01/68. War roarg III Le bateau en mer (photo d'archives).
Je vous propose une partie de pêche de nuit, à la sardine, en Bretagne, plus exactement dans la baie de Douarnenez (29).
J'ai pu embarquer sur un bolincheur, le « War roag III » long de 19m en alu, jaugeant près de 50 tonneaux et équipé d'un moteur de 400Ch.
Il m'a été demandé d'être à 19h précises, le patron m'accueillant ne voulait pas être en retard sur les lieux de pêche.
L'équipage est composé du patron entouré de 6 pêcheurs ; cette découverte s'est faite de nuit, parti à 19h (précises, pour ne pas arriver le dernier dans la baie !) et quand les cales (15T environ) sont pleines, on rentre au port et on décharge.
02/68. La poupe du War roag III à quai à Douarnenez.
03/68. Chargement de glace pour la conservation à bord.
04/68. Ramendage de bolinche avant le départ.
(La bolinche ou senne coulissante est un filet droit comportant des flotteurs sur sa partie supérieure et lesté sur sa partie inférieure. Elle est déployée à grande vitesse pour encercler le banc de poissons préalablement détecté visuellement ou au sonar. Un câble coulissant (la coulisse) permet le « boursage » du filet (fermeture de la partie inférieure). La poche ainsi créée est progressivement rétrécie autour du poisson encerclé. Elle est ramenée délicatement le long du navire, puis le poisson est embarqué à bord avec une « salabarde » (grande épuisette).
05/68. Passerelle :
Le bateau est équipé d'un GPS, d'un sondeur vidéo avec table de traçage et d'un sonar permettant de détecter le poisson par réflexion d'un faisceau d'ondes sonores.
Le bateau peut filer à 12 nœuds moyennant une consommation de fioul de 60 à 80L/heure, selon l'état de la mer.
06/68. Au départ de Douarnenez.
Le War Roag III prend le large à 19h.
07/68. Au large de la pointe de Leydé.
30mn après on croise au large de la pointe de Leydé, au NO de Douarnenez.
08/68. Thomas, le patron, à la barre.
09/68. En direction du cap de la chèvre.
10/68. Préparation du filet « bolinche ».
Les anneaux de fermeture du fond, en réalité des mousquetons en acier inoxydable, coulissent et s'empilent en se rangeant sur le câble qui les actionne. Leur rôle est fondamental dans la fermeture rapide de la poche.
11/68. Filet déployé.
Un banc de sardines ayant été repéré au sonar, la bolinche est rapidement déployée.
12/68. A remonter.
13/68. Bolinche à hisser.
14/68. La remontée.
Chargé à plein, le filet est remonté par un système très puissant muni d'une grosse poulie, la démultiplication permet de remonter les charges qui ne seraient pas manipulables par l'équipage.
15/68. Premières prises.
La lente remontée manuelle du filet permet de le rapprocher du bateau, tout en prenant garde de ne pas endommager la pêche, la sardine demeurant un poisson fragile.
16/68. Salabarde (épuisette) pour mise en cale ou en viviers.
la salabarde, qui contient environ 250 kg de poisson, est hissée au-dessus d'un vivier. Un bout, ou cordage coulissant fixé sur le manche de la salabarde, permet d'en ouvrir et refermer le fond d'un geste rapide.
17/68. Salabarde sur viviers.
18/68. Glace de conservation.
19/68. Recherche du banc de sardines.
L'exécution de la manœuvre de pêche, un encerclement rapide du banc de poissons.
20/68. Radar et sonnar pour recherches des bancs.
21/68. Radar et sonnar pour recherches des bancs.
Les bancs de sardines se situent à environ 30 à 40m
22/68.Bolinche à remonter.
23/68. Salabarde sur cuves.
Malgré l'utilisation du bras de charge, la taille et le poids de la salabarde en font un outil difficile à manipuler. Les risques d'accidents sont d'ailleurs omniprésents sur le pont et ce sont eux qui motivent, notamment, les places habituellement attribuées à chaque matelot.
24/68. Glace.
25/68. Guidage de la salabarde.
26/68. Nouvelles prises à hisser.
27/68. Bolinche pleine.
28/68. Feu de bras de bolinche.
29/68. Salabarde à vider.
30/68. Bras d'aide pour hisser le fond du filet.
31/68. Vidage salabarde sur viviers.
32/68. Feu de bras.
Les cales et viviers sont pleins à 23h et une bolinche immergée presque pleine est arrimée à la coque.
Le patron lance alors un appel à ses collègues naviguant dans la baie pour savoir si l'un d'entre eux a eu moins de chance et veut bénéficier de la prise en attente sur le flanc de la coque.
Un bolincheur, le « Face à la mer » accepte ; il faudra cependant attendre une petite heure car il doit traverser une bonne partie de la baie.
Dans l'attente de son arrivée, le War Roag III se met à la cape, tous feux éteints sauf ceux de sécurité et attend l'arrivée de son confrère.
Il est à noter que ce genre de manœuvre a été possible en raison d'une météo particulièrement sereine et une mer complétement calme et sans vent.
De simples vagues auraient interdit l'amarrage en couple des bateaux.
33/68. Feux de sécurité.
34/68. Feux de sécurité.
35/68. Face à la mer en vue.
36/68. Approche du face à la mer.
37/68. Passerelle du face à la mer.
38/68. Amarrage en couple.
39/68. Pécheurs du face à la mer
40/68. Les deux équipages à la tâche.
41/68.Pêcheur du face à la mer en action.
42/68. Transbordement de la prise.
43/68. Le patron du face à la mer participe.
44/68. L'équipage charge ses cales.
45/68. Patron du face à la mer en action.
46/68. Aide au transbordement.
47/68. Entraide.
48/68. Toujours le patron au transfert.
49/68. Attention aux coques.
50/68. Transfert par salabarde.
51/68. Pêcheur acrobate.
52/68. Le face à la mer s'éloigne.
53/68. Il s'éloigne de plus en plus.
54/68. Le face à la mer reprend le large.
55/68. Satisfaction du patron du war roag III
Après une partie de nuit de travail éprouvant sur le plan physique, l'heure est venue de regagner le port.
Pour info, le kg de sardines a été payé 0.60€ aux pêcheurs ;
Cette pêche a été vendue 4.80€/kg dans le supermarché local et ce dès 9h.
La « godaille » qui m'a été offerte par l'équipage était tellement généreuse que mes voisins ont en pleinement profiter.
56/68. Cool vers le port.
J'ai demandé au patron s'il prévenait par radio les équipes du mareyeur pour préparer tout le matériel destiné à recevoir la pêche. Il m'a regardé d'un air goguenard croyant que je me moquais de lui puis a vite compris ma naïveté ! Ce sont les pécheurs qui doivent décharger, nettoyer, répartir la pêche !
Le mareyeur a investi dans le hangar, le matériel (cuves, Fenwick, etc...) distribution d'eau de mer et d'eau douce puis prend les commissions.
57/68. Direct au port.
58/68. Au port.
59/68. Transfert de la pêche sur le quai.
Comme expliqué plus haut, les marins pêcheurs ouvrent le hangar, déchargent toute la pêche avec le matériel mis à disposition par le mareyeur qui lui dort encore !
60/68. Suite du déchargement.
61/68. A quai devant le hangar du mareyeur.
62/68. Grue de quai.
63/68. Protection des cuves par bâches polyane.
Les cuves doivent être nettoyées, bâchées par des films de polyane devant recevoir les sardines.
64/68. Nettoyage des diverses cuves.
Les cuves sont de différentes couleurs en fonction de leurs destinataires ; une teinte pour les conserveries, une autre pour la vente en criée ou encore pour une enseigne actionnaire dans la société affrétant les bâtiments.
65/68/. Lavage des cuves.
66/68. Lavage des cuves.
67/68. Remplissage en glace des cuves.
68/68. La dernière touche du patron.
J'ai pu réaliser cette sortie de nuit grâce à un adhérent du club photo auquel j'appartiens et qui est patron pêcheur à la retraite ; il m'a gentiment recommandé auprès de ses collègues en activité pour m'embarquer.
Certaines criées (Le Guilvinec, Concarneau) proposent des sorties (3 à 4h en mer), sur réservations, mais de jour et sur des bateaux très différents ; les patrons pêcheurs évitent d'embarquer des « civils » pour des questions d'assurances (80% des blessures à bord sont des fractures des membres inférieurs. Glisser sur un lit de sardines mouillées jonchant le pont engendre parfois des plâtres et de longs séjours d'immobilité !!! ).
J'ai eu une chance inouïe de sortir par un temps « de curé » ; pas de vent (rare en Bretagne), pas de houle, pas de mer, pas de brume ou brouillard, pas de pluie et en prime la lune et une température de 18° à minuit. En chemisette !!!
Imaginer la même sortie par un vent de 3 ou 4B, vague de mer de seulement 0.50m et/ou houle d'un mètre, habillé d'un ciré avec bonnet et gants, la prise de vue m'aurait posé de sérieux problèmes ; je ne me serais certainement pas équipé de 2 boitiers mais seulement d'un seul (une main pour l'appareil, l'autre pour le bateau).
Ces conditions météos m'ont donc permis d'utiliser deux boîtiers (Un argentique pour le N&B et un numérique).
Pour les technophiles :
Les photos N&B ont été prises avec F5 équipé d'un Angénieux AF 2.6/28-70 et chargé d'un film delta 400 révélé dans du LC 29 et numérisées par un Coolscan V ED.
Les photos en couleur sont issues d'un Nikon D300 avec Nikkor AF.S 18-200 et les raw traités par DxO photolab 4.
Un bon reportage que tu traites N et B et couleur, une unité était elle souhaitable ou pas, c'était à toi de décider. Tu réalises là un exercice pas évident, le mal de mer sur un "chalutier" ainsi est à craindre avec l'odeur de poisson qui vient bien sur relever l'affaire. J'aime bien ton travail, t'en félicite.
Superbe reportage ... :)
Au cœur de l'action avec ces marins-pêcheurs !!
Cdlt
Tu as des insomnies, Jean-Marie ?
;-)
Merci pour le partage.
Bonjour , j'adhère totalement ! Je "décortiquerai" ultérieurement , excellent partage !
Très beau ce reportage sur la pêche à la sardine
Très intéressant, merci.
Très intéressant : bravo et merci !
(sur la photo 2 ce n'est pas la poupe (arrière) mais la proue (avant) ou l'étrave qu'on voit).
Bel Hommage à ces gens là.
Merci pour eux.
De St Guénolé , j'ai assisté plusieurs fois au départ , un peu avant la nuit tombante et au retour des bolincheurs avant le levé du soleil ... J'ai rêvé d'embarquement pour la photos .... juste rêvé .... Ce que tu nous montres là c'est la vraie vie de ces hommes , et aussi femmes ( Scarlette en solo pour n'en citer qu'une ) . Une vie très très difficile et pleine de risques . Tu évoques ce qu'étaient mes craintes , pont glissant , instabilité permanente , froid éventuel , certainement du mal de mer ... et surtout la gêne occasionnée par ma présence .... Un grand merci à toi , j'ai observé chacune de tes photos et je me suis régalé ..... Heureux homme qui a eu toute la chance nécessaire !
Merci pour le reportage .
Dans la mesure où le Cap de la chèvre est dépassé est il juste d'écrire que c'est en baie de Douarnenez ?
Merci .
Citation de: clo-clo le Septembre 02, 2021, 22:18:38
Merci pour le reportage .
Dans la mesure où le Cap de la chèvre est dépassé est il juste d'écrire que c'est en baie de Douarnenez ?
Merci .
Alors là, c'est la question con(carneau)... ;-P
Bravo pour ce reportage complet et très intéressant
La photo nocturne n'à pas du être simple...
Un reportage très documenté et intéressant qui colle parfaitement à l'intitulé du forum REPORTAGE voyage & aventure , merci ! :)
Super. J'avais peur en regardant le nombre de photos sur les 1ers posts (syndrome du "vidage de carte"), mais j'ai vite ete rassuré et j'ai tout lu/regardé!
Photos sympas, bien documentées et topic interessant, félicitations!
Citation de: rsp le Septembre 02, 2021, 12:03:49
Très intéressant : bravo et merci !
(sur la photo 2 ce n'est pas la poupe (arrière) mais la proue (avant) ou l'étrave qu'on voit).
Tout à fait! je me suis mélangé l'avant et l'arrière ;)
Citation de: clo-clo le Septembre 02, 2021, 22:18:38
Merci pour le reportage .
Dans la mesure où le Cap de la chèvre est dépassé est il juste d'écrire que c'est en baie de Douarnenez ?
Merci .
Vers le cap de la Chèvre mais pas dépassé, donc bien dans la baie (voir la photo du radar si tu as une crainte) :D
Merci à tous.
Voilà un bon moment passé suite à la lecture de ce fil. Ce reportage traduit bien ce métier, ses difficultés, sa rudesse, et aussi, mais on ne le vois pas trop sur les images, la joie de repartir avec les cales pleines, synonyme que la journée n'est pas perdue, comme cela doit arriver de temps à autre.
J'ignorais également, que les pêcheurs partageaient leurs prises, au cas ou il y avait du "rab". Je savais que les gens de mer étaient solidaires, mais pas à ce niveau là.
Merci pour ce reportage très intéressant.