même esprit, mais en beaucoup plus sensitif , on peut voir là :
http://www.galerie-photo.com/francois-deladerriere-illusion-tranquille.html
Ses photos sur ce site répondent en partie aux interrogations de Zouave sur les tensions à l'intérieur d'une image. Il a un site aussi :
http://www.francoisdeladerriere.com/
Très intéressant, merci, cette illusion du tranquille, ça me parle bien !
Citation de: Zouave15 le Novembre 18, 2012, 19:08:42
Si c'est bien de cette phrase d'accroche ou de sous-titre dont tu parles, je peux par contre la modifier facilement, mais seulement sur les articles à venir. En effet, bleu nuit est une bonne idée. Je peux aussi la décaler un peu plus bas, pour la dégager du vrai titre.
Oui, c'est de celle-là dont je parle.
Je la zappe presque chaque fois.
Citation de: Zouave15 le Novembre 18, 2012, 19:19:47
Très intéressant, merci, cette illusion du tranquille, ça me parle bien !
Très intéressant, ces deux liens.
Bon, on peut pas s'engueuler tout le temps non plus ; mais vous pouviez énoncer votre critique d'une façon plus policée. Pour une fois qu'une discussion était tranquille (!)Zouave a posé les bonnes questions et a tenté d'y répondre, même si l'approche était maladroite, elle avait le mérite d'exister et ne demandait qu'à être amendée, ce qui fut fait, d'ailleurs. Gursky c'est pas facile à analyser : une fausse simplicité, la monumentalité, la pauvreté de ses déclarations,(Duchamp : "c'est au regardeur de fabriquer le sens..." l'inflation des ventes, ça fait beaucoup.
Ceci-dit, bonne soirée à tous.
Je ne parlais pas évidemment à B12 avec lequel je suis tout à fait d"accord. Cartier-Bresson passait son temps à faire référence à A. L'hote par ex- dont il avait fréquenté l'atelier aux Beaux-Arts.c'est là qu'il avait chopé son obsession de la "géométrie". Il suffit de regarder le programme des écoles supérieures de photo - pour y voir l'importance de l'histoire de l'art.
Oui, bien sûr, tout dépend de quels photographes on parle. Je n'ai pas la prétention de m'adresser aux photographes des galeries ou à ceux qui « font la photographie ». Je parle des photographes qui sont sur ce forum ou à ceux que je côtoie dans le milieu nature. J'évoquais donc plutôt les photographeurs.
Cela dit, je connais mieux les écrivains, y compris des connus et des réputés, pas seulement des écriveurs, donc et... comment dire ? J'espère que les photographes sont plus divers, ont des idées plus diversifiées, et davantage de culture, autre que scolaire ou germanopratine ;D
Après, il est vrai qu'il est parfois difficile de s'exprimer sans donner l'impression de stigmatiser, et que toute généralité est en soi mauvaise. Mais, et c'est une généralité, on ne peut pas s'exprimer si on ne généralise pas son propos malgré sa perception par force limitée des choses...
Les polémiques naissent du fait qu'on ne parle pas de la même chose, chacun a son petit bout de lorgnette et reproche à l'autre de ne pas en parler. Pour en revenir à Gurski, j'ai remarqué le silence poli qui entoure le choix de ma photo et les idées que j'en tire pour la photo ordinaire du photographe lambda, sans doute parce que la réflexion est trop poussée ;D ou que j'enfonce des portes ouvertes, ou que c'est ridicule; ou bien évident, ou encore, scandaleux ou non avenu. Au choix ;D
Citation de: Tonton-Bruno le Novembre 18, 2012, 15:28:43
Bonjour Zouave.
J'ai arrêté la lecture de ton article dès le premier paragraphe.
Commencer en parlant du prix de ses oeuvres, puis continuer en déclarant que Gursky et l'as de Photoshop, c'est vraiment trop pour moi !
Merci Zouave pour cette réflexion qui me contraint à regarder Gursky avec un oeil différent. :)
Commencer par parler du prix de ces oeuvres me semble incontournable dans la mesure où c'est dans notre société l'indice le plus objectif de la reconnaissance sociale d'un auteur contemporain.
Et le qualifier d'as de Photoshop introduit ta conclusion qui ouvre une réflexion au-delà du cas particulier de Gursky: "On découvre alors que le gradient entre réalisme, graphisme et abstrait peut se revisiter. En effet, toute photo dont on a soigné l'arrangement interne a quelque chose d'abstrait, c'est-à-dire d'hors de la réalité, tout en restant éventuellement très réaliste (comme certaines photos de Gursky). " ;)
Est-ce que ça ne ferait pas du "dernier des élèves de Bernd et Hilla Becher", celui qui les aurait le plus (le mieux) trahis en n'utilisant l'apparence de la dimension documentaire que pour rendre plus crédible ce qui ne serait que fiction? ;)
"Oui, bien sûr, tout dépend de quels photographes on parle. Je n'ai pas la prétention de m'adresser aux photographes des galeries ou à ceux qui « font la photographie ». Je parle des photographes qui sont sur ce forum ou à ceux que je côtoie dans le milieu nature. J'évoquais donc plutôt les photographeurs."
Il est bien évident que quelqu'un qui pratique la photographie sans avoir autre chose à dire que "La nature est belle" ou "regardez mon chat(chien)" ne commandera pas le même discours sur ce qu'il produit qu"un autre qui a un propos et qui le défend. Ça n'est pas pour autant déshonorant. On pourrait faire la même remarque en comparant un peintre du dimanche et ... Delacroix... Rien d'étonnant.
"j'ai remarqué le silence poli qui entoure le choix de ma photo et les idées que j'en tire pour la photo ordinaire du photographe lambda"
Pas de silence, vous dites d'une autre façon qu'une photo doit être composée ; on s'en doutait. J'ai fait référence aux tensions qui existent à l"intérieur d'une image...Ça en découle forcément. Votre exemple s'inspire de ce qu'on a appelé le "all over" né aux U.S.A. vers 1948 (Pollock) et largement repris dans la peinture depuis (Viallat par ex-) et aussi par les photographes. Qu'est-ce que" Le Rhin" de Gursky sinon un all over ? Même combat pour "99 cents" ça permet, entre autres choses d'intégrer le hors-champ à l'image ; de l'ouvrir, contrairement à une composition académique bien léchée qui enferme l'image dans son cadre. ça a eu beaucoup de succès dans les années 90 avec les photographes "feuillagistes" (Arnaud Claas a fait ça si mes souvenirs sont bons) votre photo y ressemble pas mal.
Une photo dans sa clôture , pourquoi pas non plus , tout dépend de ce qu'on veut dire.
Merci pour ce commentaire qui me donne à réfléchir
Citation de: PENDER le Novembre 19, 2012, 14:36:24
Arnaud Claas
Son bouquin a l'air intéressant :
http://www.filigranes.com/main.php?act=livres&s=fiche&id=429&PHPSESSID=4bbf4cba741062ce2faffc0a5de1f9f3
Citation de: Zouave15 le Novembre 19, 2012, 08:00:24
Pour en revenir à Gurski, j'ai remarqué le silence poli qui entoure le choix de ma photo et les idées que j'en tire pour la photo ordinaire du photographe lambda, sans doute parce que la réflexion est trop poussée ;D ou que j'enfonce des portes ouvertes, ou que c'est ridicule; ou bien évident, ou encore, scandaleux ou non avenu. Au choix ;D
Ah, pour ta photo, ça illustre bien ta notion d'arrangement interne, mais c'est plus de Gursky lui-même qu'on cause ici non?
Merci pour l'article, et pour les autres aussi! et aussi pour le lien vers l'expo de Düsseldorf qui m'a permis d'acheter un bouquin de lui sans prendre un crédit (je devrais le recevoir bientôt, pour ceux qui attendent un retour sur ce catalogue).
Citation de: PENDER le Novembre 19, 2012, 14:36:24
Votre exemple s'inspire de ce qu'on a appelé le "all over" né aux U.S.A. vers 1948 (Pollock) et largement repris dans la peinture depuis (Viallat par ex-) et aussi par les photographes. Qu'est-ce que" Le Rhin" de Gursky sinon un all over ? Même combat pour "99 cents" ça permet, entre autres choses d'intégrer le hors-champ à l'image ; de l'ouvrir, contrairement à une composition académique bien léchée qui enferme l'image dans son cadre.
La référence est très intéressante, merci! Ben non, grâce à des gens comme toi ou Zouave15 on n'a pas que des disques d'Airy sur Chassimages.
Par contre j'ai plus de mal à l'appliquer à Gursky, ou au moins à la photo de Zouave15, où on a d'une part des éléments figuratifs, et d'autre part une certaine structure qui s'insère dans le cadre. Même pour Gursky, y'a quand même un cadre, et une perspective qui s'insère dedans, une centralité qui me rappelle beaucoup les gazomètres des Becher.
Allez, une tentative de ma part du coup, j'aime bien jouer à ça avec des cailloux.
Bonjour
Merci, mais je suis seulement un amateur. En particulier dès qu'on patauge dans les concepts, j'ai un peu de mal.
J'ai retrouvé ce à quoi je faisais allusion ; c'est là : http://cielvariablearchives.org/en/component/content/article/674-portfolio-arnaud-claas.html
Et c'est de 1980, ça rajeunit pas...
En ce qui concerne le all over, c'est pas un dogme non plus ; il me semble que l'image peut être ouverte, fermée, répétitive. dans la vôtre évidemment qu'on a une direction, des dissymétries, des éclairages qui concourent à sa géométrie. claude Viallat ou Buren jouent sur la répétition du motif, d'autres sur des forces centrifuges ou l'inverse. C'est ça qui est rigolo, on s'amuse bien et en plus ça ne nuit à personne.
A. Claas c'est aussi un théoricien et je ne le suis pas toujours, c'est trop compliqué pour ma petite tête : j'y vois (surtout) beaucoup de petites choses, des petites épiphanies, comme quand on se promène et qu'on s'aperçoit tout à coup que les cheveux de sa petite copine correspondent à l'arbre (petit aussi ?)qui est derrière elle, c'est un peu du Jankélévitch, le presque rien, le pas grand chose, l'ineffable, ce qui va disparaître. Rien à voir avec l'"instant décisif"
Ceci-dit, il nous faudrait des philosophes plus aguerris pour développer ça, j'en suis incapable. D'ailleurs le titre de son dernier bouquin " Le réel de la photographie" me semble bien ironique. je pense (pas sûr) qu'il fait référence à l'"effet de réel" en littérature qui n'est qu'une fiction, évidemment, une imposture. C'est pareil en photo, une blague.
Pour le catalogue de l'expo de Dusseldorf : http://shop.smkp.de/index.php?book_id=151006 , je l'ai reçu ce matin (commandé mercredi dernier).
Deux parties :
- la série "Bangkok" (des reflets du fleuve qui la traverse), imprimée en pleine page avec une excellente qualité, rien que pour ça ça vaut son prix,
- puis trois essais sur son oeuvre, dans la belle langue de Goethe et Schiller, avec des petites reproductions de ses autres oeuvres imprimées avec une qualité assez quelconque, un peu plus décevant côté images même si le texte est intéressant.
Une bonne introduction à son oeuvre, nettement plus abordable que ses autres publications.
Citation de: PENDER le Novembre 20, 2012, 10:08:20
J'ai retrouvé ce à quoi je faisais allusion ; c'est là : http://cielvariablearchives.org/en/component/content/article/674-portfolio-arnaud-claas.html
Merci pour le lien!
CitationA. Claas c'est aussi un théoricien et je ne le suis pas toujours, c'est trop compliqué pour ma petite tête : j'y vois (surtout) beaucoup de petites choses, des petites épiphanies, comme quand on se promène et qu'on s'aperçoit tout à coup que les cheveux de sa petite copine correspondent à l'arbre (petit aussi ?)qui est derrière elle, c'est un peu du Jankélévitch, le presque rien, le pas grand chose, l'ineffable, ce qui va disparaître. Rien à voir avec l'"instant décisif"
Rien à voir, rien à voir... des fois je me demande s'il n'y a pas des concepts que tu rejettes rien que parce qu'ils sont trop confortablement affalés dans le moelleux canapé d'une reconnaissance large! Après, oui, y'a un côté peut-être plus formaliste dans l'instant décisif de Cartier-Bresson, qu'on ne retrouve peut-être pas pas forcément toujours dans le punctum ou ce genre de petit rien dont tu parles, mais j'ai du mal à penser que ça ne participe pas un peu de la même chose, d'un deuxième niveau de lecture de l'image qui reste quand même très lié à sa forme ; et du formalisme, de la géométrie, j'en retrouve aussi dans les exemples d'Arnaud Claas que tu donnes.
Bon comme tu dis, l'essentiel c'est qu'on s'amuse avec ça!
Citation de: Zouave15 le Novembre 19, 2012, 08:00:24
J'évoquais donc plutôt les photographeurs.
C'est cela oui.
;D ;D ;D
Citation de: jeanbart le Novembre 20, 2012, 11:26:29
C'est cela oui.
Le terme n'est pas heureux, mais je crois que ça correspond à une solide réalité, voire une vaste majorité de la population des photographes (qui "font de la photo" et pas seulement des photos).
Qu'est-ce que j'y puis-je y ajouter, vingt dious? Sinon, bien sûr tout à fait d'accord sur tout , on bricole. Encore que j'ai bien l'impression que la photographie attende toujours un vrai penseur. Aucun de ceux que j'ai lus ne m'a complètement convaincu. pas plus Barthes( discutable) que Bourdieu (daté), ni Van lier(baroque), ni Rosalind Krauss (indice et index ???) Il paraît qu'il faut connaître Geoffrey Batchen (?) Je n'ai rien lu, est-il traduit, j'en sais rien. Des gens comme Daniel Arasse me causent plus, ou Simon Schama, mais on ne peut pas dire que la photo soit leur objet d'étude. Bachelard j'adore : L'air, l'eau,la terre, le grenier etc. Si on gratte un peu beaucoup de photos célèbres vont chercher là- dedans, archétypes, mythes, symboles et là, la photo est directement en concurrence avec les arts majeurs.
Pour " photographeur" Je ne sais pas ce que c'est mais j'en suis probablement un... Tout le monde ne peut pas être un créateur de génie alors on bricole au sens qu'employait Lévi-Strauss le célèbre fabricant de pantalons.
Bonsoir à tous et tout d'abord merci pour vos encouragements. Je sais que parfois je réinvente la poudre mais je préfère prendre ce risque, qui est nécessaire si on veut aborder le penser par soi-même, et même s'il est plus confortable de lire et de suivre. Je crois également intéressant de mettre à la portée des photographeurs ce qu'on a pu croire comprendre.
Le terme photographeur n'est pas très heureux mais explicite, n'en déplaise à mon ami « bisounours incompétent » ;D . À l'écrit on a rédacteur, qui n'est pas une insulte mais un métier, et on dit parfois écriveur, quand même, plus ou moins à la place du terme plus élaboré « technicien de l'écriture » (qui concerne ceux qui écrivent des romans bien faits mais peu personnels), et qui est moins connoté négativement que « écrivaillon ».
La photographie étant récente on manque de termes, il faut donc en inventer. Quand je fais mes photos de fleurs pour mon site encyclopédique je me sens photographeur et je n'y vois rien de négatif (illustrateur photographe, si vous préférez). Même si parfois une photo sort de l'ordinaire, c'est un hasard (à partir du moment où le photographe a bien fait les choses) et de toute façon on reste dans l'esthétique. Forcément, si on comprend deux trois choses par exemple en voyant Gurski, même pour ce type de photo, cela peut rafraîchir les idées, le tout sans prétention.
Bien sûr pour l'abstrait ou même parfois le paysage, je me sens autre chose que photographeur, car j'ai une intention au départ et ce n'est pas la photo qui m'importe, et je jette tout ce qui ne correspond pas (et j'en fais peu). Alors j'aime bien le terme auteur, mais comme c'est aussi un statut, le terme est dévoyé.
Ensuite il y a les artistes, qui ont des codes et des concepts, et ne font pas forcément des choses « mieux », mais selon des formes différentes. Clairement, en ce sens-là, il n'y en a pas beaucoup sur ce forum, mais quand on n'en fait pas partie il est intéressant d'essayer de comprendre et de voir ce qu'on peut appliquer pour soi.
Un artiste peut-être mauvais, tout comme un auteur, alors qu'un photographeur peut être excellent, et même devenir par la suite un artiste reconnu (une fois mort ou à la retraite).
Citation de: muadib le Novembre 19, 2012, 08:43:45
Est-ce que ça ne ferait pas du "dernier des élèves de Bernd et Hilla Becher", celui qui les aurait le plus (le mieux) trahis en n'utilisant l'apparence de la dimension documentaire que pour rendre plus crédible ce qui ne serait que fiction? ;)
Très intéressant, en effet. Si tu peux développer ? Vu ta culture, tu devrais pouvoir nous apporter pas mal de choses, dans ce fil qui se tient bien avec un public attentif.
Citation de: Nikojorj le Novembre 19, 2012, 21:38:21
on a d'une part des éléments figuratifs, et d'autre part une certaine structure qui s'insère dans le cadre. Même pour Gursky, y'a quand même un cadre, et une perspective qui s'insère dedans
L'intérêt me semble-t-il d'un photographe comme Gursky, c'est de dépasser la notion de figuratif ou d'abstrait, de s'en affranchir pour faire une image qui fonctionne.
Dans un autre genre, Cézanne n'a jamais voulu abandonner le motif, et il ne s'en servait pas pour faire du figuratif, mais pour donner un cadre à une expérimentation, qui ne visait pas forcément à rendre la réalité (ni même une « impression », il n'était pas vraiment impressionniste).
Citation de: PENDER le Novembre 20, 2012, 10:08:20
je suis seulement un amateur
Mais ta culture et ta précision sont précieuses, surtout quand on peut développer, ce qui semble le cas ici.
Citation de: PENDER le Novembre 20, 2012, 10:08:20
c'est un peu du Jankélévitch, le presque rien, le pas grand chose, l'ineffable, ce qui va disparaître. Rien à voir avec l'"instant décisif"
Voilà qui me parle bien et d'ailleurs Gursky qui met des mois à faire un photo n'est pas non plus de l'instant décisif. Mais peut-on s'éloigner de l'instant décisif sans plagier la peinture ? (si j'ai bien compris, Gursky voulait être peintre)
Citation de: PENDER le Novembre 20, 2012, 11:54:30
Bachelard
Je rejoins cela mais avec la voie du travail intérieur (méditation ou autre) voire de la psycho (au sens large). Mais quand on aborde ce domaine, c'est la fuite éperdue des lecteurs (je le vois sur mon blog) ah ah ah ! D'ailleurs, même les artistes décrochent pas mal, sauf à rester dans les poncifs psychanalytiques.
Pourtant, en photo nature, par exemple, ou en paysage, nombreux sont ceux qui seraient capables de faire quelque chose d'intéressant (vu leur potentiel sur ce qu'ils montrent) si seulement ils comprenaient ce qu'ils photographient, au lieu d'en rester à l'illusion de » nature » ou au « sauvage ».
Citation de: PENDER le Novembre 20, 2012, 11:54:30
[...] ni Van lier(baroque) [...]
Ah ben encore merci pour une référence : dispo sur son site http://www.anthropogenie.com/anthropogenie_locale/semiotique/al_semiotique_philo.html ou http://www.anthropogenie.com/anthropogenie_locale/semiotique/philosophie_photographie.pdf en PDF.
Bonjour à tous, j'ai parcouru avec attention ce post, non seulement parce que j'apprécie le travail de Gursky et que le questionnement du rapport de la photographie à la réalité m'intéresse. A ce titre, j'ai noté la référence de l'ouvrage théorique d'Arnaud Claass qui, par son titre, suscite ma curiosité. Un autre auteur m'a beaucoup apporté dans cette perspective, c'est l'ouvrage de François Soulages sur l' "Esthétique de la Photographie".
Selon lui la photographie ne peut faire autrement que de se confronter au réel, mais ce réel plutôt que d'être objectivé est plutôt une énigme. Il y a une sorte d'impossibilité et c'est cette impossibilité qui fonde la spécificité de la photographie et d'une pratique artistique. Parce que le réel ne peut-être saisie dans sa totalité, cela constitue un manque qui suppose un réinvestissement du photographe dans une interprétation (à partir d'un négatif comme d'un raw). Il y a une sorte de dialectique de la perte et du reste et de ce qu'en fait le photographe. Et travailler sur la perte, ainsi que le fait Gursky, c'est en faire un sujet de l'imaginaire créateur. C'est ce qui fait que la photographie questionne, nous confronte aux doutes et qu'elle nous invite au dialogue.
Ainsi l'image n'est pas sans échos, mais tout dépend du temps qu'on y accorde et sans doute d'une disposition à ne pas s'enfermer dans des certitudes...
Citation de: Zouave15 le Novembre 20, 2012, 19:18:47
Je rejoins cela mais avec la voie du travail intérieur (méditation ou autre) voire de la psycho (au sens large). Mais quand on aborde ce domaine, c'est la fuite éperdue des lecteurs (je le vois sur mon blog) ah ah ah ! D'ailleurs, même les artistes décrochent pas mal, sauf à rester dans les poncifs psychanalytiques.
Pourtant, en photo nature, par exemple, ou en paysage, nombreux sont ceux qui seraient capables de faire quelque chose d'intéressant (vu leur potentiel sur ce qu'ils montrent) si seulement ils comprenaient ce qu'ils photographient, au lieu d'en rester à l'illusion de » nature » ou au « sauvage ».
L'avantage de Zouave, c'est qu'à partir d'un simple "c'est cela oui", il est capable de vous sortir tout un roman. Certes ça part dans tous les sens, mais invariablement on revient à la méditation. ;D ;D
Et comme disait Kruger: "Quand il n'y a rien, il n'y a rien. C'est net. Mais quand il y a quelque chose, ce quelque chose cache souvent autre chose."
"Je rejoins cela mais avec la voie du travail intérieur (méditation ou autre)"
Là, non, indécrottable cartésien je ne marche plus, ceci dit chacun fait comme il veut et pense le monde comme il veut. Je vois Bachelard comme quelqu'un qui analyse le monde de façon poétique, ni plus, ni moins. Une grille de lecture rigolote mâtinée avec ce que racontent le père Jung sur les archétypes, les présocratiques - Héraclite-.. Le Bachelard épistémologue pur me tombe des mains, par contre.- Mais j'ai dit que j'avais du mal avec beaucoup de concepts philosophiques par manque de connaissances.
Pour en finir avec l'instant décisif. Au sens de Cartier Bresson (me semble-t-i) C'est figer un instant suspendu dans UN PROCESSUS, l'instant signifiant tout le reste. Ça n'a rien à voir avec les petites épiphanies que je vois dans les(certaines) photos d'A.Claas , des apparitions fugitives déconnectées du temps. C'est le "ça a été " de Roland Barthes que pour le coup je réutilise sans vergogne.
Quant à la problématique de la photographie versus réalité, en effet, on n'a pas fini d'en discuter. Ce qu'écrit A. Claas, (ce que j'en ai lu) ce n'est pas un corpus construit mais plutôt une suite de notes,notules sur ce qu'il interroge. En ce qui concerne le réel.... -réel, transcendantal, ontologie- autant d'auteurs et autant de définitions. Mes connaissances en phénoménologie sont largement insuffisantes. Il me semble que Silbad commence à poser le problème.
Je vais aller voir le lien.
Citation de: jeanbart le Novembre 21, 2012, 11:20:07
à partir d'un simple "c'est cela oui"
Je sais que tu as du mal à développer alors je fais dans le magnanime ;D
Citation de: jeanbart le Novembre 21, 2012, 11:20:07
on revient à la méditation
Si on revenait à la pensée, ou à l'émotion, si on parlait de conscience, ou autre, ça ne te viendrait même pas à l'esprit de le remarquer. Parce que tu conçois la méditation comme quelque chose qu'elle n'est pas et justement :
Citation de: PENDER le Novembre 21, 2012, 13:43:47
indécrottable cartésien je ne marche plus
Rien à voir, sauf à cantonner la méditation à ce qu'elle n'a jamais été malgré les connotations, quelque chose de religieux. Aujourd'hui elle est devenue laïque (enfin !) et objet d'études scientifiques. On ne peut pas prétendre questionner le réel en se privant d'une des manières de l'appréhender, qui plus est peut-être la seule qui nous soit accessible, via la conscience autre qu'intellectuelle que la méditation développe.
Moins pointu que l'intervention de silbad, j'avais écrit ce texte sur le sujet du réel et de la photographie :
Qu'est-ce que la réalité pour un photographe ? (http://www.ame-nature.com/index.php/phosphorique/232-quest-ce-que-la-realite-pour-un-photographe-)
"cantonner la méditation à ce qu'elle n'a jamais été malgré les connotations, quelque chose de religieux."
S'il y a une chose qui a été, de tout temps récupéré par les religions (toutes...), c'est bien ça. mais bon, je n'empêche personne de trouver une spiritualité là où il l'entend: religion, secte, new age, c'est son problème du moment qu'on ne me force pas à y adhérer. Qu''on puisse créer du sens à partir d'éléments non scientifiques comme la poésie, la symbolique, l'analogie, ça me va. Par contre, quand j'entends dire que l'instituteur ne remplacera jamais le curé (suivez mon regard) je montre les dents.
Finalement la relation photographie-réalité me semble le type même du faux problème. L'aporie parfaite. Une chose qui n'est pas connue n'existe pas.Dans la mesure ou la notion de réalité provient d'une perception, elle est sujette à maintes interprétations . Aragon parlait du mentir vrai, Cocteau : "je suis un mensonge qui dit la vérité."
d'ailleurs dans la vidéo ici :
http://videos.arte.tv/fr/videos/photo-la-photographie-mise-en-scene--7055880.html
Ca patauge pas mal dans la semoule...le commentaire tourne en rond pour finir par opposer deux façons de faire des photos.
La première qui consiste à se servir des matériaux devant l'appareil ; la seconde à construire un monde devant sa caméra. C'est l'éternel opposition entre le créateur et le bricoleur, en sachant aussi qu'il y a de piètres créateurs et de fameux bricoleurs.
Récupérée avec un e.
et éternelle, ça ne s'écrirait pas comme ça des fois ?
Finalement la relecture a peut-être du bon.
Citation de: PENDER le Novembre 21, 2012, 13:43:47
"Je rejoins cela mais avec la voie du travail intérieur (méditation ou autre)"
Là, non, indécrottable cartésien je ne marche plus, ceci dit chacun fait comme il veut et pense le monde comme il veut. Je vois Bachelard comme quelqu'un qui analyse le monde de façon poétique, ni plus, ni moins.
Comme dit Zouave, ce n'est pas parce que la méditation a été dévoyée par des sectes de tout poil qu'elle a pour autant une composante mystique.
Au contraire, c'est quelque chose de bien plus rationnel que ce qu'on pourrait en penser, ça pourrait être décrit comme le fait de se regarder penser, juste de l'introspection et de la reflexion sur soi (pas si facile à faire pour ne pas que l'expérimentateur influe sur la mesure, un des biais qu'exploitent les sectes avec un autre de la dissociation, mais c'est le principe).
Et du coup, ça peut aussi rejoindre une "analyse poétique" - parce que bon, on ne peut pas vraiment être beaucoup plus rationnel dans cette démarche que le cerveau humain, qui ne l'est guère.
CitationPour en finir avec l'instant décisif. Au sens de Cartier Bresson (me semble-t-i) C'est figer un instant suspendu dans UN PROCESSUS, l'instant signifiant tout le reste. Ça n'a rien à voir avec les petites épiphanies que je vois dans les(certaines) photos d'A.Claas , des apparitions fugitives déconnectées du temps.
J'ai le crâne un peu épais pour ces nuances ; j'avoue que je vois dans les deux une certaine tentative d'arrêter le temps, pas très différente.
Citation de: PENDER le Novembre 21, 2012, 20:47:15
S'il y a une chose qui a été, de tout temps récupéré par
Oui mais là tu es dans le déni de réalité, car tout a été récupéré par tout, les émotions n'ont-elles pas été récupérées, peut-être ? Et la science ? Tous ceux qui se réclament d'une pensée scientifique et manquent de rigueur ? La spiritualité (= l'esprit, pas Dieu) a été récupérée, non, bien que ce soit plutôt une notion philosophique ? Et par les artistes eux-mêmes qui, de plus, ont souvent été proches de la religion : hélas, pas de la méditation, qui elle, justement, n'est pas religieuse (pas plus que le fait de péter un coup qui peut être vu comme un acte divin).
Tout a toujours été récupéré ou détourné par les artistes, même la sémantique générale par les surréalistes et leurs contempteurs, avec le « ceci n'est pas une pipe », pas forcément compris d'ailleurs, vu par exemple comme une absence ou une relativité de la réalité ou même que l'image n'est pas l'objet alors que là n'est pas le propos, c'est simplement une vérité consubstantielle à la phrase : un objet n'est pas l'ensemble qui le nomme.
Le photographe n'est pas différent d'un autre face au « problème de la réalité » simplement son outil (et le résultat) peut donner l'illusion de la réalité, aussi bien à lui qu'au spectateur, et là est la difficulté.
J'ajoute que, comme le souligne Niko, le réel dans lequel nous vivons n'est qu'une forme d'activité du cerveau, les autres étant le rêve, la transe, la pensée (pas la réflexion : la pensée), l'été méditatif profond (pas le recueillement) et sans doute la contemplation (l'insight est étudié pour être un fonctionnement spécifique du cerveau).
À partir de là, quelle est la place de la photographie dans le Réel (avec majuscule), doit-elle être cantonnée au réel (sans majuscule) qui correspond seulement à la vision que nous avons par l'état de veille classique et commun, éventuellement perturbé par des émotions (qui décalent la réalité vers notre réalité) ? Ou modifié par nos croyances, notre modèle du monde ?
Je ne crois pas mais il me semble que la difficulté n'est pas de faire la photo mais de la rendre intelligible. On peut peindre un rêve, le public comprend, si on fait une photo sur la base d'un rêve, je ne suis pas certain...
Citation de: Zouave15 le Novembre 22, 2012, 08:00:34
(pas plus que le fait de péter un coup qui peut être vu comme un acte divin)
N'oublions pas la défécation, action créatrice primordiale et par excellence!
Allez je vous laisse, j'ai une ou deux sectes à créer (j'ai une petite envie d'IQ180 pour faire comme Gursky).
Pitié, ne m'étripez pas. N'ai-je pas écrit qu'il s'agissait de choix individuels et que, individuellement ça ne m'intéressait pas. Même la secte des adorateurs de l'oignon ne me gêne pas tant qu'elle ne m'oblige pas à y adhérer.
Pour le reste, déjà qu'on est d'accord sur le fait que le "réel" est une représentation.... Si on se penche sur "le temps", on n'a pas fini.
Je vois bien une sacré différence entre "l'instant décisif" fragment signifiant d'un processus et l'épiphanie qui surgit en dehors de tout écoule
ment temporel.Pour ceux qui y croient c'est l'apparition du St Esprit à la Pentecôte, pour ceux qui n'y croient pas (et c'est plus rigolo, ) l'apparition de la petite culotte de Molly Bloom dans Ulysse....
Rien de tout cela dans les Gursky que j'ai vus (en petit) Un temps figé, une permanence. Le Rhin gris, plat : Tout ça pour ça ! Le dérisoire en très, trop , grand format.
Citation de: PENDER le Novembre 22, 2012, 10:09:17"l'instant décisif" fragment signifiant d'un processus
C'est ça en fait : je lis les photos d'HCB comme un béotien, et du coup je ne mets pas de processus autour.
Tu devrais essayer l'oignon en fait. ;)
Citation de: PENDER le Novembre 22, 2012, 10:09:17
dans les Gursky que j'ai vus (en petit) Un temps figé, une permanence. Le Rhin gris, plat : Tout ça pour ça ! Le dérisoire en très, trop , grand format.
Intéressant, mais en même temps, es-tu sûr que ce soit son sujet ? J'avais compris que ce qui l'intéresse est l'image en tant que telle, et non pas ce qu'elle représente ou ce qu'elle signifie. Donc le Rhin n'est pas le sujet, il a pris ce qu'il avait sous la main. Non ?
Que le sujet soit celui-ci ou un autre doit nous interpeller simplement sur un phénomène important qui est celui des paramètres de la communication. Gursky peut donner du sens à son travail, mais celui-ci peut lui échapper, ne serait-ce que par le même phénomène lié à la diversité des représentations du réel, l'interprétation peut-être multiple. Et, à mon sens, aucune ne peut être véritablement privilégiée.
Cette question de la neutralité du temps et de l'espace me convient bien parce qu'elle renvoie à une conception que je me fais de la circularité du temps et de l'espace. Est-ce le propos de Gursky ? Aucune importance, puisqu'elle me renvoie à ce questionnement. Et au fond, c'est bien ce que F Soulages évoque dans l'énigme de la photographie et de sa capacité à nous questionner.
D'une autre manière lorsque R. Barthes s'arrête sur un détail d'une photographie qui lui renvoie à un souvenir d'enfance, c'est toute la force de l'image qui échappe à son auteur. D'où le questionnement sur "l'intelligibilité d'une image" ??? Là où on croit qu'il n'y a rien, c'est peut-être qu'on ne l'a pas vu. Là où l'auteur y met du sens, on peut en trouver un autre...
"l'instant décisif" fragment signifiant d'un processus"
Je croyais faire simple, pourtant. 1)Là ousque une action a se déroule, y'a un moment ousqu'elle est bonne : Quartier-Besson
2)L'action y'en a pas mais y'a un truc qui nous titille : épiphanie
Pour l'oignon, j'y pense. :o :'( :-* :-\ :-[ :P ::)
Gursky c'est neutre en effet. Mais qu'il puisse laisser croire qu'il n'a rien à dire montre que c'est un petit canaillou. Il me semble qu'on s'est bien amusés en s'échinant à fabriquer du sens devant des images. Même si on surinterprète ou qu'on est à côté de la plaque, peu importe ; on se fait plaisir et ça ne porte tort à personne.. (J'avoue que des tests d'appareils photo- ou d'objectifs me laissent un peu froid.)
Temps linéaire ou temps circulaire, ? oh, la la, on n'a pas fini.
Ben oui
On a la chance de s'intéresser aux images ; autant essayer de trouver du sens à ce que produisent les créateurs. Et accessoirement(ou principalement pour ceux qui ont un don et le travail et la patience) d'essayer d'en produire .
Citation de: PENDER le Novembre 22, 2012, 10:09:17
Rien de tout cela dans les Gursky que j'ai vus (en petit) Un temps figé, une permanence. Le Rhin gris, plat : Tout ça pour ça ! Le dérisoire en très, trop , grand format.
Ce qui est déjà un instant, en terme de lumière, préféré à tous les autres possibles.
Citation de: Zouave15 le Novembre 21, 2012, 14:49:00
Je sais que tu as du mal à développer alors je fais dans le magnanime ;D
Monseigneur est trop bon avec la piétaille, guérissez vous les écrouelles par l'imposition des mains votre majesté ?
;D ;D
Plus sérieusement je comprends bien ce qu'est sensé englober la notion de "photograheur", mais je ne l'approuve guère.
Dès que j'aurai plus de temps je développerai, tout en ayant au préalable revêtu mon gilet pare-balles et mis mon casque lourd. ;D
"Ce qui est déjà un instant, en terme de lumière, préféré à tous les autres possibles."
Bien sûr, là je suis coincé.
Quoique... Si on est de mauvaise foi (à peine) le mot INSTANT me paraît inadapté, si on l'appelle plage d'éclairage, choix d'éclairage, ça passe mieux non ? C'est le pb de la photo par rapport à la peinture par exemple, on ne peut pas s'abstraire complètement du sujet photographié. Un exemple parfait c'est la reconduction photographique des paysages à partir de peintures ou de gravures. L'artiste, lui, place la montagne, le torrent, l'église là ou il veut, il peut même carrément faire disparaître ce qui est inutile à son propos. Pensons à toutes les représentations du massif du Mont-blanc : les pentes sont plus fortes, les glaciers plus ouverts, les pics plus pointus. (Bourrit, Whymper par ex-)On passe des "horrifiques monts" du XVIIIéme siècle au"terrain de jeu de l'Europe" Face à un paysage quels sont les moyens du photographe : cadrage, point de vue et focale, (géométrie ?) la lumière et...photoshop. Faut faire avec.
Moi non plus je n'aime pas "photographeur", il connote un certain mépris. Un peu comme le fil que j'ai parcouru par hasard parce que dans la même section (je ne connais strictement rien à la photo "nature") sur ceux qui font des photos "des oeuvres d'art" de Montier en der (des der ?)
A mes yeux, une oeuvre de Gursky ne peut s'apprécier que dans une exposition, dans une galerie ou un musée.
Il pense dès le départ à la dimension finale de sa réalisation plastique, et à sa taille par rapport à celle du spectateur.
Son oeuvre n'est pas une image ou une icône qu'on va pouvoir regarder sur un écran ou dans un livre.
Autre point très important à mes yeux; Gursky évacue tout aspect anecdotique et tout aspect narratif de sa réalisation plastique. comme les Becher, il ne cherche pas du tout à faire une scène de genre, un tableau vivant, ni même une tranche de vie, ni non plus un paysage. Il évacue totalement l'instant, et c'est d'ailleurs pour cela qu'il a souvent recours à plusieurs prises de vues réalisées à des jours différents.
Alors que beaucoup de photographes cherchent à capturer avant tout un instant, le temps qui fuit, Gursky évacue la temporalité de ses réalisations plastiques.
Ce n'est pas non plus une réalisation abstraite, et cela reste une photographie, c'est-à-dire une reproduction mécanique de la réalité telle qu'un être humain la perçoit, à travers ses sens et ses repères culturels.
Merci du rappel Tonton!
Après on peut quand même ergoter un peu (où en serions-nous sinon?) : non, ses images ne sont certes pas des instantanés ni des scènes de genre, mais par contre j'y trouve un paysage dans plusieurs, justement intéressant parce que débarrassé des scories de l'instantané.
Et quelques unes confinent aussi à l'abstraction (Ohne Titel I, la moquette de Düsseldorf, par exemple).
Dur de le catégoriser, ce qui tendrait à souligner son intérêt!
Ah, tiens, pour le coup du photographeur sinon, un distinguo intéressant chez TOP (http://theonlinephotographer.typepad.com/the_online_photographer/2012/11/the-difference.html) sur l'opinion du créateur mise dans la photo. Bon, la 2e partie du billet dérive un peu sur "comment ne pas trop endormir les lecteurs de votre site ouèbe" mais le tout me semble quand même pertinent, et rejoint la notion d'auteur ce me semble.
Je partage l'analyse de Tonton-Bruno mais cette question de l'instant et du temps qui me parait assez juste, je la réintroduirais en distinguant le temps physique du temps historique. A l'instant décisif où les éléments d'une scène se coordonnent et contribuent à une certain force expressive Gursky semble s'en détacher pour réintroduire un questionnement autour d'une temporalité historique, c'est-à-dire socialement construit. Du coup, l'image doit être pensée comme une œuvre de l'esprit et la réalité devient une matière photographique comparable à un agent plastique comme la glaise pour un sculpteur, la peinture pour un peintre... Ce qui permet à Gursky, tout en s'éloignant de la réalité de l'instant, de réintroduire le réel autrement pour en signifier quelque chose.
Dans cette perspective, je pense à l'ouvrage de Jean-Claude Lemagny sur "La photographie créative" (passionnant !).
" Gursky évacue la temporalité de ses réalisations plastiques"
Si vous voulez dire par là qu'il ne veut pas arrêter le temps, on est évidemment d'accord. par contre la permanence , l'intangible ont évidemment à voir avec la temporalité ...
Pour la bonne façon de voir des Gursky, c'est mieux en effet de les découvrir en situation qu'en vignettes, encore que... ayant vu "montparnasse" en vrai, j'avais constaté pas mal de pixellisation, ses nouvelles photos me semblent beaucoup plus définies.
J'ai lu il y a longtemps "la photographie créative", il me semble que ça a pas mal vieilli- un peu comme "un art moyen" de Bourdieu-, c'était avant l'irruption de la photo sur les chasses gardées de l'art, une tentative (désespérée ?)de lui donner un statut. J'ai entendu dire beaucoup de bien de S.Tisseron "le mystère de la chambre claire" Je ne l'ai pas lu. Vous en pensez quoi ?
Je n'ai pas encore suffisamment de recul pour me positionner sur l'ouvrage de Lemagny. C'est vrai que le terme de "photographie créative" est peu utilisée alors qu'il semble effectivement rattaché à une volonté de donner un statut à une certaine approche photographique. Mais lorsqu'on parcours l'ouvrage de D. Baqué sur la "Photographie Plasticiennes" on se rend compte de la difficulté de définir (nommer) la photographie dans ses évolutions.
J'ai découvert que très récemment le blog de Serge Tisseron avec beaucoup d'intérêt. Je n'ai pas encore abordé la lecture de ces ouvrages mais les écrits sur son blog donnent envie d'aller plus loin.
http://www.sergetisseron.com/photographie/ecrits/ (http://www.sergetisseron.com/photographie/ecrits/)
Citation de: PENDER le Novembre 25, 2012, 16:41:00
Si vous voulez dire par là qu'il ne veut pas arrêter le temps, on est évidemment d'accord. par contre la permanence , l'intangible ont évidemment à voir avec la temporalité ...
C'est bien ce que je voulais dire. Nous sommes d'accord.
J'ai relu Bourdieu il y a trois ans. Si les témoignages recueillis sur le terrain par ses étudiants sont très datés, et si les tics universitaires de Bourdieux sont non seulement très datés mais aussi un peu agaçants, son analyse me paraît toujours aussi juste et toujours d'actualité.
Je n'ai pas lu Tisseron.
J'ai lu l'essai de Barthes à sa sortie, et sa façon de privilégier à l'excès un détail insignifiant de la photo en l'associatiant à des souvenirs personnels et intimes me paraît très limitée, et même tendancieuse, même si je vois bien le lien qu'il y a avec Proust (le pan de mur jaune de la vue de Delft qui fait défaillir Bergotte) et aussi avec la méthode paranoïa-critique de Dali.
Tous les trois; Proust, Dali et Barthes, privilégient à l'excès le rapport narcissique avec l'objet qu'ils déclarent aimer, juqu'à évacuer totalement l'auteur et aussi la notion même de création plastique. Ils pourraient tout aussi bien délirer sur une capsule de bierre ou un mégot de cigarette.
Pour moi, une oeuvre d'art s'évalue selon plusieurs critères :
- le rapport sensuel et affectif très personnel et complètement subjectif (Proust, Dali, Barthes...)
- La notoriété passée ou présente de l'oeuvre, l'echo qu'elle a pu avoir dans la culture occidentale (dimension historique et sociologique)
- Les contingences liées à sa genèse (démarche de l'auteur, technique employée, influences qu'elle véhicule)
- La postérité de l'oeuvre (dans quelle mesure elle a influencé les générations suivantes de créateurs)
Tu crois vraiment que l'art autre qu'occidental entre dans une telle définition/vision ?
Citation de: Zouave15 le Novembre 25, 2012, 18:16:54
Tu crois vraiment que l'art autre qu'occidental entre dans une telle définition/vision ?
Si je porte un regard sur un objet d'art, cela ne peut-être qu'à travers ma propre culture et mon expérience personnelle.
Qu'il s'agisse d'un masque africain ou océanien, de peintures rupestres préhistoriques de n'importe quel continent, à partir du moment où je les considère comme des oeuvres d'art, je peux les appréhender selon les quatre axes que j'ai mentionnés.
Au sujet du temps et de l'instant, je n'ai pas l'impression que Gursky se réfère à l'instant décisif, qui pour moi est lié à l'aspect humain au sens émotion des choses, et en tout cas au mouvement. Il me semble plutôt, avec ses instants composés, référer au présent étendu, qui est pour moi une image du vrai présent, l'ici et maintenant, qui par essence est éternel, ou l'instant absolu (je ne vais pas développer l'aspect méditatif des choses sinon je vais m'attirer les foudres de Jeanbart ;D ).
En cela il convoque l'immuable mais ne tombe pas dans le travers de la peur de l'inconnu. Je suppose qu'en tant qu'artiste, il a travaillé dessus. Une photo sur le Rhin est clairement du présent et non pas de l'immuable, construisant à partir de la mouvance du fleuve une image qui fonctionne en elle-même et qui en est donc indépendante.
À l'inverse, on peut reprocher aux amateurs de beaux paysages tels qu'on le voit dans le milieu nature de ne retenir que l'immuable par peur de l'inconnu, c'est du moins l'idée que je développe dans un article, Paysage, clichés et cécité du photographe (http://www.ame-nature.com/index.php/phosphorique/253-paysage-cliches-et-cecite-du-photographe)
Citation de: Zouave15 le Novembre 25, 2012, 19:43:28
À l'inverse, on peut reprocher aux amateurs de beaux paysages tels qu'on le voit dans le milieu nature de ne retenir que l'immuable par peur de l'inconnu, c'est du moins l'idée que je développe dans un article, Paysage, clichés et cécité du photographe (http://www.ame-nature.com/index.php/phosphorique/253-paysage-cliches-et-cecite-du-photographe)
J'aime bien ton article.
"En cela il convoque l'immuable mais ne tombe pas dans le travers de la peur de l'inconnu"
Pas compris... L'immuable c'est lourdingue, d'habitude, c'est lui qui fait peur. La plupart des photos de paysage jouent plutôt sur le stéréotype qui, en effet, est rassurant.
Pas d'accord sur le présent quand il s'agit de cette photo du Rhin. En ce qui me concerne ce n'est pas un présent étendu (du type : Ca fait trois jours que le Rhin est en crue), mais bel et bien d'un présent d'éternité :
"Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change,"
Il s'agit du Rhin en tant que métaphore séculaire-millénaire? ,- , à la fois frontière, voie de communication, réceptacle de mythes et de légendes. Tout cela inscrit dans la géométrie de la photo-, des parallèles horizontales- lignes de temps-
.... Et peut-être, en filigrane, de la dérision : tout ça pour ça !( une étendue d'eau grise, banale, à peine soulevée par le vent)
On peut le voir autrement. (heureusement !)
Quant à notre façon d'appréhender une production artistique ; chacun utilise les clés qu'il veut. ça permet la discussion et c'est déjà pas mal.
J'aime bien cette définition de M. Baridon :
. "Un paysage est une partie de l'espace qu'un observateur embrasse du regard en lui conférant une signification globale et un pouvoir sur ses émotions. "
Ca laisse de la place...
N'ayant plus d'accès pendant qq jours, je me contenterai de lire la suite sur mon téléphone.
8). À mon avis cette histoire de fleuve aurait bien un rapport avec une certaine Porte-fenêtre à Collioures que ça ne m'étonnerait pas.. (Matisse) y'a un La Seine à Paris de Pissaro qui est intéressant aussi ... Je zappe La Peniche de Doisneau ou le Peniche de Ronis qui elles montrent le contraire ( mais qu'il connait aussi bien sur) ...
Merci pour la référence, je ne connaissais pas cette facette de Matisse. En effet étonnant. Je ne me rappelle rien non plus de Pissaro qui ressemble à ça. On peut voir ? Vingtguiou nous autres de la campagne, on peut pas tout découvrir à la capitale... je pensais plus à Rothko ou au mouvement "hard edge" (Diller par ex-) C'est évidemment beaucoup plus tardif.
Pour Ronis, j'espère que "Le péniche de Ronis" n'est qu'une faute de frappe. Si c'est bien ce dont je me souviens, les deux gamins en plongée sur la Seine n'ont , en effet, que peu à voir avec Gursky, mais tout avec l'anecdote.
Fort intéressant et éclairant. Donc, si je comprends bien, Gursky se situerait dans la lignée qui consiste à exploiter le medium pour lui-même, en explorant ses possibilités, plutôt que de vouloir représenter quelque chose, que cette chose soit concrète ou abstraite.
On retrouve une idée de Cézanne, qui expliquait rester sur le motif non pas pour représenter quelque chose mais comme base de travail pour explorer les possibilités de la peinture (il ne l'a pas dit exactement comme ça), et c'est ce que Picasso a particulièrement relevé dans l'œuvre de Cézanne.
Il me semble plutôt que Gursky s'inscrit davantage dans la filiation de la "nouvelle objectivité" qui est citée à la fin du documentaire, filiation que l'on retrouve également dans la démarche des Becher.
http://www.arte.tv/fr/la-nouvelle-objectivite-allemande/7002460.html (http://www.arte.tv/fr/la-nouvelle-objectivite-allemande/7002460.html)
8) je reviens sur mes péniches, hahaha: la péniche de Doisneau est celle où les enfants courent (sur la Seine) et lA péniche de Ronis est celle où, à quai, on voit une femme montrer son bébé qui rit à son mai, le marinier.. je ne parlerait pas d'anecdote car elles sont tellement emblématiques qu'elles sont devenues mythiques... et par ailleurs il ne s'agit pas seulement de travailler le médium pour lui même seulement; il y a toujours encore un rapport à une recherche de représentation de la réalité.. (on n'est pas chez des performeurs autrichiens ;D
Citation de: B12 le Décembre 04, 2012, 20:31:57
Il y a des deux. Peut être plus l'héritier d'une histoire que membre d'une école, fusse t-elle de Düsseldorf. ;)
A moins de me tromper dans la compréhension de cette "nouvelle objectivité", je crois que Gursky y est assez conforme dans ce qu'elle suppose de vision du monde qui s'oppose à la "nouvelle vision" ainsi qu'au "Surréalisme" aux accents plus poétique. Gursky, même s'il joue de la réalité et de nos représentations, ce n'est pas pour nous proposer une autre vision du monde, mais bien pour nous conforter dans celle qui domine. Il en pointe certaines caractéristiques par une forme de distance critique tout en conservant une neutralité, tant dans le fond que dans la forme. Il n'y pas de dépassement vers une autre vision du monde. C'est une sorte d'art du désenchantement...
Intéressant... Tu peux développer (chacune des phrases) ?
"A moins de me tromper dans la compréhension de cette "nouvelle objectivité", je crois que Gursky y est assez conforme dans ce qu'elle suppose de vision du monde qui s'oppose à la "nouvelle vision" ainsi qu'au "Surréalisme" aux accents plus poétiques"
Je suis à peu près d'accord avec cette analyse."
"Il y a des deux. Peut être plus l'héritier d'une histoire que membre d'une école, fusse t-elle de Düsseldorf."
Avec celle-là aussi. C'est l'héritier de Sander .... et de W Evans. N'ayons pas peur des contradictions.
Pour geargies, je ne connais que celle-ci. Ca ne doit pas être la bonne.
http://www.fluvialnet.com/murmures-actualites-la-peniche-de-willy-ronis-est-orpheline/5901
Sur le plan de l'exploration du médium, je suis assez d'accord mais pas sur les finalités et la vision qu'elle sous-tend. Certes on n'est plus dans la confrontation frontale comme les Becher, mais par le détournement du réel qu'il opère il oblige le spectateur à se confronter dans une vision du monde dominante et ses contradictions. La neutralité est dans la posture et non pas dans l'acte photographique où, je pense, la relativité de l'objectivité photographique est un acquis. Et là, je rejoins le propos de F. Soulage qui parle d'une réalité insaisissable.
L'art de Gusky est l'expression d'un désenchantement du monde (hypothèse), d'une modernité qui n'est plus (qui offrait les possibilités d'une nouvelle vision) et d'une post-modernité qui ne se définit que par ses contradictions (comme-ci elle n'avait pas de dépassement). Et c'est en cela qu'elle persiste à être une photographie documentaire, non pas à la surface de l'image dont on sait que l'objectivité est partiellement illusoire mais par la réflexion à laquelle, elle doit nous mener. C'est une démarche plus conceptuelle qui, à certains égard, se veut proche de la neutralité axiologique en sciences humaines.
Ce n'est là qu'un point de vue discutable, bien évidemment !