Bonjour à tous,
les déplacements restants limités cette année, je me suis lancé dans un exercice qui je l'espère ne vous lassera pas trop.
Mon sujet préféré reste les orchidées et leur diversité. Souvent diversité rime avec grands espaces mais je vais tenter d'illustrer que même avec un espace restreint, un peu de patience et le sens de l'observation, la diversité est bien visible chez les orchidées. On peut tenter la même expérience avec les pâquerettes ou les pissenlits mais je ne suis pas certain que ça fonctionne aussi bien ;) (mais avis aux amateurs, après tout, pourquoi pas ?)
On est dans l'Essonne et l'endroit s'appelle le Buisson pouilleux (pas très engageant mais bon...), une petite friche à côté d'un tout petit bois et au milieu une mini mare qui héberge une petite population de grenouilles. Côté Ouest, un ancien champ de luzerne peu productif qui reste en partie en jachère. Une bande de terrain que j'ai coloré en orange est la partie prospectée. Deux espèces d'orchidées y poussent seulement sur cette bande d'une centaine de mètres de long sur 2 à 4 de large : l'Ophrys aranifera ou sphegodes et l'Orchis anthrophora.
Sur deux jours (pour conserver un éclairage matinal), j'ai inventorié une centaine de pieds d'Ophrys aranifera, pratiquement tous sont morphologiquement différents. Voici une illustration de ce qu'on peut trouver sur un espace restreint et qui permet de ne pas se lasser (enfin moi non, vous me direz en ce qui vous concerne... ;))
N° 1 Forme et coloration unique non rencontrée sur un autre pied
N° 2 La forme du labelle, presque un cœur, se rencontre assez fréquemment ainsi que cette coloration assez délavée, mais la combinaison des deux en a aussi fait un exemplaire unique.
Les spécimens sont présentées dans l'ordre de prise de vue.
N° 3 La forme plutôt ovale est caractéristique de l'espèce ainsi que le miroir. La coloration reste un peu pâle mais on le voit aussi sur les vues précédentes n'a rien d'exceptionnel.
Magnifique introduction qui donne envie de voir la suite.
Quelle observation et belles photos ! J'attends la suite !
Merci à vous !
en attendant la suite (pour respecter le quota de vues), et sans vouloir être trop didactique, voici un schéma d'un Ophrys aranifera et des éléments morphologiques qui caractérisent l'espèce.
Les pétales sont souvent sinueux et à bords un peu plus sombres (beige à brun). Ils peuvent être verts, légèrement beiges ou rosés. Difficile de se fier totalement à leur longueur mais en principe, la fleur est plus longue que large (en mesurant du haut du Sépale dorsal jusqu'à l'appendice et de l'extrémité d'un sépale latéral à l'autre)
Le labelle est visuellement allongé et plutôt ovale mais peut être rond quand les bords ne sont pas rabattus et lui donner cette forme ovale. Lorsque rond, un bord jaune peut être visible.
Les gibbosités sont velues.
Le champ basal est en principe plus clair que le labelle (mais c'est loin d'être une vérité, beaucoup de spécimens ont un labelle concolore voire plus clair par manque de pigmentation.
Le macule est grisâtre ou tirant sur un bleu métal, plus ou moins visible (plus, si le labelle est foncé) et représente une forme de H ou un X plus ou moins bien formé.
Les pseudo-yeux ou ocelles sont assez visibles car cerclés d'une autre couleur.
L'appendice est généralement absent ou non visible.
Très intéressant... la découverte d'abord, les images ensuite.
très jolie ces fleurs, belle lumière.
Un fil didactique et bellement illustré ! Merci !
Une idée très originale et intéressante pour présenter une station d'Orchidées.
Et l'image No 2 illustre bien ton propos!
André.
Fil très intéressant avec de belles images et des explications claires. On sent la passion.
Citation de: Roland Ripoll le Mai 09, 2020, 14:46:34
Un fil didactique et bellement illustré ! Merci !
Même pensée :)
Super Caloux. Je ne suis pas calé en orchidophilie comme tu sembles l'être, mais j'adore suivre les variations qu'il est possible de trouver sur des populations d'orchidées. J'ai le cas d'une concentration de lusus sur une station d'apifera qui est juste incroyable, et que je n'ai jamais rencontré ailleurs. Du coup chaque année je tente d'immortaliser ces différentes formes.
Je vais suivre ton fil avec beaucoup d'attention, non seulement pour le côté orchidophilie, mais aussi parce-que tes images sont superbes ;-)
Mes connaissances restent modestes et comme tout un chacun évolutives. L'intérêt provoque la curiosité et la recherche c'est tout. :)
Merci à toi ainsi qu'à Hic, Phissou, André, Roland, Bandiat, JMR, Xavier et Jean-Jacques pour vos encouragements à poursuivre.
Je reposte une carte qui situe l'enjeu des prairies à orchidées. En l'espace de 2 ans, j'ai vu disparaître pas très loin de ce lieu 2 superbes stations abritant l'une des Orchis poupres et l'autre des Ophrys abeille. Il s'agissait de jachères donc le risque d'une reprise agricole ne pouvait être écarté et s'est finalement avéré. Les points à retenir de ceci est qu'il ne faut pas hésiter à communiquer avec le réseau associatif ou le conseil régional pour signaler des zones d'intérêt en vue d'une éventuelle protection et l'autre point est qu'un champ cultivé peut de nouveau héberger des orchidées après quelques années de jachère.
Dans le cas du Buisson pouilleux, une partie seulement est classée ZNIEFF et suivie par l'association Natur'Essonne, l'autre partie est au bon vouloir de l'exploitant agricole qui possède les terres. J'ai pu lui communiquer un plan proche de celui-ci afin de la sensibiliser au patrimoine floristique de ces terrains. Les talus ou la prairie Znieff sont en fauche tardive ce qui permet aux orchidées d'effectuer un cycle de reproduction optimal : la fauche évite l'embroussaillement et permet aux orchidées d'émerger et d'être visibles pour les insectes et effectuée en Juillet ou en automne, permet aux graines de se disséminer une fois mures.
Retour aux Ophrys aranifera
N° 4
N° 5
Les vues n° 3, 4 et 5 ont un air de famille, les variations de forme (et la couleur) du labelle sont légères mais cette teinte claire n'est pas représentative de l'espèce normalement plus foncée.
N° 6
Ici, on a la forme ronde et une coloration qui se rapproche plus des standards : champ basal plus clair que le labelle. On a une petite vue de l'appendice et le miroir apparaît nettement. Un spécimen presque parfait pour l'identification et que vous pourrez voir sur les guides ... sauf qu'il était quasiment unique parmi la centaine de pieds que j'ai recensé.
Petits détails techniques sur les PDV :
- La végétation étant particulièrement rase, même de faible hauteur, les Ophrys ressortent bien. Et comme je l'ai parfois indiqué sur d'autres fils, utiliser un viseur coudé permet d'avoir la meilleure vue possible sans se vautrer par terre et trop abimer la végétation autour du pied photographié.
- Toutes les vues sont en mode portrait, à la fois parce que c'était l'exercice que je m'étais imposé et parce que cette végétation pauvre et rase ne permet pas d'intégrer d'autres éléments de végétations dans le champ cadré. D'autres photographes plus créatifs auraient sans doute réussi cependant :)
- Les variations d'éclairage sont dues à l'orientation des fleurs, il faut faire avec. La moitié de la zone est à l'ombre du bois les premières heures de la matinée et l'autre assez vite en plein soleil ce qui n'a visiblement pas d'effet sur la densité de l'espèce qui s'accoutume bien de ces variations d'éclairage.
- A noter pour les férus de technique que le GPS intégré à l'appareil est assez peu fiable quant à l'altitude car il indique des variations de +/- 8 mètres alors que le sol est rigoureusement plat. ???
N° 7 Une version hypochrome que je rencontre plus ou moins régulièrement pour cette espèce. Sur cette station : 1 seul exemplaire.
Salut Pascal
Étant friand de tes fils...instructifs et joliment illustrés, c'est avec grand plaisir que je vais suivre ce dernier
Bravo et merci de partager ta passion pour ces Orchidées
Amicalement Denis ;)
La No 4 est superbe dans cette nouvelle série!
Mais ce qui est très intéressant c'est la façon dont tu apportes des précisions concernant les différences de faciès des Orchidées. Et elles paraissent innombrables, sans parler des hybrides venant s'ajouter à la multiplicité de ces faciès.
Peux-tu nous dire si sur ce terrain (plat) les fleurs sont réparties régulièrement sur toute la surface ou privilégient-elles plutôt les bordures?
Je dis cela car sur les 2 terrains situés près de chez moi (à 300m l'un de l'autre) et en pente, on peut remarquer que les Orchidées sont beaucoup plus fréquentes dans le bas tu terrain et pratiquement inexistantes en haut. Ce qui peut paraître normal, le drainage naturel accomplissant son travail.
André.
Toujours aussi intéressant et superbe ce Fil, que je vais suivre avec beaucoup d'attention. Il me donne de plus l'idée de passer un peu de temps sur ma station d'O. apifera pour aller chercher les différentes formes plus ou moins atypiques qui y sont présentes.
Merci beaucoup pour ce partage de ta passion.
Chaque espèce d'orchidée a en principe un biotope de prédilection (nature du sol, hygrométrie) et doit bénéficier d'un éclairage optimal. La symbiose avec son champignon détermine aussi sa capacité à coloniser un espace : pas de champignon, pas d'orchidée !
Dans ce cas précis, les Orchis anthropophora sont tous dans la petite pente (terrain drainé) qui borde le chemin et les Oprhys aranifera dans une étroite bande d'1 à 3 mètres après cette petite pente (terrain plat). La zone couverte fait donc environ 200/300 mètres carrés avec une répartition assez homogène du Nord au Sud.
Plus on se rapproche de la zone à luzerne, moins l'espèce est présente. C'est lié sans doute à l'utilisation d'engrais ou de pesticides et au passage des tracteurs très probablement. Enfin si on veut encore être plus précis, on trouve les Ophrys à l'Ouest du chemin mais pas à l'Est étrangement. Ici la végétation est trop fournie et à cause des arbres, pas d'ensoleillement avant 11 heures environ, ce doit être un facteur.
Chez moi, j'ai quelques Ophrys abeille (qui se plaisent assez bien dans des pelouses plus ou moins sauvages). Mon lotissement a pris la place d'une ancienne friche et les Ophrys sont réapparus de ci, de la, selon que les propriétaires entretiennent une pelouse plus ou moins verte. J'ai généralement 1 ou 2 Ophrys qui fleurissent tous les 2/3 ans environ. Ils ne sont généralement pas très beaux et pas très hauts ce qui traduit un terrain plutôt inadapté. Mais le plus intéressant est qu'ils poussent le long d'une ligne et pas ailleurs. Cette année sur environ 3 mètres de long, il y a une quinzaine de rosettes et 3 à 4 tiges qui devraient fleurir.
Reprise des portraits (rassurez-vous ;), il n'y en aura pas 100 comme le nombre de pieds que j'ai dénombré, beaucoup de fleurs n'étant pas très "fraiches").
N° 8 forme typique bien qu'un peu claire mais qui ne pose pas de problème en terme d'identification.
N° 9 Typique de l'espèce
N° 10 Idem. Le miroir est différent et le labelle plus anguleux. Il y a bien eu quelques tentatives pour mettre en avant le dessin du miroir comme élément de classification des espèces mais même si statistiquement l'étude semblait probante, il restait encore trop d'individus non classables et divergents en prenant ce seul critère. C'est donc assez casse-gueule de partir sur une telle hypothèse.
N° 11 Plus complexe, cette fleur a pris quelques libertés coloristiques soulignées par le contre-jour.
Un fil documentaire intéressant.
Merci Henri ! je vais tenter de maintenir l'interêt sur cette vingtaine de vues.
N° 12 Encore plus de contre-jour pour montrer la finesse du labelle, avec les Ophrys, on a toujours cette impression d'un coque pleine quand on observe le labelle alors que ce n'est qu'un pétale distendu et somme toute assez fin.
Jolie, cette dernière!
Sur les images 8 et 9, les Ophrys "de forme typique", on peut remarquer que le labelle et les pétales sont bien différents alors, lequel des 2 est-il de "forme typique"? ;)
André.
:) Sur les N° 9 et 10, le labelle est similaire en forme (plutôt allongé) et coloration, les deux autres pétales sont aussi assez ressemblants avec l'ondulation et la coloration très légèrement teinté en bord. Les sépales qui sont verts sont par contre assez dissemblables, plus courts et trapus sur la 10.
Avant que de nouvelles espèces soient décrites, voici des illustrations tirées de la Flore illustrée de JB Barla.
Les variations étaient considérées comme sous-espèces ou variétés, rien de plus, puisqu'il existe tant de formes intermédiaires. Mais au delà des formes, sont maintenant pris en compte la région (isolement géographique) et la date de floraison aussi .
Citation de: Caloux le Mai 11, 2020, 11:47:35
:) Sur les N° 9 et 10...
Ma remarque portait sur les images Nos
8 et 9.
-Sur la 1ère (N8), tu commentes: "
forme typique bien qu'un peu claire..."
-Sur la 2è (No9), tu dis: "
typique de l'espèce"...
Merci Caloux pour ces belles planches jointes!
André.
Oui, je devrais être plus précis : sur la N° 8 la forme du labelle est dans la norme mais pas la coloration, l'Ophrys aranifera étant normalement plutôt foncé alors que la N° 9 a tout bon : forme et teinte foncé. Mais l'objectif de ce fil est de montrer que pour une même espèce, il faut avoir les idées un peu larges ;) .
Leçon n° 1 : se fier modérément aux photos illustratives (1 à 2 vues, c'est totalement insuffisant quant on parle d'orchidées et d'Ophrys en particulier)
Leçon n° 2 : décrypter dans le descriptif de l'espèce le ou les points saillants qui aident à la détermination. Pas évident lorsqu'on ne jargonne pas la botanique...
Leçon n° 3 : compléter le cas échéant avec une vérification de la localisation géographique : certaines espèces sont courantes, rares ou absentes de certaines régions, inutile donc d'attribuer sa découverte à une espèce rare. Certains le font, pensant cocher toutes les cases dans un "tableau de chasse".
Si j'avais présenté ces vues sans préambule, nul doute qu'on aurait pu y voir 2 à 3 espèces différentes. A partir du moment ou j'ai posé ces bases : toutes les vues représentent Ophrys aranifera, on pourra dire : oui, c'est évident !
En vous présentant toutes ces vues et en les affectant à une seule espèce, j'effectue un travail de simplification (de retour en arrière ?) parce que trop d'espèces sont des illusions en réalité. Je ne suis pas le seul à le penser.
Nul ne connaît le sens évolutif des orchidées : vers une diversification et des espèces stables et nombreuses (prenez l'analogie des pinsons de Darwin, un simple isolement géographique est à l'origine de plusieurs espèces à partir d'une seule souche). Ou bien l'inverse : toutes ces formes et ces colorations sont éphémères et à terme les Ophrys vont se stabiliser par élimination de sous-espèces ou de variantes et présenter comme la majorité des plantes un profil unique et reconnaissable.
Ce qui est certain est qu'en France et a fortiori en région parisienne, on va plutôt vers une réduction : depuis le début du siècle dernier, on peut acter la disparition d'une bonne dizaine d'espèces dont certaines étaient encore observables dans les années 70. Les espèces les plus répandues sont l'Orchis bouc, l'Orchis pourpre, l'Ophrys abeille et ensuite Platanthera chloranta, des Epipactis, et quelques autres mais dénicher des Dactylorhiza, des Neotinea, des Spiranthes va bientôt relever du hasard même si sporadiquement, on peut rencontrer quelques belles stations. Mais il suffit d'un labour pour tout remettre en cause...
Ont disparu d'Ile de France l'Orchis sureau, l'Orchis grenouille, l'Orchis musc, la Spiranthes d'été, l'Orchis punaise, l'Orchis estival, etc...
C'est donc bien qu'André (Urka) aie lancé un fil dédié aux orchidées car ce qui semble facile à voir dans une région ne l'est pas nécessairement dans une autre. C'est donc un panorama encore incomplet mais qu'on peut alimenter pour une vision plus exhaustive de la flore orchidéenne nationale. :)
Salut Pascal... un chouette fil, bien appétissant... ;)
Je m'abonne, évidemment !
Merci Chris et André (et à celles et ceux qui suivent encore :)).
N° 13 Une forme et une coloration déjà rencontrée (vue N° 2) même s'il y a forcément des nuances (après tout, ce ne sont pas des clones de jardinerie)
N° 14 idem pour sa forme en cœur mais le miroir est absent (non visible)
N° 15 J'avais indiqué une marge jaune en caractéristique d'espèce. Ce sera le seul exemplaire où elle est visible, ce qui ne veut pas dire qu'elle soit absente sur d'autres spécimens mais simplement repliée.
N° 16 Coup de cœur (non pas la forme !) pour celle-ci
Super Caloux ce fil dédié à une seule espèce avec toutes ces images si différentes...
Cela va me permettre de faire le tri dans mes ''aranifera'' perso!
Auparavant, je pensais que c'était des ''aranéola'' puis comme celles-ci ont une bordure jaune, je croyais avoir tout bon sauf que la nr15 est une aranifera...
Ce n'est pas facile quand on n'est pas spécialiste, au moins il y a des orchidées ou la confusion n'est pas possible...Sauf que j'ai présenté dans le fil de Urka un plantanthère chloranta en croyant que c'était un bifolia et il faut avoir de bons yeux pour voir la subtilité!
Au plaisir de poursuivre ces ''aranifera''!
De bien belles images et d'intéressantes informations ! Un fil auquel je me suis abonné...
Je lis des choses fort intéressantes. Je suis ignare en la matière mais je salue la discussion de spécialistes. Bravo
je continue a m'instruire...Bravo Pascal
Amicalement Denis ;)
Citation de: Clic-Clac 51 le Mai 12, 2020, 12:41:46
je continue a m'instruire...Bravo Pascal
Amicalement Denis ;)
Moi aussi mais, bien que je me sois inscrit à la SFO Languedoc, je ne sais pas si j'aurai sa patience pour suivre l'évolution des Orchidées.
Merci Caloux pour cette mine de renseignements!
André.
Citation de: M13 le Mai 12, 2020, 11:03:34
Super Caloux ce fil dédié à une seule espèce avec toutes ces images si différentes...
Cela va me permettre de faire le tri dans mes ''aranifera'' perso!
Auparavant, je pensais que c'était des ''aranéola'' puis comme celles-ci ont une bordure jaune, je croyais avoir tout bon sauf que la nr15 est une aranifera...
Ce n'est pas facile quand on n'est pas spécialiste, au moins il y a des orchidées ou la confusion n'est pas possible...Sauf que j'ai présenté dans le fil de Urka un plantanthère chloranta en croyant que c'était un bifolia et il faut avoir de bons yeux pour voir la subtilité!
Au plaisir de poursuivre ces ''aranifera''!
Attention, cette base iconographique ne vaut que pour l'Ile de France où on peut quasiment exclure la présence d' Araneola (qui est en principe plus petite et plus précoce qu'Aranifera). Mais en dehors de ça, les deux espèces sont très proches et s'hybrident ce qui fait que dans l'Aveyron où je me suis rendu à 3 reprises et en décalage de floraison, j'ai toutes les peines du monde à classer une bonne moitié de mes vues : de plus, Aranifera précoce ou Araneola tardive ? ;)
Les confusions sont toujours possibles avec nombre d'espèces ou dans certaines régions pour certains Ophrys ou Dactylorhiza qui sont des genres particulièrement problématiques. Mieux vaut parfois s'arrêter à la détermination du genre que se hasarder à des déterminations sujettes à caution.
Merci à toi, à Denis, André, Roland et Henri pour vos encouragements à poursuivre ce fil a priori peu rassembleur. Il pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses je crois ;)
Merci Pascal pour ta réponse personnalisée...
L'idée est excellente avec toutes ces différences dans la même plante et cela me permettra ''d'ouvrir les yeux''
comme cela a été le cas avec l'excellent fil de Jamix sur la flore des Alpes du Sud!
grâce à ce confinement, j'ai réussi à identifier les ''mélitées'' et ''argus'' qui (papillonnent) dans mes jachères ...
Donc, il n'y a pas de raison de ne pas y arriver avec les ophrys!
gilbert
Avec ces deux nouvelles vues, retour à l'espèce "type"
N° 17
N° 18
N° 19 Encore un léger contre-jour.
Sur cette station, j'ai noté que généralement, seules les 2 dernières fleurs à s'épanouir (les 2 du haut) sont abouties (en forme et en couleur). Il y a rarement plus de 4/5 fleurs pour un pied et les premières ont visiblement du mal à se développer (on peut le deviner sur cette vue)
N° 20 Une jolie forme
N° 21 et une "gueule cassée" comme cela arrive assez souvent.
Encore une bien belle série
J'aime beaucoup la 19, avec cette lumière qui met bien en avant la transparence et la texture
Encore merci Pascal
Amicalement Denis ;)
Merci Pascal pour cette suite, la 19 très belle en effet!
J'apprécie beaucoup de voir cette plante sous toutes ses différences et cela m'aidera pour les miennes...
gilbert
Merci Gilbert et Denis,
On arrive au dernier carré pour cette station (plus serait du vice...)
N°22
N° 23. En dehors des pétales colorés, c'est la même que la précédente
N° 24
N° 25
Une synthèse en image ?
Encore bravo et merci Pascal pour le partage de tes images et connaissances
Amicalement Denis ;)
...Gros travail, grandes connaissances et photos splendides. Ce reportage est une petite merveille aussi bien didactique qu'artistique ::)
...Félicitations Caloux : un vrai régal !
...Mais, franchement, tout cela ne mériterait-il pas une petite publication ???
Jolie la planche...
on dirait des bijoux dans leurs écrins!
un sacré travail de fait là, avec images et des explications de haute volée. Merci pour ce partage.
Merci à vous de lire cette tribune !
Citation de: Clic-Clac 51 le Mai 15, 2020, 12:16:12
Encore bravo et merci Pascal pour le partage de tes images et connaissances
Amicalement Denis ;)
Les connaissances sont faites pour être partagées. Les miennes (bien modestes) ne sont qu'héritage de mes lectures (et de cours de sciences naturelles même si l'étude directe des orchidées n'en a jamais fait partie). :)
[at] M13, la planche en plus grande définition (1 MB) est dispo pour qui le souhaiterait... Même si comme je l'ai souligné, elle n'a qu'une valeur relative, l'exhaustivité iconographique de l'espèce est encore plus large. Ca laisse rêveur d'ailleurs... ;)
[at] André, Je reste un amateur mais il est vrai intéressé par le partage et la diffusion. Cette base purement iconographique me semblait pouvoir dans ce forum présenter un intérêt tant les questions d'identification semblent prégnantes (tu en sais quelque chose ;)) Elle ne résout rien peut être mais peut être un vecteur pour certains d'envisager d'aller plus loin dans l'analyse de leurs images pour des approches d'identification. Il faut savoir mêler quelques base scientifiques, disposer d'un ou deux guides (papier ou en ligne), se renseigner sur la répartition géographique des espèces et
savoir douter (important le doute !)
[at] Mig 74, J'espère pouvoir retourner cette année en Vanoise même si les Ophrys font grandement défaut dans ce parc. Mais il n'y a pas que les orchidées dans la vie et en Savoie ! ;)
J'avoue m'être un plus attardé sur les photos que sur le texte (quoique, j'ai juste sauté le grand paragraphe de la page 2). Merci Caloux pour cet exposé et surtout très bonne idée que cette planche récapitulative ! :)
Bravo et merci Caloux de t'être arrêté sur ce bout de terre et d'avoir consacré de ton temps pour nous faire part de tes réflexions et/ou remarques sur ces Ophrys aranifera!
La clôture de ce fil avec une synthèse sous forme de planche d'images est une très bonne idée!
A bientôt!
André.
Merci pour ce fil extrêmement bien documenté. Bravo encore.
De belles images instructives et toutes en douceur... ;)
Extra, la synthèse !
Bonjour !
Retour au Buisson Pouilleux presque 1 an après avoir ouvert ce fil.
C'est certes à plus de 10 km de chez moi (une vingtaine) mais comme j'avais manqué l'an passé le début de la floraison, j'ai pris le risque d'anticiper mes observations.
Petit résumé pour ceux qui n'auraient pas suivi ou ne souhaitent pas reprendre au début ;) :
Le buisson pouilleux est un lieu dit en sud-Essonne. C'est une zone de friches et de pelouses calcaires abritant une colonie d'Orchis pourpre dont une partie en sous-bois, d'Orchis bouc, d'Orchis homme pendu sur des petites pentes, d'Ophrys insectifera (mouche) et plus rarement d'Ophrys apifera (abeille), de Goodyera repens et d'Epipactis muelleri (aussi en sous-bois pour ces 2 dernières). Mais le plus intéressant est une colonie d'Ophrys sphegodes (araignée) avec une densité assez forte pour l'espèce.
Mon premier passage cette année s'est fait le 14/04 : aucune fleur à cette date mais de nombreuses rosettes (feuilles). Retour ce jour 26/04 en matinée (encore 8 ° à 10 heures et surtout beaucoup de vent qui m'a fait rater la quasi totalité des vues...). Bonne surprise, l'exploitant agricole à proximité a bien assuré l'entretien une fois de plus de la petite parcelle et la végétation est généralement tondue à l'automne ce qui laisse toutes ses chances à l'espèce de monter en graine en Juin et bien apparaître au printemps au sein d'une végétation rase. Aucun arbrisseau ne vient envahir le champs d'une petite centaine de mètres de long sur 5 de large environ. Mais L'oprhys sphegodes ne se développe que sur une bande de 50 mètres environ sur 2 à 3 mètres de large.
Avec l'herbe rase, j'ai pu compter facilement tous les pieds d'ophrys en fleur : environ 120 ce jour. Vu le nombre de rosettes, ce n'est surement pas fini mais la végétation avance vite et ce sera beaucoup plus compliqué d'ici 15 jours avec des fleurs discrètes dont les pieds mesurent pour certains une dizaine de centimètres.
Premier constat, sur cette zone et les autres sites avoisinants que j'ai pu visiter ce jour, c'est clairement l'Ophrys sphegodes l'orchidée la plus précoce en Essonne, toutes les autres espèces précoces sont encore en bouton : Orchis pourpre et Anacamptis morio (orchis bouffon). A ces 3 espèces, on peut rajouter l'Orchis mâle pas présente sur mes lieux de visite.
Deuxième constat : j'avais été surpris l'an passé (7 et 8 Mai 2020) par de nombreuses fleurs originales : presque la moitié de mes observations. Mais aujourd'hui, quasiment toutes les fleurs se rapprochent d'un "holotype" bien standard et bien calibré.
La saison est retardée cette année probablement d'une semaine en raison du froid et donc les fleurs que j'ai vu aujourd'hui seront pour beaucoup fanées d'ici 15 jours (quand je serai sur un calendrier comparable à N-1), j'en conclus donc (provisoirement) qu'en début de floraison, il y a peu de diversité florale mais que le calendrier avançant, la diversité s'accentue. Je confirmerai cela lors d'un prochaine visite idéalement entre le 10 et le 15 Mai afin de vérifier que les variétés florales que j'ai pu observer l'an passé sont toujours présentes.
01/2021 Fleur typique
02/2021 Forme à labelle plus allongé
03/2021 Labelle large
90 % des fleurs observées ce matin étaient plus proches de la vue 01/2021.
Bonne idée de reprendre ce fil un an après. Cela permettra de revoir ces belles orchidées.
Merci pour le partage.
Amicalement
Beau et bon travail !
Magnifique !
J'admire cette démarche d'observation minutieuse et en même temps, je ne peux pas m'empêcher de penier que la génétique devrait permettre d'y voir clair ?
La démarche photographique est aussi excellente, car ces compris onservations minutieuses ne sont possibles que par une standardisation de la prise de vues.
Bravo ! Et merci.
Bonjour à tous et merci à vous trois pour ces premiers commentaires.
[at] Berzou : oui, les analyses génétiques progressent et on devrait y voir plus clair...d'ici quelques années quand même.
Pour la petite étude qui est présentée ici, il s'agit d'Ophrys sphegodes avec des facies variés. Les éléments validants sont la taille du labelle, les taches maculaires et le champ basal plus clair ou concolore avec le labelle. Le reste n'est finalement que peu déterminant.
Même sans attendre les analyses ADN, il y a deux "écoles" au niveau de la dénomination des orchidées. Soit le WCSP (Kew Garden) World checklist of selected plant families qui reconnaît assez peu d'espèces mais une sélection plus large de sous-espèces ou variétés, soit des dénominations proposés par des auteurs (P Delforge pour le plus connu en langue française) mais officiellement non valides.
Le débat n'est pas stérile mais au final on ne fait que déplacer le curseur soit au niveau de l'espèce, soit de la sous-espèce en se basant sur des différences visuelles ou facilement contestables : "fleurs assez grandes", "comme Ophrys X mais plus robuste", "floraison décalée", j'en passe et des plus contestables... Toutes descriptions finalement peu argumentées par des visuels concordants, ce qui ne permet donc pas à des amateurs de différencier les espèces rencontrées lors d'une balade.
Ce qui m'intéresse dans mon observation, c'est de voir les variations au sein d'une même espèce, l'étendue des dates de floraison et si les variations sont constantes pendant tout la période. Je n'ai pas encore la réponse, il faudra surement étendre mon recensement sur plusieurs années pour avoir des statistiques suffisantes. Seule certitude et nonobstant les printemps froids ou précoces, sur le pré étudié, la floraison s'étend sur 4 semaines environ (entre le 20/04 et le 20/05) mais en Essonne, on trouve des Ophrys sphegodes de fin Avril à mi Juin, soit près de 2 mois. Et au Buisson Pouilleux, les pieds sont très petits (rarement plus de 15 cm) alors qu'à 500 m de là dans une autre friche, beaucoup de pieds plus tardifs atteignent les 50/70 cm. Substrat ou dérive génétique ?
Encore beaucoup de questions mais comme on est dans un forum photo, une autre vue prise hier avec une bordure labellaire jaune assez développée (elle existe presque toujours mais reste souvent invisible car repliée).
04/2021
Pour illustrer les différences de taille, une vue en 2013 au Buisson Pouilleux représentative de l'espèce sur ce lieu. Noter le sol très pauvre.
2015/01
Et la même espèce sur une jachère à qq centaines de mètres
2015/02
Voici quelques fleurs originales (pour l'espèce) mais les éléments clés d'identification sont toujours présents si bien que si on connaît la région de prise de vue, on n'a pas de difficultés à rattacher le spécimen à O sphegodes (ou aranifera)
2021/05
On voit que le dessin sur le labelle est extrêmement variable.
2021/06
Parfois, sépales et pétales restent plus ou moins soudés et emprisonnent le labelle
2021/07
Ou 1 seul côté
2021/08
Et une dernière pour ce jour avec celles qui ont perdu leur pigmentation. Trois pieds sur la centaine que j'ai pu observer.
2021/09
Souvent, les fleurs d'un même pied sont assez proches morphologiquement...
2021/10
et quelques fois, assez proches physiquement...
2021/11
Toujours en explorant les éléments de variation, noter les dessins maculaires d'un bleu métallique brillant pour les 2 vues précédentes et pour ce spécimen, un teinte marron
2021/12
NB : ce spécimen est aussi affublé d'une excroissance originale sur la gauche.
Le dessin maculaire est parfois assez complexe comme dans la vue 2021/05 et celle-ci
2021/13
De belles prises de vues ! On a tout loisir d'admirer les détails. As tu une idée du pourquoi et du comment de ces variations ?
Merci Roland !
Si on observe ces variations, c'est tout d'abord parce que les orchidées ont une structure complexe avec ce pétale transformé en labelle hyper visible. D'autres fleurs ont des variations mais moins visible.
Le labelle, c'est aussi le leurre à insectes : à la fois une piste d'atterrissage et un pseudo partenaire sexuel pour certains mâles. Mais les noms dont on a affublé les Ophrys (abeille, mouche, frelon, guêpe) n'ont qu'une vague ressemblance avec des insectes et c'est avant tout les phéromones qui attirent les insectes. Les Ophrys n'offrent pas de pollen ou de nectar en récompense à leurs pollinisateurs mais disposent d'un leurre physique et olfactif.
Pourquoi tant de variations y compris au sein d'une même espèce ? Ce n'est pas tranché, mais c'est une évolution en marche de toute évidence, les orchidées ont un patrimoine génétique semble t-il assez débridé pour les caractères physiques.
Pour le groupe Ophrys sphegodes (qui comprend les O Passionis que tu as photographié par ailleurs), les pollinisateurs principaux sont des andrènes (de petites abeilles qui vivent dans le sol). Les Ophrys qui se reproduisent sont ceux qui de par leur forme et leur odeurs sont les plus capables d'attirer d'abord des andrènes mais aussi des pollinisateurs occasionnels (accidentels). Visiblement, cette grande variabilité physique ne semble pas avoir d'impact sur leur faculté à se reproduire, ce qui prouve aussi par là que l'aspect physique n'est donc pas le seul critère choisi par les andrènes pour venir se poser sur les fleurs puisqu'ils semblent assez tolérants.
Toutes les variations d'Ophrys sphegodes (y compris celles élevées au rang d'espèces ou de sous espèces : O passionis, O araneola, O provincialis, O incubacea, etc...) ne sont donc que des variations que nous observons à notre échelle de temps mais il a du exister quantités de variations dans les quelques probables millions d'années (on ne sait pas dater précisément) depuis qu'un Ophrys a commencé à apparaître puis à prendre de multiples apparences. Et il existera sans doute de nouvelles variations par recombinaison du patrimoine génétique tant que des échanges seront possibles entre les différentes populations d'orchidées. N'oublions pas que les graines d'orchidées sont minuscules (quasi microscopiques) et essaiment donc facilement à des dizaines voire des centaines de kilomètres de leur lieu de naissance quand le vent est de la partie.
Pour les O sphegodes, une étude a montré que la plante a une durée de vie courte (de l'ordre de 3 années) et qu'elle est assez constante en floraison pendant ces 3 années (d'autres espèces sont plus impactées par les conditions météorologiques et connaissent des variations de population plus importantes). Tous les ans, une nouvelle fructification apporte donc une nouvelle combinaison génétique. De plus l'espèce est prolifique, les Ophrys et particulièrement O sphegodes produisent un nombre de graines parmi les plus élevées au sein des orchidées européennes. (de 5 000 à 20 000 graines dont une très infime partie produira un nouveau plant au final)
Je compare souvent les orchidées à des chats (qui sont probablement les plus jeunes félins dans l'évolution des Felidés). Un lion est un lion mais dans une portée de chats de gouttière, on a un noir, un tigré, un blanc, un roux très fréquemment. Et je ne parle pas des races (qu'on isole artificiellement) mais qui sont aussi de possibles variations. Mais toute ces variations restent inter-fertiles comme les orchidées que je présente sur ce fil.
Même espèce mais au physique très variable. Une galerie de pâquerettes, on en a vite fait le tour...
Merci pour cette réponse très bien argumentée ! C'est un plaisir de te lire.
Bravo et merci Caloux d'avoir repris ce fil! On continue de s'instruire.
Si dans la dernière édition (2005) des Orchidées de Marcel Bournérias et Daniel Prat on parlait de 500 hybrides, on en est à + de 1000 pour la prochaine. Il est certain que les hybridations vont se multiplier et que ce sera un vrai casse-tête pour mettre un nom sur chacun, si ce ne l'est déjà.
Tes photos illustrent bien tes propos et c'est un vrai régal!
André.
Bonjour André,
en effet, pour les hybrides, nul ne saurait dire combien il y en a précisément, les orchidées s'hybrident si facilement (et celles vendues en jardinerie le sont presque toutes mais par action humaine pour celles-ci).
Comme les "facies" sont déjà si variés au sein d'une même espèce, les combinaisons résultantes rendent les identifications quelques peu compliquées mais avec des analyses génétiques, on peut théoriquement dire qui sont les parents respectifs. Mais d'abord, la génétique doit nous apprendre combien d'espèces existent réellement.
A priori, les Ophrys ne s'hybrident pas avec d'autres genres, c'est déjà bien assez compliqué comme çà ;)
2021/14