L'Orchis pourpre. Petite monographie

Démarré par Caloux, Octobre 27, 2018, 17:43:57

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Caloux

Bonjour à tous,
je vous propose une monographie sur l'Orchis pourpre. Le fil n'est pas ouvert à ce jour afin le laisser le déroulement prévu s'opérer.

L'orchis pourpre ( Orchis purpurea )est une orchidée commune sur l'ensemble des départements français Corse comprise, sauf Bretagne, Limousin. On la trouve aussi dans beaucoup de pays européens.
Sa période de floraison varie du sud au nord et en fonction de l'altitude (jusqu'à 1500/1800 m) de fin Avril à fin Juin.
Généralement assez haute, jusqu'à 1 mètre, on la repère facilement dès qu'elle est en fleur. Et elle est rarement solitaire de plus.
La hampe florale porte normalement entre 50 et 200 fleurs très colorées. Les feuilles sont assez grandes et peuvent faire penser à des feuilles de tulipes.
Le genre Orchis a été sérieusement remanié par les taxonomistes et bien que les noms vernaculaires avec Orchis sont nombreux, beaucoup d'espèces sont maintenant classées dans d'autres genres (Dactylorhiza, Anacamptis...). Dans le genre Orchis, on trouvera donc essentiellement ce qu'on appelle les Orchidées à casques (la photo suivante est assez parlante).

01
Amitiés. Pascal

Roland Ripoll

Un fil que je vais suivre avec plaisir et intérêt !
Etre simple pour être vrai

Caloux

Bonjour Roland !  espérons que tu ne seras pas seul  ;)
Amitiés. Pascal

Caloux

La fleur est typique avec un labelle de fond blanc et une pilosité éparse. Les bords du labelle peuvent être teintés de pourpre. Le casque qui est une réunion/fusion des pétales reste normalement pourpre assez prononcé.
Les anglais la nomment Lady orchid et c'est vrai que son labelle fait penser à une poupée ou une dame en habit folklorique. (non, ce n'est pas la servante écarlate...)

02
Amitiés. Pascal

Caloux

La forme du labelle peut donner une silhouette plus ou moins fine à la "dame", des "bras" plus ou moins long et écartés. Chez les orchidées, les variations sont si nombreuses que je pourrais présenter des dizaines de vues sur le sujet.

Une troisième vue pour voir ce qui se cache sous le capuchon ou casque. Noter déjà la coloration plus caramel que pourpre de ces fleurs.

03
Amitiés. Pascal

Caloux

Une forme de labelle moins harmonieuse que les précédente. Ce qui m'amène au point problématique de l'identification des orchidées. Les manuels les plus basiques présentent 1 à 2 vues, ce qui sera souvent insuffisant compte tenu de l'extrême variabilité des fleurs. J'ai de nombreux guides et je m'arrache les cheveux le plus souvent lorsqu'il s'agit d'identifier des espèces nouvelles. (nouvellement décrites et nommées) Les auteurs peinent à s'accorder parfois et les vues présentées vont jusqu'à contredire les descriptions...
Les orchidées, qui sont encore en cours d'évolution, passionnent tellement les taxonomistes qu'ils ont créé de nombreuses espèces à partir de variables très faibles. Ces variables interviennent dès lors qu'une population d'orchidées d'une espèce se trouve isolée et développe une "mutation" stable. Ce peut être du à une hybridation qui reste fertile, à un biotope différent qui "structure" l'orchidée : elle peut évoluer par rapport à la taille standard, changer de couleur, développer un labelle de forme et couleur nouvelles etc...
Heureusement, on peut rester au niveau du genre et de l'espèce et oublier les variétés promues au rang d'espèces.
Voici une classification pour notre orchidée : je serais bien incapable de la restituer par coeur :)
Famille (Orchidaceae)
  Sous famille (Orchidoideae)
    Tribu (Orchideae)
      Sous tribu (Orchidinae)
        Genre (Orchis)
          Espèce (purpurea)
            Variété (ex moravica, lokiana etc...)

04
Amitiés. Pascal

Roland Ripoll

Une belle proximité qui nous permet d'observer beaucoup de détails.
Etre simple pour être vrai

Caloux

Et pour conclure cette introduction, une vue de dessus.

On distingue nettement l'ovaire (qui va contenir les graines) et qui est torsadé. Morphologie typique chez certaines orchidées. La torsion permet au labelle d'être toujours en bas de la fleur, ce qui est a priori plus pratique pour les insectes qui se posent sur ce labelle avant d'aller visiter la fleur et d'assurer la pollinisation.
Puisqu'on parle graines, il faut savoir que les graines d'orchidées sont quasi microscopiques, se comptent parfois en millions. Inutile de vouloir les récolter, généralement l'ovaire (ou capsule) s'ouvre sur les côtés et libère les graines le moment venu. Ces graines s'envolent le plus souvent et la capsule se vide instantanément. Ces graines minuscules auront besoin de champignons particuliers pour donner naissance à une nouvelle plante et donc récolter une capsule non ouverte pour en semer les graines chez soi est voué à l'échec.

05
Amitiés. Pascal

Seb65

Un fil très instructif et bien qu'ayant croisé cette espèce des dizaines de fois, je ne m'étais jamais attardé pour surprendre la "lady" bien à l'abri sous son casque...tellement flagrant sur le cliché 3 ! Bravo et merci Caloux !  :)

M13

Bonsoir Caloux,
Je vais suivre ce fil avec beaucoup d'intérêt car cette plante est magnifique, elle a envahi mes jachères et je ne m'en plains pas!

Caloux

#10
Merci Seb, Roland et M13 pour vos commentaires.

Citation de: M13 le Octobre 27, 2018, 22:16:49
Bonsoir Caloux,
Je vais suivre ce fil avec beaucoup d'intérêt car cette plante est magnifique, elle a envahi mes jachères et je ne m'en plains pas!
Tu me donnes une bonne introduction pour le biotope !

Voici un exemple typique de pré qui a permis à une colonie d'orchis pourpres de s'établir : fauche tardive, prairie naturelle sans engrais et bien entendu sol calcaire de préférence. La plante est en plein soleil mais elle pousse à une époque où le sol est humide et la chaleur supportable : ni les fleurs, ni les feuilles ne sont brûlées. De fait, les fleurs sont généralement saines et donc très agréable à photographier.

06
Amitiés. Pascal

Caloux

Certains prés sont plus secs et l'herbe moins abondante mais l'espèce est tolérante.

07
Amitiés. Pascal

Caloux

Moins fréquemment, on la trouve en forêt.
Ici, les fleurs de cette station ont perdu une grande partie de leur coloration et sont très claires mais les orchis qui poussent à l'ombre ont parfois aussi de belles couleurs.

08
Amitiés. Pascal

Berzou

Magnifique et intéressant, tu nous fais presque observer l'évolution en marche en quelque sorte


Caloux

Merci Berzou !
Même si l'évolution se compte en millions d'années y compris pour les orchidées, on peut parler néanmoins parler d'espèces jeunes et surtout encore très évolutives. Grande variabilité de taille, de forme, de coloration ! La capacité à l'hybridation inter espèces naturelle (ou forcée) est très forte.
Il suffit d'observer les colorations d'une région à l'autre pour s'en convaincre. En Essonne où j'habite, les couleurs de l'Orchis pourpre sont peu saturées.

09
Amitiés. Pascal

Caloux

L'orchis pourpre observée en Aveyron est généralement plus saturée dans ses teintes, la pilosité plus abondante. Voici un exemple assez fidèle de toutes les orchis pourpres que j'ai pu rencontrer dans les environs de Millau. Je n'en fais pas une généralité, il y a aussi des spécimens plus clairs et d'autres qui confinent à l'hyperchromie parfois.

10
Amitiés. Pascal

Clic-Clac 51

Un grand bravo
Bien imagé et très instructif
Merci pour le partage de ton savoir dans le domaine
Je ne manquerai pas d'y revenir
Denis ;)

Roland Ripoll

Passionnant et richement illustré ! Bravo !
Etre simple pour être vrai

M13

L'image nr 07 correspond bien à mes jachères!
Pour info, je suis situé dans le Tarn-et-garonne et ces orchidées sont apparues au bout d'une dizaine d'année de jachère.
Auparavant, il y en avait une ou deux dans des friches ou le sol est très calcaire.
Ces jachères d'environ 4 hectares au total sont envahies de sérapias lingua? puis il y a des bouffons, et beaucoup d'ophrys araignée difficiles à identifier puis des apifera, des scolopax et un militaire!
Cordialement

Caloux

Quel chance !  ça doit s'étaler sur environ 2 mois avec toutes ces espèces. L'anacamptis morio (bouffon) est en principe la plus précoce. Impossible de tondre de mi Avril à fin Juin...
J'adore les orchidées sauvages mais ma pelouse héberge seulement (et pas tous les ans) quelques Ophrys abeille (apifera). Le lotissement étant construit sur une ancienne friche, elles sont réapparues au fil des ans dans certains jardins exempts d'engrais et chez les propriétaires adeptes de tontes de pelouse pas trop rases.

Pour les Ophrys araignée, il y a énormément de variations, leur identification est donc sujette à caution sur les 3 espèces proches Ophrys aranifera, araneola et sphegodes. La période de floraison peut donner une indication, l'Ophrys sphegodes étant la plus tardive mais pour valider ce fait, encore faut-il disposer de plusieurs spécimens à floraisons décalées.
C'est plus facile pour l'Ophrys scolopax (bécasse) que j'ai découverte cette année en Aveyron.
Les Serapias, comme les Orchis bouffon ou les Orchis pourpre donnent aussi parfois de belles colonies.  Profites en bien !
Amitiés. Pascal

Aubertin

Intéressant et de belles images à la clé. Notamment cette dernière.

urka

Citation de: Aubertin le Octobre 29, 2018, 18:25:05
Intéressant et de belles images à la clé. Notamment cette dernière.
Un fil enrichissant que je vais suivre avec avidité!
André.

Denis68

Bonjour Caloux,
Un fil très instructif avec deux superbes images que sont ces dernières, Bravo  ;)
Cordialement Denis

M13

Bonjour Caloux,
Toujours pour info, ces 4 hectares de jachères font partie d'une ancienne ferme où je suis né et que j'habite, il reste en tout 12 hectares et il y a environ 4 hectares de bois et 4 de prairie d'herbe à vache.....
Je pense avoir plus de 3 variétés d'aranéola, araniféra et sphégodes car certaines tardives ont une couleur jaunatre, certaines sont toutes petites et d'autres très grandes et la floraison débute de fin février à juin!
A présent j'identifie bien les apiféra et scolopax.
Dans les friches j'ai les insectiféra, dans les sous-bois les céphalanthères à longue feuille et les rouges très tardif (juin) et les plantanthères!
Les limodores sont plus capricieux, il peut y en avoir beaucoup ou très peu!
Dans les prés de fauche, en plus des apiféra et scolopax, un endroit est très fourni en dactylorhiza fushchii le (rouge et le blanc) et bcp d'anacamptis pyramidalis.
J'ai eu 2 orchis moucheron en 2017 et pas vus cette année.
Je n'ai qu'un magnifique orchis militaire qui se trouve parmi les bouffons et les orchis mâles!
Envahissement d'orchis bouc...
En tout je dois avoir une vingtaine d'espèces...

Merci de continuer ce fil passionnant!

Caloux

Bonjour à tous et merci à ceux qui ont laissé des commentaires : Aubertin, André, Denis.

[at]  M13 : je vois que tu connais toutes les espèces que tu héberges ! Les limodores sont réputées capricieuses en terme de pousse (la météo aurait une influence plus forte pour cette espèce). C'est une espèce méconnue et pourtant d'une forme totalement originale et très "exotique".
L'anacamptis pyramidalis peut être très prolifique mais pas en Essonne où elle est discrète. J'en ai vu de plus belles populations en Aveyron mais, et on ne peut pas me taxer d'être marseillais, un petit champ de plusieurs milliers de pieds en Côte d'Or pas très loin d'un bois qui abrite des Sabots de Venus. Je n'avais jamais vu une telle densité d'orchidées jusqu'alors !
Pour les Ophrys dite "araignée", il existe des espèces reconnues, des sous-espèces et des hybridations donc potentiellement par rapport à la période de floraison que tu indiques, ce peut être plus de 3 espèces en effet. La bordure jaune est typique de l'Ophrys araneola mais certaines fleurs ne l'ont pas et l'Ophrys Sphegodes qui normalement n'a pas cette bordure peut parfois en être affublée !  La taille des fleurs est aussi une indication mais la variabilité est grande au sein d'une même espèce.
Si l'on reprend pour exemple l'Orchis pourpre, la taille des pieds que j'ai pu observer allait de 15 cm à 50 cm, le nombre de fleurs de moins d'une dizaine à 150 environ, la coloration du pourpre extrêmement foncé à la blancheur immaculée. Des fleurs ont une pilosité, d'autres sont glabres et quant à la forme du labelle, c'est digne de l'imagination la plus débridée. Et pourtant, c'est bien la même espèce. Elle n'est pas encore figée, c'est tout.

Si tu arrives à préserver tous ces "mini" biotopes et cette diversité d'espèces, un grand bravo ! 
Amitiés. Pascal

Caloux

Je devrais aussi peut être préciser que la grande règle en terme d'identification pour les orchidées est de prendre en compte une zone complète (ce qu'on nomme une station) et pas un individu isolé. On part du postulat que l'orchidée vit en "famille" et que s'il arrive qu'il y ait un "coucou" dans le nid, l'observation de plusieurs individus sera plus juste que de se casser la tête sur un seul.
On fait la synthèse de ce qu'on observe et on valide ainsi l'espèce reconnue. Ce n'est pas absolument et totalement fiable mais toujours plus juste statistiquement parlant.
Maintenant, de nombreuses espèces sont faciles à reconnaître : les Platanthères, les Céphalantères, la grosse majorité des Anacamptis et même les Orchis. Les espèces à problèmes sont les Dactylorhiza et les Oprhys.
Amitiés. Pascal

M13

Merci Caloux pour toutes ces précisions, j'observe la nature et je la photographie!
J'ai voulu garder ces jachères au moment de la vente des terres agricoles de la propriété car les orchidées avaient déja envahi les lieux et de plus n'étant pas agriculteur, je ferai le max pour conserver tout cela. En manoeuvrant son engin agricole, un voisin m'a écrasé un ''rond'' d'orchis pourpres en 2017 (il y en avait plus de cent), cette année, il n'y en avait plus que quelques dizaines et à côté!
Je passe le broyeur en aout et je trouve que c'est toujours trop tôt à cause de tous les insectes présents...(argiopes, pisaura mirabilis, criquets, sauterelles et autres mantes religieuses).
Beaucoup de papillons envahissent les lieux et dans le secteur il y a suffisamment d'orties pour leur croissance!
Cordialement et au plaisir d'en apprendre davantage!
gilbert

Caloux

Je vois que tu es aussi très passionné !

Je ne suis pas un scientifique et mes avis restent ceux d'un amateur "éclairé", mais pour la gestion d'un biotope à orchidées et s'il est besoin d'intervenir sur une végétation envahissante, il faut privilégier la tonte la plus tardive possible. Même une tonte de printemps fera l'affaire mais dans ton cas, il ne faudrait plus tondre après Janvier pour préserver les espèces précoces.
Une tonte tardive a aussi le mérite comme tu le soulignes de préserver un maximum de faune car après tout, avoir une belle pelouse à orchidées et avoir sacrifié tous les insectes pour cela ne serait pas bien éthique.
La majorité des orchidées de pleine terre préfère les terrains calcaire mais certaines les tourbières, les terrains acides ombragés (couvert de pins), dans tous les cas le moins de concurrence possible avec d'autres végétaux. Les raisons sont multiples : cela va de la fécondation à la dispersion des graines notamment. Les orchidées ont globalement un faible pouvoir d'attractivité pour les insectes. Les stratégies de reproduction sont multiples et pour certaines très sophistiquées : penser à la vanille qui doit être fécondée manuellement pour une production industrielle car les papillons aptes à une reproduction naturelle ne sont pas assez nombreux ou absents de certaines régions où on cultive la vanille qui est à la base une orchidée originaire du Mexique. D'ailleurs, à titre d'expérience, pour ceux qui n'ont jamais testé, essayez ! presque toutes les orchidées ont un léger parfum de vanille ou sont totalement inodores. Mais comme l'odorat humain est d'une faiblesse incommensurable, cela ne veut pas dire qu'elles sont réellement inodores...
Plus l'orchidée est en vue, plus elle sera visible pour certains insectes ou plus son parfum se révèlera attractif pour d'autres.

L'accident survenu sur les Orchis n'est pas forcément irrémédiable. Les orchidées poussent à partir d'un bulbe annuel et en génèrent un nouveau en même temps pour l'année suivante : d'où leur nom d'orchis (testicules en grec). Donc couper une tige ou écraser un pied ne signifie pas la mort de l'orchidée qui peut donc selon son développement renaître l'année suivante. Mais si les 2 bulbes ont été écrasés par le passage de l'engin, la perte peut être définitive...
J'ai appris récemment par un conférencier que certaines orchidées australiennes avaient un bulbe en longueur qui s'enterrait profondément afin de résister aux incendies du bush. Donc même si les graines n'ont pas eu le temps de s'épanouir, l'orchidée peut renaître. Certaines se reproduisent aussi par stolons (comme les fraisiers) et certaines sous terre, ne réapparaissant que rarement à la surface.

Je peste parfois lorsque des fossés près de chez moi sont tondus ras dès le mois de Juin car cela prive les orchidées de leur possibilité de produire des graines mais si c'est pratiqué un an sur deux, c'est une stratégie qui peut être bénéfique en privant certains végétaux annuels envahissants de trop se développer. L'orchidée possède son bulbe de réserve pour renaître l'année suivante. Et quoi qu'il en soit, une orchidée qui apparaît ne vient pas de la graine de la saison précédente. Il faut plusieurs années pour qu'une graine donne naissance à un pied en fleur.
Amitiés. Pascal

Caloux

Retour à la photo avec l'apparition des fleurs.

Lorsque le bulbe est suffisamment développé, le plant va pouvoir donner feuilles et fleurs. Il faut compter environ 3 ans minimum. Sur ce spécimen, les feuilles engainantes ont été "croustés" par un lapin (déduction au vu des crottes alentour).
On peut observer sur cette vue que la torsion de l'ovaire n'a pas encore eu lieu. Le casque arrondi est tourné vers l'extérieur, la partie plate (le labelle), est tourné vers l'intérieur ce qui permet un empilement des fleurs. Celles ci vont donc opérer un demi tour et se pencher vers le bas.

11
Amitiés. Pascal

Mex (alias Jmc)

#29
Bien joli fil que je vais suivre aussi tu nous as déjà régalé avec tes Orchidées, je suis certain de trouver mon compte de nouveau!


Citation de: M13 le Octobre 29, 2018, 11:11:33
L'image nr 07 correspond bien à mes jachères!
Pour info, je suis situé dans le Tarn-et-garonne et ces orchidées sont apparues au bout d'une dizaine d'année de jachère.
Auparavant, il y en avait une ou deux dans des friches ou le sol est très calcaire.
Ces jachères d'environ 4 hectares au total sont envahies de sérapias lingua? puis il y a des bouffons, et beaucoup d'ophrys araignée difficiles à identifier puis des apifera, des scolopax et un militaire!
Cordialement

Je suis aussi du Tarn et Garonne Verdun sur Garonne ;)

Jean mi

Caloux

#30
Merci de ta visite JMC !

Une cinquantaine de fleurs sur la vue précédente, beaucoup plus sur celle ci.
Je ne sais pas si à partir de la hauteur de la plante ou du nombre de fleurs on peut en déduire qu'il s'agit d'un plan jeune ou âgé. C'est probable car il faut que le bulbe nourricier  soit suffisamment développé pour alimenter la plante mais ce n'est pas l'unique condition : le biotope, le climat peuvent aussi avoir une influence.

NB : Noter comme je l'ai signalé précédemment la vague ressemblance des feuilles d'orchidées avec celle des tulipes.

12
Amitiés. Pascal

Caloux

Je me garde toujours de prêter une intelligence aux plantes mais dans une station que je visite tous les ans maintenant, les Orchis pourpre sont dans une clairière avec une végétation au sol plutôt fournie et les feuilles d'Orchis restent invisibles. Mais les tiges sont elles toutes assez hautes (env 60 cm) pour que les fleurs soient bien visibles et ne restent pas noyées dans la végétation basse. Une fleur trop basse resterait invisible pour d'éventuels pollinisateurs et cela diminuerait grandement les possibilités d'une reproduction.

13
Amitiés. Pascal

Caloux

#32
Pour ce quatuor issu d'une même génération, inutile de monter bien haut pour être visible. On est sur une pelouse sèche (encore verte à cette époque de l'année) dont on ne tirerait même pas une botte de foin à l'hectare. Ces orchidées d'une vingtaine de cm se voient très bien de loin.

Dans les photos 6 et 7, la végétation est beaucoup plus haute, ce sont potentiellement des prairies de fauche, les orchidées font de 50cm à près d'un mètre. Au final donc, que ce soit une "stratégie" de la plante pour être visible et/ou que la richesse du substrat lui permette une meilleur développement, le résultat est que l'orchidée est toujours plus haute que son environnement mais n'est pas haute inutilement...

14
Amitiés. Pascal

pierr07

Vraiment très instructif ! Bravo ! Et agrémenté de superbes photos, que du bonheur... :D
Pierre

M13

Merci Caloux, ce fil intéresse et va intéresser tous ceux qui vont le découvrir!
Pour Mec ex JMC, je suis dans le ''Bas Quercy'' à la limite du 47.
Je n'avais pas d'orchis pourpres, un ou deux se trouvaient dans une friche puis ils ont colonisé une jachère à 1km environ tout en négligeant d'autres jachères situées entre les deux.
La superficie de ces parcelles varie de 0,8 ha à 2 ha et je suis obligé de passer le broyeur à la fin de l'été à cause de la hauteur de l'herbe sèche...

Clic-Clac 51

Jolie suite...11 et 13 ont un plus a mes yeux
Bravo
Denis ;)

urka

J'apprends encore et....belles images!
André.

papytos

Très belle série portée par de très belles photos et les explications qui vont avec ! Merci !
Cordialement. Jean-Pierre.

Caloux

Merci pour vos commentaires encourageants Pierr07, André, Papytos, Denis, M13. J'espère ne pas lasser ceux qui consultent le fil sans le commenter...

Une suite en images pour montrer les différentes formes que peut prendre le labelle de cet Orchis pourpre.
Cette vue et la suivante sont prises dans l'Essonne et les fleurs ont donc cette couleur assez pâle.

15

Amitiés. Pascal

Caloux

Amitiés. Pascal

Caloux

Celle-ci, comme la n°10 a été prise dans l'Aveyron, les couleurs sont plus vives.

17
Amitiés. Pascal

Caloux

Amitiés. Pascal

Caloux

Une dernière aveyronnaise pour aujourd'hui.

On voit bien que l'éloignement géographique a permis à l'espèce d'évoluer différemment. Pas assez pour qu'on "invente" une nouvelle espèce mais assez cependant pour qu'on n'hésite pas en les voyant à statuer très facilement sur leur région d'appartenance.

19
Amitiés. Pascal

Denis68

Bonjour Caloux,
De très jolies photos dans ces suites, Bravo  ;) j' ai bien aimé 11, 14, 15
Cordialement Denis

urka

Je n'avais jamais observé autant de différence dans le labelle de cette Orchidée, me contentant simplement de l'identifier et la photographier. J'y ferai plus attention à l'avenir.
Les images sont réalisées avec beaucoup de soins, ce qui fait que c'est un vrai plaisir d'ouvrir ce fil!
André.

Caloux

Merci Denis et André,

Les labelles sont des pistes d'atterrissage pour insectes. En l'occurrence pour cette espèce principalement des andrènes et des osmia. Les orchis n'ont pas de nectar mais les insectes sont curieux et vont tenter d'en découvrir. Encore faut-il les attirer... Couleur et odeur y participent.
Une fois l'exploration infructueuse faite, l'insecte part avec une sorte de massue pollinique collée sur la tête (il y en a deux par fleur et souvent l'insecte part avec les deux). Cette massue une fois décollée de la fleur va se courber et lorsque l'abeille ou la guêpe explore une nouvelle fleur d'orchidée, la masse pollinique va féconder la fleur et comme elle a changé de position, elle ne bute pas contre une autre masse pollinique mais sur le stigmate. Si l'insecte est trop rapide et que la masse ne s'est pas courbée il peut se retrouver affublé de nombreux sacs sur la tête, le thorax voire les yeux. En principe, la masse pollinique se détache sur une autre fleur, orchidée ou non.
On comprend donc bien qu'il faut de nombreuses conditions pour une fécondation réussie. Les orchidées compensent le petit nombre de réussites par un nombre de graines élevés : environ 8000 à 9000 pour une fleur d'orchis pourpre. Bien peu donneront naissance à un nouveau plant mais comme les orchidées repoussent aussi sur place grâce aux bulbes, une station peut se maintenir de nombreuses années sans apport de nouveaux plants.

Ne disposant pas d'illustration de ce phénomène sur une orchis pourpre, j'utiliserai des vues que j'ai faites sur Anacamptis morio ou Orchis bouffon. On distingue a priori 4 masses collées sur l'abeille.

20
Amitiés. Pascal

Caloux

Celle ci en a au moins cinq. Désolé pour la qualité de la photo au flash mais pour figer l'abeille très active et après plusieurs photos floues, j'ai du employer un éclairage supplémentaire.

21
Amitiés. Pascal

M13

Bravo pour ces dernières images! la prochaine fois, je vais être plus attentif...
Merci

Clic-Clac 51

15-17-18-19 pour mes préférences
Bravo
Denis ;)

Caloux

Merci Denis ! Je me doutais un peu de celles qui auraient ta préférence  ;)

M13, tu as un "trésor" écologique à préserver, bravo à toi !

Pour conclure cette présentation, je vous propose une galerie de portraits de toutes celles qui ont décidé de s'affranchir des codes propres à l'Orchis pourpre. Il ne s'agit plus là de simples écarts de coloration, à savoir plus ou moins pourpre, mais de ce qu'on nomme les lusus : des orchidées qui ont une anomalie. Des spécimens roses clair, blancs (hypochromie), d'autres avec des labelles glabres....
Pour certaines, il peut s'agir d'une hybridation mais le plus souvent, c'est juste le signe d'une diversité parfois débridée qui honnit les clones. Les orchidées ne sont définitivement pas des pâquerettes...

Première partie en Aveyron

22
Amitiés. Pascal

Caloux

Amitiés. Pascal

Caloux

24

Celle-ci est aussi très proche de l'Orchis militaire. Ces deux espèces s'hybrident aussi facilement. La coloration de l'Orchis militaris est néanmoins plus vive et foncée. Cet individu est à la fois d'une forme intermédiaire et d'une coloration "transgressive".
Amitiés. Pascal

Seb65

Un véritable cours magistral agrémenté de photos tout aussi magistrales ! Bravo et merci Caloux !  :)

Clic-Clac 51

Cette nouvelle série de portraits sied parfaitement a mes yeux et a mes gouts
Bravo
Denis ;)

Mex (alias Jmc)

Tout est superbe!
mis de coté la 23 un peu fanée!... mais même ainsi elle est encore belle.. il faut dire que tes bokehs sont superbes
quel joli fil!!!
Jean mi

Caloux

Merci à vous Denis, Seb65 et JMC !

Et oui, pour ces lusus, le choix est moins vaste que pour les fleurs type. L'état sanitaire de la plante laisse parfois à désirer...
Ces spécimens tous uniques ne sont néanmoins pas rares, généralement 1 par station mais certaines sont totalement défraichies ou le fond laisse à désirer donc au final, il y a forcément moins de vues à présenter.
Voici un florilège des lusus photographiés en Essonne pour conclure ce fil.
L'hypochromie (absence de pigments colorés) y est le phénomène le plus fréquent. Pas de croisement avec l'Orchis miltaire quasiment absent du département.
25
Amitiés. Pascal

Caloux

Amitiés. Pascal

Caloux

Si vous souhaitez compléter ce fil avec des vues originales d'Orchis pourpre d'autres régions, le fil est ouvert...
Amitiés. Pascal

Caloux

Petit rajout historique.  Ces planches ou dessins ne sont évidemment pas de moi mais libres de droit compte tenu de leur âge respectable.

Une planche d'herbier dans laquelle il est bien difficile de comparer un spécimen encore sur pied pour l'identifier. La vie des botaniste des 18 et 19 ème siècles devait être bien compliquée.

Amitiés. Pascal

Caloux

Une des premières planche dessinée
Amitiés. Pascal

Caloux

#60
Plus récent mais avec l'autre nom de l'Orchis pourpre : Orchis fusca. soit Orchis brun (Jacquin en 1796).
A noter que le premier à l'avoir nommé est William Hudson en 1762 en se basant sur les spécimens récoltés dans le Kent. A noter qu'en dehors de cette région d'Angleterre, la Lady Orchid est quasiment absente de l'ile. C'est donc le nom donné par Hudson qui prévaudra par la suite.
Amitiés. Pascal

Caloux

Une dernière planche plus intéressante du ministère italien de l'environnement car on y voit bien les différentes formes et couleurs de fleurs que peut avoir l'Orchis pourpre.
Amitiés. Pascal

pierr07

J'ignorais que l'on pouvait trouver autant de variations de couleurs... :o
Encore merci pour ce cours agrémenté de superbes photos !
Pierre

Denis68

Bonjour Caloux,
Encore une très jolie suite ou j' ai bien aimé 22, 23 & 24, Bravo  ;)
Cordialement Denis

Mex (alias Jmc)

J'ai aussi la passion des orchidées mais je ne connais pas leurs noms pour la plupart, je m'attarde très souvent sur des stations de-ci de-là pour le plaisir des yeux!

merci de partager tes connaissances qui sont aussi très agréable, tout autant que tes images..
Jean mi

Seb65

Une monographie complète avec des images superbes ! Bravo à toi !  :)

Clic-Clac 51

Bravo et encore merci pour toutes ces informations
Denis ;)

urka

Je suis toujours admiratif devant tant de documentation, arguments et précisions apportés ici!
Puisque tu as ouvert ce fil, je viens te faire part de mon observation faite en 2015 et que tu pourras sans aucun doute commenter et m'apporter des précisions. Un site, près de Anduze (Gard) sur lequel  j'ai pu photographier le même jour: Orchis purpurea, Orchis militaris, Orchis simia, Neotinea ustulata.
Je joins ici une photo sur laquelle on aperçoit (sur la droite) l'Orchis pourpre et, à gauche, une hybride. S'agit-il de l'Orchis singe, de l'Orchis militaire ou de l'Orchis brûlé hybridée avec l'Orchis pourpre? (Je pense à l'Orchis militaire sans en être sûr).
Merci pour l'apport de tes connaissances! ;)
André.

Caloux

Merci à vous, Pierre, Denis (68), Denis, Jean-Mi, Seb et André !

[at]  André : les tiges sont quasi identiques donc s'il y a hybridation et pas simplement variation coloristique, en effet, il faut chercher du côté de l'Orchis militaris. La couleur est plus claire, il y a des rayures visibles dans le casque. Par contre au niveau de la forme du labelle, on reste typique de l'orchis pourpre.
Il existe tant de formes intermédiaires quant à ces espèces proches...
Les 4 espèces que tu cites (+ anthropophora, l'Orchis homme pendu), sont toutes des orchidées à casque et s'hybrident facilement sauf plus rarement avec Neotinea ustulata (Orchis brûlé) qui d'ailleurs est sortie récemment du genre orchis.
La morphologie ne fait pas tout : les taxonomistes des 18 et 19 ie siècle ne disposaient pas du séquençage génétique qui a permis dans la seconde partie du 20 ie siècle de balayer quelques idées reçues sur la parenté de certaines espèces. 

Amitiés. Pascal

M13

Merci Caloux pour toutes ces précisions et tous ces détails,
Voici une image de mes ''pourpres''

M13

Et voici une image de mon seul ''militaire''!
Je vais profiter du fil pour demander un conseil car un voisin éleveur de moutons souhaite utiliser mes jachères pour faire paitre ces bébêtes! je l'ai averti que mes 12 ha de jachères, friches et prairies étaient envahies d'une vingtaine d'espèce d'orchidées que je souhaite conserver...
Je pense que ces tondeuses vont tout dévorer!
Avec tous mes remerciements
gilbert

Caloux

Bonjour Gilbert, tes orchis pourpres sont aussi très foncés, il y a bien une différence entre celles que j'observe en Essonne ou en Seine et Marne et celles du sud de la France visiblement.

Les moutons ne sont pas ennemis des orchidées et je n'ai rien lu qui tendrait à confirmer qu'ils en sont friands. Il les broutent donc comme n'importe quel végétal à leur portée.
Dans les Causses où je me suis promené, il y  a des prairies à moutons avec des orchidées. C'est avant tout une question de densité : trop de moutons et il ne restera aucune orchidée bien sûr. Ensuite, la saison va jouer : l'intervention des ovins soit en automne, soit jusqu'en Mars ne devrait pas être préjudiciable. La fréquence aussi est importante : si tu fais paître ces moutons une année sur deux quelque soit la saison, il est probable que la densité d'orchidées ne soit pas trop impactée.
Dans les prairies sèches gérés par les conservatoires d'espaces naturels qui nécessitent un entretien qui maintenant est absent et qui ont tendance de fait à se reboiser, on fait parfois passer des troupeaux itinérants pour dégager des espaces afin de permettre à des végétaux (dont les orchidées) de recoloniser les espaces libérés.

Ce qui est certain est que les orchidées n'ont pas besoin d'engrais et les crottes de mouton n'apporteront rien à leur croissance. Le mieux serait de faire un test sur une parcelle et de voir l'année suivante le bénéfice obtenu entre l'entretien de ta parcelle et l'observation de la densité d'orchidées. Il faudra peut être refréner les ardeurs de l'éleveur quant à la densité des bêtes qu'il compte faire paître....
Amitiés. Pascal

M13

Bonjour Caloux et merci pour ta réponse,
Il n'y a jamais eu de moutons dans mes jachères et cela va être une découverte pour moi!
Je peux dire que sur une parcelle voisine, il y a des chevaux et cela n'empêche pas les orphrys apifera et scolopax de s'épanouir!
Le propriétaire des moutons veut bien clôturer des parcelles à orchidées......
Le souci est que j'ai une cressonnière et qu'il faudra aussi clôturer l'accès à cet endroit et qu'il y le souci de la douve du foie à cause des moutons...
Cordialement

M13

Avec un orchis pourpre plus clair et qui était dans une friche très éloignée des stations des autres!
Je ne le vois plus depuis plusieurs années!