Jenny Joseph posant dans l’appartement de Kathy Anderson, 1991. © Kathy Anderson

Jennifer Joseph a participé à plus de films que Julia Roberts, Meryl Streep et Liz Taylor réunies, pour autant elle n’a pas de fiche biographique sur IMDb. Mais même sans être cinéphile, vous connaissez son visage. C’est elle en effet qui a servi de modèle au prégénérique qui ouvre les films de la Columbia depuis 1992. La fameuse séquence de « la dame à la torche » a été créée à partir d’une photographie prise en juillet 1991 à la Nouvelle Orléans par Kathy Anderson dans un coin de son appartement : « Après avoir déplacé la table de ma salle à manger et transformé le salon en studio, j’ai installé une toile de fond gris chiné, placé quelques boîtes sur le sol pour laisser le tissu s’étendre et utilisé une softbox pour accentuer chaque pli. » Quelques-unes des photos prises durant la séance sont visibles sur son site.

LA VALISE IVOIRIENNE
C’est une histoire qui commence sur un air connu : une valise poussiéreuse abritant 30000 négatifs est sortie de l’oubli et révélée au monde. Mais rien à voir ici avec le Mexique, on est en Côte d’Ivoire et les archives photographiques que contient la malle sont le fait d’une seule personne : Paul Kodjo, Abidjanais décédé en 2021 et considéré comme le père de la photographie ivoirienne. Mieux : un « re-père », comme le dit Ananias Léki Dago, l’homme qui s’est vu confier la valise par le maître lui-même en 2008. S’il n’a pu sauver que 10% de son contenu,  Ananias Léki Dago s’évertue depuis à faire vivre l’héritage de son aîné, à travers des expositions à l’internationale et même un documentaire, Je reste photographe. Une nécessité pour ce cinquantenaire : « De quoi disposerons-nous pour régler nos conflits identitaires si nous ne nous employons pas dès à présent à sauvegarder notre mémoire ? »
L‘AVIS DE « KOUZO »
Il y a deux ans, L’Œil de l’Info avait eu l’excellente idée de consacrer une série de podcasts à Eliane Laffont, la directrice du bureau américain de Gamma puis cofondatrice de l’agence Sygma. C’est au tour de Monique Kouznetzoff, autre maillon essentiel dans l’expansion du photojournalisme « à la française », de faire l’objet d’une interview audio en huit épisodes. Où l’on apprend, entre autres, que c’est parce qu’il avait été envoyé suivre un défilé de mode organisé par Sylvie Vartan à Tel Aviv que Gilles Caron fut le premier (et le seul) photographe étranger à couvrir la guerre des Six jours. Un scoop qui lança définitivement l’agence Gamma.
LA PREUVE PAR SIX
Vous peinez à être clair quand on vous demande l’intérêt d’une grande ouverture ou la différence entre les montures EF, EF-M et EF-S ? Ne vous cassez pas la tête, renvoyez votre interlocuteur vers cet article synthétique de Nicolas Six (qui, en plus, a la délicatesse de citer Chasseur d’Images comme référence en matière de tests optiques). Nicolas Six qui, quand il ne dresse pas les limites et mérites des différents types d’objectifs, teste l’efficacité de Firefly, l’IA intégrée à Photoshop.
COURRIER DES LECTEURS
Les lecteurs d’Usbek & Rica ont l’esprit affuté, comme le prouve cet article de Quentin Pignon sur la fausseté relative des images créées par des IA. « Certains s’inquiètent, écrit-il, de ce que nous ne sachions plus distinguer ce qui est vrai ou faux. Cette peur est loin d’être irrationnelle. Mais c’est là la définition même d’une image : plutôt qu’« être », elle représente. » De Vermeer au pape en doudoune, les exemples cités sont pertinents, et la conclusion de l’article, qui se projette dans un futur proche où les images ne seraient que plus que des éléments de langage et où donc on se fierait à la source qui les émet pour en interpréter le sens, ouvre de nouvelles voies de réflexion.
FLICKR FLIQUÉ
Le site américain Simple Ghar a analysé les métadonnées de 470 millions de photos postées sur Flickr pour dresser une cartographie des appareils les plus utilisés par pays. Au Japon c’est le Canon EOS R3 qui arrive en tête, en Chine l’EOS R5, en Allemagne le Sony Alpha 1, aux États-Unis l’EOS 5D Mark IV. Tous pays confondus (et hors smartphones), c’est ce dernier qui mène la danse avec 11,7 millions de photos. Et pour la France, nous direz-vous ? Eh bien, le résultat a de quoi surprendre
TRAX, FIN DE PARCOURS
Après Tracks il y a quelques mois, un autre média dédié aux cultures alternatives baisse le rideau. L’ironie veut qu’il porte presque le même nom : Trax. Le magazine musical lancé en 1997 aura vécu plusieurs vies, connu différents propriétaires et changé maintes fois de ligne éditoriale. La dernière en date accordait une place importante à la photographie, comme le montre l’ultime numéro du magazine où l’on trouve trois portfolios (la jeunesse techno des 90’s par Werner Amann, les raves de Manille par Eddie Boy Escudero, le carnaval de Notting Hill par Cédrine Sheidig) et un article sur Robert Gill, stakhanoviste des concerts. Dans l’impossibilité de sortir la version papier de ce numéro, Simon Clair, le rédac’ chef de Trax, l’a mis à disposition de toutes et tous (le lien a expiré, mais il a réapparu ici).

EN VRAC

• Parce que la photographie est aussi affaire de contexte, « Entendez-vous l’éco ? » examine l’œuvre d’August Sander à l’aune des mutations industrielles de la république de Weimar.
« Il faut être solide pour habiter dans les Monts d’Arrée »... et s’accrocher quand on a décidé, comme Stéphane Lavoué, de photographier celles et ceux qui y (sur)vivent.
• À cause d’une mauvaise blessure, JB Liautard a dû arrêter le VTT. La discipline a peut-être perdu un brillant compétiteur, mais on a gagné un photographe de premier plan (la vidéo dont il est question à la fin de l’interview est visible ici).
• Dans les Pyrénées espagnoles, un ours brun un peu trop confiant attire de plus en plus de photographes.
• Aidez la galerie nîmoise Negpos à lancer son « Camion numérique », un tiers-lieu itinérant équipé d’un labo de prise de vue et de post-production.
• Argentique ou numérique, la photographie contribue au saccage de l’environnement en surexploitant certaines matières premières.

MUSIQUE
Spéciale dédicace à celles et ceux qui regrettent le temps des garçons coiffeurs.

 

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.