Suite au colloque passionnant qui s'est tenu en début de semaine à l'initiative de l'école Louis Lumière sur les " Perspectives pour les photographes professionnels", un lien vers le texte de l'intervention de Sylvain Maresca, sociologue qui présente un état des lieux de la profession de photographe
http://culturevisuelle.org/viesociale/783
Très intéressant, merci.
Quelques autres témoignages venant des USA :
http://www.nytimes.com/2010/03/30/business/media/30photogs.html?src=me&ref=homepage (http://www.nytimes.com/2010/03/30/business/media/30photogs.html?src=me&ref=homepage)
Sympa le partage,
je vais sortir une phrase du contexte ;
CitationLa photographie n'est pas un métier qu'on hérite, sauf dans l'univers de la boutique où la transmission familiale
en france, 90% des photographes sont des boutiques ... ;) ça donne à penser ...
Citation de: alliancephoto le Avril 01, 2010, 20:28:21
Sympa le partage,
je vais sortir une phrase du contexte ;
en france, 90% des photographes sont des boutiques ... ;) ça donne à penser ...
..en boutique c'est deja raide..,j'imagine bien pour le reste..,sauf rare exeption.
..j'ai des potes pigiste..,ben ils pigent de moins en moins..(robot journaliste,ca fait un gros buzz en ce moment)
Ts ts ts...
Alliance, voyons !!!
"en france, 90% des photographes sont des boutiques ... ;) ça donne à penser ..."
En France les artisans en boutique représentent bien moins que ça. La profession est donnée pour 14.000 au total.
Quand je me suis installé en 1975, nous étions seulement 350 artisans en Bretagne... il doit en rester moins de 150 aujourd'hui !
Multiplie ce chiffre par 22 et tu obtiens à peine 25% du total de 14.000.
Et je suis optimiste : rien que dans le Finistère, je ne suis pas sûr d'en trouver 30 !!!
L'âge moyen de l'artisan photographe aujourd'hui ?
Je parierai pour plus de 50 ans !
Succession filiale ?
Sur trois départs récents parmi des copains, je n'en compte pas une seule !
Ça serait pas plutôt 90 % des photographes qui sont des amateurs avec un siret (ou même sans) ?
Je suis toujours dubitatif au sujet des papiers ou des études qui parlent de quelque chose qui n'existe pas ; le photographe. On confond l'outil et l'activité. Viendrait-il à l'idée de quelqu'un de parler d'écrivant ? Ou de regrouper dans une étude tous ceux qui travaillent dans le domaine de la science ? Ce n'est pas sérieux !
Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que le métier/profession est récent, c'est vraiment une spécialité des photographes que de s'imaginer faisant un, alors que leurs pratiques n'ont rien à voir les unes avec les autres.
Vouloir défendre la photographie est une impasse. Il serait plus utile de se regrouper par activité :
- les artisans photographes avec les autres artisans
- les journalistes avec les autres journalistes
- les salariés chacun dans leur branche
- les pubeux ensemble
- les auteurs professionnels avec d'autres professions librales
- les auteurs avec les auteurs de l'écrit
En fait, on rejoint ainsi le découpage sociologique, avec quatre statuts :
- artisan (qui vend sa production)
- commerçant (qui vend des produits ; autres que les siens, éventuellement y compris les siens)
- profession (qui vend des services = activité libérale)
- salarié (qui a des directives, des contrôles et des sanctions)
Officiellement, il n'y en a pas d'autres, mais nous pourrions sans doute travailler avec l'Agessa pour obtenir le statut d'auteur (je parle ici de statut au sens sociologique, pas au sens fiscal). Donc on peut ajouter :
- auteur
qui viendrait suppléer une catégorie ancienne qui n'est pas pour autant un statut officiel, mais qui a tout de même une existence :
- artiste
Dans chacun de ces statuts officiels et officieux, il y a une part plus ou moins grande de création, nous pourrions donc tous défendre les droits des créateurs. Et donc, cela amène à sa juste place :
- amateur
qui pourrait également défendre les droits des créateurs, mais ne défendra pas les métiers et les professions.
Je crois que tant qu'on n'aura pas collectivement les idées claires sur ces distinctions, on n'avancera pas, on sera concurrents les uns des autres sans se comprendre, et beaucoup se heurteront aux amateurs.
Quant à un diplôme, s'il devait y en avoir un, il devrait être différent pour chaque statut (notamment artisan ou profession).
Il est amusant de constater dans l'article qu'il confond systématiquement métier (artisan) et profession (libéral).
Et, cela dit en passant, si on devait faire au sens strict la sociologie d'une profession, il faudrait s'intéresser uniquement aux photographes qui ont un statut libéral.
Il n'y a pas que les photographes qui disparaissent, en boutique ou pas, les médecins, les épiciers, les curés (là je dit ça pour ceux à qui ça manque), les garagistes, les petit paysans, et tant d'autres. Même les bistrot de campagne ferment.
Mais rassurons nous, il n'y a jamais eu, malgré les réformes que l'on nous promet, plus de représentants du peuple dans toutes les diverses assemblées, communales, régionales, Nationale, Européenne....
lorsqu'elle est trop sollicitée par des mono-cultures, la terre s'appauvrit. En serait-il de même pour les peuples.
Décidément, on ne sera jamais d'accord sur ce sujet , Didier.
Je ne vois pas comment tu peux affirmer que photographe n'est pas une profession alors que des milliers de gens en France vivent de la vente ( d'une façon ou d'une autre) de leur production photographique.
C'est en voyant les choses comme ça qu'on dévalorise la photographie : Tu fais des photos ? bah, c'est pas un métier ça, tout le monde peut en faire, ça vaut rien une photo! C'est en pensant comme ça que le travail d'un photographe finit par avoir moins de valeur que le travail du boucher ou du garçon de café.
En fait, je trouve ta façon de parler même assez insultante pour les photographes, ceux qui ont les mains dans le cambouis tous les jours pour créer, produire, démarcher...
On sait bien que la profession de photographes souffre de la variété de ses statuts, de ses domaines d'action très variés mais je ne pense pas que ce soit en voulant nous diviser encore plus que ça va arranger les choses. Si l'UPC a décidé cette année de s'unir avec les photojournalistes, par exemple, c'est justement parce que les activités des photographes s'étendent, se croisent, ne sont plus aussi cloisonnées qu'avant. Et que pour défendre notre activité professionnelle de photographe, on a tout intérêt à s'unir.
Tu compares un ensemble des photographes à une vaste entité vague et sans lien mais je crois que tu te trompes profondément la-dessus. Personnellement, je pense que nous faisons tous un métier très comparable en se servant d'un outil et de technique communes pour exprimer notre vision du monde. Et même en faisant des photographies destinées à un livre sur les églises romanes,par exemple, je me sens plus proche de n'importe quel photographe que de celui qui écrit sur ce livre.
Je sais que ton argumentation tend surtout à défendre le photographe amateur. Mais je n'ai pas encore compris en quoi le photographe amateur serait menacé si les photographes professionnels ( ceux qui vivent de la photo) s'organisent, s'unissent et essaie de réglementer cette jungle qu'est devenue le marché de la photographie.
Henri, tu ne m'as pas compris, pas du tout, et effectivement je ne dois pas arriver à me faire comprendre car ce n'est pas la première fois. Mais il n'y a pas de raison qu'on ne puisse pas échanger, puisque j'ai évolué dans mes conceptions, et toi aussi.
Je me plaçais sur un plan sociologique, d'une part, thème annoncé de l'article, et administratif, d'autre part.
L'article est supposé proposer une réflexion, alors qu'à mon sens il ne reprend que des poncifs éculés et dépassés, sans les discuter.
Dans mon post ci-dessus, je ne fais qu'énoncer des catégories que d'autres ont établies, et ne donne là aucune idée personnelle.
Et je ne défends pas les amateurs, même si je suis un des seuls à les compter pour partie prenante dans la photographie.
Non, ce que je défends, ce sont les auteurs, pas au sens de auteur Agessa, mais au sens de auteur qui a sa patte et ses sujets.
L'auteur Agessa, qui utilise le statut pour être pro et rentable, et qui a bien raison, fait un peu de tout, et entre bien dans le cadre UPC, même si tous n'y sont pas. Je n'ai rien contre, sauf lorsqu'ils considèrent les autres comme pas professionnels, ou oublient les amateurs dans leur défense de la photo. Ce type d'auteur peut avoir une patte personnelle, mais pas toujours, et s'il l'a, il ne la développe pas car l'aspect artistique n'est pas rentable.
L'auteur qui a une ligne personnelle ne prend pas de commandes, ou rarement, et souvent il ne saurait pas y répondre, sauf si c'est dans sa ligne. Par l'esprit, il est plus proche de l'amateur, d'autant plus que souvent il ne vit pas de ses productions, ou en ayant une variété d'activités autour. Il est intéressé par l'édition et les expositions, qui sont ses voies principales.
Économiquement, le premier type d'auteur, qui est une vraie profession libérale (donc profession, et non pas métier), représente la plus grande part du marché. Le second type ne représente rien, mais est majoritaire en nombre. Tellement qu'il préoccupe l'Agessa car ses revenus échappent (légalement) aux cotisations, le plus souvent, ou ne sont pas contrôlables (sources multiples).
Je ne connaissais pas la différence entre les deux avant de faire une journée avec l'Agessa dont je ne peux pas développer la position ici, mais dont je t'ai parlé.
En fait le second type d'auteur dont je parle se rapproche de l'auteur de l'écrit, et d'ailleurs on a souvent des réactions proches, comme par exemple de résister à toute tentative de réglementation, de résister à entrer dans un syndicat ou une association, etc.
À cause d'un comportement imprévisible et autonome, ce type d'auteur inquiète les Agessa et le fisc, en tout cas, et les autres professionnels, souvent.
Or l'article ne parle absolument pas de nous. Normal : il ne nous connaît pas, et nous voit (comme toi) comme des amateurs.
En quoi les uns menaceraient les autres ? Eh bien, c'est évident ! L'auteur professionnel a les marchés, expose en étant payé, prenant donc les places aux auteurs disons amateurs. Et réciproquement, bien sûr.
Autant les artisans et les libéraux ne se font pas concurrence car ils ont des activités très différentes, autant les auteurs des deux types sont en concurrence frontale, c'est ce que tu n'as pas compris, ou que d'autres ont très bien compris en tentant de nous éliminer des discussions et des circuits professionnels.
Il est possible que tu ne t'en rendes pas compte car, comme certains, tu fais un peu des deux (reportage et expos personnelles).
Un exemple de concurrence ? Je viens de perdre un boulot pour moi fort intéressant à tous points de vue à cause d'un photographe libéral. C'est arrivé de manière tellement conne que je vais en parler.
J'étais en train de négocier (depuis des mois) pour fournir des photos artistiques de paysage, de matières et de flore pour une entité de protection.
Une présélection sur ma base était en cours, des indications sur ce qu'il fallait à l'avenir également. La négociation sur le type de droits a été hard mais ça avançait bien (usages multiples non commerciaux, droits supplémentaires de 10 % des ventes si commerce).
Restait le prix, mais j'avais de bons exemples de réalités et ça aurait fonctionné. Il y en avait quand même pour quelques milliers d'euros. en prime, il y avait des perspectives d'écrit.
Pas mal, non ?
Oui mais le directeur a piqué une crise quand il a vu qu'il avait payé 400 euros pour deux photos utilisables une fois, avec même interdiction de les utiliser en interne sur la base de données (une aberration).
Ah, le photographe a pas mal vendu, mais désormais le mot d'ordre est : on se débrouille en interne.
Le pire, c'est que ce n'est pas la première fois que ça m'arrive.
Le photographe qui a eu les 400 euros ne travaillera pas non plus pour eux à l'avenir, mais lui, il s'en fout, car il a d'autres types de photos. Moi, non.
Mais Didier, l'exemple que tu viens de vivre n'est en rien une concurrence entre toi, le vrai auteur "amateur" pur et dur et l'autre le mauvais auteur "professionnel" prêt à tous les compromis.
Que tu ais perdu la commande alors que tu avais des conditions d'utilisations plus souples est quand même étonnant...Mais cela reste une concurrence entre deux professionnels ! Parce que pour moi, même si tu ne gagnes pas l'essentiel de tes revenus dans la photographie, tu as une démarche de professionnel en entrant dans le circuit professionnel ! Et ce photographe aurait aussi bien pu souffler le boulot à un autre photographe professionnel.
Tu crées vraiment des séparations artificielles. Le monde n'est pas aussi binaire et il y a aussi des auteurs photographes professionnels qui ont beaucoup de mal à sortir de leur travaux personnels et à répondre à des commandes. J'en connais plusieurs. Ils essaient quand même d'en vivre plus ou moins bien, certains ayant trouvé des débouchés et d'autres non. C'est plus ensuite une question d'individus que de statut fiscal ou social.
Au sujet du boulot, on n'était pas en concurrence directe. C'est simplement que le comportement du photographe a décidé le directeur à ne plus travailler avec des photographes et à fonctionner en interne.
C'est un marché flingué pour tout le monde, comme l'a été à une plus grande échelle celui du graphisme (perdu pour tout le monde également, sauf à la rigueur pour les microstocks).
C'était dans l'air, mais depuis des mois je les avais travaillés au corps et fait percevoir l'intérêt de photos plus artistiques, ou même tout simplement plus professionnelles que le vrac qu'ils avaient, et que les bouses que faisaient les agents en mission.
J'avais aussi expliqué pas mal de choses sur le droit, et au passage, si on dit que les clients en profitent, bah certains photographes aussi. Il faut voir ce qu'ils ont mis dans la tête de la documentaliste (bombardée icono), une fille préoccupée de droits d'auteurs. Elle a cru (d'où les conditions d'achat des deux photos) qu'une vente ne pouvait être qu'à usage unique, qu'ils devraient repayer même pour un petit retirage de la plaquette, qu'ils ne pouvaient pas garder les épreuves, pas mettre la plaquette ne vignette en ligne, et bien d'autres choses.
Ça ne m'étonne pas, j'ai vécu dans la fonction de l'acheteur de photos dans les années quatre-vingt-dix : un photographe m'avait interdit de réutiliser un plv... dans mes chiottes, comme décoration.
Pour ces 2 photos, qui n'avaient rien à voir, qui étaient pour une plaquette et négociées par quelqu'un d'autre, tout a été foutu en l'air. Par quelqu'un qui manifestement a juste vu un commerce, et ne s'est pas préoccupé des besoins globaux de la structure. Un viandard, peut-être, ou peut-être pas.
Je suis désolé, mais les butors obtus, je les ai rencontrés parmi ce type de personnage...
Quant à être binaire... quand tu auras fait une telle variété de métiers que moi, on en reparlera, et autant de formes de créations depuis quand même 20 ans maintenant. Je ne suis pas binaire justement parce que je ne vois pas la photographie mais l'ensemble de la création, et que le comportement des photographes m'étonne, se pensant seuls au monde, les rois, et sachant tout (alors que beaucoup ne brillent pas par leur culture ou leur réflexion).
Remarque, être binaire pourrait déjà être considéré comme un progrès : c'est mieux que de ne voir qu'une chose. Toi, et d'autres surtout, voudraient qu'il y ait un statut unique de photographe, que le métier/profession soit reconnu en tant qu'entité, ce qui est absurde.
Reprend mes posts plus haut et voit s'ils sont binaires...
La seule chose que je veux défendre, ce sont les créateurs mais les photographes ne sont pas tous des créateurs, loin s'en faut.
Pourtant, il y aurait quelque chose à faire, sinon la création risque d'être assimilée à l'art, notamment en photo, ce qui est absurde. L'art n'est qu'une forme de création, et d'ailleurs n'est peut-être même pas toujours une création.
L'enjeu aujourd'hui est celui-là, la société nouvelle liée à la création, et l'enjeu économique que les droits d'auteurs représentent. Vouloir faire des activités de la photographie une seule et même entité, c'est aller à contre-courant, car les commerçants ne créent pas, les artisans pas souvent, les auteurs qui font du reportage industriel ou du pack-shot pas souvent non plus.
Le statut d'auteur a été créé assez récemment, à des conditions hyper-avantageuses, car il tenait compte de la dimension artistique et difficile à vendre. Il ne faudrait pas risquer de le perdre ou qu'il se durcisse parce que certains en profitent un peu trop. Notre chance c'est qu'il n'existe rien d'autre.
Vouloir faire la photographie une et indivise, c'est à coup sûr risquer de perdre ce statut. Il ne serait pas difficile à l'administration de le remplacer par une mise en perspective de ce qui existe déjà, précompte, retenue à la source de la TVA avec déduction compensatoire, frais réels, report des déficits, modulation des revenus sur cinq ans.