quel espace couleur optimal pour tirage chez PhotoWeb ?

Démarré par nicomax, Octobre 14, 2010, 09:51:00

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Inka

Citation de: Sansame le Décembre 11, 2010, 17:43:14
Il ne faut pas confondre le réglage d'une tireuse et son étalonnage. Pour un appareil de sortie, une tireuse par exemple, la gestion des couleurs met en oeuvre un principe très simple : on « règle la tireuse », on construit ensuite son profil (lequel représente le comportement de la tireuse ainsi réglée) puis on utilise ce profil pour qu'elle produise les couleurs souhaitées, c'est à dire qu'on convertit les images dans le profil de la tireuse.

Ainsi que toute la suite...

Voici un post parfait, bien écrit et sans erreur, ça fait du bien  ;)
Carolorégien

Pascal Méheut

Citation de: Inka le Décembre 11, 2010, 17:50:51
Ainsi que toute la suite...

Voici un post parfait, bien écrit et sans erreur, ça fait du bien  ;)

C'est vrai qu'expliquer rapidement comment la calibration fonctionne et l'intérêt d'utiliser le profil précis du périphérique d'impression est particulièrement pertinent parce que pratiquement jamais fait, que ca aide concrètement les gens qui posaient des questions sur le fil et j'en passe  ::)

Pio2001

Bonjour Sansame,

Merci pour ces précisions sur le réglage des machines.

Citation de: Sansame le Décembre 11, 2010, 17:43:141 - Si on a la chance qu'un labo fournisse le profil de sa « machine » il faut en profiter. Il est toujours meilleur de convertir les images dans ce profil, plutôt que de se contenter du profil standard, ici sRGB

Ici, la pratique m'oblige à nuancer : non, ce n'est pas toujours meilleur. Souvent, mais pas toujours.

Voici un contre-exemple pourtant pas si rare puisque c'est un sujet naturel :



Rangée du haut : scans des tirages réalisés par le labo Gris Souris sur Frontier, papier Fuji DPII.
Rangée du bas : épreuvage (soft proofing) des tirages à l'aide du profil générique Fuji_Frontier5-sRGB_CA-DPII_V3

La colonne de gauche montre le tirage tout simple, sans gestion des couleurs.
La colonne du centre le tirage avec conversion en mode perceptuel.
La colonne de droite le tirage avec conversion en mode relatif (sans compensation du point noir).



On voit que la conversion corrige la dominante rouge du tirage brut. En revanche, elle ne fonctionne qu'en perceptif, et retire l'impression de lumière qui se dégage du dégradé original. En relatif, elle introduit un color banding important. De plus, le jaune tire un peu sur le vert sur le tirage réel, ce que la simulation n'anticipe pas.

On peut se demander si le profil est inadapté. Ce n'est pas le cas puisque le simulation est conforme au tirage : la machine se comporte exactement comme le prévoit le profil (à l'exception d'une légère dérive verte sur le jaune). Il est remarquable que le profil soit si bien adapté alors que ce n'est pas le profil du labo, mais un profil générique valable pour tous les appareils Frontier alimentés par ce papier.

Voici ce que cela donnerait chez Photoweb, en simulation seulement, avec en haut le profil fourni par le labo (Photoweb v3.0), en bas un profil réalisé par un professionnel en se basant sur des tirages de mires (Profilicc). Cette fois, le mode relatif est utilisé avec compensation du point noir.



Le color banding est nettement pire. De plus, on n'a pas de mode perceptuel véritable. Dans les deux cas, c'est un rendu relatif que l'on obtient.

On peut toujours incriminer les profils, mais apparament, il n'y a pas moyen de s'en procurer d'autres : chez le labo, chez le constructeur, et chez un pro indépendant, c'ets le même résultat. De plus, comme je le disais plus haut, le profil prédit bien le comportement de la machine. Il est absurde qu'un épreuvage puisse mettre en évidence un profil inadapté. Il ne montre que les limites d'un espace colorimétrique donné et d'une intention de rendu donnée.

Alors ? Bug dans le moteur ICC ? Espaces Lab mal conçu ? (le cas est connu dans le bleu-violet,et Bruce Lindbloom demande que l'espace Lab soit remplacé par un espace correspondant mieux à la vision humaine... ceci dit rien à signaler dans le jaune).

J'ai tenté d'étudier le problème, qui est visible aussi en imprimerie offset, sans moyens particuliers (pas de sonde, pas d'éditeur de profil).

Pour moi, le color banding est mathématiquement inévitable. Nous avons un dégradé qui part, en sRGB, du jaune-orangé vers le jaune pur, puis du jaune pur vers le blanc :



Si on projette cet ensemble de couleurs sur l'espace colorimétrique d'impression, comme le fait un moteur icc en rendu relatif, voici ce qu'on obtient :



Comme le jaune primaire de l'espace sRGB n'est pas de la même teinte que le jaune primaire de l'espace de tirage, on est obligé de redescendre sur l'axe de la luminosité avant de remonter vers le blanc. Le halo autour du soleil est fichu, car il est interrompu par une bande sombre.

Même problème mesuré sur le profil de sortie d'un écran cathodique, en simulation :



Pour éviter d'avoir à redescendre en luminosité, on peut massivement désaturer les couleurs, pour ne plus avoir à se déplacer sur l'extrême bord du gamut. C'est ce que fait le rendu perceptuel, qui ne fonctionne que dans les profils fournis par Fuji. Ou alors "prendre le virage avant le trou". C'est ce que fait la Frontier par défaut. D'où des jaunes trop orangés.

Ceci est un cas particulier où utiliser le profil du labo est néfaste. Il existe d'autres cas où c'est bénéfique. On en a parlé très en détail ici http://www.chassimages.com/forum/index.php/topic,33371.msg543332/topicseen.html

Pour tous les avatars de ce problème de jaune, y compris en imprimerie, voir ici ce que j'ai pu constater à mon niveau : http://forum.hardware.fr/hfr/Photonumerique/Technique/profils-enquete-lejaune-sujet_16916_1.htm
Mon point de vue actuel sur ce problème est que d'un côté la forme des espaces colorimétriques introduit du banding, d'un autre, les sondes et colorimètres ne mesurent pas le jaune de façon assez précise pour notre oeil (ça tire vers le vert chez tout le monde), et enfin, les problèmes d'illuminant de référence et de métamérisme viennent empirer le tout.

Nikojorj

Citation de: Pio2001 le Décembre 12, 2010, 17:04:53
Voici un contre-exemple pourtant pas si rare puisque c'est un sujet naturel :
Belle démonstration (dont je retiens que pour ce genre de chose on n'est jamais mieux servi que par soi-même).
J'imagine que l'affichage des couleurs hors gamut fait une grosse tache grise sur la chose, non? Ce qui permet au moins d'être prévenu.

Pio2001

Très juste !

Je n'y pense jamais, car dans Gimp, quand on commence à travailler en simulation d'impression, on oublie toujours de la désactiver avant de quitter, et on ne s'en rappelle plus quand on ouvre d'autres images ensuite. Du coup, je simule toujours soit en attribuant le profil à l'image (équivalent de conserver les valeurs), soit en convertissant provisoirement pour voir (équivalent du soft proofing normal). De cette façon, on ne se retrouve jamais en simulation au démarrage suivant de l'application.


Otto Fokusse

Citation de: Pio2001 le Décembre 12, 2010, 17:04:53
Bonjour Sansame,

Merci pour ces précisions sur le réglage des machines.

Ici, la pratique m'oblige à nuancer : non, ce n'est pas toujours meilleur. Souvent, mais pas toujours.

Voici un contre-exemple pourtant pas si rare puisque c'est un sujet naturel :



Rangée du haut : scans des tirages réalisés par le labo Gris Souris sur Frontier, papier Fuji DPII.
Rangée du bas : épreuvage (soft proofing) des tirages à l'aide du profil générique Fuji_Frontier5-sRGB_CA-DPII_V3

La colonne de gauche montre le tirage tout simple, sans gestion des couleurs.
La colonne du centre le tirage avec conversion en mode perceptuel.
La colonne de droite le tirage avec conversion en mode relatif (sans compensation du point noir).



On voit que la conversion corrige la dominante rouge du tirage brut.


J'ai une question bête: par rapport à quelle référence tu juges qu'il y a une dominante rouge ?

Pio2001

Bonjour Otto, ce n'est pas une question si bête.

Ici, vous ne pouvez vous baser que sur l'accord entre mon scanner, un bas de gamme non calibré, mais avec tous les réglages de couleur neutralisés, et le profil générique, qui tous deux donnent un rendu plus rouge que l'original quand on place les images côte à côte. Je n'ai fait que monter le gain des scans (ajustement du point blanc) pour que l'histogramme vienne jusqu'au blanc. A la base, le scan du soleil était gris.

De mon côté, je peux voir le tirage réel, soit sous lampe à incandescence "lumière du jour", soit en lumière naturelle (c'est un peu moins fiable sous éclairage artificiel ordinaire, car on est vers 2800 K, et les lampes économiques produisent en plus une sorte de métamérisme gênant sur les tirages argentiques). Et je peux comparer ce tirage à l'affichage sur écran calibré. L'écran est calibré à 6000 K et l'ampoule est normalement vers 4500 K, mais le rendu est bon si on regarde l'un et l'autre séparément. L'oeil s'adapte.
Il ne serait pas valable de placer tirage et écran côte à côte si l'éclairage du tirage n'est pas calibré à la même température de couleur que l'écran. L'oeil ne peut pas s'adapter aux deux en même temps.

Pio2001

#32
Bon, ça, c'est la théorie.

La pratique : je viens de ressortir les tirages, ça tombe bien, en ce moment, il n'y a pas de Soleil, la lumière de la fenêtre ne doit pas être loin de 6000 K. Si vous voulez chipoter, je viens de la prendre en photo, je peux la dématricer à 6000 K (mais il faut compter la teinte des lentilles de l'objectif).

De visu, c'est le tirage brut qui correspond le mieux à l'affichage de l'original. Les tirages convertis ne sont pas assez rouges !

Je n'ai pas d'explication, et le nombre d'inconnues est tout de même un peu grand pour pouvoir conclure. En plus, cela fait un an que l'écran a été calibré, avec une sonde de location.


Pio2001

Entièrement d'accord, sauf sur un point : un profil foireux parce qu'il ne reproduit pas le comportement de l'appareil auquel il se rapporte ne peut pas simuler son propre foirage. Il simulera autre chose, mais correctement.

Citation de: Sansame le Décembre 13, 2010, 22:05:003 - Que la simulation par soft proofing fonctionne pas mal. Elle simule bien le dégradé produit par le mode perceptif et à peu près bien l'artefact hors gamut produit par le mode relatif (comment avez vous obtenu les images de la 2e ligne ?).

Dans Gimp, j'ai changé le profil d'affichage. Au lieu de mon profil écran, j'ai choisi sRGB. J'ai conservé le rendu relatif. Et j'ai laissé activée la gestion des couleurs.
Pour simuler l'impression brute, j'ai attrubué le profil à l'image.
Pour simuler les impressions avec conversion, j'ai simplement converti l'image, en perceptif, puis en relatif.

Ensuite, j'importe les captures d'écran avec comme espace RVB par défaut le sRGB, avant de sauver en jpeg pour le forum.

La première image a donc subi Fuji -> (relatif) -> sRGB.
La seconde sRGB -> (perceptif) -> Fuji -> (relatif) -> sRGB.
La troisième sRGB -> (relatif) -> Fuji -> (relatif) -> sRGB.

Pio2001

Je ne crois pas. En soft proofing, on simule l'impression. Le logiciel va donc partir de l'espace de travail pour aller dans l'espace d'impression, puis afficher le résultat, donc repartir de l'espace d'impression, vers l'espace d'affichage cette fois.

Il part donc du vert de l'image, mettons (0, 255, 0).
Il regarde l'espace de travail : c'est sRGB.
Il utilise donc le fichier sRGB.icc pour obtenir la teinte Lab : "vert primaire".
Il regarde ensuite le profil d'impression : c'est Epsmarknaze.
Il utilise donc le fichier epsmarknaze.icc pour savoir s'il existe une définition correspondante à ce vert primaire Lab, ou quelle est la plus proche qui sera utilisée le cas échéant. Là, au lieu d'obtenir le quadruplet correct CMYB (100, 0, 100, 0), il obtient le quadruplet foireux (0, 100, 100, 0) qui désigne un rouge secondaire d'imprimerie.
Sachant que c'est tout ce que l'imprimante pourra faire avec son gamut réduit, il affiche ce résultat à l'écran. Pour cela, il replonge dans le fichier Epsmarknaze.icc pour connaître la vraie couleur que l'imprimante va choisir, exprimée en Lab. Mais comme le profil est foireux, cela lui renvoie la couleur Lab d'origine, à la réduction de gamut près : "vert salade" (et non rouge secondaire, comme un profil d'impression correct).
Ensuite, il doit afficher, donc il regarde le profil de l'écran : c'est Lasso
Il va donc chercher le fichier Lasso.icc pour trouver le triplet associé à la couleur Lab "vert salade" : c'est (20, 225, 20).

...et le soft proofing "semble" fonctionner, puisque d'un vert primaire, l'épreuvage simule une sortie vert salade. On ne se rend compte de l'erreur que lorsque l'imprimante reçoit l'ordre d'impression (0, 100, 100, 0).

Nikojorj

Sauf que... dans le profil Epsmarknaze, il y a deux matrices : de l'espace de connection vers l'imprimante d'une part, mais aussi l'inversion qui sert pour le softproofing. 
J'en conjecture donc l'hypothèse suivante : comme ces deux matrices sont calculées au moment de la construction du profil, il est donc probable que l'erreur y soit répétée deux fois et que le softproofing rende bien le rouge s'il s'agit d'une erreur de mesure. S'il s'agit d'une erreur de calcul par contre il est possible qu'elle soit transparente (enfin j'en sais rien quoi :P ).